IN F L U E N C E
DU CLIMAT D’ÉGYPTE SUR LES PLAIES,
E T
REMARQUES PARTICULIÈRES
SUR LES PHÉNOMÈNES Q U ’ELLES ONT OFFERTS
PENDANT L’EXPÉDITION.
L e s plaies produites par les coups de feu que nos soldats ont reçus, en Syrie, aux
extrémités supérieures, et compliquées de fractures, sur-tout celles de l’humérus,
quoique pansées méthodiquement et avec soin, ont presque toutes été suivies
darticulations accidentelles. Les deux fragmens de l’os rompu restoient mobiles,
parce que le frottement continuel usoit leurs aspérités et leurs angles saillans.
Les extrémités de ces fragmens s’arrondissoient et se recouvroient d’une substance
cartilagineuse qui en fkcilitoit les mouvemens , que les blessés exécutoient
en différais sens, d’une manière très-imparfaite et sans douleur. Nous avons
renvoyé en France plusieurs invalides avec cette infirmité.
Jai attribué les causes de cette articulation accidentelle, i.° aux mouvemens
continuels auxquels les blessés ont été exposés depuis leur départ de Syrie jusqu’à
leur arrivée en Egypte, ayant été obligés de faire la traversée à pied ou sur des
montures; 2.0 à la mauvaise qualité des alimens, et à l’eau saumâtre qu’on a été
forcé de boire dans cette pénible route ; 3.0 à la qualité de l’atmosphère de Syrie,
presque entièrement dépourvue d’air vital, et surchargée de gaz pernicieux, provenant
des nombreux marécages près desquels nous avons long-temps habité.
Toutes ces causes ont pu empêcher la formation du cal, soit en diminuant
Je phosphate calcaire, soit en détruisant le rapport où les os doivent constamment
se trouver pour qu’ils puissent se souder entre eux.
Les bandages contentifs, les embrocations alcalines, aromatiques, le repos
et le regnne, n’ont produit aucun effet. Peut-être que le changement de climat
et usage des eaux minérales auront agi favorablement chez les militaires affectés
de cette espèce d’articulation (1).
Il est encore arrivé, dans cette même campagne, que de très-légères blessures
F0Cé<,é pr0p0!é par à mettre à découvert quelques auteurs, et enecute par des praticieus célèbre,, de l'os pour en Lire la résection, .àes ldees uxre mexettrtérme iteéns
aux épaules, sans lésion des os, ont été suivies, chez presque tous les militaires
qui les ont reçues, de paralysie complète ou incomplète du membre correspondant
à la blessure ; ce qui n’arrive presque jamais en Europe, à moins que les
principaux nerfs ne soient coupés ou désorganisés.
Je n’ai pu soupçonner, dans ces blessures, que la lésion de quelques rameaux
nerveux et superficiels des paires cervicales, qui, à cause de leur communication
avec le plexus brachial, devoit déranger le fluide nerveux dans les branches de ce
plexus: il est possible aussi que les qualités asthéniques et stupéfiantes du climat
de la Syrie, dans la saison que nous y avons passée, aient déterminé la paralysie
des membres lésés.
A notre retour en Egypte, où l’air est plus pur, j’ai rétabli le mouvement et
le sentiment dans les membres paralysés de plusieurs de ces blessés, par le moxa
plus ou moins répété, suivi de l’application immédiate de l’ammoniaque, pour
prévenir l’inflammation et la suppuration,des parties bridées. L’usage des eaux
thermales et le climat d’Europe ont achevé la guérison de plusieurs auxquels le
moxa n’avoit pas été suffisant.
Mais, si les plaies qui ont affecté nos soldats en Syrie et en Egypte pendant
la saison du khamsyn, toujours pernicieuse, ont été traversées dans leur marche
par beaucoup d’accidens imprévus , la plupart déterminés par les influences de
l’atmosphère pendant cette saison, d’un autre côté, nous avons pu admirer avec
quelle promptitude se sont guéries, en Egypte, les solutions de continuité pendant
les saisons des vents du nord. Toute l’Egypte est alors sous un ciel pur et
serein; la chaleur brûlante, mais uniforme, du jour, est constamment rafraîchie
par les vents, qui se lèvent avec le soleil et passent avec lui. A ces influences
salutaires il faut ajouter, indépendamment des secours de l’art, la qualité dune
charpie particulière dont nous avons fait usage (1), la bonne tenue des hôpitaux,
leur salubre emplacement, et un excellent régime.
C ’est ce concours de circonstances favorables qui sert à expliquer comment
les plaies des membres amputés ont été cicatrisées avant le trentième jour; comment
l’opération de la taille, chez les adultes, a été guérie en quinze jours; comment
le trépan, pratiqué sur un assez grand nombre de blessés, a été suivi dun
succès complet ; comment, enfin, de grandes plaies pénétrant dans la poitrine,
dans le bas-ventre, et d’autres aux extrémités, avec perte de substance, ont été
guéries aussi promptement et sans accident.
rapport et à les maintenir dans cet état, jusqu’à une en- extrémités et en obtenir l’adhérence : ce moyen, quoique
tière consolidation : on acheteroit trop cher cette heureuse moins dangereux que le prem ier, n’offre pas plus de suc-
term inaison, s’il est vrai qu’il soit possible de l’obtenir, cès. Lorsque, dans les premiers jours de la guérison des
Je ne connois pas d’exemple de guérison bien avérée fractures, on n’a pu obtenir, par les moyens proposes-,
produite par ce procédé; j’ai au contraire la connois- la soudure des deux extrémités fracturées de Io s,il faut
sance parfaite que deux individus de la classe du peuple, en abandonner le soin a la nature. Les malades saccou-
attaqués de cette infirm ité, sont morts à la suite de cette tument à cette infirm ité, dont les effets diminuent avec
opération, après avoir éprouvé les tourmens les plus le temps et l’exercice, et ils finissent par se servir du
affreux. Je ne conseille pas davantage le procédé de ceux membre affecté à-peu-près comme de son congénère resté
qcuhai nvteeu loenn t pqaus’àse l ’auind es édt’ounn ed laonnsg ul’eé peat igsrsoesusre dauig umilelem trbarne-, sai(ni.) J’en ai vu des exemples, C h a r p ie v ie r g e , f a i te avec de la toile neuve, battue
entre les deux fragmens de l’os, pour en enflammer les et lavée.