au maintien et à la réparation des digues; sa police étoit si sévère à cet égard,
que. l’infraction aux. ordonnances étoit punie de mort. Le qâchef, à la tête de sa
cavalerie, en venoit quelquefois, aux prises avec des partis d’Arabes ou de fellah,
qui rompoient à main armée les digues des canaux de dérivation; voies de fait,
pour lesquelles des villages payoient souvent les Arabes.
Aussitôt que les puisards ou grands réservoirs et les citernes d’Alexandrie sont
remplis, le gouverneur en donne avis au qâchef de la Baheyreh, qui se rend par
le canal dans la ville; à sa réquisition, le qâdy, les cheykhs et ulemas assemblés lui
remettent un vase rempli de l’eau nouvelle, scellé et cacheté du sceau du divan, avec
le proces-verbal qui atteste que la ville est suffisamment approvisionnée; cet officier,
après en avoir fait l’envoi au cheykh-el-beled du Kaire, fait ensuite publier
dans sa province, que les villages peuvent ouvrir les digues de leurs canaux d’irrigation,
et remplir.leurs citernes (1) : ces saignées font bientôt baisser les eaux
du canal, qui reste à sec, en grande partie, près de neuf mois de l’année. On laisse
aux propriétaires riverains la permission de cultiver les parties du lit du canal qu’ils
veulent mettre en valeur.
Les réparations et curemens annuels se font par les habitans dés villages riverains
, en proportion de l’étendue du territoire arrosé ; ces villages étoient au
nombre de trente environ : la dépense en étoit supportée par les propriétaires, et
les travaux étoient exécutés sous la surveillance des préposés du qâchef, qui en
avoit la direction générale. Ces travaux commençoient quelques jours avant le
temps ordinaire de la crue, vers les premiers jours de juin, et duroient trente
ou quarante jours. Le qâchef recevoit d’Alexandrie une rétribution annuelle assignée
sur.les douanes de cette ville (2).
Ces travaux.étoient toujours assez.mal exécutés: ils ne consistoient, du moins
depuis long-temps, que dans la fermeture des brèches faites annuellement dans
les digues pour les prises d’eau des canaux d’irrigation, et dans l’enlèvement de
quelques couches de limon et de sable que le fleuve et les vents y déposent, principalement
vers la partie supérieure du canal ; travaux trop superficiels et trop in-
suffisans, qui en ont amené, avec le temps, le comblement. Une foible partie dés
fonds destinés à son entretien y étoit employée, et la plus forte restoit toujours
entre les mains des préposés, qui en remettoient encore une partie aux intendans
Qobtes. C ’est ainsi que l’entretien annuel des canaux, qui sont, en Egypte, la
source de la fertilité et de la salubrité de.ee pays, demeure abandonné à l’insouciance
et à la cupidité.
(1) Les villages ne peuvent cependant ouvrir leurs ca- les premières, et ainsi de suite en descendant le fleuve,
naux particuliers, que dans un ordre déterminé : les plus (2) Mourâd-bey avoit fait porter cette rétribution ,
éloignés de la prise d’eau générale ont . le droit d’ou- pour les deux années 1212 et 1213 de l’hégyre [ 1797-8 ],
vrir les premiers, et ainsi de suite en remontant vers le à la somme de 18,000 piastres, de 40 médins [25,778 fr.]
fleuve. On conçoit aisément les motifs de ces réglemens, pour la première de ces années, et à celle de 22,500
quisont communs à toute l’Egypte. Ceux qui concernent piastres [32,223 fr.] pour la seconde. Au moyen de ces
les digues transversales de la vallée du Nil., dans la sommes on auroit pu faire beaucoup de travaux, vu le
haute Egypte , prescrivent un ordre inverse: ce sont bas prix des journées d’ouvriers, et le travail gratuit qu’on
les digues de la partie supérieure de la vallée qui ouvrent pouvoit encore obtenir d’autorité.
§. IV .
Rétablissement du Canal d ’Alexandrie.
A v a n t la nouvelle submersion du Maréotis, les travaux à faire au canal
dAlexandrie sembloient devoir se borner au recreusement de son lit, au redressement
de ses parties les plus sinueuses et à l'établissement de quelques ponts, tous
ces travaux ayant pour objet de rendre ce canal navigable pendant quatre à cinq
mois seulement ; mais on reconnoît aisément que l’inondation du Maréotis doit
apporter quelques changemens à ces premières vues , et leur donner une plus
grande extension. C ’est donc d’après ces considérations et l’importance du canal
d Alexandrie, que nous proposons ces principales dispositions.
Le canal d Alexandrie seroit rétabli de manière à y avoir une navigation semblable
à celle du canal de Soueys. A cet effet, le canal seroit creusé et élargi, les
digues en seroient rétablies, les sinuosités les plus fortes redressées, et les pentes
déterminées uniformément dans chacune de ses nouvelles parties. Le nouveau
cours seroit divisé en trois parties distinctes : les deux premières, navigables, for-
meroient deux biefs de pentes inégales, pour exister sous le régime, l’un de rivière,
et 1 autre de canal ; la troisième ne seroit qu’un canal-aqueduc.
1. La piemiere partie navigable s’étendroit depuis Rahmânyeh jusqu’à Bir-
k e t, suivant les distances des nouvelles directions, en passant par les villages de
Mahaiiet-Dâoud, Senhour, Yâtes, Aflâqah, Qâbyl, el-Qerouy, et Birket-el-
Gytâs (1).
Cette première partie, de 42,050 mètres [21,574 toises], depuis Rahmânyèh
jusqu’à Birket, auroit une pente totale de 2,60 centimètres [8ds 0° o1]; ce qui
donne une pente de quatre pouces et demi par mille toises. Le lit du canal, à
sa prise deau à Rahmânyeh, seroit déterminé par le radier du pont à y construire ;
le niveau de ce radier seroit établi à 0,65 centimètres [2dso°ol] au-dessous dés plus
basses eaux du fleuve à Rahmânyeh; cet étiage seroit pris d’après celui du fleuve
au Kaire, répondant à trois coudées dix doigts de la colonne du Meqyâs; la section
du canal, à sa prise deau, seroit établie invariablement au moyen d’un radier
et de deux bajoyers, afin de prévenir l’agrandissement du canal et une trop grande
déviation du courant principal. C ’est pour n’avoir pas établi cette garantie dans
plusieurs canaux de dérivation, que quelques-uns se sont élargis considérablement,
et que leur dépense s’est accrue aux dépens des branches principales, comme il est
arrivé au canal de Fara’ounyeh , &c.
Cette première partie du canal, que nous appelons bief de Rahmânyeh, seroit terminée
par deux écluses à Birket, dont les radiers seroient établis à 2,60 centimètres
[8 0 0 ] au-dessous de celui du pont de Rahmânyeh, ou à 1,95 centimètres
(1) II seroit possible que, dans l'exécution, tes localités avec l’ancien can a l, qui , passant au pied des pyra-
apportassent quelques modifications: il conviendrait aussi mides, conduit des eaux de la province de Benysouef dans
de fane communiquer le canal d’Alexandrie, aux environs celle de la Baheyreh ; mais il faudrait encore que ces an-
e aman our, avec le canal de Châbourg, ou merae cièns canaux fussent recreusés et parfaitement rétablis. Ê.M. V z