L e chevalet H est haut de i :j millimétrés ; ses échancrures, pour recevoir les
cordes, sont larges de y millimètres, et profondes de 3.
Les autres parties de cet instrument ne nous paraissant pas de nature à être
assujetties à des proportions rigoureuses, nous croyons devoir nous dispenser d’en
présenter les détails au lecteur.
A r t i c l e V.
D e Vaccord, de la Kemângeh a’g ou z; B p quantité, de l ’étendue et de la
variété des Sons q u ’on p eu t obtenir sur cet instrument.
DANS*Taccord de la kemângeh a’gouz, de même que dans celui de la plupart
des instrumens de musique Orientaux, on reconnoit le principe harmonique
des anciens, chez lesquels la quarte étoit regardée comme la plus parfaite des
consonnances après 1 octave, et comme le type de tout le système musical et la
limite naturelle des divisions de ce système. Ce principe étoit fondé sur ce que
les sons, dans l’ordre diatonique naturel (1), se présentent toujours respectivement
de quarte en quarte dans les mêmes rapports entre eux. La quinte ne leur parois-
soit pas etre une consonnance aussi naturelle, parce qu’elle ne résultoit pas aussi
directementde ce qu ils appeloient l ’harmonie, et qu’ils ne la regardoient que comme
un renversement de la quarte ou un complément de l’octave. Elle étoit pour eux le
renversement de la quarte, quand du son grave de cette consonnance on descendoit
a 1 octave du son aigu, comme lorsque de la quarte descendante fa , u t, nous
descendons a loctave du premier fa de cette manière, fa , ut, f a ; elle étoit le
complément de l’octave, quand on vouloit passer du son aigu de la quarte à
loctave aiguë du son grave de cette même quarte, comme lorsque de la quarte
ascendante u t, fa , nous montons à l’octave aiguë du son ut, et que nous entonnons
en montant, ut, fa , u t: mais ils ne se servoient jamais de la quinte pour
composer, ordonner ou diviser 1 étendue de leur système musical. Par la même
raison, ils ne lemployoient pas non plus dans 1 accord de leurs instrumens de
musique.
Ce st pourquoi dans l’Orient, où l’on ne connoît pas les nouveaux principes
d harmonie auxquels a donné lieu la réforme du système musical par Gui d’Arezzo,
et enfin où l’on ignore absolument l’invention du contre-point et l’usage de notre
harmonie moderne, les instrumens sont plus ordinairement accordés à la quarte
qu ils ne le sont à la quinte; et s’il se trouve une quinte dans l’accord de ces instru-
mens, elle n a ete obtenue que d une manière indirecte, comme nous venons de
1 expliquer : autrement il serait probable que ceux-là dans l’accord desquels il se
tencontreroit une quinte, appartiendraient autant à l’Europe moderne qu’à l’Asie
ou a 1 Afrique, et c est ce que décèle aisément leur forme, a.insi qu’on pourra
(1) H ous appelons ordre diatonique naturel celui génération harmonique si, mi, la, r é , sol, u t , fa, donc
qui résulte d’une génération de sons naturels, tels que ils avoient formé leur heptacorde s i , u t , r é , m l , f a , ceux du système des G recs, qui étoient produits par cette s o l , la.
en juger en comparant entre eux les instrumens qui ont été gravés ici, et parmi
lesquels il y en a qui contrastent singulièrement avec ceux que nous avons réunis
dans la planche B B , lesquels sont incontestablement Orientaux. .
La kemângeh a’gouz n’ayant absolument rien d’Européen dans sa forme, l’accord
devoit donc aussi en être entièrement Oriental, et êtrefonné d’une quarte,
comme il l’est en effet, et comme nous nous en sommes convaincus, non-seulement
en faisant sonner ses cordes à vide, mais encore en demandant aux musiciens
Arabes le nom du son que ces cordes doivent rendre ; car, en supposant que
nos oreilles eussent pu nous tromper, ou que celles du musicien Arabe l’eussent
mal servi en accordant cet instrument, il n’est guère probable qu’à tant de méprises
se fût encore jointe une méprise sur le nom de ces cordes ou des sons qu’elles
doivent rendre : mais nous entendîmes alors et nous avons constamment entendu
depuis, pendant plus de trois ans, les cordes de la kemângeh a’gouz sonner la quarte ;
et les musiciens de l’Egypte, pendant tout ce temps, n’ont pas cessé de nous dire
que le son grave se nommoit douhâh, et le son aigu naouâ, dont l’un, dans le système
musical des Arabes, est éloigné de l’autre d’un intervalle de quarte : or de
tels témoignages ont tous les caractères de la certitude ; et après cette réunion de
preuves, il ne peut y avoir pour nous l’ombre du doute à l’égard de l’accord de
la kemângeh a’gouz, que nous donnons ici.
ACCORD DE LA KEMÂNGEH A’GOUZ.
¡y corde. 2*'corde.
N A O U Â . D O U K À H .
Soit que des cordes composées de soixante à quatre-vingts brins de crin ne
puissent rendre un son aussi uniforme, aussi doux et aussi plein que celui d’une
corde de boyau bien filée, ni aussi net que celui d’une corde de métal, ce que
nous sommes très-disposés à croire ; soit que la construction de la kemângeh a’gouz
soit peu propre à produire des sons aussi purs et aussi pleins que ceux que nous
aimons à entendre dans nos instrumens de musique; il est certain que les sons de
cet instrument nous parurent avoir quelque chose de si maigre, de si confus, de si
nasal, de si rauque, que nous crûmes d’abord qu’il nous serait impossible de nous
habituer à les entendre sans déplaisir. Cependant, nous l’avouerons, nous nous
aperçûmes, par la suite, que ce qui nous avoit le plus choqués dans le commencement,
étoit précisément ce qui nous inspira le plus d’intérêt et ce qui nous parut
le plus expressif et le plus touchant. Réfléchissant sur le changement inopiné qui
s’étoit opéré en nous, et cherchant à en découvrir la cause pour pouvoir nous en
rendre raison, nous fûmes bientôt convaincus que notre première impression tenoit
autant et peut-être plus encore à nos préjugés qu’à la nature de ces sons. Nous reconnûmes
que ce qui en altérait la pureté, étoit ce qui les rapprochoit davantage de
la voix humaine, qui est rarement exempte de défauts, qui en contracte ‘même
É. M. B b b b b b ~-