
dans le premier, dans le troisième, dans le cinquième, dans le septième, dans le
neuvième et dans le onzième. On les place sur un lit de poussière et de paille
hachee; on en met jusqu’à trois l'un sur l’autre. Chacun des couvoirs peut en contenir
quatre à cinq mille, lorsqu’ils sont complètement garnis. Après avoir inscrit
sur chacun des couvoirs le jour où l’on a commencé l’opération, on apporte dans
les rigoles des six fours qui sont au-dessus, de la braise allumée, provenant des
diverses matières combustibles ainsi réduites, pour cet effet, dans une des chambres
dont il a ete parlé. Quelques momens après, on ferme les ouvertures des voûtes ■
ensuite les portes des fours et des couvoirs : on laisse ainsi cette braise se consumer
lentement. On la renouvelle deux fois par jour, et autant pendant la nuit :’ on
répété cette opération pendant dix jours consécutifs, ayant le soin, à chaque fois,
° uv" r.un 'nS,tant leS trous des voûtes et ies Portes des couvoirs, tant pour renouveler
iair de l’intérieur du bâtiment, que pour diminuer la première impression
de la chaleur, qui pourroit nuire aux oeufs. Dans les intervalles, on visite les oeufs
placés dans les couvoirs; on les retourne; on rapporte au second et au troisième
■t ceux qui étoient au premier. Ainsi, renouveler le feu quatre à cinq fois dans
les vingt-quatre heures, visiter et retourner les oeufs une ou deux fois par jour
cest à quoi se borne le travail des dix premiers jours.
Le onzième jour, les travaux sont doublés : on dispose une seconde couvée
avec les oeufs qu’on a eu soin d’amasser; on les place, avec les précautions
indiquées pour la précédente, dans les six autres couvoirs qui se trouvent entre
ceux de la première couvée : ce travail doit être terminé en moins de trois heures.
Lorsque les six autres couvoirs sont suffisamment pourvus, on apporte de suite
a braise allumée dans les rigoles des fours qui sont au-dessus; on continue
e feu pendant dix jours de suite, comme cela s’est fait pour la première
couvee:, ayant à chaque fois la même précaution d’ouvrir un moment les trous
des voûtes et les portes des couvoirs : pendant ce temps, on a aussi pour les
oeuls les memes soins qu’on a eus pour ceux de la première couvée.
Des 1 instant qu’on a placé du feu dans les fours de la seconde couvée, on
cesse d en mettre dans ceux de la première, qui se trouvent suffisamment échauffés
par la chaleur des fours voisins. On ne cesse pas pour cela de s’occuper des oeufs
e cette première couvée, qui exigent d’autant plus de soins, qu’ils approchent
de 1 instant ou il en doit sortir des poussins : on transporte une partie de ces
oeuls sur le plancher des fours; un jour après qu’on a retiré le feu. Les oeufi de
cette couvée se trouvant alors moins entassés, on les retourne avec plus de
facilite; on les visite plusieurs fois par jour, pour en séparer ceux que l’on croit
fratés. 1
Le vingtième jour, on commence déjà à trouver plusieurs poussins : le
vingt-un.eme jour on en voit éclore un très-grand nombre. On facilite quelquefois
la sortie de ceux qui ne peuvent briser entièrement leur coquille. On
conserve encore un jour ou deux, le reste des oeufs qui peuvent donner des
poussins tardifs. On place les plus foibles dans le corridor qui sépare les couvoirs-
on porte les plus forts dans la chambre destinée à les recevoir, où ils ne restent
qu’environ
qu environ un jour. C est dans ce lieu qu on les prend pour les donner à ceux qui
ont fourni les oeufs, ou bien pour les vendre.
Aussitôt que la première couvee est sortie, on s’occupe d’en préparer une
troisième : on place aussitôt des oeufs dans les six couvoirs devenus libres ; on
répète pour cette troisième couvée ce qu’on a fait pour la première et pour la
seconde, pendant les dix premiers jours des travaux.
On fait également pour la deuxième couvée, pendant les dix derniers jours, ce qui
s’est pratiqué pour celle dont les poussins sont sortis des couvoirs, et ainsi de suite.
On continue cette manoeuvre pour toutes les couvées qui se succèdent de dix
jours en dix jours, en procédant ainsi pendant l’espace de trois mois, temps ordinaire
des couvees; on voit sortir, tous les dix à douze jours, de chacun des établis-
semens en activité, une couvée de plusieurs milliers de poussins. La perte des oeufs,
pendant le temps des couvees, est peu considérable; elle se monte rarement au-delà
d un sixième des oeufs, et 1 on ne voit jamais manquer une couvée entière.
Ces sortes d établissemens sont tres-multipliés en Égypte ; on en compte un pour
douze à quinze villages, et souvent plusieurs dans une même ville. Le P. Stcard en
comptoit près de quatre cents, chacun d’eux faisant éclore, selon lui, deux cent
quarante mille poulets; ce qui fàisoit près de cent millions de poulets que, de
son temps, l’on faisoit éclore, chaque année, en Égypte. On peut raisonnablement
réduire ce nombre à moins d’un tiers. Il y a encore environ deux cents fours à
poulets en activité dans toute l’Ëgypte, et chacun d’eux fait éclore à-peu-près cent
quarante mille poulets. Outre ceux-ci, dans quelques villages isolés, et principalement
dans plusieurs tribus Arabes, on laisse couver quelques poulets, quoique
ce dernier moyen, comme cela a dû être observé, ne soit ni certain, ni avantageux
en Egypte (i).
Les succès constans de ces opérations ne sont pas seulement dus à la bonté du
climat de l’Egypte, comme le pensent les détracteurs de la méthode des Égyptiens
; 1 industrie particulière de ceux qui dirigent les couvées, y contribue beaucoup
plus. Une longue expérience leur fait connoître, en entrant dans les fours,
s il faut renouveler le feu, ou attendre quelques momens de plus, et ils savent
obtenir la température qui convient aux diverses époques de l’incubation. Par
leurs procédés, ils produisent à-la-fois, et par le même moyen, différens degrés
de température en différens points du bâtiment où se trouvent les couvoirs et les
fours. Pendant la durée des couvées, j’ai constamment trouvé, dans plusieurs
fours à poulets du Kaire, une température presque toujours égale, et ne variant
• Hi °n a cru.trouver l’origine de l’incubation artificielle
dans l’exemple des oeufs d’autruche et de crocodile
abandonnés dans le désert et sur le rivage du Nil
et que la chaleur seule des sables fait éclore : mais, si l’on
fait attention que l’incubation des poules réussit rarement
en Egypte, et que, dans la saison brûlante où elles commencent
à couver, elles abandonnent presque aussitôt
leurs oeufs pour se livrer de nouveau à l’am our, on est
bien plus porté à croire que les prêtres de l’ancienne
£ gypte, qui avoient des connoissances sur tous les arts,
Ê . M .
ont dû chercher quelques moyens de remédier à ce défaut
de fécondité, et ont employé l’incubation artificielle pour
faire éclore en abondance les oeufs des poules, et obtenir
une plus grande quantité de poulets, dans lesquels ils trou-
voient un aliment délicat’et léger; ces mêmes prêtres,
voulant ensuite profiter de cette découverte, pour montrer
que tout prospéroit sous leurs mains, en ont fait une
science mystérieuse, et ne l’ont transmise que comme un
secret, q u i, même aujourd’hui, n’est encore bien connu
en Egypte que de quelques particuliers. G g