
 
		veines variqueuses  qui  se  développent dans  son  t'issu.  Ces  extrémités  perdent  de  
 leur  sensibilité, grossissent  graduellement,  et acquièrent,  en  proportion  de  leur  
 accroissement, beaucoup {le densité; car en les comprimant on éprouve de la résistance  
 :  l’impression  du  doigt  n’y reste pas,  comme  dans  l’oedématie,  de  laquelle  
 l’éléphantiasis  diffère  encore par la  sensibilité qui se  conserve dans cette  première  
 affection,  et qu’on  reconnoît  aux  douleurs  assez  vives  dont se  plaint  le malade,  
 si  l’on  pique  et  si  l’on  irrite les parties altérées. La  chaleur animale, loin  de  diminuer, 
   augmente  suivant  les  progrès  de  l’éléphantiasis,  au point  de  devenir  très-  
 incommode. 
 Ce  phénomène  me  donne  lieu  de  croire  que  la  substance  graisseuse  domine  
 dans les parties tuméfiées,  lesquelles  paroissent prendre  de la consistance par l’addition  
 de l’hydrogène  qui  se  forme  dans  le  système  veineux,  à  cause de  son peu  
 de ressort et  de  la  lenteur  de  la  circulation. 
 Les  ulcères  extérieurs  s’étendent  en  largeur,  mais  fort peu  en profondeur.  La  
 peau  des  pieds  et  des  jambes  acquiert  une  épaisseur  considérable ;  les  ongles  se  
 désorganisent et  se  convertissent  en écailles  jaunâtres ;  le  tissu  cellulaire  s’épaissit  
 et  se  durcit  comme  du  lard :  celui  qui  se  trouve  interposé  dans  l’interstice  des  
 muscles,  éprouve  les mêmes  effets  .  comprime  la  fibre motrice, dont  le ressort  
 s’affoiblit,  et  rend  la  contraction  presque  nulle.  Le mouvement  et  la  sensibilité  
 s’éteignent  graduellement ;  et  lorsque la maladie  est  portée  à  un  très-haut  degré,  
 les  piéds.et  les  jambes  sont  comme  des masses  informes,  pesantes  et  presque  
 paralytiques.  Le malade  est  forcé  de  garder le  repos. Le corps maigrit,  le  visage  
 est  basané,  les  lèvres  sont  épaisses  et  ordinairement  gercées,  l’haleine  fétide ,  
 comme  dans  la  lèpre.  Il se manifeste quelquefois des pustules de nature dartreuse,  
 sur  les  bourses  et les côtés des  cuisses.  Les  traits  du  visage,  si  nous  en exceptons  
 les  lèvres,  ne  s’altèrent point;  les yeux  sont même  vifs  et  hrillans.  La  peau  du  
 dos  devient blanche  et  luisante,  lorsqu’on  la  frotte ;  mais  elle  né  s’écaille  point  
 comme  chez  les  lépreux.  Les  cheveux  conservent  leur  forme  et  leur  couleur. La  
 barbe,  au  lieu  de  tomber,  comme  dans  la  lèpre,  s’épaissit  au menton.  Le  pouls  
 reste  dans  l’état naturel.  L’éléphantiasis n’ôte point l’appétit.  Il  n’est point  contagieux  
 ,  mais  il  peut  être  héréditaire ;  et,  d’après  Bruce ,  il  ne  se  développe  qu’à  
 l’époque de la virilité,  et  quelquefois plus  tard.  Les  fonctions  naturelles  ne  sont  
 pas beaucoup  dérangées,  ou  même  ne  le  sont  point  du  tout,  et  le  sujet  peut  
 vivre,  avec  cette infirmité, jusqu’à la décrépitude.  Il  n’en  est pas  de même  de  la  
 lèpre; quoiqu’elle  soit  de  longue  durée,  elle  s’accroît par degrés, et elle a presque  
 toujours  une  terminaison  funeste. 
 La maladie  glandulaire  des Barbades  a de  l’analogie avec  l’éléphantiasis, quoiqu’elle  
 présente  des  symptômes  qui  ne  s’observent  pas  dans  cette  dernière  affection, 
  tels que  l’inflammation  qui  se  déclare  dès  l’invasion  du mal  sur  le trajet des  
 vaisseaux  lymphatiques,  et  la  fièvre  qui  l’accompagne  dans  presque toutes ses périodes. 
   La  tumeur n’offre pas  le même aspect que dans l’éléphantiasis : dans celui-  
 ci,  la peau est rugueuse,  et  couverte,  sur les lieux des articulations, de tubercules  
 noirâtres,  entrecoupés  par  des  ulcères  sanieux  et fétides. 
 D’ailleurs 
 D’ailleurs:,  il  paroît exister un très-grand  rapport dans les causes qui produisent  
 ces deux affections, et dans leurs résultats ; elles peuvent donc être toutes deux de  
 la même  nature :  mais  les  climats  et  la diversité  des  causes  établissent  des  différences  
 ;  et  ces  différences  ne  sont peut-être pas  encore  assez  caractérisées  pour  
 être  regardées  comme  essentielles,  et  déterminer  la  ligne  de  démarcation  qui  
 existe  entre  les  deux maladies.  Il  faudroit,  pour  cela,  que  le médecin  à portée  
 de  les  observer dans  un  climat  pût  se  transporter  dans  tous  ceux  dont  les  influences  
 particulières produisent,  chez les  individus qu’elles attaquent, des phénomènes  
 différens. 
 Il  est  très-probable  que  l’éléphantiasis  attaque d’abord toute  la machine; mais,  
 par  des  causes  particulières  que  nous  tâcherons  d’expliquer,  il  porte  ses  principaux  
 effets sur les jambes, où  il  paroît  se  fixer  et  devenir  local,  à  l’instar du vice  
 scrofuleux,  qui,  ayant  déterminé  un  ulcère  profond  dans  une  extrémité,  s’y  
 concentre  souvent  en  entier ,  et  devient  une maladie  locale. 
 Les  travailleurs  des  rizières,  et  ceux  qui  habitent  les  lieux marécageux,  sont  
 les plus  sujets  à  cette maladie. 
 L’éléphantiasis  reconnoît pour causes prédisposantes, à-peu-près les mêmes que  
 celles  qui  produisent  la Tèpre.  Il  faut  y  ajouter  l’impression  immédiate ,  et plus  
 ou moins  continuée, des  gaz  pernicieux, ou  des  eaux  corrompues,  sur  les  pieds  
 et  les  jambes ;  comme  les  eaux  des  rizières,  qui  sont  très malfaisantes.  Elles  paroissent  
 d’abord  relâcher  le  tissu de la peau ;  ensuite elles le tuméfient et  le  désorganisent. 
 J’ai  vu  à  Damiette  un  grand  nombre  d’agriculteurs  qui  étoient  affectés  de  
 cette maladie à différens degrés,  tandis qu’on  ne  la  rencontre  presque  point dans  
 les lieux  secs  et aérés,  comme du  côté des déserts et de la haute Egypte : mais  on  
 la retrouve,  selon  Bruce,  dans  les  lieux marécageux de  l’Abyssinie.  La  lèpre,  au  
 contraire,  règne  dans  les  contrées  désertes  de  l’Egypte, et  je ne l’ai point vue sur  
 les  côtes  de  la mer,  où  l’éléphantiasis  est  commun. 
 On peut  considérer  l’éléphantiasis  sous  trois  états  différens. 
 Dans  le  premier,  les  pieds  et  les  jambes  sont  légèrement  tuméfiés ,  couverts  
 ordinairement  d’une  éruption miliaire,  à peine  sensible  ,  d’un  rouge  brun,  avec  
 de  légers  picotemens  douloureux,  augmentation  de  chaleur,  douleurs  irrégulières  
 , sur-tout à la plante des pieds.  Si l’on comprime la peau ,  le malade souffre,  
 et  l’impression ne  reste  pas.  Il  y  a  difficulté  dans  les mouvemens. 
 Au  deuxième  état,  l’éruption est remplacée par de petits ulcères recouverts de  
 croûtes épaisses, jaunâtres et  tuberculeuses.  La peau est coupée  flexueusement par  
 des veines  variqueuses  qui lui donnent  une  couleur marbrée.  La  chaleur  est  plus  
 forte,  la  difficulté  du  mouvement  plus  grande ;  les membres  ont  augmenté  en  
 épaisseur,  et  la  sensibilité  est moindre. 
 Dans  le  troisième  état,  dureté  et  augmentation  de  volume  aux  extrémités,  
 ulcères  et  croûtes  tuberculeuses  plus  étendues ,  perte  totale  du  mouvement,  
 sensibilité presque  nulle,  foiblesse  générale, maigreur et mélancolie. Quoique les  
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