DE L E TAT A C T U E L
A r t i c l e I V .
Explication des Signes du Chant de la Musique Grecque moderne, extraite
et traduite littéralement des Traités de théorie de cette musique que renferment
les Papadike ou Livres de chant des Moines Grecs d’Egypte.
A’pxh etn ©ES a'ri ci'.
Des Signes de l’art du Chant; des Esprits et des Corps (i) ascendant et descendant de toute
Cheironomie ordonnée suivant les règles établies dans les temps par les Poêles [S), tant
anciens que modernes.
« Le commencement, le milieu, la fin et le système
•> de tous les signes du chant, c’est Tison c (3).
» La voix n’est dirigée que par lui : on l’appelle
» aphone [sans son], non parce qu’il n’a pas de son,
| car il résonne, mais parce qu’on ne fe module
> pas (4 ). Ainsi Vison se chante dans un parfait
> équilibre de la voix.
» L’oligon.......................... ’¿¿à»
» s’emploie sur tous Ies-degrés ascendans ( 5 ) ;
» Tapostrophe............... x
> sur tous les degrés en descendant ( 6 ).
» II y a en musique quatorze sons (7) :
> huit ascendans, qui sont,
» OLIGON................................................... —_
» oxeïa (8)........................ ||i
» PETASTHE.......................................
» KOUPHISMA.............. ,...................
» PELASTHON...................................
» les. deux k e n t ê m a ( 9 ) . . . . . .
».le KENTÊMA........................................ %
(>°) ^
» et six descendans , que voici :
» APOSTROPHE..................... x
» deux APOSTROPHES.............. xx
» APORRHOË........................ S
» KRATÊMA HYPORRHÔON.. ..... *.$
» E L A P I - IR O N . .................................. .
» KAMILE.................... ¿ j.
» Parmi ces sons ascendans et descendans, les
» uns sont corps, et les autres, esprits.
» Les corps ascendans sont au nombre de six :
» OLIGON........................... —
» OXEÏA............................. ^
» PETASTHE........................
» KOUPHISMA......................
» PELASTHON....................... Li
» deux EENTÊMA (il).«..........
» Les descendans sont ceux-ci :
»APOSTROPHE............... x
» deux APOSTROPHES.............. w
» Pour Taporrhoë................... s
» il n’est ni corps ni esprit, c’est un mouvement
( 1 ) On distingue ainsi les signes du chant ou notes
de musique: le s uns sont appelés esprits} les autres, corps.
Cela sera expliqué dans la suite.
H l Le mot poète, autant que nous avons pu le concevoir
dans le cours de ce traité, doit se prendre dans son
acception étymologique, c’est-à-dire, dans celle de compositeur,
Sauteur; et ici, où il s’agit de musique, il doit s’entendre
des compositeurs et auteurs de la musique Grecque.
(3 ) Nous joignons ici le signe de Vison à côté de son
nom; nous ferons la même chose pour tous les autres
signes au for et à mesure qu’il en sera question, afin qu’on
s’accoutume plus fa c i lem e n t à les reconnoître.
(4 ) Vison est, comme nous l’avons déjà expliqué, une
tenue de voix, un son qui reste toujours sur le même
degré, sans s’élever ni s’abaisser aucunement. Dans un
autre traité on lit : « L’ison n’a point de voix, mais il
» est placé sous tous les signes ; et par-tout où on le
» rencontre, soit qu’il se trouve sous un son aigu ou
» sous un son grave, il le soutient. »
( 5 ) II y a dans le texte, étà immç iHç aeadcinuc.
(6) Il y a dans le texte, Jïà imrnç rüç KevraCcûnaç.
(7) En traduisant littéralement le texte Grec, il fau-
droit dire, il y a huit voix; mais nous avons substitué le
mot son, qui est le terme que nous employons en pareil
cas. Dans un autre traité, on compte quinze sons, parce
qu’ori y comprend Vison, qui n’est pas compté ici au
nombre des signes musicaux, c’est-à-dire, des signes des
sons qui peuvent être modulés.
(8 ) D a n s notre autre t r a i té , les trois signes O L IG O N ,
o x e ï a , p e t a s t h e , s o n t ap pe lé s isoPHONE S, c’est-à-dire,
ayant la même étendue de voix, pa rce qu’en effet chacun
d ’eux désigne un in tervalle d’un ton.
(9) Les Grées modernes prononcent kendima, parce
qu’ils articulent le t [tau] comme nous articulons notre
d, et qu’ils donnent à I’u [êta] le son de notre 2.
( 10 ) O n trou v e aussi ce m o t é cr it p s i l e .
(11) II est dit dans un autre traité : « Lesdeux kentêma
» sont plus lents ; ils sont appelés donnons et n’ont qu’une
» voix ». Les Grecs modernes emploient aussi le mot
voix, là où nous nous servons du mot ton : ici, une voix
signifie -l’effet de la voix qui s’élève d’un degré.
» rapide du gosier qui produit un son agréable ; c’est
» pourquoi on l'appelle son modulé.
»II en est de même du kratêma
» HYPORRHOON....................
» Pour les sons ascendans ,
» KENTÊMA...........
» HYPSILE..........
Pour les descendans ,
» ELAPHRON........
» KAMILE...........
>5 comme étant formé du kratêma il.
» et de I’aporrhoë ( 1 ) ............ s
» II y a quatre esprits, deux pour les sons ascen-
» dans, et deux pour les sons descendans.
1 » Tous ces signes ont leur intonation (2) propre que voici:
» OLIGON.............................. _ .......
» OXEÏA .. . . -........................ ^ .......
» KOUPHISMA......................... 1s t— .......
» PETASTHE........................... C-X .......
» PELASTHON......................... .......
» deux KENTEMA...................... u .......
\
É É
s’élève 1 degré (3).
s’élève 1 degré,
s’élève 1 degré,
s’élève 1 degré,
s’élève 1 degré.
s’élèv0"* 1 degré.
Exemple (4).
w—
KOUPHISMA.
» KENTEMA
» HYPSILE ( 5 ) '. ü
PELASTHON. deux KENTÊMA.
. . . . ■ s’élève 2 degrés.
. . . . s’élève 4 degrés.
Exemple.
J ’
» APOSTROPHE.............................................. x
» deux A P O S T R O P H E S ........................................... x x
( 1 ) Dans un autre traité, où il est question de plusieurs
signes composés, dans lesquels entrent aussi le
kratêma et Vaporrhoë, on lit ce qui suit :
« L ’ o m a l o n ............................................................................ 1
»sous le K R A T ÊM A H Y P O R R H O O N .........................
»fait I’ a r g o - s y n t h e t o n .............................................
» Si le P IA S M A .................................................................. v\
»se trouve au-dessus de T a p o r r h o ë .................. S
» cela fait le S E I SM A ............................................................
Ces rapprochemens sont utiles pour apprécier la valeur
des signes.
(2) La traduction rigoureusement littérale seroit,
« Tous ces signes ont aussi leur voix, comme vous le
» voyez» ; mais cela ne seroit pas clair pour des musiciens
Européens. Nous avons substitué une autre phrase à celle-
ci, laquelle rend le sens du texte d’une manière plus conforme
à notre idiome musical ; ce que n’auroit pu se permettre
quelqu’un qui n’auroit pas acquis par l’expérience
une connoissance exacte de ces choses.
(3) II y a dans le texte* tvu favriv fdav, a une voix:
mais il faut observer, i.° que les Grecs nomment voix le
passage d’un son à un autre, qui n’en est éloigné que
É> M.
descend 1 degré.
. descend0"* 1 degré.
d’un degré ; 2.0 qu’il s’agit ici des signes ascendans: nous
avons donc encore été autorisés à substituer les mots
s'élève d'un degré, à ceux du texte (a une voix), pour
éviter la confusion des idées que cette expression Grecque
pourrait occasionner en français. L’expérience que nous
avons acquise dans cette musique , nous eût suffi pour
donner cette explication ; nous ne la motivons ici que
pour satisfaire les personnes auxquelles notre opinion ne
suffirait pas.
(4 ) On serait dans l'erreur si l’on croyoit que ces
signes représentent réellement les degrés auxquels nous
les avons fait correspondre; ils ne désignent qu’un intervalle
d’un degré à un autre qui le suit immédiatement,
sans égard à son élévation ou à son abaissement; et en
général, on se rappellera que les signes musicaux des
Grecs modernes ne désignent que des intervalles de
sons, et non des degrés ou des sons simples.
( 5 ) 11 faut toujours se rappeler que les notes Grecques
n’indiquent que des intervalles, en sorte que quatre degrés
sont ici quatre intervalles ou une quinte, de même que
les deux degrés du k e n t ê m a sont aussi deux intervalles
ou une tierce.
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