en compte-t-on trois ou quatre absolument dissemblables entre eux par la matière
et par la forme. Ces sortes d’instrumens, de même que les instrumens à cordes
et les instrumens à vent, ont aussi reçu divers noms, suivant les divers rapports
sous lesquels on les a envisagés. Comme instrumens de percussion, creux et
bruyans, on les a nommés noqqâryeh (1), mot qui dérive de la racine 'j f '
naqara, il a frappe;'et parce que le verbe naqara à la seconde forme signifie, il
a sondé, il a pénétré, il a percé, et à la huitième forme, il a été creusé, on a transporté
cette expression à tous les instrumens creux et bruyans, en sorte qu'on nomme en
arabe el-naqr le tambour de basque; nâqour un cor, une trompette;
nâqir jlsC j celui dont la profession est d’emboucher la trompette, ou j l l j naqqâr
celui qui sonne de la trompette. On se sert meme du verbe naqara pour signifier
pincer ou toucher une corde d’instrument avec les doigts pour la faire résonner, la
frapper avec le plectrum. On s’en sert encore pour exprimer l’action d’articuler un
son, en faisant frapper sa langue au palais ou contre les dents, c’est-à-dire, en prononçant
une voyelle accompagnée d’une consonne. Enfin toute lettre qui produit
un son est appelée JLü naqara, suivant les principes de quantité rhythmique
des Arabes. Ainsi, par exemple, les Arabes disent que le rhythme taqyl taouyl
c i r 3 [grand rhythme grave], qui est le vingt-sixième des rhythmes musicaux,
est composé de vingt-quatre naqarat, pour expliquer que ce rhythme se compose
de vingt-quatre lettres : par conséquent, on appelle aussi en arabe les temps rhythmiques
marqués sur les instrumens de percussion, naqr J L j , et naqir ÿ ü le pincement
d’une corde. - .
Quand on parle des crotales qui rendent un son aigu et par une sorte de
frottement ou frôlement, on les nomme salâçil . Pour désigner les
crotales de I espèce des sonnettes ou des grelots, ou bien dont l’effet ressemble
à celui de ces sortes d’instrumens; les Arabes leur donnent le nom de gctâgil
, .et les Persans celui de zankoulali (2). Quand on veut spécifier
les crotales que l’on fait résonner en les agitant seulement, on les nomme
5 3 S Si l’on veut parler des crotales qui se frappent une partie contre l’autre,
on les nomme senoug r r y ^ 3 ; comme aussi l’on appelle celui qui joue de cet
„ P S ;• '
instrument, sannag . Lorsque 1 on désigne particulièrementjes crotales qui
ont la forme d un vase, tels que les cymbales, et ces petits crotales de même
forme, dont les danseuses Egyptiennes se servent en dansant, on les nomme kâs
"■ Enfin 1 on donne en général le son de saggât élAâo» à tous les crotales
(ï) Les Persans, en considérant ces instrumens sous quand elles se livrent aux plaisirs de l’am our (tintmna- le meme rapport, les ont nommes akhkaband f bula quæ pedibus mulieres tempore coi.lus appendunt). ou bien tchagbânah « U a.. O n donne aussi ce nom aux grelots qu’on attache au
(2) O n appelle ainsi en Perse une espèce *de grelots cou des chevaux, des mulets et des cham eaux, ainsi qu’à
que certaines femmes en ce pays s’attachent aux pieds, ceux qu’on suspend aux bords du tam bour de basque.
qui sont du genre des castagnettes, c’est-à-dire, à tous ceux que Ion agite entre
les doigts, quelles que soient la matière, la forme et la variété de leurs parties; c esc
pourquoi l’on donne.également ce nom aux petits crotales de métal des danseuses
Égyptiennes, et à ceux qu’on nomme en turc eqligh ¿ J ïl, lesquels sont faits en
bois.
A r t i c l e II.
Des petits Crotales en form e de cymbales, dont les Danseuses Egyptiennes
fo n t usage.
L o r s q u e , dans notre Mémoire sur l’état actuel de l’art musical en Egypte,
nous avons parlé des chants et des danses des Égyptiens, nous avons décrit assez
exactement l’instrument dont il s’agit, pour que nous soyons dispensés de le décrire
de nouveau. D ’un autre côté, après avoir exposé les raisons des divers noms qu on a
donnés aux crotales en Orient, et particulièrement en Egypte, nous pensons qu il
n’est pas difficile de voir maintenant que plusieurs de ces noms peuvent convenir
au même instrument, mais non pas tous également. Les noms de zyl J[y, de senoug
de kâs et de saggât EbLsm., désignant tous également des crotales
qui se frappent une partie contre l’autre, peuvent s appliquer tous aux crotales
des danseuses Égyptiennes ; mais nous avons remarqué que ceux de senoug et de
saggât leur avoient été spécialement réservés dans l’usage ordinaire, comme désignant,
plus particulièrement que les autres, de petits crotales de 1 espèce des castagnettes.
Il est possible que ces espèces de. crotales aient servi de modèles aux
castagnettes des Espagnols; il est meme vraisemblable que ce sont les Sanasins qui
firent connoître aux Espagnols l’usage de cette sorte d instrument, ainsi que celui
de la danse qu’on nomme en Espagne fandango : mais il s en faut bien encore que
les Espagnols aient atteint la perfection de leurs modèles; car, outre que la matière
des castagnettes est plus commune que celle des saggât, et que la forme n en est
pas, à beaucoup près, aussi gracieuse, il est impossible que le son en ait autant
de pureté, et, si l’on peut le dire, autant de limpidité que celui de ces petits
crotales Égyptiens. 11 suffit d’en voir l’image qui est gravée pl. C C , fig. 2C, pour
concevoir que cet instrument, qui est en fonte, et qui a la forme de petites
cymbales, doit rendre un son très-agréable, très-net et fort aigu, quand rien nen
gêne la vibration. En effet, la partie A étant attachée au doigt du milieu par la
boucle c, et venant à frapper sur la partie B qui est attachée également au pouce
de la même main (1) par la boucle c , il est certain que ces deux parties, ainsi
suspendues, ne peuvent rencontrer aucun obstacle qui arrête leur vibration ; et
le cordonnet qui forme la boucle c dans laquelle entré le doigt, passe assez librement
au travers du trou ç , qui est au sommet de ces petites, cymbales (2), pour
qu’il ne puisse empêcher l’instrument de vibrer dans toute son etendue.
• ( 1) Les danseuses Egyptiennes sont m'unies de deux crotales semblables en chaque main.
¡ ¡ f j Voyez pl. Ç Ç,J ig . 26, D.