
•et écumeuse, donnant une odeur nauséabonde. A l’ouverture du cadavre, nous
n avons trouve d autres phénomènes que ceux indiqués plus haut. J’ai remarqué
que les coups de feu aux articulations ginglymoïdes, ou sur le trajet des nerfs,
ont été souvent accompagnés du tétanos, sans qu’il parût s’y joindre d’autre cause :
cependant 1 humidité et le changement subit de la température paroissent 1 avoir
déterminé chez les personnes dont les blessures étoient fort légères.
Dans le nombre des blessés que nous donna la bataille des Pyramides, cinq
furent attaqués du tétanos, que développèrent sans doute l’humidité et la fraîcheur
des nuits. Cet accident résista à l’usage soutenu et varié des antispasmodiques
combinés avec les narcotiques et pris à forte dose. Tous ces blessés périrent
le troisième, le quatrième et le cinquième jour. Leur mort fut précédée de
sueurs abondantes.
A la révolte du Kaire, le 30 vendémiaire an 7 [21 octobre 1798], les blessés
furent traites à 1 hôpital n.° 1 , situé place Birket el-Fyl, et dont les murs étoient
baignés par l’eau du Nil, qui séjourne trois mois de l’année dans cet endroit. Le
tétanos s’empara de sept d’entre eux, et les fit périr en très-peu de jours, malgré
l’usage soutenu des opiacées, des bains d’eau tiède pour les uns, et d’eau froide
pour les autres.
Lemprosthotonos étoit caractérisé chez quatre de ces blessés; deuîc moururent
du tétanos complet, et le septième du trismus. Ce dernier n’avoit qu’une simple
division au pavillon de l’oreille droite, causée par un coup de balle : si l’on avoit
excisé cette partie dès l’apparition des premiers symptômes, on auroit probablement
sauvé la vie au malade.
Au combat d’el-A’rych, les blessés furent placés sous des tentes, sur un terrain
humide, exposes aux pluies continuelles qu’on essuya pendant le siège de ce fort.
Huit furent frappés du tétanos, qui se manifesta dans tous ses genres, et se termina
par la mort chez tous, du cinquième au septième jour de son invasion, malgré
les soins que les circonstances nous permirent de leur donner.
A la prise de Jafïà, nous perdîmes quelques blessés, du tétanos extrêmement
aigu ; tous ceux qui en furent atteints moururent en deux ou trois jours : le moxa
et les alcalis, qu’on employa pour quelques-uns, parurent aggraver les accidens.
Il est. a remarquer que les hôpitaux etoient sur le bord de la mer, et la saison
pluvieuse.
Le général de division Daumartin , descendant le Nil pour se rendre à
Alexandrie, fut assailli avec son escorte par les Arabes. Plusieurs de ses soldats
furent tués ou blessés. Il reçut lui-même quatre coups de feu assez légers, un à
la jambe droite, un autre à la cuisse gauche ; le troisième lui avoit effleuré la poitrine,,
et la balle du quatrième étoit entrée dans le bras droit : les premiers n’a-
voient intéressé que des tégumens et une très-petite portion des muscles.
Ce général resta sans secours jusqu’à son arrivée à Rosette ; c’étoit le cinquième
jour de son accident. Le chirurgien de première classe, M. Guillier, chargé du
service .de 1 hôpital de cette place, pansa les plaies suivant les préceptes de l’art,
et mit le malade à Ja diète et à l’usage des boissons rafraîchissantes. Peu de jours
après, la balle s’étant manifestée près de l’articulation du coude, il en fit l’extraction.
Les plaies étoient en bon état, et, sans les inquiétudes auxquelles se livroit le blessé,
on avoit lieu d’espérer une prompte et sûre guérison; mais, son affection morale
devenant de jour en jour plus forte, on conçut quelques craintes de l’invasion
du tétanos. En effet, le huitième jour de l’accident, on trouva la suppuration
des plaies considérablement diminuée ; et leur pansement, quoique fait avec les
plus grandes précautions, fut très-douloureux.
Le neuvième, tous les accidens du tétanos étoient déclarés; ils marchèrent
avec rapidité, et se terminèrent par la mort, le quinzième jour de la blessure et
le sixième de l’invasion.
Peut-être la terminaison de la maladie eût-elle été moins funeste, si l’on eût
amputé le bras dès l’apparition des premiers symptômes.
On transporta les blessés de la bataille d’Abou-qyr, an 7 [ 1798], dans les hôpitaux
d’Alexandrie', après qu’ils eurent reçu les premiers secours. Dix d’entre eux
s’y étoient trouvés exposés au serein et à la fraîcheur des nuits; ils furent attaqués
du tétanos. Sa marche rapide, et la disposition des blessures situées à la tête, au
tronc ou à la partie supérieure des cuisses, rendirent inutiles tous les secours
qu’on put leur donner. Cette maladie, qui présenta chez ces individus les mêmes
phénomènes que dans les cas précités, se termina également par la mort, et
à-peu-près aux mêmes périodes.
Dans le cas où le froid contribue au développement du tétanos, l’irritation
transmise par la blessure au système nerveux est sans doute augmentée par la
suppression de la transpiration cutanée, qui porte ses effets sur les organes, et
principalement sur les parties déjà malades ; mais, en général, toute l’irritation se
concentre, dès l’invasion de la maladie, ou par la suite, dans les nerfs du cou et
de la gorge. Leurs rapports directs avec la moelle alongée et épinière, leurs entrelácemeos
nombreux et leurs fréquentes anastomoses, les rendent susceptibles, par
les plus légères impressions, d’une très-grande mobilité qui détermine aussitôt la
contraction des muscles de ces régions, en sorte que la déglutition et la respiration
se dérangent promptement. Les malades éprouvent alors, sinon une horreur
pour les liquides, du moins une très-grande répugnance, ce qui empêche très-souvent
l’emploi de remèdes internes; et si la blessure est hors de la portée des secours
de l’art, l’individu est condamné à parcourir le cercle de douleurs que cause cette
terrible maladie. Rien ne peut surmonter les obstacles qui se présentent dans le
conduit alimentaire. L’introduction de la sonde de gomme élastique dans ce
canal, par les fosses .nasales, est suivie de convulsions et de suffocations. J ai eu
occasion d’essayer ce moyen dans la personne de M. Navailh, officier de santé
de deuxième classe, mort d’un trismus déterminé par une blessure qu il avoit reçue
à la face, avec fracas des os du nez et d’une partie de l’orbite gauche.
A l’ouverture que j’ai faite des cadavres de personnes mortes du trismus, j ai
trouvé le pharynx et l’oesophage considérablement resserrés , leurs membranes
internes rouges, enflammées, et enduites d’une humeur visqueuse et rougeâtre.
L’hydrophobie, l’hystéricisme, et plusieurs autres maladies nerveuses, portent