
dans leurs ouvrages les plus parfaits et dans un style très7élevé (i), nous y auroient
suffisamment autorisés, si nous eussions écrit dans une autre langue que le français.
Mais, sans passer absolument sous silence cet instrument, et pour ne pas nous y arrêter
non plus, nous nous contenterons seulement de dire qu’on le nomme en éthiopien
d g iira f , et nous bornerons là ce qui concerne les instrumens des Éthiopiens.
A r t i c l e III.
D es Instrumens sonores des Qobtes de l ’Egypte.
L e s instrumens sonores dont les Qobtes se servent dans leurs églises, en Égypte,
sont au nombre de quatre : les cymbales, appelées kâsât, en arabe singulier
k â s les clochettes à grelots, gelâgtl , singulier golgol ; le marâoueh
I et Ie nâqous .
Les kâsât des Qobtes n’ont rien de particulier; ce sont des cymbales antiques
de la même forme et du même métal que les cymbales des Égyptiens modernes :
mais elles ne sont en usage que parmi les Qobtes catholiques Romains ; les schisma-
tiques leur substituent le nâqous.
Les clochettes à grelots sont en cuivre; la forme en est hémisphérique, d’un
diamètre de i 3 y millimètres ; les grelots sont suspendus dans l’intérieur: les Qobtes
en font à peu près le même emploi que les Abyssins. '
L e marâoueh (2) est un disque en argent et quelquefois en vermeil, autour
duquel sont attachés des grelots à la distance de 54 millimètres; ce disque peut
avoir de diamètre 350 millimètres, et son épaisseur paroît n’en avoir pas plus de 4;
au bas du disque, il y a un bout de tige creuse du même métal, dans laquelle on
fait entrer un bâton en bois, recouvert quelquefois d’une lame d’argent : ce bâton
n’a guère moins de 2" 274 en hauteur.
Le marâoueh est en usage parmi les Chrétiens Qobtes, Syriens et Arméniens,
soit catholiques Romains, soit schismatiques Nestoriens.
L e nâqous dès Qobtes Nestoriens s appelle nâqous mofred c’est-à-dire,
nâqous simple. On lui donne ce nom pour le distinguer d’un autre instrument qu’on
m ens bruyans, aux fêtes de Bacchus et.à celles de C ybèle,
suivant ce que nous rapporte Vossius, et l’on form oit, par
le bruit de cet instrum ent, une sorte d’harm onie. O n
nous rapporte aussi que les Tatars qui ont conquis la
C hine, se servent de fouets au lieu de trom pettes, et que
d ’un seul coup ils produisent trois tendre l’un après l’autre. sons qui se font en(
1 ) Virgile en parleau troisième livre deses Géorgiques,
vers io j et suiv., en ces termes :
Nonne vides, cùmpracipiticertamine campum
Corfipuere, ruuntque effùfi careere currus ;
Cùm spes arrecta juvenum, exsultamiaque haurit ■
Corda pavorpu/sans ! i lli instant vertere torto,
E tp ro n i dont lora ; volât v i firvidus axis.
Le même auteur parle encore du fouet au cinquième,
livre de l’E néide, vers 144 et suiv., de cette m anière:
Non tam précipites bijugo certamine campum
Corripuere, ruuntque effusi carcere currus:
N c c sic irnmissis auriga undantia lora
Concussere ju g is , pronique in verterà pendent.
Quelquefois aussi, chez les anciens, on se servoit du.
fouet pour donner le signal d’un com m andem ent, selon
ce que nous apprennent les vers suivans :
Postquam omnem la t i contessuta oculosque suorum
Lustravere in equis, signurn clamore paratis
Epytides longe dédit, insonuitque jlagello.
Virgil. Æneid. lib. V , r
( 2) Voyez la planche C C }fig. j j .
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appelle nâqous double. Le nâqous mofred est fait de bois de cocotier (i); il n’a
que 325 millimètres en longueur, sur 4i en largeur et 9 en épaisseur. Il se: tient
dans la main gauche par une de ses extrémités qu’on serre fortement avec le pouce,
tandis que de la main droite on le happe avec une baguette longue de 244 millimètres,
dont la grosseur peut avoir un diamètre de 14 millhn'ètres. Cette baguette
est terminée par une tête ronde d’un diamètre de 4y millimètres, et c’est par ce
bout que l’on frappe sur le nâqous (2).
Ces instrumens n’accompagnent point le chant; mais ils servent seulement à
annoncer les diverses cérémonies qui doivent avoir lieu pendant les ofEces.
A r t i c l e IV .
D es Instrumens des Persans et des Turcs,.
E xc e p t é la kemângeh Roumy et peut-être aussi l’e’oud, tous les autres instrumens
qui sont gravés sur la planche A A , sont à peu près les mêmes parmi les
Persans et les Turcs, ou ne diffèrent que très-peu et seulement par les proportions :
chez les uns et chez les autres, l’accord en est toujours le même.
Nous pourrions, à ces instrumens, en ajouter beaucoup d’autres qui sont en usage
chez ces peuples; mais nous ne rendons compte ici que de ceux que nous leur
avons connus en Égypte, et qui ont été l’objet de nos recherches dans ce pays.:
A r t i c l e V.
Des Instrumens des Syriens.
D e toutes les églises chrétiennes qui sont en Égypte, celles des Syriens nous
ont paru les plus petites, les plus pauvfes et les moins fréquentées. Comme il n’y a
quun ou deux prêtres tout au plus pour desservir ces églises, et comme.les cérémonies
sy réduisent à très-peu de chose, le bruit des instrumens, par conséquent,
n est pas bien nécessaire pour les annoncer ; nous n’en avons pas même vu faire
usage les jours où nous avons assisté aux offices qui s’y célèbrent. Cependant on.nous
a assuré qu’on y employoit quelquefois le marâoueh et le nâqous mofred, ainsi que
dans l’église des Qobtes.
A r t i c l e VI .
Des Instrumens des Arméniens.
Nous avons appris que les Arméniens se Servoient, dans leur pays, de plusieurs
m m ¡¿A C ’est ainsi qu’on nous a désigné ce bois. N ous n’avons point vu d’assez près les nâqous pour
nous assurer s’ils étoient effectivement de ce bois, ainsi
qu’on nous l’a dit et écrit; mais cela nous paroît fort douteux,
parce que ce bois, qui est spongieux et très-filamenteux,
n’est ni assez dur ni assez compacte pour avoir
l’élasticité nécessaire à la résonnance: on se sera vraisemblablem
ent m épris, et l’on nous aura écrit min khachab
d-goii^}. au lieu de min khachab el-louç ç u ü ,
É. M.
de bois d amandier. Si nous eussions eu le temps de term iner
toutes nos recherches en Egypte, et que nous eussions pu
réfléchir à loisir sur toutes les notes que nous avions
prises, sans doute nous y aurions aj.oilté beaucoup de choses
qui nous restent encore à desirèr, et nous aurions vérifié
cequi paroissoit dem ander confirmation ; c’est aux voyageurs
qui nous succéderont dans ce pays, à suppléer à ce
que nous n’avons pu-faire.
( 2 ) Voyez planche C C , f i g . 32.
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