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restent au centre des ballons, lorsque la sublimation n’a point été complète ; ce qui
arrive assez souvent. Ces matières, auxquelles on donne le nom de harâdi et celui
de oua/ad\enfant], selon M. Lerouge, forment une espèce de boule très-consistante
au milieu du résidu noir et pulvérulent qui remplit les ballons : on a soin de
l’enlever immédiatement après que l’on a emporté le sel, et l’on verse aussitôt
dessus une petite quantité d’eau froide pour arrêter les vapeurs abondantes de mu-
riate dammoniaque qui s’en dégagent. Cette matière est rarement traitée seule;
ordinairement on la mêle dans la proportion d’un tiers avec de nouvelles suies, et
les ouvriers croient que ce mélange donne une plus grande quantité de sel que si
la subliïnation des deux matières se faisoit séparément. En dissolvant les matières
salines que contient le harâdi, on obtient une liqueur très-chargée de fer. Il est
possible que le mélange avec de nouvelles suies qui contiennent du carbonate
d ammoniaque, donne naissance à une plus grande quantité de muriate ammoniacal.
Il est peu probable néanmoins que cette augmentation soit bien sensible.
Les résidus pulvérufens s’embrasent aussitôt après avoir été mis en contact
avec 1 air ; ils perdent leur couleur noire par la combustion du charbon , et
en prennent une grise ou brune foncée. On les jette, et l’on ne conserve que les
fragmens de verre qui peuvent être refondus ; les portions qui ont éprouvé la plus
forte chaleur, s étant fondues et soudées au lut, sont jetées avec lui.
Les suies fournissent, terme moyen, le dixième environ de leur poids de sel
ammoniac. Mais si l’on réfléchit à la quantité considérable qui est perdue dans
l’atmosphère pendant la sublimation , quantité qui est telle, que l’atelier est toujours
rempli, pendant ce travail, dune fumée très-épaisse, et qu’il suffit d’agiter
les feuilles de palmier qui servent de toit, pour que les vêtemens soient couverts
d une poussière abondante de muriate d’ammoniaque, il paroîtra évident que l’on
n’obtient qu’une foible portion du sel contenu dans les suies. En lessivant d'abord
ces dernières, et en sublimant ensuite le résidu de l’évaporation de ces lessivés,
M. Lerouge a obtenu, dans une expérience faite en petit à la vérité, une quantité
de sel égale à la moitié du poids des suies lessivées. II est probable, par conséquent
, qu’il seroit possible de faire des changemens avantageux au procédé pratiqué
en Égypte.
Les principaux ateliers de sublimation existent à Mansourah et à Boulâq. C’est
dans ce dernier lieu que l’on a suivi les détails de ce travail.
Latelier de Mansourah, qui possédoit six fourneaux, fabriquoit annuellement
soixante à soixante-dix qmnâr. Deux cents rôties ou un qantâr se-vendoient,
avant la guerre, 100 pataquès de 90 médins.
Le nombre des ouvriers payés à 1 année étoit de six. On employoit en outre,
selon les besoins, quinze à vingt ouvriers pour aller acheter les suies.
H. V. C o l l e t D e s c o s t i l s .
MÉMOIRES
ET O B S E R V A T IO N S
SUR PLUSIEURS MALADIES
Q ui ont affecté les troupes de l’armée Française pendant l'expédition
d’Egypte et de Syrie, et qui sont endémiques dans ces
deux contrées;
P a r M . l e B a r o n L A R R E Y ,
D o c t e u r en ch ir u r g ie d e P a r is , e t en m é d e c in e d e l ’u n iv e r s it é d ’Ién a , M em b re
d e l ’In s t i t u t d ’É g y p t e , d e p lu s ieu r s A c a d ém ie s , prem ier C h ir u r g ie n d e l a
GARDE DE S . M . l ’E mPEREUR ET R o i , INSPECTEUR GÉNÉRAL DU SERVICE DE SANTÉ DES
ARMÉES , L’UN DES CoMMANDANS DE LA LÉGION D’HONNEUR, ET CHEVALIER DE L’ORDRE
d e l a C o u r o n n e d e f e r .
L e passage subit des troupes Européennes dans une des contrées brûlantes de
l’Afrique, dont les vicissitudes extrêmes et les influences nous étoient, pour
ainsi dire, inconnues, devoit produire dans la santé de ces troupes une altération
d’autant plus grande qu’on n’avoit pris presque aucune des précautions nécessaires
pour se garantir de ses effets, soit par le défaut de connoissances assez -positives
sur les localités, soit par l’ignorance des véritables causes des maladies particulières
à ce climat.
Ainsi, à notre arrivée en Égypte, nous fûmes frappés tout-à-coup d’une
ophtalmie rebelle, qui affoiblit promptement nos bataillons, jeta plusieurs de nos—
.soldats dans un désespoir absolu, et causa, chez un certain nombre, la perte
de la vue d’une manière si prompte, qu’on ne put leur apporter aucun secours
efficace.
Les voyageurs et les médecins qui avoient écrit sur cette maladie, nous en
avoient donné des notions trop incertaines pour qu’on pût asseoir, dans les premiers
instans, un pronostic juste et favorable. Les empiriques que nous trouvâmes dans
le pays, prétendirent connoître seuls une affection dépendante de leur climat. Ils
surprirent ainsi la crédulité d’un très-grand nombre de militaires qui en étoient
attaqués; et sans doute la séduction auroit été générale, si bientôt la multiplicité