La connoissance des anciennes limites de la mer Rouge servira nécessairement
à fixer, d’une manière plus précise qu’on n’avoit pu le faire jusqu’à ce jour, la
position des villes qui existoient autrefois sur les bords du golfe, et que les .géographes
modernes ont été forcés d’accumuler aux environs de Soueys, pendant
que 1 on retrouve auprès du terrain que la mer a abandonné, les.ruines de plusieurs
villes; et, ce qu’il est essentiel d’observer, elles sont toutes au-dessus du niveau
des plus hautes marées du golfe Arabique. Je citerai, par exemple, celle qui est à
1 extrémité nord du bassin : nous y avons trouvé plusieurs blocs de granit qui ont
appartenu à un bâtiment circulaire de quatre mètres de diamètre environ ; ce que 1 on reconnoit a la forme d’une moulure taillée sur une de ces pierres. On rencontre
près de là un grand nombre de fragmens de granit, de grès et de pierre
calcaire, qui indiquent l’emplacement d’une ancienne ville ; et il me semble que
ce doit être celle de Cléopatris: elle étoit, selon Strabon (liv. xvn ), dans la partie
la plus reculée du golfe Arabique ; et il dit dans le livre précédent, que le canal
dérivé du Nil aboutissoit a la mer auprès de cette ville. En suivant le côté occidental
du bassin, on rencontre encore, entre les ruines dont je viens de parler et
Soueys, les débris d’un ancien monument sur lequel étoient sculptés des caractères
Persépolitains.
MÉMOIRE
S U R
LA VILLE DE QOÇEYR ET SES ENVIRONS,
E T
SUR LES PEUPLES NOMADES
Q U I H A B IT E N T
CETTE PARTIE DE L’ANCIENNE TROGLODYTIQUE,
P a r M. d u B O I S - A Y M É ,
M e m b r e d e l a C o m m i s s i o n d e s s c i e n c e s e t d e s a r t s d ’É g y p t e .
L a ville de Qoçeyr est située sur les bords de la mer Rouge, à 26° f 51" de
latitude boreale, et a 3 1 ^j. iy de longitude; elle est bâtie près du rivage, sur
une plage sablonneuse : sa plus grande longueur est de deux cent cinquante
mètres, sur cent cinquante de largeur.
Les maisons sont basses, et construites assez généralement en briques crues.
Voici quelle en est la distribution la plus ordinaire : une grande cour ; au-dessus
de la porte, un petit pavillon carré à un étage, terminé par une terrasse ; et au
rez-de-chaussée, une ou deux chambres étroites, adossées au mur de clôture.
La cour sert de magasin; ce qui est sans inconvénient dans un pays où il pleut
rarement.
Aucune maison n est pourvue de citerne. L’eau dont les gens riches font usage,
vient dune fontaine appelée Derfâoneh , qui est à huit ou neuf lieues de la ville.
Cette eau est assez bonne ; elle se vend à Qoçeyr vingt à trente paras (1) l’outre,
du poids d environ vingt kilogrammes. A quatre ou cinq lieues se trouve une autre
fontaine dont leau est moins bonne. Enfin, à peu de distance, au sud-ouest
de la ville, les Français avoient creusé un puits d’un mètre de profondeur dans
(1) Pârah, ou mcyiy [ medin ] , petite pièce de monnoie qui vaut environ neuf deniers.