
pourroit être approfondi, son fond étant de sable vaseux, et ne pouvant offrir de
résistance aux chasses qu’on pourroit opérer au moyen des écluses projetées.
Sa direction varie assez fréquemment par l’effet des vents et des marées sur les
sables mobiles de son fond; ce qui exige de la part des pilotes une étude habituelle
de ces variations. Le canal longe un grand banc de sable-, qui découvre à
marée basse , même en morte-eau ; ce banc paroît setre accru sensiblement
depuis vingt ans. Il conviendrait d établir quelques balises pour en tracer le cours,
et quelques amers sur la plage pour assurer le mouillage en rade.
' §. VI.
Rade et Mouillage.
L a rade de Soueys est vaste, ayant environ 2000 toises de rayon ; elle est éloignée
de la ville de -J de ljeue au sud; et, quoique réputée foraine, elle n’est ouverte
qu’aux vents du sud-ouest, qui y soufflent rarement : elle est fermée par des récifs
dans la partie de l’ouest, et par un banc de sable à l’est. Il y existe des courans
de flot et de jusant, dont la plus grande vitesse n’excède pas trois noeuds à l’heure.
On y trouve quelques bancs de roche et de sable, sur lesquels il reste peu d’eau
à marée basse, et qui, n’étant pas assez bien connus des navigateurs, en rendent
les parages difficiles et dangereux. On trouve dans cette rade depuis trois jusqu’à
douze brasses d’eau de basse mer.
Le mouillage y est naturellement bon, le fond étant de sable fin, vaseux, et
recouvert de sable pur ; au large , le sable y est mélé de gravier.
On y mouille par six brasses d’eau; et l’on se trouve entre une pointe basse, en-
deçà de laquelle les petits bâtimens mouillent par quatre brasses, et un banc de
roche fort dangereux, distant d’environ dix encablures à l’ouest de cette pointe (1).
§. VI I.
A iguades.
U n des principaux obstacles à de grands établissemens maritimes à Soueys,
paroît avoir été la difficulté d’y réunir une quantité d’eau potable suffisante pour
les besoins de ses habitans et des nombreuses caravanes qui y passent.
Soueys est, en effet, absolument privé d’eau ; et ses réserves étoient, à notre
arrivée, de y à 6000 pieds cubes d’eau, répartis dans quelques citernes; quantité
qui n aurait pas suffi à sa population pendant six mois : mais, afin de pourvoir
• ( 0 Nous tenons ces divers renseignemens du contre-
amiral Gantlieaume, qui nous les donna pendant notre
séjour à Soueys. C e t officier général y étoit déjà venu par
la mer Rou g e, dix ans avant notre expédition, en 1788,
après le voyage de l’amiral R o s ily , qui avoit été chargé
par le Gouvernement de négocier auprès des beys en faveur
de la compagnie des Indes; négociation dont il résulta
un traité favorable avec Ismael-bey, alors chéykh-el-
beled du Kaire, et maître de l’Egypte.
MM . Girard, ingénieur en chef, Devilliers et D u -
chanoy, nos collègues , profitant d’un séjour qu’ils ont
fait à Souey s, ont relevé, dans cette rade, une ligne de
sondes, dirigée vers la côte, au sud-ouest. Ces sondes sont
rapportées sur la grande carte de l’Egypte.
aux
aux besoins journaliers, on recueille les eaux pluviales, et on achète des Arabes
celle qu’ils vont prendre, dans le désert, aux fontaines dont il va être parlé; cette
obligation établit une dépendance qui n’est pas sans inconvénient, comme on s’en
est convaincu dans plusieurs circonstances.
Cependant toutes ces sources et fontaines, les mares d’eau pluviale et les
divers puits d’eau saumâtre dont on peut disposer, suffiraient aux hommes et
aux animaux, si leur aménagement étoit bien ordonné : nous croyons même que
ces eaux recueillies et bien distribuées pourraient encore alimenter quelque
végétation, et faire disparaître l’aridité de ces tristes plages.
Ces eaux appartiennent aux sources de Moïse, d’Erqedey et de Nâba’ , sur
la côte d’Asie; aux puits d’Ageroud et de Byr-Soueys, dans le désert, au nord-
ouest de Soueys; aux ravines d’eau pluviale de Gisr et d’Ouatâl, à l’ouest et au
sud-ouest de cette ville ; et enfin à celles d’el-Touâreq, à l’entrée de la vallée de
l’Egarement, sur la côte d’Afrique.
Ey’oun-el-Moufa. . . . Le 7 pluviôse an 7 [26 janvier 1799], les ingénieurs
Gratien Le Père, Saint-Genis, Dubois, et moi, accompagnant le général Junot, le
contre-amiral Gantheaume et d’autres officiers, nous nous rendîmes par mer à des
sources d’eau vive, situées à trois lieues et demie, au sud-sud-est de Soueys, sur
la côte d’Arabie; nous y fîmes les opérations tendant à constater le site et le niveau
respectif de ces sources, que les Arabes nomment Ey’otin-el-Mouç'à [les Sources
de Moïse]. ( Voyez planche 13.)
Ces sources présentent, à la surface du désert, de petits tertres ou monticules
de forme conique, dont le centre, creux de quelques pieds, en est la bouche
ou le bassin. Quelques-unes ont leurs bords sablonneux et garnis naturellement de
gazon ; d’autres ont les leurs revêtus en maçonnerie. L’eau qui sourd des bouches de
ces monticules (1), s’écoule à la surface par des rigoles naturelles, se répand sur la
plage, et y entretient une végétation d’arbustes et de palmiers dont l’aspect contraste
agréablement avec le sol aride de la côte. Les abords de quelques-unes de
ces sources sont marécageux : l’eau a quelques degrés de chaleur (2). Quelques
autres sources nont pas d’écoulement, parce que l’eau s’y trouve naturellement
élevée au niveau des réservoirs qui les alimentent suivant l’abondance des pluies,
et qu’elle y est dans un état d’équilibre.
Les nivellemens de ces sources ont donne 34 pieds pour la différence de niveau
de la plus haute a la plus basse, déterminée à la surface d’eau de leur bassin; cette
élévation, jointe à celle qui constitue la pente du petit aqueduc qui, sur tyoo
mètres de longueur, communique des sources à la citerne de l’aiguade, distante
de 128 mètres des bords de la mer, est de y 3Js 4° au-dessus de la pleine mer,
que nous avons repérée dans cette partie du golfe.
Ces sources, actuellement au nombre de huit, pourraient être réunies de
(1) La forme de ces bouches représente parfaitement (2) Les sources ou fontaines de Moïse, de Corondel,
. . . 5 Cratf es * c est I action de I eau assurgente qui de Faran et de Hammâm-Mouqâ, sur la cô te , sont tièdes
eternune ans ces sources, comme celle du feu dans et sulfureuses ; la dernière est brûlante et vitriolique.
les yolcans. ^
É . M . p