le sultan s’estTéservëe. Elle lui fut régulièrement envoyée, jusqu’au gouvernement
cl Aly-bey, qui osa la refuser. Mohammed, son successeur, en rétablit le paiement,
et envoya meme le tribut -des quatre années durant lesquelles A’iy s’en étoit emparé.
Mourâd et Ibrâhym en continuèrent l’envoi; mais, comme le pâchâ pouvoir
en distraire les fonds nécessaires pour subvenir aux dépenses urgentes et imprévues
quil jugeoit devoir être à la charge du sultan , ils abusoient.de leur ascendant
sur lui pour en extorquer des firmans qui autorisoient les dépenses chimériques
dont ils sapproprioient le montant.
Le qapytân pâchâ Haçan voulut augmenter le khazneh de 6,800,000 médins,
qu’il répartit ainsi qu’il suit :!
su r la douane d’A lexandrie . .7 . . V . 6, 000, 000. '
su r la casse et le sé n é . ............. . ' . . . . . .4.00,000.
■sur le village de M atary eh , 2<jo,oô;o, .
su r les boucheries du K aire....................... 2 0 0 ,0 0 0 .
Som m e p areille................. ......................... ; ................... 6,8007000.
Mais, en 1205, la mort dlsma’yl-bey ayant été suivie du rétablissement ’de
Mourâd et d’Jbrâhym, ceux-ci obtinrent du grand-seigneur un dégrèvement de ces
6,800,000 médins, qui rétablit le khazneh à sa valeur précédente. Cette diminution
ne les empêcha pas de renouveler toutes les infidélités dont ils s’étoient rendus
coupables pendant leur première administration. Ils firent entrer pour comptant
dans les valeurs expédiées à la Porte, les pièces et les acquits constatant les
dépenses vraies ou fkusses qu’ils jugeoient à propos de faire supporter par le
khazneh. Le tribut annuel qu’Hs ont laissé parvenir à la sublime Porte, n’a jamais
excédé 7,500,0000 médins. Le compte suivant donnera l’exemple des prétextes
qu’ils mettoient en usage pour le réduire de cette manière.
Le khazneh à envoyer étoit d e................................ .6,783,4,.•»«,..
Ils déduisoient :
P o u r achat d’étoupe ( 1 ) . . . . . . . . . . . . . j . . 7 . . . . . . . . . . , ,0 0 0 ,0 0 0 .
P o u r achat de sucre (.)■------------ . . . .,0 0 0 ,0 0 0 .
P o u r réparations des fortifications du K aire ( 2 ) . . . . . _____ 3 ,0 0 0 ,0 0 0 .
P o u r ¡Jim des autres places de i’É gypte (2 )....................... 1 ,5 0 0 ,0 00 . ) 9 ’2 8 3>4d 1
P o u r dépenses de toute n atu re ordonnées p ar le cheykh
el-beled (3) ................... ..................................... 2, >7°}>4,S -]I
D e sorte q u ’il n e restoit réellem ent q u e........................................... | 7 ,5 0 0 000
F aisant en livres.. .-........................................ .. 2 6 7 ,8 5 7 12 ’ 1 od
e t en fran cs.............................. .... 2 6 4 ,5 5 0 . 26.
Solymân avoit réglé qu’un des vingt-quatre beys, revêtu du titre A’émyr
khazneh, ^porterait annuellement le tribut de l’Égypte au grand-seigneur, et que,
pour la sûreté du convoi, il auroit à ses ordres un serdâr et un détachement fourni
ver(n.)e mCeenttt eddeé Cpeonnsseta vnatriniooiptsleu.i vant les demandes dû G ou- l(3l) jC ’étoit ord. inaire,m, ent à son *p ro,f it o1 ne le che^ykUh1 i l » , * i il » el-beled ordonnoit ces dépensés : elles etoiënt légitimées,
à ces réparationJVC ^ ^ ° 0I'tjam*is rien déPensé *insi ^précédentes, par.des firmans qu’il extorquoit
par
par chacun des sept corps de la milice. Dès que le recouvrement de l’impôt
étoit achevé, le rouznâmgy se rendoit chez le pâchâ avec les sommes du khazneh :
le jour où la remise devoit en être faite à l’émyr, les chefs des ogâq, les beys,
le qâdy, et tous les membres du Gouvernement, se réunissoient à la citadelle ; le
nombre et la qualité des espèces étoient constatés par le serrâf kâteb khazyneh,
qui devoit être Juif pour occuper cet emploi. Après que le pâchâ et le rouznâmgy
avoient signé le bordereau énonçant ces valeurs, on les renfermoit dans des caisses
couvertes de cuir; le pâchâ les çonfioit à l’émyr khazneh, qui lui en fournissoit
un reçu. Pendant qu’on chargeoit les caisses sur les chameaux destinés à les transporter,
le pâchâ revêtoit l’émyr d’une superbe pelisse noire, couvroit le rouznâmgy
d’une autre pelisse moins belle et de même couleur, et distribuoit des qafrân aux
serdâr commandant l’escorte. Les beys et les ogâq assistoient au départ de l’émyr
khazneh, l’entouroient d’un cortège magnifique pendant qu’il traversoit le Kaire,
et le suivoient jusqua el-Adlyeh, lieu situé entre la Qoubbeh et Birket el-hâggy.
Cette cérémonie s’annonçoit dès la veille par un feu d’artifice exécuté à el-Adlyeh,
et par des décharges d’artillerie qui se réitéraient jusqu’au moment du départ.
L’émyr khazneh prenoit la route de Constantinople en passant par Damas. Le
sultan Solymân avoit porté l’attention sur les détails relatifs à son voyage, jusqua
fixer les sommes que l’on devoit prélever sur le khazneh pour les frais de transport,
l’achat des caisses et des sacs, celui des cuirs et des tapis servant à les couvrir.
Il avoit accordé :
ml.lini P o u r le transport du khazneh 50,000. '
P o u r les cuirs............................................................................................................. 9 ,7 57.
P o u r les tapis................................................ ; ..................... 5,1 34*
P o u r les caisses........................................................................................................ 11,4 - 3*
Les tapis ne s’étaloient que lorsque l’émyr entroit dans les endroits habités,
afin de donner quelque pompe à un convoi destiné au souverain.
Ibrâhym et Rodouân kiâhyâs cessèrent d’envoyer le khazneh avec les formalités
solennelles dont nous venons de faire le détail : leur exemple a été suivi
par leurs successeurs. Avant l’arrivée des Français en Egypte, la Porte n’obtenoit
rien qu’en dépêchant au Kaire un aghâ chargé spécialement d’y recevoir le tribut
qui lui étoit dû. Ces missions n’ayant même lieu ordinairement que de trois en
trois ans, elle recevoit à-la-fois les tributs qui s’accumuloient pendant ce temps.
L’arrivée et le départ de l’aghâ n’avoient aucun éclat : le pâchâ lui remettoit
simplement, en présence du qâdy, les espèces et les acquits qui composoient le
khazneh ; c’étoit à lui de prendre les mesures qui lui convenoient pour assurer
son retour à Constantinople. Ces nouvelles dispositions laissèrent sans objet les
sommes dont Solymân avoit disposé pour le transport du khazneh : elles ne
donnent lieu à aucune diminution dans les 16,783,45 1 médins que nous avons
énoncés, puisque ces sommes ne figurent dans aucun de nos états.
Ê . M .