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nom SEbn-Baonâb (t), qui perfectionna encore l’alphabet Arabe en distinguant
mieux l’une de l’autre les formes particulières des lettres.
Yâqout, surnommé Mostasemy (2), parce qu’il étoit attaché au service du khalyfe
Mostasem (3), dernier prince de la race des Abbassides, fit encore quelques
changemens aux caractères Arabes, et leur donna enfin la forme qu’ils ont maintenant.
Il fut, pour cette raison , surnommé /’écrivain par excellence (4).
Le caractère Arabe prit alors le nom de Neskly (y), c’est-à-dire, caractère de
copie, parce qu’en effet c’est celui dont on se sert pour copier le Qorân ou les
ouvrages soignés ; et une variante de ce caractère porte encore à présent le
nom de caractère Yâqouty (6), qui lui a été donné d’après celui du dernier cal-
ligraphe à qui il doit son entier perfectionnement.
Ce dernier caractère a ete regardé par quelques écrivains comme une variante,
non du-Neskhy, mais du Soulous dont je vais parler; mais il diffère sur-tout de
celui-ci en ce que ses traits sont proportionnellement beaucoup plus maigres et
plus alongés, et en ce qu’il n’admet point les entrelacemens ou liaisons extraordinaires
de lettres dont l’usage est particulier au Soulous.
Le caractère Neskhy est employé dans la plupart des pierres tumulaires d’Alexandrie
et du Kaire.
Je joindrai ici comme specimen de ce caractère le même texte que j’ai donné
ci-dessus ;
A.0
Le caractère Neskhy a plusieurs variantes : on remarque parmi elles celles qui
portent les noms de Reyhâny (7) et de Neskhy gerysy (8), dont la première a été
aussi appelée du nom de son inventeur (9).
§. V 1
Du Caractère Soulous.
Le caractère appelé Soulous, Soulousy (10) et Thoulouth (11), c’est-à-dire, écriture
triplée, se distingue sur-tout en ce que ses traits sont beaucoup plus gras et plus
épais en proportion que ceux du caractère Neskhy, et que les formes de ses mots,
(1) Ebn-Baouâb <_>fy q j! .
(i) Yâqout el-Mosta’semy o jà 'k ,
■(3) El-Mosta’sem .
<4) E l-K h a t tâ t L U j l .
(5) Neskhy j s ù .
(6) Khatt Yâqouty .
(7) Reyhâny et Râhany .
(8) Neskhy gerysy LSicù.
(9) Râhan
(10) Khan soulousy Jx». Erpenius lui donne le
nom de Choulsy
(11) Khatt thoulouth ,outhoulthy ¡¿Ju ,
au lieu d etre distinctes et séparées, sont entrelacées l’une dans l’autre d’une nia*
nière très-élégante et très-gracieuse; mais, tout agréables que sont ces enlacemens
à l’oeil du calligraphe, on peut leur reprocher de présenter souvent des réunions
de caractères très-difficiles à déchiffrer. Cette écriture admet ordinairement non-
seulement les points-voyelles et les autres signés orthographiques, mais encore
un grand nombre de traits oisifs et de figures de pur ornement.
C’est dans ce caractère que sont tracées les épitaphes les plus élégantes,
quelques monnoies et presque toutes les inscriptions modernes qui sont faites
avec le plus de soin, et, entre autres, celle qui couvre les deux côtés de la
poutre de soutènement placée au-dessus de la colonne Nilométrique duMeqyâs
dans l’île de Roudah. Souvent aussi ce caractère est employé dans les titres des
livres précieux; et même quelques manuscrits du bon âge de l’écriture Arabe, renommés
par leur calligraphie exquise, parmi lesquels je pourrais citer quelques-
uns de ceux qui font partie de la collection que j’ai rapportée d’Égypte, sont
entièrement écrits dans ce caractère.
Les deux specimen suivans sont tirés de deux pierres tumulaires d’un des grands
cimetières du Kaire :
Une variante du caractère Soulous porte le nom de Soulous gerysy (t).
§. VII.
Du Caractère Moghreby.
Le génie et les formes caractéristiques de l’écriture Koufique se sont conservés
sur-tout dans le caractère Arabe d Afrique appelé Aloghreby (2), dont l’écriture,
(1) Soulous-gerysy ¿>Jj , Moghreb qui signifie proprement l’occident, les Arabes
(2) Moghreby cLf*-* [ occidental ]. Par le mot de ont coutume de désigner la partie occidentale de leurs