en avions fait, pour éclaircir les endroits obscurs et difficiles du texte, à l’aide
des notions que nous avions acquises de cet art pendant trois ans et demi que
nous n’avons cessé chaque jour de l’entendre et de le voir pratiquer , ou de
nous entretenir avec ceux qui l’exerçoient.
Dans cette vue, dès que nous fûmes de retour en France et rendus à Paris;
nous sollicitâmes les secours des savans dans la langue Arabe, pour la traduction
de nos traités en français (i). Un d’eux nous mit même à portée de prendre
connolssance de tout ce qu’il y avoit à la Bibliothèque impériale de traités de
musique en arabe, en turc et en persan*, en sorte que la trop grande abondance
et la confusion même des moyens que nous avions pour exécuter ce travail,
étoient la seule chose qui pût nous embarrasser.
Les matériaux que nous avions réunis pour le travail que nous donnons ici,
étoient beaucoup trop nombreux pour y être tous employés. Nous n’aurions eu
que ceux qui nous appartiennent en propre, qu’ils eussent encore occupé seuls
un espace d’une étendue trop disproportionnée, en comparaison de celui qui est
réservé à des travaux d’une bien plus grande importance que n’est le nôtre.
D’ailleurs, comme on nous l’a fait remarquer, et comme nous l’avons aussi
très-bien senti, le plan de cet ouvrage ne permettoit pas qu’on y fît entrer
l’histoire de la musique Arabe, et l’exposé méthodique des principes de la théorie,
des règles de la pratique de cet art, avec tous leurs développemens ; il ne devoit
contenir que le simple et fidèle récit de voyageurs qui rendent compte des
recherches, des observations et des découvertes qu’ils ont faites dans le pays
tju’ils ont visité.
Dans la crainte d’outre-passer ces limites, nous ne nous sommes permis que
(i) Le célèbre orientaliste M . Sflvesrre de Sacy voulut
bien avoir la bonté non-seulem ent d'en traduire un
lui-m êm e, de corriger les fautes,transpositions ou les redites inutiles dleosn tc loe ntterxet-es esnes t,r oTue*s
voit rempli par l’ignorance et l’incurie du copiste Arabe,
et enfin d’éclaircir les passages difficiles ou obscurs ,
ou dont le sens étoit douteux ; mais il porta encore sa
bienveillance pour nous jusqu’à engager M. Sédillot,
un de ses élèves les plus distingués dans la langue
Arabe (a ) , à se charger de deux autres.
M . H erbin, élève aussi de M . de Sacy dans la même
langue ('b), traduisit également un de nos manuscrits. II
lseu cfcitè sd, ’qauu’tial nétt opilta str èvso-bloonnt imerus seicti eanv,e ect dq’uauet,a sn’ét tapnlut sd édjàe
depuis plusieurs années occupé de recherches sur la
nmuusscirqituse AOrraibeenst,a lPee,r sila nasv oeitt Ttruardcus iqt upir etrsaqiutee ntto dues lceest marat,
et qu’il avoir pu découvrir à la Bibliothèque impériale.
II nous en donna com m unication, en retour de celle
(a ) l>\.. Sédillot est actuellement secrétaire de i'étole spéciale des
langues Orientales à la Bibliothèque impériale, et professeur, par intérim,
de ces mêmes langues.
(b) M. Herbin est auteur d’une Grammaire d’arabe vulgaire qui
est imprimée, de plusieurs autres ouvrages importans, et d’un grand
nombre de traductions des manuscrits Orientaux les plus précieux
de la Bibliothèque impériale, qui seraient maintenant publiées si fa
mort ne l ’eut point arrêté au moment même où il alloit jouir du
que nous lui avions donnée des manuscrits sur le même
noobmjebt rqeuues ens oquus ea vnioonuss rayp paovritoénss df’Eaigteysp tseu,r elta dpesr antioqtuees
usuelle de l’art musical des Orientaux.
Nous nous étions proposé de faire par la suite, de
tdoiqusu ec etso umt-aàt-éIraia-fuoxi,s ,u dna nesn sleemqubelle naonuasl yatiuqruioen se tr amppétohroté
toutes les opinions des divers auteurs Orientaux sur la
m usique, et présenté, d’une manière comparative, les
ednivceorrse seyns tuèmsaegse cdoannns uls’O dreie ncte.t art qui ont été’ou sont
Nous avions déjà formé un vocabulaire très-étendu de
tous les termes techniques de musique Arabes, Turcs,
Persans, Indiens (c); et si la mort ne nous eut point enlevé,
il y a quelques années, cet estimable et savent am i,
au printemps de son âge, nous aurions eu autant déplaisir
à nous livrer avec lui à ce travail, qu’il nous sera
pleé nteibmlpe s deet lle’es xmécouyteenr,ss annésc elsusia,i ressi tpoouuter floei st enrmouisn earv. ons
fruit des travaux auxquels il s’étoit livré sans doute avec .trop peu
de ménagement; ce qui lui aurait sans doute mérité une place distinguée
parmi les savans qui honorent notre siècle.
(e) Nous avons entrepris un dictionnaire polyglotte de ce genre, qui
comprend, outre les termes techniques et les noms d'instruinens dans les
langues Arabe, Turque, Persane et Indienne, tous ces mêmes termes
dans les langues Hébraïque, Éthiopienne, C op te, Syrienne, Grecque,
Celtique, Latine, et dans les langues vivantes de l'Europe,
les
les seules réflexions qui nous ont paru indispensables pour rendre plus sensibles
nos idées quand nous ne pouvions les peindre par le simple exposé des faits.
Nos recherches ayant eu pour objet principal lart considéré en lui-même,
beaucoup plus que la musique de tel ou tel peuple, nous ne nous sommes pas
bornés à examiner seulement ce qu’est cet art parmi les Égyptiens modernes,
nous avons cru devoir nous occuper de tout ce qui constitue l’état actuel de
cet art en Égypte.
Nous avons donc à rendre compte non-seulement de ce qu’est la musique
Arabe, par rapport aux Égyptiens qui l’ont adoptée , mais encore de toutes
les autres espèces de musiques différentes qui sont pratiquées habituellement en
Égypte, soit par les naturels de ce pays, soit par les étrangers qui y sont établis
en corps de société très-distinct, et sur-tout au Kaire, où ces derniers sont réunis
chacun avec ses compatriotes dans des quartiers qui leur sont particulièrement
destinés.
Ainsi nous traiterons successivement de la musique Arabe, de la musique
Africaine, Éthiopienne,,Qobte, de la musique Syrienne, de la musique Arménienne,
de la musique Grecque moderne, et de la musique des Juifs d’Égypte.
Quoique nous ne parlions que de ce qui est connu et en usage au Kaire,
nous.donnerons cependant, sur ces espèces de musiques différentes, des.détails
beaucoup plus circonstanciés et plus exacts que ne le sont ceux que nous en avons
reçus par les relations des voyageurs qui ont visité ces peuples dans leur propre
pays, mais qui n’attachoient pas autant d’intérêt à ce qui concerne la musique
que nous, qui depuis quarante et quelques années cultivons cet art, ou qui ne
se sont pas trouvés dans des circonstances aussi favorables que celles où nous
avons fait nos observations.
A r t i c l e I I .
Idée sommaire de l ’état des Sciences, des Arts et de la Civilisation des Égyptiens
modernes.
A peine reste-t-il encore parmi les Égyptiens modernes quelques traces légères,
et même fort douteuses, des antiques institutions de leur pays. La religion, les
lois, le langage, la musique, en un mot les sciences et les arts qu’ils ont adoptés,
ils les tiennent des Arabes : ils les ont reçus de ceux-ci pendant le temps qu’ils
ont été gouvernés par eux. Loin d’avoir étendu ou perfectionné ces connois-
sances, si Ion en excepte celle de la religion musulmane, ils les ont tellement
laisse tomber en désuétude, o.u bien les ont tellement défigurées depuis qu’ils ont
cte soumis au joug des Ottomans, qu’ils n’y conservent presque plus rien aujourd’hui
de ce qui,- sous ce rapport., distingue les nations civilisées, des hordes de
barbares. Plus malheureux que ces derniers, ils n’ont pas la liberté de résister à
l’oppression; leur état social n’est qu’un honteux et dur esclavage, dans lequel ifs
sont retenus par la foiblesse de leurs maîtres , et abandonnés lâchement aux
Ê. M. LUI