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[6Js o° o1] au-dessous des eaux de mer, dans cette partie du lac Mâdyeh. La hauteur
de leurs portes seroit déterminée de manière à soutenir 3,2 ? centimètres
[ io ds o° o1] d’eau dans le bas Nil, et 3,90 à 4,55 centimètres [12 à i4di] dans le
haut Nil. L’établissement de ces deux écluses auroit cet avantage, de faire, par
celles du canal principal, des retenues propres à alimenter les eaux du bief inférieur,
et à y établir un courant pour le nettoyer et l’entretenir, et, par les écluses
du canal d’Abouqyr, de faire des chasses pour rendre le bief de Rahmânyeh à un
état momentané de rivière, en y laissant courir les eaux : cette dernière écluse
auroit encore l’avantage de donner une communication plus directe de ce point
dans la rade d’Abouqyr, par le lac Mâdyeh.
2.0 La seconde partie du canal navigable s’étendroit de Birket à Tell-el-Genân,
en passant par les villages de el-Keryoun, el-Nechou, Kaff-Selim, el-Beydah,
et Tell-el-Genân.
Le second bief, de 25,100 mètres[i2,878 toises] de longueur, auroit une pente
totale et uniforme de 0,65 centimètres [2ds o° o1] seulement ; ce qui donne deux
pouces environ par mille toises. Cette partie, que nous nommons canal ou bief
des lacs, seroit terminée par une écluse à deux passages, qui, prenant d’un bassin
commun , établirait la communication du canal dans le Mâdyeh et dans le
Maréotis; le radier de cette écluse seroit fixé à 2,60 centimètres [8dio°o] au-dessous
des plus basses eaux de la mer ou des lacs, à Tell-el-Genân. D’après le profil
général des pentes, on auroit cette profondeur d’eau dans le bas Nil, et celle de
3,90 à 4,55 centimètres [12 à i4ds] pour le maximum des eaux de navigation
dans le haut Nil : on obtiendrait cette hauteur par les retenues des écluses du
bassin des lacs.
On peut encore insister sur les grands avantages que présente cette communication
d’Alexandrie avec les lacs; on a déjà vu, dans l’histoire.de ce canal, l’utilité
dont elle a été par la navigation du Maréotis dans les ports d’Alexandrie : c’est
donc par imitation de l’état de ce lac chez les anciens, et d’après la submersion
récente de son bassin, que l’on a conçu le projet de rétablir le canal, et d’en
accroître encore les avantages par une communication plus directe, celle du
Mâdyeh avec la rade d’Abouqyr. Cette navigation peut donner un second port
à l’Egypte, sur les rives célèbres d’Abouqyr ; mais, pour en conserver la rade,
on doit sur-tout éviter de rétablir l’ancienne branche Canopique.
3.° La troisième partie du canal, qui ne seroit pas navigable, prendrait du
bassin des lacs, et se terminerait à Alexandrie, à la tour saillante, au sud de la
porte de Rosette : ce ne seroit qu’un canal-aqueduc, destiné seulement à la conduite
des eaux potables dans cette ville. Ce canal reprendrait de Tell-el-Genân
à el-Bouçat, et se terminerait à Alexandrie.
Cette troisième et dernière partie, de 12,920 mètres [6629 toises], auroit une
pente totale de 0,65 centimètres [2ds o° o']; du bassin des lacs à Alexandrie ; ce qui
donne une pente de trois pouces sept lignes par mille toises : le reste du cours
du canal actuel seroit conservé pour servir aux irrigations des environs d’Alexandrie.
Le radier de la prise d’eau de l’aqueduc, dans le bassin éclusé des lacs, serait établi
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a 2,60 centimetres [8d! o° o1] au-dessus des radiers des deux écluses de ce bassin,
cest-à-dire, au niveau des eaux de mer; ce qui détermine celui du radier de ce
canal, a son entrée sous les murs de l’enceinte d’Alexandrie, à deux pieds au-
dessous des eaux de mer, dans les aiguades de ce port (1).
On voit, par ces dispositions générales, que la navigation du nouveau canal
d Alexandrie se terminerait au bassin des lacs, à une distance de 6629 toises ou
trois petites lieues d Alexandrie; de ce bassin, la navigation se ferait par les lacs
à Abouqyr et à Alexandrie. Le développement des parties du nouveau canal,
comparé à la longueur de son cours actuel, seroit,
C ours du canal ac tu el, de Rahmânyeh à A lex an d r ie ........................................... .. 93>5 3
( Rahmânyeh à B irk e t 4 5 >050» )
Le s trois parties du nouveau canal seroient, de < Birket au bassin des la c s .. . . 2 5 ,10 0 . > 8 0,070.
/ bassin des lacs à Alexand rie. 12 ,9 20 . \
Différence en moins du nouveau C a n a l ............ 13 ,4 60 .
Travaux d a n . . . On construirait trois ponts sur le canal, le premier à
Rahmânyeh, le second à Damanhour, et le troisième à Qâbyl, indépendamment
de quatre autres, dont deux aux écluses,de Birket, et deux à celles du bassin des
lacs. Les trois ponts sur le canal auraient chacun trois arches avec radiers, dont
une des deux latérales seroit occupée par un pont-tournant, destiné au service de
la navigation.
Les écluses de Birket et du bassin des lacs seroient défendues par des forts;
celles du bassin des lacs seroient renfermées dans un carré bastionné, dont les
quatre courtines seroient Ouvertes, par le canal de navigation qui se divise en deux
branches en débouchant dans les lacs, et par le canal-aqueduc. Les demi-lunes des
courtines qui couvriraient les écluses, sous les rapports de défense, auraient encore
pour objet de les garantir contre les vagues, en servant de môles; car les eaux de
ces lacs participent de l’agitation de la mer.
La prise d’eau du canal-aqueduc dans le bassin des lacs seroit fermée par une
vanne ou par des poutrelles; l’eau du fleuve, qui seroit amenée au pied de la tour
saillante de l’enceinte, près de la porte de Rosette, circulerait dans les fossés, que
l’on fermerait par un batardeau éclusé, d’une part, à la tour des Romains, dans
le port neuf, et, de l’autre, à la grande tour sur la mer, dans le port vieux : c’est à
ces débouchés que seroient établies les aiguades des deux ports.
Les diverses prises d’eau nécessaires aux irrigations des campagnes seroient
déterminées, quant à leur section et à la hauteur des seuils, d’après la mesure
des besoins des terres susceptibles de culture, et par des réglemens particuliers.
(1) L établissement de la prise d’eau du canal-aqueduc, de baisser ce radier à deux pieds au-dessous des eaux de
fixé au niveau des eaux de mer, demandera un nouvel mer, à sa prise d’eau dans le bassin, afin d’obtenir pen-
examen ; Ion a trouvé quelques avantages à ne point dant le plus de temps possible un plus grand volume d’eau,
1 établir plus bas, par la crainte du mélange des eaux qui, après avoir fourni à l’approvisionnement de la ville,
douces et des eaux salées dans le bassin des lacs. L ’aqueduc serviroit à vivifier les environs d’Alexandrie et toute la
auroit en effet une quantité d'eau suffisante sur son radier, presqu’île d’Abouqyr, par le' rétablissement de l’ancien
si l’on y obtenoit, comme on doit l’espérer, une hauteur de canal de Canope.
quatrepieds: néanmoins il seroit peut-être plus avantageux