
le lit desséché dun torrent : l’eau n’étoit point salée, mais fade et extrêmement
lourde ; ce qu’on doit attribuer à la quantité de sulfate de chaux qu’elle tient
en dissolution. Ce puits pouvoit, chaque jour, fournir de l’eau à six cents
hommes.
Les minarets des mosquées sont bien moins élevés qu’en Égypte; ce qui donne
à Qoçeyr un aspect différent des villes Égyptiennes.
Le chateau est derrière la ville et la domine entièrement; il est construit sur un
plateau élevé de sulfate calcaire, recouvert de cailloux roulés, qui se réunit à une
suite de collines formées entièrement de cailloux roulés de différentes roches. Ces
collines terminent vers la mer la chaîne de hautes montagnes qui borde l’horizon
à l’ouest.
Ce château consistoit, à 1 époque de l’arrivée des Français, en un losange
flanqué de quatre tours ; ses murs avoient vingt-six à trente décimètres d’épaisseur,
bâtis en pierre calcaire. Il ne renfermoit que peu de logement, et un puits
entièrement creusé dans le gypse [sulfate de chaux], dont l’eau, extrêmement
lourde et saumâtre, pouvoit servir à peine pour les animaux. Hors du château
et à cent pas de la face sud-ouest, il y a une ancienne citerne revêtue en brique,
qui peut contenir quatre cent cinquante mètres cubes d’eau : elle est placée dans
un fond où viennent aboutir plusieurs ravins qui descendent des collines environnantes
; de sorte que, dans la saison des pluies, elle se remplit naturellement. De
l’autre côté du fort, il y avoit une mosquée et plusieurs santons ou tombeaux,
que les Français ont démolis.
La ville n’est habitée que par des marchands d’Égypte et d’Arabie, qui s’en
vont lorsque leurs affaires sont terminées : ainsi elle n’a point d’habitans proprement
dits. Les cheykhs de la ville sont eux-mêmes des marchands d’Yambo’ , qui
ont affermé du gouvernement Égyptien une partie des droits de douane.
Les environs de Qoçeyr sont tout-à-fait déserts; et, à l’exception de quelques
coloquintes, encore fort rares, on n’aperçoit aucune espèce de végétation. Le
terrain est sablonneux; mais, en approchant de la mer, on trouve des couches
d’argile à quelques décimètres au-dessous du sable.
Le port est entièrement ouvert au vent d’est; il est abrité à l’ouest par le rivage,
et au nord par un banc de madrépores et de coraux , qui s’avance de deux cent
cinquante mètres dans la mer. Ce banc est coupé à pic, et les bâtimens viennent
s’y amarrer ; c’est en quelque sorte un quai naturel, que les polypes ont construit
en cet endroit : mais, à marée haute, il est recouvert d’environ trois décimètres
deau, et, a maree basse, sa surface est si raboteuse, que l’on n’y marche qu’avec
beaucoup de peine. Il est étonnant que les habitans n’aient pas songé à l’élever
un peu pour y construire leur ville ; les marchandises s’embarqueroient et se
débarqueroient alors facilement ; tandis qu’actuellement, comme la mer diminue
de profondeur à mesure qu’on approche de la ville, on est obligé de les transporter
dans des canots, qui ne peuvent s’avancer à plus de huit ou dix mètres de la
plage, et il faut que des hommes se mettent dans l’eau pour prendre les ballots
sur leurs épaules.
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Le fond est de sable et d’assez bonne tenue; mais, comme la plupart des
bâtimens Arabes ont de mauvais câbles de lin ou même de palmier (1), qui sont
bien moins forts que ceux de chanvre, il arrive quelquefois dans le port des
accidens que n’éprouveroient point des bâtimens mieux gréés.
Le port forme à l’ouest une courbe concave, bordée de récifs de madrépores,
et se termine à un banc de même nature, qui s’avance, à l’est, de près de cinq
cents métrés dans la mer. A mille métrés environ de ce rocher en suivant la
côte, on en rencontre un autre de douze cents mètres de long, également en
madrépores. Ces bancs sont couverts, à marée haute, par la mer; la plage, qui
a été fort basse jusque-là, commence à s’élever, et présente bientôt des collines
de cailloux roulés.
La position du port de Qoçeyr, à l’entrée de plusieurs vallées qui débouchent
en Égypte, a dû nécessairement le faire choisir de tout temps pour l’entrepôt du
commerce de la haute Égypte avec 1 Arabie. L’Égypte y envoie actuellement
du blé, de la farine, des fèves, de l’orge, de l’huile et d’autres denrées; et 1 Arabie, du café, du poivre, des gommes, des mousselines et quelques étoffes
de l’Inde (2).
Durant mon séjour à Qoçeyr, depuis le commencement de prairial an 7
jusquau milieu de thermidor [depuis le milieu de mai 1799 jusqu’au commencement
d’août ], le vent a presque toujours été nord - nord - est, et il est
entré dans le port cinquante bâtimens : les plus gros, au nombre de neuf ou
dix, étoient de Geddah ; cinq ou six appartenoient aux Arabes de la côte;
le reste étoit d’Yambo’. Ces bâtimens ne sont point pontés : dans leurs
voyages, ils suivent constamment la côte; et lorsque le vent est trop fort, ils
s abritent dans de petites anses : ils ne se tiennent en pleine mer que pour
la traverser.
On nomme ici la mer Rouge Bahr Mâ/h ; à Soueys, on la nomme Bahr
el-Qplioum. La plus forte marée que j’aie observée à Qoçeyr, est de huit
décimètres, et elle nest ordinairement que de cinq, tandis qu’à Soueys elle est
d’environ deux mètres.
On trouve le long de la côte une grande quantité d’éponges, de coraux, et de
coquilles nuancées des plus belles couleurs. Elle est aussi fort poissonneuse : j’en
puis donner une idée par la manière dont les soldats Français y faisoient la pêche-
ils ne se servoient ni d’hameçons ni de filets; ils prenoient les poissons avec la
main, après les avoir tués à coups de sabre ou de bâton.
Cette côte est habitée par des tribus de pêcheurs ; ils avoient sur le bord
de fa mer au nord du château, un camp, qu’ils abandonnèrent à notre
approche. Chaque petite cabane étoit couverte d’une écaille de tortue. Ces
peuples ne vivent guère que de poissons; ils les prennent avec des filets, ou
les harponnent à coups de lance; ils en fontTécher au soleil une grande quantité,
quils viennent échanger à Qoçeyr contre quelques objets qui leur sont
de! feuilles du D alnüer™ fila"len'eu' ? UI Sarnit ,a ba3e H Voy^, pour de plus grands détails,remues du palm .er, que l on fabrtque ces cordes. le com m erce de la haute Egypte avec l’A ler aMbiéem. oire sur