voix, quand elle énonce une pensee dont Je sens est déterminé d’une manière
absolue, soit en s élevant, si la personne qui parle communique sa pensée à une
autre, comme lorsquelle consulte, quelle interroge ou quelle appelle; soit en
s’abaissant, si la personne conclut définitivement ou porte son jugement d’une
maniéré irrevocable a 1 égard dune chose quelconque : c’est pourquoi aussi la
cadence finale de chaque phrase se fait toujours en abaissant la voix de quinte.
L accord de cet instrument semble moins fait pour accompagner un chant musical,
que pour diriger et soutenir ce que les anciens appeloient la mélodie du discours,
pour guider les poètes dans la récitation de leurs vers. Telle fut l’utilité des lyres
antiques; telle fut, on n’en doit pas douter, celle des lyres dont les Orphée,
les Démodocus, les Phémius, les Terpandre, se servoient en chantant leurs
poëmes.
Pour jouer du kissar, on le place sur la cuisse gauche et près du ventre, si l’on
est assis, ou seulement on 1 appuie sur son ventre quand on est debout. On passe
le bras gauche entre la courroie ( qui est attachée par ses deux bouts aux mon-
tans) et les cordes, de sorte que le coude porte sur le cul de la sébile et la fasse
appuyer plus fortement, par le bas, sur le ventre de celui qui en joue. On touche
les cordes lune après 1 autre avec les doigts de la main gauche, et on les fait
résonner toutes successivement pendant la durée de chaque temps, ou au moins
pendant celle de chaque mesure. On ne suit d’autre ordre dans la succession
de ces sons que celui que le goût inspire (i). De la main droite on frotte fortement
(2) toutes les cordes a-la-fois avec le plectmm et en mesure, en marquant
les temps du rhythme, qui, sans être absolument semblables à ceux de la mesure,
y sont cependant subordonnés.
(.) N ous ne parlons ici que de ce qui se fait, et non (zj R ien n’exprime mieux l’elFet de ce frôlement que
de ce qu, pourrott ou devroit se faire : car cet instrum ent, le m ot ti! > harrak dont les Arabes se fervent pour le
qu. nous paro.t rem ontera la plus haute antiquité, n’est désigner, ou le mot de sil> mohanah., qui est l’épi-
.plus pranque que par routine en N ubie; et les règles qui thète par laquelle on désigne' celui en am geoient I usage chez les anciens, ne sont plus con* cordes. qui frôle ainsi les ,n,ues nulle part.
S E CONDE PARTIE.
Des Instrumens à vent.
C H A P I T R E P R E M I E R .
D u Hautbois Egyptien appelé en arabe Z am r, ou Zourna ( 1 ) , suivant les
Persans.
A r t i c l e p r e m i e r .
D e la confusion que cause ordinairement la diversité des Noms donnés aux
mêmes Instrumens p ar les A uteurs ; de la possibilité de dissiper cette
confusion dans les Noms des Instrumens anciens; des divers Noms sous lesquels
le Zamr est connu.
C e qui embarrasse le plus et trompe presque toujours ceux qui, voulant faire
des recherches sur les instrumens de musique, ne peuvent puiser leurs notions que
dans ' les livres, c’est la diversité des noms que les auteurs donnent aux mêmes
instrumens. Ce n’est pas seulement dans les auteurs modernes qu’on rencontre cette
difficulté ; elle se présente également dans les Latins et dans les Grecs, et s’y trouve
même peut-être plus fréquemment encore. Homère, le plus exact de tous les
poètes lorsqu’il décrit, n’a pas été non plus d’une précision très-grande sur ce
point : on le voit donner à la lyre tantôt le nom de barbitos, tantôt celui de
phorminx, tantôt celui cfe cinyra, tantôt celui de chelys, tantôt celui de lyra., de
lûtharis, &c. &c., et à la flûte tantôt le nom d’aidos et tantôt celui de syrinx.
Cependant, il faut en convenir, si l’on se donne la peine d’examiner attentivement
tous ces divers noms que les anciens ont donnés aux mêmes instrumens,
et que l’on cherche leur étymologie ou leur sens naturel, tout s’éclaircit de soi-
même; on voit que les mots qu’on avoit pris d’abord pour des noms propres, ne
sont réellement que des épithètes tirées ou de la forme de l’instrument, ou de sa
matière, ou de son étendue, ou de sa capacité, ou de celle de ses parties, ou de la
qualité du son qu’il rendoit, ou de la manière dont on en jouoit, ou de l’emploi
qu’on en faisoit, ou du pays dont il tiroit son origine : car on peut dire en général
que, dans les langues anciennes, et particulièrement dans les langues Orientales,
il n’y a pas de nom propre qui ne soit un terme de la langue écrite ou parlée,
et qui ne puisse avoir un sens dans le discours; cela est reconnu par les plus
habiles orientalistes.
(1) j»j-c ,j amr, ¡Jjyj fourna. Voyez planche C C , fig. i. E e c e e c i t . M .