l’E’fâq A ’raby ou de l’E’râq A ’gemy appartient l'instrument dont il est question
dans ce moment.
Cependant, s il nous étoit permis de hasarder nos conjectures, à défaut des
témoignages qui nous manquent pour nous tirer d’incertitude, nous les établirions
sur ce que la forme de cet instrument n’est nullement dans le goût Persan, et
nous naurions pas de peine à le prouver. En effet, la forme de l’e’râqyeh tient
beaucoup plus du goût des Arabes que de celui des Persans : la tête renflée en ovale
et plus grosse que le reste du corps de l’instrument, nous rappelle parfaitement le
style original que nous avons souvent remarqué dans tout ce qui est du ressort de
l’architecture et du dessin dans les monumens des Araires. On trouve le même
style dans leurs mosquées, que nous avons vues dominées, pour la plupart, par de
vastes dômes-dans ces minarets d’une construction légère, svelte et hardie, que l’on
prendroit pour de tres-hautes colonnes isolées, couronnées par une sorte de grosse
lanterne en pierre qui leur sert de chapiteau; dans ces galeries extérieures qui, de
distance en distance, les environnent. En général, on recônnoît ce style dans'le
goût bizarre qu ont les Arabes de donner communément aux choses élevées un
plus grand volume par le haut que par le bas (1). Nous l’avons déjà fait observer dans
le manche des instrumens à cordes de ces peuples ; nous le retrouvons encore dans
lafoime des instrumens à vent, comme nous le faisons ici dans l’e’râqyeh. Il semble
que les Arabes, en adoptant ces proportions dans leurs constructions, ainsi que dans
tous les ouvrages de l’art, aient voulu prendre le contre-pied des anciens Égyptiens,
lesquels donnoient à presque tous leurs monumens la forme pyramidale, cette
forme qui plaît tant a 1 oeil par 1 idée de solidité qu'elle o f f r e et que ne présentent
pas également les constructions des Arabes, non plus que nos constructions perpendiculaires.
Mais, sans analyser tout ce qui, dans l’e’râqyeh, s’éloigne du goût
des Persans et se rapproche au contraire de celui des Arabes, nous dirons seulement
que cet instrument, qui est percé de sept trous par-devant de même que le
zamr, et qui a une anche fort large, est purement arabe, selon nous, et de l’espèce
des hautbois. Ainsi nous le regardons comme le hautbois de l’E’râq A ’raby.
A r t i c l e I I .
D e la Matière, de la Composition, de la Forme et des Dimensions d e l’E ’râqyeh,
et de chacune de ses parties.
C e t instrument (2) est tout en buis et d’un seul morceau, excepté l’ançhe a (3), qui
est formée d un bout de jonc marin : car c’est là tout ce qui le compose ; et l’on ne doit
pas regarder comme des parties essentiellement intégrantes de l’e’râqyeh, ces deux
liens x , y , qui serrent, I un, le haut, et I autre, le bas de l’anche. Le premier x (4)
(1) Les larges et profonds* balcons qui s’étendent en côté opposé, qu’il s’en faut de très-peu saillie au dehors des maisons et qui en couronnent l’élé- ne se touchent, (le chose qu’ils
atation, en Egypte, produisent encore.ce même effet à (2) Planche C C , fig. n .
ol’noe vilo: iitl Jse sso bnatl cteolnss, qdu’uen, dcôantés alepsp rruoecsh pera sdsea bslie pmrèesn tc elaurxg edsu, ((43)) Fig. 11 et 12. Ibid.
% consiste
consiste en une double bande plate faite de deux petits morceaux de roseau aminci,
liés l’un à l’autre par les deux bouts, afin qu’en se rapprochant davantage, ils ne
laissent entre eux qu’un espace resserré pour comprimer les lèvres de l’anche qu’on
y introduit, lorsqu’on ne joue plus de l’instrument. Cette précaution est d autant
plus nécessaire, que le jonc marin dont est formée l’anche, quoique déjà fort
aminci e n a i ( i ), est encore trop épais pour qu’on pût resserrer les lèvres de
cette anche, si une fois la chaleur les eût fait écarter et si elles eussent séché en cet
état. Le second lien est fait d’un bout de baguette de bois fendu en deux dans sa
longueur, et dont on a pris la moitié qu’on a repliée sur elle-même, afin de rapprocher
les deux bouts et de les lier ensemble. Ce lien forme un ovale alongé en pointe, du
côté des bouts destinés à contenir le bas de l’anche et à empêcher que cette partie
ne cède à l’aplatissement qu’on a fait subir à toute la surface du reste vers le haut.
En mesurant l’instrument sans l’anche, c’est-à-dire, tout ce qui est en buis, sa
hauteur est de z44 millimètres ; mais avec l’anche il a 3 25 millimètres. L ’e’râqyeh est
un tube de buis qu’on peut diviser en trois parties ; la tête t, le corps A et le pied p.
L a tête t est la partie supérieure renflée en ovale (2) ; le corps A est la partie cylindrique
du tube (3) ; le pied p est ce renflement qui forme la base et tout-à-la-fois
le pavillon de l’e’râqyeh. Le canal du tube règne dans toute l’étendue de ces trois
parties, de haut en bas ; mais il n’a pas par-tout la même forme ni la même capacité :
il est ovale dans la plus grande partie de son étendue; il ne devient un peu plus
régulièrement rond que dans la portion de la tête où l’on introduit le bas de
l’anche, et dans toute la longueur du pavillon p , qui commence intérieurement à
s’évaser dès le dernier trou du doigter. Le grand diamètre du canal, mesuré
d’avant en arrière au sommet de la tête, a 18 millimètres : le petit diamètre de
ce canal, mesuré au même endroit de gauche à droite, n’est- que de 17 millimètres.
La capacité de ce canal va toujours en diminuant insensiblement jusque
vers la moitié du corps A , où le diamètre, n’est plus que de 10 millimètres. Un
peu au-dessous de cet endroit, la capacité du canal commence à s élargir, mais
dans une proportion plus rapide qu’elle n’étoit diminuée avant, et va en s arrondissant;
en sorte qu’à l’extrémité du pavillon où le canal finit, l’ouverture en est
ronde et son diamètre a 26 millimètres. La partie cylindrique qui forme le
corps A , est tout unie extérieurement; sa longueur est de 151 millimétrés. Le
diamètre de son épaisseur est de 27 millimètres. Cette portion de I instrument
est percée de sept trous a sur le devant, que nous avons numérotés chacun par un
des chiffres 1, 2 , y , 4, y, C, 8, et d’un autre trou sur la face opposée, qui occupe
l’espace compris entre le trou numéroté 8 et le trou numéroté 8 ; nous 1 avons
désigné par le chiffre 7. Les sept trous du devant occupent à peu près toute la
longueur de la partie cylindrique. Il ne s’en faut que de 3 millimètres que le
premier trou / n’atteigne l’endroit du haut du tube où aboutit la tete; et le
dernier trou 8 n’est guère qu’à un millimètre du bout opposé , où commence
le renflement du pied p. L'ouverture de ces trous est plus grande extérieurement
qu’intérieurement ; son plus grand diamètre extérieurement est vertical et a
(1) Planche C C ,fig. n et 12. ■ (2) Fig. 11. (ï) Ibid.
i G E S g S 8 E. M.