- ^an 8 [ i 799] > Ie Nil a porté des eaux en très-grande abondance à douze lieues
33 de Soueys, et à quatre lieues seulement de la pointe nord du lac Menzaleh
33 au Râs-el-Moyeh, qu’on est obligé de doubler pour se rendre de Sâlehyeh à
33 Qatyeh, quand la route directe est fermée par l’inondation.
33 La possibilité de verser à peu de frais les eaux de la mer Rouge dans les lacs
33 amers dont le sol, dans la partie centrale, est de plus de 50 pieds au-dessous
» de ia haute mer, nous est également démontrée.
33 La connoissance acquise des localités facilite aujourd’hui la lecture du texte
33 des auteurs anciens sur l’étendue, la direction et l’usage de ce canal, et sur les
33 changemens opérés par les souverains qui en ont successivement tenté ou effectué
33 le rétablissement : les derniers appartiennent aux Arabes, qui, par l’ordre d’O ’mar,
33 jetèrent le: canal du Prince dès Fidèles, ou de Trajan, dans l’ancien canal des Rois
33 vers Abbaçeh, de manière à pouvoir naviguer du Kaire à Soueys, dont le trajet
33 pouvoit etre de cinquante lieues. Le nivellement comporte cette étendue, et on
33 l’a prolongé de quinze autres lieues jusqu’à la Méditerranée, près de l’ancienne
>3 Peluse, pour connoître le niveau respectif des deux mers ; il a été rapporté à la
33 colonne duMeqyâs, qui donne la mesure des crues du Nil; et enfin on l’a rat-
33 taché, en nivelant, sur une ligne transversale de la vallée du Nil, à un repère
33 invariable, pris à l’angle nord-est du rocher sur lequel repose la grande pyramide.
33 Plus jy a i refléchi, Citoyen Premier Consul (et j’apprécie toutes les consé-
33 quences d une opinion hasardée), plus je me suis convaincu que le rétablissement
33 du canal ne présente aucune difficulté majeure : au moyen d’écluses, ouvrages
33 d invention moderne, on pourra profiter plus avantageusement des eaux du Nil
33 pendant toute la durée des crues, quel que soit le niveau variable de ces eaux
33 par rapport à celui de la mer Rouge, également variable par l’effet des marées;
33 c est dans cette considération que je vois les difficultés qui durent essentiellement
33 contribuer à l’abandon de cette navigation chez les anciens.
33 Je pense qu’une bonne administration doit garantir l’entretien du canal, qui
33 exigera des soins sur quelques points de son cours, à cause de sa proximité des
33 dunes, dont la formation est due à la mobilité des sables du désert. Il est encore
33 des considérations secondaires, dont l’analyse fera l’objet du mémoire, que je
33 produirai à l’appui des plans et détails qui y sont relatifs ; mais c’est à Paris seule-
33 ment qu’il est possible de faire graver les cartes et d’obtenir le complément des
33 données nécessaires à une rédaction définitive.
33 Dans une spéculation politique et commerciale de cette importance, la dé-
33 pense qu’exigera le rétablissement du canal, semble être le dernier des obstacles;
33 car, dût-elle monter de 25 à 3 o millions, quel intérêt ne doit-on pas se promettre
3> de ces avances, si elles ont pour objet le retour des richesses et du commerce
33 de llnde (1) par sa route primitive et naturelle!
» Les frais d entretien pourroient être encore avantageusement couverts par la
. J | r ê aucun sacnfice et qul peuvent acquérir une valeur foncière de plus de
de la part du Gouvernement ; car il suffirait de concéder deux cents millions,
les terres susceptibles de culture dans la basse Egypte,
3 mise en valeur de beaucoup de terres incultes dans l’Ouâdy, par les péages et
> autres droits éventuels. Mais je crois, Citoyen Premier Consul, que le rétablis-
> sentent du canal des deux mers est nécessairement soumis à l’état présent de la
> navigation du golfe Arabique: cependant je ne doute pas que, d’une part, une
■ politique ombrageuse, et, de l’autre, l’impéritie des marins du pays, n’aient beau-
■ coup exagéré les dangers de cette navigation. C ’est donc aux navigateurs instruits
' à résoudre cette question préalable, après l’avoir considérée par rapport au temps
et à la durée des moussons, et aux difficultés de la navigation de ce golfe (i).
33 Le port de Soueys est d ailleurs susceptible dêtre amélioré, quel que soit
l’état d’abandon qu’il ait éprouvé, &c. &c. 33
Sifflé Le Père.
§. V I I .
Analyse des Opérations de topographie et de nivellement.
O n a vu qu’avant de commencer le nivellement du canal, nous nous sommes
occupés, pendant les douze jours que nous avons passés à Soueys, d’une opération
préliminaire et essentielle a notre travail: il fàlloit, en effet, nous assurer du niveau
de la mer Rouge, auquel nous devions toujours comparer celui des différentes parties
du canal, pour bien juger ce qu’il avoit été autrefois, et ce qu’il pourrait être
encore un jour. Comme on n’avoit point d’observations de marées d’équinoxe,
c étoit une circonstance favorable que de pouvoir observer les mouvemens de la
mer pendant une syzygie de la lune, qui se trouvoit alors dans son périgée ; les vents
qui régnoient du sud, concouraient encore à porter la marée dans le golfe: ainsi,
quoiqu’on ne fût pas encore à l’équinoxe, on avoit des motifs suffisans pour considérer
la marée du 5 pluviôse an 7 [24 janvier 1799] comme répondant au maximum
de l’élévation de la mer Rouge, et juger de l’effet que cette mer aurait pu
produire si les anciens lui avoient ouvert une décharge à travers l’isthme qui la
séparé de la Méditerranée. »•
Le meme jour, au moment où l’on observoit à Soueys l’établissement (2) de ce
port, on repérait à la tête et dans le lit même du canal la laisse de haute mer; et
cest de ce repère que nous sommes partis pour faire le nivellement (3).
Quoique 1 art du nivellement ne demande que des connoissances élémentaires
e geometrie, il est toujours vrai qu’il exige encore dans ses applications une certaine
habitude, et sur-tout une attention sévère et continue, qui prévienne la
moindre distraction. Ceux qui ont fait des nivellemens de quelque importance,
ont u se convaincre quii est possible de commettre de ces erreurs qui ne
laissent souvent après elles aucune trace qui les décèle; elles peuvent naître de
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de cette mer. * * ’ P P * * * “ P™Ple raP P ° " é “ « * • 1« cotes inscrites an plan; celle de ce
(2) Établissement, heure du plein de la mer , ies mer.' H ^ S I « P * * | g R