
opérations de ce projet ; mais, après un examen des localités, nous reconnûmes
bientôt l’impossibilité de son exécution : cependant, pour entrer, autant qu’il
étoit possible, dans les vues du général en chef, nous proposâmes de faire une
dérivation du Nil au-dessus de Boulâq, aboutissant dans la place Ezbeqyeh, près
du quartier général et au centre des établissemens Français ; les eaux y auroient
été retenues après la crue, et entretenues à un niveau constant par des moyens
mécaniques et puissans. On retrouve les bases de ce projet dans les levées que
nous avons fait fkire sur cette direction, et qui ont été fort utiles à l’armée
pendant deux campagnes, et notamment pendant le blocus du Kaire, en prairial
an 8 [mai 1800]: ces premiers travaux, dont 011 auroit, après leur confection,
saisi 1 ensemble et senti 1 utilité, étoient coordonnés au système général des communications
et de la défense du Kaire.
Ce canal, qui débouche dans l’Ouâdy près d’A ’bbâçeh, présente beaucoup de
sinuosités, qui ont pu résulter, ou d’un courant naturel, préexistant à son état
navigable, ou de dispositions propres à conserver les eaux nécessaires aux irrigations,
et à prévenir un écoulement trop rapide dans les plaines basses de Belbeys;
car les crues y parviennent plutôt par la rivière de Moueys, que par le canal
de i’Abou-Menegy, dont la prise d’eau, près de Beyçous, à deux lieues au-dessous
du Kaire, est cependant plus élevée.
A la sortie du Kaire, ce canal passe par les villages de Saoueh, Ouahely,
Lemryeh, Mestourad (près et au nord-ouest des ruines à'Heliopolis), el-Menayl*
Seriâqous, Abou-Zâbel; il remonte près et au sud de Tell-Yhoudyeh (l’ancienne
Omon, ville ruinée des Juifs), à el-Menayr, Zoâmel (où vient se réunir le
canal d’Abou-Menegy), Choulyeh , Gyteh, Belbeys , Sebil, Ba’tyt; enfin, à
Seneka, aux environs d’A ’bbâçeh : cest près de là que passoit l’ancien canal
des.Rois, que Ion reconnoit encore à ses belles dimensions.
Comme il est possible, au moyen d’écluses, de soutenir les eaux dans le canal du
Kaire pendant tout le temps de la crue, nous croyons convenable de le redresser
et de le réduire à cinq grandes directions, dont lès points d’inflexion répondront
de.Boulâq, à la Qoubbeh, à Heliopolis, à Tell-Yhoudyeh, à Belbeys, et à Seneka,
où nous proposons d’établir un bassin de partage.
On obtiendra, par ce nouveau développement, une pente double de celle qui
existe par le cours actuel du Nil et du canal'de Moueys, entre Bubaste et Boulâq;
et 1 on voit assez combien cet accroissement de pente et de vitesse devra accélérer
dans le bief de l’Ouâdy le versement des eaux nécessaires à la navigation et aux
irrigations.
Les eaux, après avoir rempli ce double objet, continueront de couler dans
le bief de Bubaste et le canal de Moueys, dont elles entretiendront la profondeur,
sans qu’il devienne indispensable de curer ces canaux. Cette dérivation
nécessitera, près du bassin de partage, un lit particulier, avec une écluse latérale
propre a effectuer 1 écoulement de ces eaux.
CHAPI TRE IV.
D E S V I L L E E T P O R T D E S O U E Y S .
Description de Soueys. — Port. — Marées. — Vents rêgnans. — Chenal.
— Rade et Mouillage. — Aiguades. — Établissemens maritimes. —
Industrie et Commerce. — Vues générales sur ce Port.
§. §N
Description de Soueys (1),
S o u e y s , ville maritime de l’Êgypte, est située à l’ouest, et à 2500 toises environ
(2) au sud du fond du golfe Arabique : sa position, d’après les observations
astronomiques de M. Nouet, répond en longitude à 30° 15' 35"; sa latitude
boréale est de 29° j8 ' 37"; sa distance du Kaire, à l’ouest, pour 1° 1 j ' j 4"de différence
de longitude, est de 27 lieues ~ (3) de 2283 to<ses, en ligne directe (4).
La plaine, au nord de Soueys, a trois ou quatre lieues d’étendue; le sol, de
roche calcaire, est recouvert, comme celui de la côte, de sable, de gravier, de
débris de coraux et de coquillages qu’y ont successivement portés les marées, les
eaux pluviales et les vents.
La ville de Soueys a succédé à celle de Qplzoum, dont les ruines existent à peu
de distance au nord : elle portoit, sous les Ptolémées, le nom d’Arsinoé ou de
Cleopatris; et elle a pris, sous les Arabes, celui de Qolioum, comme on le voit
dans le Maqryzy et Ben-Ayâs, et, depuis , celui de Soueys. Nous ignorons l’éty-
mologie du mot Soueys. Les Arabes, qui ont donné ce nom à la ville actuelle,
nauroient-ils pas considéré le canton de Qolzoum comme une oasis, mot qu’ils
prononcent Souyeh, et que les Européens auront rendu par Soueys (5) ! Cependant
divers auteurs Arabes, et notamment le géographe A ’bd-el-Rachyd (en i 4 i 2)
distinguoient formellement Soueys de Qolzoum.
r n(^ r S Cartehydr0graPhilUe 1IePlandeSoueys ’3“ H à Alexandrie : d'où il résulte une diminution de
W ce tte distance dépend des marées, don, la hauteur « s d l S s ’ “ * ^ 5" £
-a P.age extrême- J Le Maqryay, en parlant de .-oasis d-Hammon,
(3) La route par Darh el H W ' j exprime ainsi : « Santaryeh est aujourd’hui un très-petit
inflexions dans le désert "être D o r^ e àd é ’ aC a ” Se a ” “ h'0" “ n0mme f. ' portée a deux jours et demi noncent Souvt/i. » et ? ue Ies Arabes proen
Z d e T r o r c f r ^ marC'’ C: “ ‘’lle“ rer varie dans ie Voyage de Hornemann, r. II, p.
pour termes moyens de ra“ oo f " ' “ n eVa'Uée’ Dis5er,a,ion da M- A n g le s sur l’étymologie du mo,
fait constamment iu’sau’à dSoo mêr r 7 * H W K W i mot, d itce savant orientaliste, trouverait plus
en nous rendant de Soueys dans l'Ouâdv T o ' r " * ’ con' ’enablement son étymologie dans le mot Égyptien
pluviôse an , F février 3 1 Cn * “ *»- ü » " »eu habité dans le désert, et que
accélérée; et nos chameaux a K T ét<>it *“ Gre“ ont ^»énisé en en faisant oasis. ’
n’avoient plus que moitié d e lem ^ h lrg e ' ^ ” ” ™ en' ’ ^ Can‘ ° n dc Soucys a Pu être> en effet, considéré
(4) On a trouvé pour la déclinaison defaiviiillpa' - COmme une quand le Nil portoit, par ie canal, des
au méridien de Soueys, ,*> 48' 0" ; elle a été trouvée de Pr° Pr“ “ y entretenir »ueIî ue végétation.