de soin que Ja précédente. La caisse du dorps sonore est carrée aussi ; mais elle est
moins haute que celle dubàganâ. La traverse qui porte sur les-deux montans, n’est
pas dans une direction absolument horizontale, comme aux autres lyres dont nous
avons déjà parle; elle est pluséle'vé'e dans le milieu que sur les côtés: il pâroît même
que le sommet est terminé par un angle très-ouvert; et c’est dans cette partie élevée
de là traverse que sont attachées'lës cordes.
La flûte Éthiopienne, appelée |gÈɧ|g' embiltâ, est une espèce de flûte à bec,
percée de sept trous par-devant, dont quatre à quelque distante au-dessous de l’embouchure,
et trois à une certaine distance au-dessous des quatre précédens. Il y a
aussi des flûtes de la même espèce qui ont cinq et trois trous; d’autres qui n’en
ont que trois et dètix, disposés de la même manière que dans l’embiltâ ( i ).
L e zagonf XVMj est une autre espèce de flûte qui a beaucoup de rapport avec le
nay des Égyptiens ; il y en a dë percés de six trous, d’autres qui n’en ont que trois,
et d autres encore qui n en ont que deux; «La flûte, en éthiopien , nous apprend
» Laborde, est nommée kwetz, et en amharic, agada : sa forme et sa grosseur sont
» celles de la flûte Allemande; mais oii la joue comme la.flûte à bec, avec une
» embouchure pareille a celle du clarinet. L e son en est tiri péu nasard, comme
» celui du hautbois, et ne monte pas fort haut : on ne i’estimeroit pas dans le
» pays, s’il étôit plus doux. »
Nous ne pouvons contester ni garantir l’exactitude de ce récit, n’ayant ni vu ni
entendu aucun des instrumens de musiqüe des Éthiopiens; mais les mots kwetz et
¿ ^ p a r u r e n t étrangers aux prêtres Abyssins, quand nous les leur prononçâmes (2).
S ils eussent été écrits en éthiopien ou en dialecte amara, peut-être les auroient-
ils reconnus; car, pouf peu qu’ils aient été altérés par l’orthographe , et que nous,
de notre côté, nous ayons donné a ces mots un accent différent de celui qu’ils
devoient avoir, ce qui est très-possible, sur-tout si ces mots, que nous leur prononcions
à la française, ont été empruntés, par Laborde, d’un voyageur Anglais, A lle mand
ou Italien, dont la prononciation et l’accent sont différens des nôtres, nous
les leur aurons infailliblement rendus tout-à-fait méconnoissables. Tout ce que nous
pouvons conjecturer, cest que 1 auteur dont Laborde a emprunté le témoignage,
parle de la même flûte que nous avons décrite soùs le nom S embiltâ >,?*>•(}, et
que les noms de kwetz et $ agada qu’il lui donne ne sont ni de l’éthiopien littéral
ni de 1 amara, mais seulement, peut-être, des mots de quelques-uns des quatorze dialectes
de la langue Éthiopienne, qui n’étoient pas connus de nos prêtres Abyssins.
La trompette, en Abyssinie, se nomme e0A h j' malakat: c ’est, en ce pays, un
instrument de guerre; et cependant on en fait usage à l’église. Il y a de grands et
( 1 ) Laborde, ou le voyageur dont il a suivi la rela- abyssins, ce récit nous est échappé lorsque nous Contran
, nous parle d une espèce de flûte de ce genre qui sultions les prêtres de ce pays, et nous n’avons pris aucun
e s t,ointe a une outre dont elle reçoit le vent, à laquelle renseignement à cet égard : mais il est très-probable que
il donne le nom de /«ir/e. « C et instrum ent des Abyssins, le même instm m ent que nous avons vu en Egypte sous
” J “nC. T Ce d' flUK à bec’ j0inte à une outrc Ie nom teyuqqarah, peut être connu -» dont elle reçoit le vent. O n voit, ajoute-t-il, que cet celui de nibU', m ot qui a une analoegnie A pbayrsfsaiinteie asvoeucs
instrum ent ressemble beaucoup a notre m usette. Le m ot celui de nebtl en hébreu, et celui de natte en français
yebel, en hebreu, signifie une outre ou une cruche. » (a) D ans le Lexkon Amharico-latinum de Ludolf, p. 64,
C om m e Laborde a rapporte ce qu’il dit de la nibile en on trouve hlf, aSaJd , qui signifie arrnio, calamus, et
parlant de quelques autres instrumens qui ne sont point l’os nommé tibia. N ote de M . Silvestre de Sacy.
de petits malakat, qui tous n’ont en cuivre que la partie qu’on nomme le pavillon.
Suivant Laborde, « la trompette Éthiopienne est appelée meleketa ou meleket et
».keren (i ), cest-à-dire, corne; ce qui prouvé, dit-il, de quelle matière elle avoit
» d’abord été formée. On la forme maintenant, ajoute-t-il, d’un roseau qui n’a pas
» un demi-pouce de large [ i4 millimètres], et qui a environ cinq pieds quatre
» pouces de long Cette longue tige est terminée par un pavillon du
» manche d’une calebasse. Cette trompette est recouverte en peau de parchemin
» proprement arrangée, et ne rend qu’un son rauque. On en joue doucement quand
» on marche'à fermerai; mais, quand on le joue très-vite et très-fort, il a la vertu
» d enflammer tellement les Abyssins, qu’ils se précipitent au milieu des ennemis
» sans redouter ia mort. »
Nous rapprochons entre eux ces, divers récits, dont nous ne pouvons encore
garantir entièrement 1 exactitude, afin que les voyageurs qui parcourront dans la suite
ces contrées éloignées, puissent plus facilement les comparer avec les faits, et confirmer
ou détruire les uns ou les autres; car nous ne répondons que des choses que
nous rapportons après jes avoir observées par nous-mêmes.
Le qand t ’iSr est un buccin fait d’une corne de vache; on s’en sert, en Éthiopie,
pour sonner l'alarme, pour rassembler pendant la nuit les troupes quand il y a
quelque alerte, et pour appeler les troupeaux.
L e ghentâ T î? est un cornet ou buccin de la même forme que le précédent,
mais plus petit ; il n’a guère d’autre usage que celui d’appeler les troupeaux.
Les nagârit (2) iP iiï sont les grosses timbales Éthiopiennes. Le nom de nagârit
vient de ML. nagara, il a annoncé, il a publié (3). Cette sorte d’instrument, placée
en avant des églises, sert à annoncer ie commencement des offices religieux et les
diverses circonstances du mystère de la messe. On s’en sert aussi pour publier les
ordonnances du souverain ou de ses ministres. II y a des nagârit en cuivre ; il y
en a en bois. Les nagârit en cuivre sont celles dont on fait usage pour les églises,
( 1 ) C’est en effet là le m ot par lequel les traducteurs
de la Bible Ethiopienne ont rendu le mot Hébreu
chophar, qui signifie trompette; et ce m ot, que nous rendons
ici avec nos lettres, conformément à la manière
dont nous l’ont prononcé les prêtres Abyssins, nous le
trouvons aux versets des psaumes suivans :
i V f U J : fljM : 4-Ci :
Oua egué e na 't baqâ la : qa r ne : E t Dom inus noster : in voce : tubæ.
Psalm. X L V I , v. 6.
f Ç ’i. : Î C i : i lo A t : wC&:
Ne fe hou : qa ma : baelata : se r q : Buccinate : tubâ : *in n eo men i a . Psalm. IXXX, y. ¡.
n i C i : i p f i p : (DtlpA : 4‘C’i :
Ba qa r na : %e b to : oua ba qâ la : qa r ne : In tuba : ductili : et in voce : cornu.
Psalm. x c v it, y. 6.
M ais, dans ce dernier verset, les mots Ethiopiens qarna
Xfbto répondent aux mots Hébreux .du texte de la Bible
î—in ïy n a bakhatçptçerot, qui signifient avec les trompettes
É . M .
guerrières s au lieu que le mot qatne répond àu m ot H ébreu
chophar, qu’on a rendu en latin par cornu. N eparoltroit-il
pas assez vraisemblable que le m ot qarne, ayant été appliqué
aux premières trom pettes faites de corne, est devenu
dans la suite le nom commun de tous les instrumens de
ce genre, quoique cependant les trom pettes de m étal, qui
furent inventées depuis, eussent reçu un nom particulier t
Si cette supposition étoit adm ise, elle dissiperait tous
les doutes, et expliqueroit en mêm e temps pourquoi la
trom pette Éthiopienne reçoit encore le nom de qarne. (2 ) Laborde écrit ce m ot nogareet: ce qui nous fait
présumer qu’il a suivi la relation de quelque voyageur
Anglais ; car en anglais on n’écriroit pas autrem ent ce mot
pl’oounrt pprroonnponncceér.’nogarif, ainsi que les prêtres Abyssins nous
(3) E n arabe, du verbe naqara [il a frappé], on a fait
le nom de noqqâryeh, qui signifie un instrum ent bruyant
de percussion, et qui désigne de grosses timbales semblables
aux nagarit des Éthiopiens. Le rapport qu’il y a
entre les mots Arabes et les mots Éthiopiens, appliqués ait
mêm e instrum ent pour le désigner, n’indiquerait-il pas
quelque affinité originelle entre ces mots !
O o o o o ô a