supérieure aux sources occupe, au lac n.° 3, que nous avons plus particulièrement
observé, une largeur d’environ deux cent cinquante mètres, recouverte de
cristaux de sel, à travers lesquels s’élève, en assez grande quantité, cette espèce
de jonc plat dont on se sert pour les nattes communes. Le terrain occupé par les
sources a quatre-vingt-dix-huit mètres de largeur. Il règne ensuite, au bord du
lac, une lisière de natroun de trente-un mètres. Le lac a cent neuf mètres de largeur,
et cinq cent quatorze de longueur; sa plus grande profondeur est d’un demi-
mètre. Le fond du lac est de craie mêlée de sable. Les eaux de ce lac seulement
sont de couleur de sang.
Tel est l’état physique du lac n.° 3, du côté du Nil. Le bord opposé du bassin
du lac touche aux sables arides ; il y croît très - peu de joncs, et il ne paroît pas
quil y arrive de l’eau douce. Les eaux qui alimentent les lacs, viennent-elles du
Nil, en pénétrant lentement cette masse de trente milles d’étendue qui sépare la
vallée du Nil d’avec celle des lacs, et suivant la combinaison des deux pentes vers
le nord et vers l’ouest ! ou bien, abandonnées à la résultante de ces deux pentes,
arrivent-elles de la tête de la vallée, qui, comme nous le verrons plus bas, doit
se rattacher a la vallee du Nil dans le, Fayoum! La seconde opinion , quoique plus
naturelle, ne paroît pas admissible, parce qu’il est certain que les eaux qui affluent
dans les lacs sortent des pentes de la rive droite, qui les dominent. Il y a très-peu
de sources sur la pente opposée, et celles qui existent se trouvent à une grande
profondeur. La première opinion est fondée sur ce que les hausses et les baisses
des eaux du lac sont régulières, et arrivent toutes les années, à une époque qui a
un rapport à-peu-près constant avec l’époque de l’inondation.
Analyse des eaux des lacs. — Les eaux des lacs contiennent des sels qui diffèrent,
meme dans les parties dun même lac qui ont peu de communication entre elles;
c’est toujours du muriate de soude, du carbonate de soude, et un peu de sulfate
de soude : le carbonate de soude domine dans les uns, et le muriate de soude dans
les autres.
Il paroît, d’après l’état physique du terrain, que le carbonate de soude est
entraîne dans ces lacs par leau des fontaines dont nous avons parlé, et par les
eaux de pluie: cela explique pourquoi les sels s’y trouvent dans des proportions si
variées.
Les eaux d’une partie du lac n.° 3 et celles du lac n.° 4 sont colorées en rouge
par une substance végéto-animale. Lorsqu’on fait évaporer ces eaux, le sel marin,
qui cristallise le premier, retient cette couleur rouge, et acquiert l’odeur agréable
de la rose.
M. Berthollet pense que la formation de la soude est due à la décomposition
du sel marin opérée par le carbonate de chaux que l’on retrouve dans la terre
humide où se fait cette décomposition. La présence de l’humidité est absolument
nécessaire pour la décomposition du sel marin, et l’on a vu qu’elle ne manquoit pas.
Quant a la pierre calcaire, elle est en grande abondance entre le Nil et les lacs,
ainsi que dans la vallee, où elle se montre en roche,-ou sous la forme de craie.
Exploitation du natroun. — L’exploitation des lacs de Natrüun fait partie de la
ferme de Terrâneh, dont le canton (1) est compris dans les nouvelles limites de
la province de Gyzeh (2).
Le transport du natroun ne se fait que dans l’intervalle des semailles à la récolte.
Les caravanes s’assemblent à Terrâneh. Chaque caravane est ordinairement de
cent cinquante chameaux et de cinq à six cents ânes. Elle part, avec son escorte
au coucher dû soleil, arrive au jour, brise et charge le natroun, et repart de suite!
La caravane, au retour, s’arrête à mi-chemin; elle fait du feu avec le crottin des
ânes et des chameaux du voyage précédent (3). Les hommes d’escorte et les conducteurs
boivent le café, fument la pipe, et se procurent un peu de pain en
délayant de la farine dans un plat de bois, et faisant cuire la pâte sur les charbons.
Le commandant de l’escorte place ses postes , pour se tenir en garde contre les
Arabes; le reste de la caravane dort quelques heures ; on se remet en route, et l’on
est de retour à Terrâneh le matin du troisième jour.
On estime que chaque caravane transporte six cents qantâr de natroun de quarante
huit oqâh (4).
Terrâneh est l’entrepôt du natroun. On l’embarque à ce village ; il est expédié
à Rosette, d’où oh l’envoie à Alexandrie, et de là en Europe ; ou bien on le fait
remonter au Kaire, où il est vendu pour être employé à blanchir le lin et dans
la fabrication du véfre M . .
On compte un dixième de déchet sur la matière, occasionné pâr les vërséméns
et la dessiccation. .
Les/r/^/i des six villages de Terrâneh payent leur myry en transport de natroun
Lorsque, par la présence des Arabes, ou par d’autres circonstances, l’exploitation
du natroun souffre des contrariétés, les fellâh payent onze pâras (6) pour
chaque qantar qu ils auroient été ténus de transporter.
^ Le natroun sê vend ên Egypte une pataque de quâtre-Vihgt-dix pâras le qaii-
tar de trente-six oqâh. L’acheteur paye le transport par eau. Le fermier fournit
la poudre et le plomb pour l’escorte des caravanes. Cette escorte consiste en
soixante hommes armés, qu’on appelle Basclat, et dont le fermier paye également
le salaire.
La ferme du natroun étoit une véritable gabelle. Les villages qui possédoient
des etabhssemens où l’on employoit cette matière, étoient obligés d’en acheter
tous les ans au fermier une quantité déterminée.
J l w T T " " " illagCV (3> Le ma” î “ e de combustibles détermine toujours
A M cmZ , ’ ■ É P I “ î™ " “ I - succèdent dans ie désert, à s’arrêter
(2) Sous les bevc la A n 1 / . , , aüx camPemens de celles qui les ont précédées.
au nord par te Z e - l Z Z u V .___. f . “ ou Digue noire, “quif la ,l ivPres e^t demi e, poids de ma“rc“ ou de deux
tenant jûsqu’a ^ v î n a ^ d '^ f ^ T Î i “ “ ' T <5> ° " “ “ Ka!re une au,re esPê“ * natroun,
Eçoued traverse la pla'me depuis" lës^unes^jbd sV ^ ^ ^ !“ ¡ P * * Da' f™ r « M M
jusqu’au Nil. Cette dieue a vers ,n unM’,ou. ' saPP"'f> « q o o n emploie dans la préparation du tabac d'Egypte,
village d’Omm-dymtr des ponts pour T T ’ J H “ I d° " " CT S I S
eaux de l’in o n d a ,L Les eaux B 7 T " 1 a fait da « natroun ; il a
qu’on veut parle Gesr el-Ecoued r e n d e n t I T- ' *•'7 $ q° '* conteno,t Plus de muriate de soude que la
fe rtilisent du plus r ich e p ro d u it. ’ a P am e q u elles plu pa rt des é ch an tillo n s q u e nous a y on s rapportés.
*6) Vingt sous de France valent vingt-huit pâras.