
par excellence de langue claire et élégante (1). Ce dialecte est celui que parla Ma-
homet, et dont il a Ikit usage dans tous ses écrits.
Le second de ces dialectes remonte à une origine beaucoup plus ancienne que
celui des Qoreychites, et les auteurs Arabes assurent généralement qu’il fut usité
dans les temps les plus reculés, dès l’époque où les Arabes ont commencé à former
un corps de nation.
Il fut appelé Hétnyame, du nom d’une ancienne tribu dont il étoit l’idiome
particulier; elle est connue de nous.sous, le nom d’Homérites [ l e s de
PtoW c ], et tiroit son origine de Hemyar (2), fils de Sabâ (3), et arrière-petit-fils
de Qahtan, qui fût le premier roi de l’Yémen, environ deux mille ans avant Mahomet,
et qui paroît être le Joctan du chapitre x de la Genèse. Cette tribu
dahord idolâtre, embrassa ensuite la religion Juive, puis le christianisme Elfe
adonne a 1 Arabie une longue suite de rois, qui avoient établi leur résidence à
Difar 4), lune des plus belles et des principales villes de l’Arabie, située près de
celle de Sanaa (y), capitale de l’Yémen : leur domination, suivant Noueyry em-
brassoit 1 Egypte, la Chine et les Indes, et, s’il faut en croire le témoignage du
géographe el-Bakouy (6), elfe s’est étendue jusque sur la Nubie et sur toutes les
cotes de la Mauritanie; il ajoute même que les peuples de la Nubie (7) avoient
encore de son temps un roi résidant à Danqalah (8), qu’ils disoient être descendu
des anciens Hémyarites.
Abou-l-feda (9) et Hamzah ben el-Hasan (i0) ont recueilli d’anciennes traditions
d après lesquelles ils établissent que l’ancienne langue des Arabes, c’est-à dire
I idiome Hémyarite, dut son origine et sa forme primitive à Ya’rab (11} fils de
Qahtân. ' ' ’
Cette langue s’est perdue dans les conquêtes de Mahomet et de ses successeurs ;
(I) Lesân a’raby snobeya ^ ^ „U . » , le bord de la mer C h ien n e. Le „ianorcri. de son
, m{ar Sabi 7 " si? ■ Le mot «*'"»'■ ouvrage, qui existe à la Bibliothèque impériale (mantts-
, signifie rouge en arabe; et ce prince reçut ce sur- çrits Arabes, n.° 587, ln-4.‘), écrit ce nom .jjL Bâoouv.
nom, parce qutl avoit coutume de porter des vétemens L’année de la naissance de ce géographe n’est nas bien
K 4 ■ déterminée; mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’il écri-
(3) A bd el-ckejns ben Yechhab uvsnj ^ p u t, voit vers l’an 806 de l’hégire [1403 de i’ère Chrétienne],
surnommé SabâL » , étoit peiit-fils de Qahtân 0 U J . Son ouvrage, intitulé liitâb talkkys el-atârfy a’giyb
(4) Dijar j U t ou Dafar jlb. E l-Bakouy nous “&m jfeüll titUI J jlSVI
apprend que ce n’est que dans les montagnes qui sont près ^ livre exposant les traditions sur les merveilles du roi
de cette ville que l’on recueille l’encens, surnommé, par tout-P"'!sa"l], est une espèce de géographie universelle
cette raison , el-Dlfâry cjjU k ll. ......................... rangée suivant l’ordre des climats, dont la composition
(5) W é o a f n t r t L . , située à 77*5’ de Ion- 3 ^ f'ifv é e l’an 8 tj de l’hégire [ 141a de l’ère Chrégitude,
et à 14» 30' de latitnde. Suivant el-B alouy, tienne] ’ J ai Publlé dans la Décade Égyptienne les excette
ville, qui ressemble à Damas par la beauté de ses “ ‘ 8eoeraphie qui ont rapport à l’Égypte. Voye^
jardins remplis de toute espèce de fruits, est exempte J “™ Mélangés de littérature Orientale imprimés au
de mauvais animaux et d’insectes, et éprouve tous les , ? ™.1’“ ,,
ans deux étés quand le soleil entre aux signes du belier l7) hl'Noub,h « j" '.
M de la balance, et deux hivers quand il entre aux signes Danqalah J â js .
de J’écrevisse et du capricorne. ' . " '($) Aboa-l-fidi tji lljd .
(6) A ly a bd el - Rachyd ben Sâlek ben JVouty (10) Hamzah ben el-Hasan . ... Jf , ■■______surnomm(;
uUj’ cri ¿L* tri OJrvîliJ-sn tfe fut surnommé el-Bakouy el-Esbabâny .
c ^ l , parce qu’il étoit originaire d eBakovyeh xojÇ ville (11) Ya’rab ben-Qabtân « I k i ^ u> j~ . Les Hébreux
assea coustderable, s.tuee dans la contrée de Derbend, l’ont connu sons le nom de Ydrakk [rivj.'
il nous en est reste trop peu de vestiges pour pouvoir en établir la nature et le
système grammatical : mais tous les historiens s’accordent à dire qu’elle étoit
très - différente de la langue que parloient les autres tribus de l’Arabie ; et ils
citent, à ce sujet, le proverbe suivant, usité parmi les Arabes : « Que l’Arabe
■ qbui vient à Difàr apprenne le dialecte de Hémyar. »
Le peu de mots de la langue Hémyarite qu’on trouve rapportés par Hamzah,
Noueyry, et d’autres anciens auteurs Arabes, sont en effet bien différens de leurs
équivalons dans la langue Arabe généralement connue.
Suivant ces mêmes historiens, la plus ancienne écriture dont les peuples de
l’Arabie aient fait usage avant l’époque de l’hégire, est l'écriture Hémyarite (i),
a laquelle quelques-uns d eux donnent aussi le nom de Mousnad (2) ; mais aucun
écrivain ne nous apprend quel fut le nom de l’inventeur de cette écriture.
On ne peut admettre l’opinion qui a été avancée par quelques auteurs, que
l’écriture Hémyarite étoit différente de celle qui portoit le nom de Mousnad, ou
même qu’elle n’étoit autre chose que l’écriture qui prit ensuite la désignation
de Konfiqne. L’identité des deux premières écritures et leur différence d’avec la
dernière sont constatées par le témoignage de tous les écrivains Arabes, et;
entre autres, des célèbres lexicographes Gouhary (3) et Firouzabâdy (4).
Nous ne connoissons point maintenant d’une manière positive et certaine la
forme des caractères Hémyarites : tout ce que nous en savons, d’après le témoignage
de plusieurs anciens auteurs Arabes, et, entre autres, d’Ebn-Khilkân (y),
c’est que les lettres qui composoient cette écriture étoient désunies entre elles
et très-distantes l’une de l’autre.
D’après cette indication, ce caractère auroit pu ressembler, en quelque sorte,
aux inscriptions cludiformes des monumens de Persépolis ; et alors il faudroit
peut-être rapporter à lecriture Hémyarite une inscription assez semblable à
l’écriture Persépolitaine, et que j’ai vue entre les mains du général Dugua , au
Kaire. Elfe lui avoit été remise par des Arabes qui lui avoient assuré l’avoir trouvée
dans des ruines assez considérables sur la droite de la route du Kaire à Soueys.
Ebn-Khilkân ajoute que l’emploi des caractères Hémyarites étoit réservé aux
classes supérieures des tribus, et qu’il étoit défendu de donner connoissance de
ce système d’écriture aux familles des classes inférieures et à aucun étranger, sans
une autorisation spéciale du Gouvernement.
Il paroît qu’au temps de Mahomet les caractères Hémyarites étoient déjà presque
totalement tombés dans l’oubli, et que les Musulmans s’efforcèrent d’en anéantir
toutes les traces.
(1) El - Heinyarytt
(2) Mousnad o-S—a .Khat el-Mousnadây ^ I f i . ,
suivant el-Bakouy.
(3) Abou-nasr Isma’yl ben Hammâd J **»1 j.«=j j j |
(jj , surnommé el- Gouhary 4^ el el-Farâby
est auteur d’un dictionnaire intitulé Kitab el-
sdieh alha fyla nl-glougeh]a.t «dit j cjUî** [livré de la pureté
[4] Magd el-dyn Mohammed ben Ya’qovb ben Mohammed
qs a été surnommé
el-Fyrou^abâdy et el-Chyrâ^y
parce qu’il étoit né à Fyroirçabâd Y L j j , dans le territoire
de Chyrâ^ , II est auteur du dictionnaire
nommé el - Qarnous ^j-oUdi [l’Océan],
(5 ) Chems el-dyn ben-Khilkân y fc iT i. q j ^ o J t a
composé l’histoire des hommes illustres de TOrient*