
que l’annulaire de cette main; ensuite on étend jes doigts de la main gauche ainsi
que ceux de la main droite, de sorte que l’index vienne Loucher le quatrième trou,
que le grand doigt Louche le cinquième trou , et que l’annulaire Louche le
sixième trou.
L instrument ayant une certaine longueur, et les trous étant percés, dans la
seconde moitié du tuyau, pour que l’embouchure parvienne à la Louche, il est
nécessaire que la main droite, qui tient le nây vers les premiers trous, soit descendue
jusqu à la hauteur et vis-à-vis de la hanche gauche. Pour cela, il faut abaisser le bras
droit jusque vis-a-vis de la saignée du bras gauche déployé, en le portant un peu en
avant, et dirigeant l’avant-bras vers la hanche gauche; ensuite descendre un peu
en arrière le bras gauche, abaisser 1 avant-bras en le pliant un peu en avant : de
cette manière, J instrument se trouve incliné obliquement en descendant de droite
a gauche ; et, 1 orifice o de 1 embouchure se présentant obliquement incliné de
gauche a droite, le souffle n arrive aussi qu obliquement dans l’embouchure, et va
frapper contre les parois du canal de l’instrument, qui le réfléchissent, et le font
vibrer et résonner.
Tous les trous étant donc bouchés comme nous venons de le dire, on obtient
le premier son de la tablature suivante; et selon qu’on ouvre ou qu’on ferme les
uns ou les autres, de ces trous, on obtient les sons que nous allons indiquer.
Tablature et Étendue des Sons du grand Nây,
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Il y a peut-ctre quelque chose d’applicable à cet instruinent dans ces ve.rs
d’Euripide (Helena, v. 1365) :
Kv'&piç t e ô f i c t , Risit dea Venus t
A e£cltd t fâ & Ç E t accepit in manu
Ba.pvGyifuv du?by, Tibiam graviter sonantcm,
T tftpSmtr ¿ t e t e j f j â - Dclcctata iltâ modulatione.
Mais ce n’est pas ce qui regarde les sons graves ; car le grand nây a peu de sons
de cette espèce. Ceux quii rend sont fort doux, àia vérité, mais cependant voilés
Id’une manière presque imperceptible, et cela même leur donne un caractère passionné,
mélancolique et voluptueux qui plaît. Un bon musicien saurait tirer un
grand parti d’un instrument semblable; mais, lorsque les Egyptiens en jouent, la
mélodie en devient ennuyeuse et somnifère.
A r t i c l e V .
D u Nây' g ire f ou p etit Nây à huit trous; de son affinité avec le Nây chah; de
sa forme en général; des choses qui n’y tiennent p a s essentiellement et qui
n ’y paroissent qu’accidentellement.
T o u t annonce dans le nây giref (1) un instrument d’une espèce analogue à
celle du précédent. Son nom, sa forme, sa construction, ont, avec cet autre, un
rapport trop frappant pour qu’on puisse douter qu’il ne soit du même genre.
Cependant les Égyptiens trouvent entre ces deux instrumens une très-grande
différence, et elle existe réellement: mais ce n’est que dans le doigter qu’elle se
fait sentir parfaitement ; car plus on examine la forme du nây giref, et plus on lui
reconnoît d’affinité avec celle du nây châh.
L e tube du nây giref est aussi en roseau; il décrit également dans sa longueur
une courbe qui n’est pas très-sensible, non plus que dans le nây châh. Il n’a , dans
toute son étendue, que quatre phalanges entières et le commencement d’une autçe
à chacun de ses bouts.
On se trompéroit' si l’on pensôit que tous les liens dont 1e tube du nây giref
est environné, couvrent autant de noeuds du roseau, ainsi que le font ceux du nây
châh ou grand nây. Il n’est pas vraisemblable qu’un roseau ait ses noeuds aussi près les
uns des autres que le seroient ceux du nây giréf, s’il y en avoit autant qué de liens.
Il n’y a réellement que cinq noeuds, et nous les avons indiqués par la lettre n.
Les liens que M. Herbin croyoit avoir été mis là par forme d’ornemens, et qui,
dans lé fait, déparent l’instrument, ont été destinés uniquement à resserrer les parois
du roseau divisées par une fêlure qu’on avoit déjà cherché à rapprocher avec de la
colle. Parmi ces liens, les uns sont plus larges, les autres le sont moins; quelqües-
uns des liens mêmes des noeuds ont' été élargis et renforcés, selon que le tuyau a
parti manquer de solidité. C ’est pourquoi l’on remarquera qu’ils sont plus larges
dans les endroits où la fêlure paroît plus ouverte, et sur-tôut près des "trous; car
ce défaut règne presque tout le long du tuyau.
Si nous ne faisions pas observer ces choses, on pourroit, n’ayant pas l’instrument
sous les yeux, attribuer à sa forme ce qui ne lui appartient nullement. Il est'possible
qu’il y ait eu plusieurs erreurs de ce genre dans lés descriptions qu’on nous a
faites dés instrumens étrangers; car il n’arrive pas toujours que les instrumens étrangers
qu’on a l’occasion d’observer, soient alors neufs et exempts de réparations.
Or, dans ‘ce cas, il est quelquefois assez difficile de distinguer ce qui est essentiel
d’avec ce qui est accidentel dans les instrumens dont la forme est inconnue et
(1) Voyez planche C C , fig. 20.