nouveau et conduites au rivage pour faciliter l’aiguade aux navires, en réparant
le petit aqueduc en maçonnerie, assez bien conservé, et la citerne dans laquelle il
aboutissoit sur le bord de la mer. Le général en chef, pour s’assurer par lui-même
de l’état de cet aqueduc, dont la direction est encore sensible sous les sables de
la plage, fit faire des fouilles à des distances très-rapprochées jusques à l’aiguade,
et reconnut qu’il étoit seulement encombré, et susceptible d’être réparé à peu de
frais. Ce site est représenté sur la planche 13. On y a inscrit les hauteurs respectives
des sources (1).
On ne peut pas douter, en considérant les'décombres d’anciennes fabriques
et les vestiges de fondations d’aqueducs, de citernes, et d’une petite enceinte
fortifiée, qu’il n’ait existé autrefois dans cet endroit, ainsi que l’ont pensé diffe-
rens voyageurs, un grand établissement d’aiguade, qui peut appartenir au temps
où les Vénitiens faisoient le commerce des Indes par la mer Rouge.
Dans l’intention de rétablir et de protéger l’aiguade, sans disposer exclusivement
des autres sources, qui présentent un front de iyo o mètres parallèle à
la côte, nous proposâmes d’occuper par un fort le premier monticule du sud
où étoit une source considérable qui s’est épuisée, et d’y rattacher celle adjacente
(n.° i .er), dont l’eau est abondante et peu saumâtre: mais cet établissement
quoique reconnu très-utile, fut toujours différé (2).
Erqedey. . . . Nous avons également visité la fontaine d’Erqedey, distante d’une
lieue et demie à l’est-sud-est de Soueys, en traversant le golfe, au madyel [passage]
au-dessus de la petite éminence dite de Qplzoum : située sur la côte d’Asie, elle
est à environ une lieue du bord de la mer. Cette source conserve un niveau assez
constant, au rapport des Arabes; l’eau, qui en est légèrement saumâtre, est préférée
à celle des sources de Moïse; elle fournit presque seule aux besoins de la
ville de Soueys, quand la mare d’Afrique est tarie.
Cette fontaine, qui se trouve au milieu du lit d’un torrent d’hiver, est encaissée
de 12 à 1 y pieds au-dessous du sol environnant : on voit encore les traces d’un
aqueduc dirigé vers le bord de la mer, et qui a dû servir à y former une des
(0 Ces sources sont numérotées sur le plan, et cotées N ." V I I . Source enceinte de maçonnerie, de o à 10
par rapport au niveau de la mer, qui en est distante de 1628 pieds de diamètre, donnant peu d’eau, presque comblée
mètres; elles y sont désignées dans l’ordre suivant, le (¿8ds 8° i ‘ ).
point de haute mer étant 0 .0 .0 . N ." V I I I . Source donnant très-peu d’eau, presque
N.° I. Petit tertre boisé, renfermant une -source comblée( i8 ds4° 51).
profonde de 4 à 5 pieds; Peau en est peu saumâtre, très- La cote de la haute mer étant de o J o° o* les cotes
potable et abondante. L a cote du niveau de ces eaux ci-portées donnent l’élévation de chacune des sources
est de 53ds 30 n 1 au-dessus du niveau de la haute mer. désignées. Celle du dessus de l’aqueduc, à son entrée
N .° I I . Source environnée de ruines et de parties dans l’aiguade, e s td e o d 4° io l au-dessous du niveau de
marécageuses couvertes de végétation ; elle est la plus la haute mer.
abondante de toutes. La cote est de 34ds 30 io 1. Toutes ces sources réunies peuvent suffire .aux plus
N.° II I . Source assez considérable, profonde de 4 à fortes caravanes qui fréquentent cette côte ; on pense
5 pieds ; l’eau en est abondante et peu saumâtre: cette que, si elles étoient curées et bien entretenues, les eaux
source est environnée de ruines (a8ds 50 61). y acquerroient encore une meilleure qualité.
N .° IV . Source peu considérable (2) M. Monge, qui accompagnoit le général en chef
N-0 V . Source assez considérable, liee a l’aqueduc dans la première reconnoîssance de ces sources, le
souterrain ; eau peu saumâtre et très-potable (20d* 6«» 21 ). 8 nivôse an 7 [2 8 décembre 1798 ] , a donné , dans
N .° V I . Source peu abondante près d’un puits; elle la Décade Égyptienne, tome I . " , une notice sur ces
est maçonnée et comblée (2Ôds 50 61}. sources.
aiguacfes de Soueys ; ¡1 pourroit être rétabli à peu de frais, en le rattachant aux
nouveaux établissemens.
El-Nâla . . . . La source dite el~Nâba, située à l’est de Soueys, est plus éloignée
de la mer que celle d’Erqedey; mais on la dit épuisée depuis vingt ans, et elle
ne donne que très-peu d’eau dans la saison des pluies. Elle n’a pas été reconnue^
Ageroud. . . . On trouve sur la route du Kaire à la Mekke et à To r, à quatre
lieues nord-ouest de Soueys, le fort et le puits d’Ageroud : l’eau en est très-
saumâtre; mais la nécessité force d’en boire. Elle perd cependant de son amertume,
lorsqu’elle a été exposée au courant de l’air et au contact des rosées, dans de grands
bassins construits à cet effet, et que l’on remplit pour le passage des caravanes ; oh
en porte à dos de chameau à Soueys pour l’usage des bestiaux. L’eau de ce puits,
qui a 240 pieds de profondeur, est élevée au moyen d’une machine à chapelet
ordinaire ; cette eau a été soumise à l’analyse chimique (1).
Byr-Soueys. . . . A une lieue nord-ouest de Soueys, sur la route du Kaire, on
trouve, dans deux enceintes contiguës et flanquées, les Byr-Soueys, ou puits de
Soueys. L’eau du puits qui est à l’orient, est moins saumâtre que celle du second
puits : cette eau a une odeur de foie de soufre, ou de gaz hydrogène sulfuré,
si forte, que les animaux mêmes répugnent à en boire; elle n’est qu’a quelques pieds
de la surface du terrain; et elle pourroit être conduite à Soueys, si l’on rétablissoit
l’ancien aqueduc en maçonnerie, construit à cet effet, et dont il reste des vestiges
et des parties encore intactes : mais cet aqueduc n’étoit pas couvert, comme celui
des fontaines de Moïse ; ce qui devoit accélérer l’évaporation du gaz qu’elle contient.
On avoit moins à craindre, à la vérité, son encombrement parles sables;
car on pouvoit y veiller soigneusement. C ’est à ce puits qu’alloient tous les jours
s abreuver les chevaux, les ânes et les chameaux que la garnison et les habitans
étoient tenus de garder à Soueys (2).
Moyeh-el-Gisr A une distance de 1100 toises, à l’ouest de Soueys, on
trouve une mare , dite la mare d Afrique, ou Moyeh-el-Gisr [eau de la digue]. Elle
est le receptacle des eaux pluviales qui affluent du désert par une ravine que l’oh
a fermée par une petite digue en pierre, à un quart de lieue de la mer, où les
eaux se perdoient précédemment : ces eaux sont très-douces ; elles doivent leur
qualité à la vitesse quelles ont, lors des pluies, dans le lit du Ta
et qui ne
permet pas la dissolution des sels dont ce sol abonde.
Ces eaux, soigneusement recueillies, servent à remplir les citernes, des jarres
et de grandes caisses calfatées comme celles qui constituent les citernes des vaisseaux.
On en use journellement jusqu’à ce qu’elles soient épuisées : les pluies ayant
ete abondantes pendant l’hiver de l’an 7 [1799], la mare n’a été tarie qu’à la fin de
janvier. Nous avons également constaté la possibilité de conduire ces eaux a Soueys,
( 0 Voyei le résultat de cette analyse par M. Regnault,
Décade Egyptienne, tome 1 ." , page 27 o.
(2) Les mouvemens journaliers de cette place sur Byr-
Soueys et Ageroud ont exigé des escortes, à cause dés
Arabes que le passage fréquent des caravanes retenoit
dans ces parages,- souvent ces escortes ont été attaquées.
É . M .
Pendant que nous opérions sur le canal,en janvier 179*9,
les Arabes surprirent et tuèrent douze hommes de la
légion Maltaise qui formoient l'escorte. Cet événement
détermina à fermer l’enceinte de Byr-Soueys et à y établir
un poste.