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s. v.
Vues générales sur les ports et villes d’Alexandrie.
L es souvenirs que rappelle la ville d’Alexandrie, sont bientôt affoiblis, quand,
parcourant l'étendue de ses ports et de son enceinte, on cherche, mais en vain,
les monumens de son ancienne splendeur et de sa puissance maritime. Malgré
cet état de dépérissement et d’abandon, on retrouve toujours dans son port, le
seul des côtes de l’Égypte, les avantages qui déterminèrent le conquérant de l’Asie
à en faire la capitale de cette antique contrée. Quoique la rade et les ports
d Alexandrie ne présentent aujourdhui que peu de ressources à une marine militaire,
la superbe position de cette ville la rendra toujours la clef et le rempart
de l’Egypte, comme l’histoire rappellera toujours à l’Europe quelle fin, dans la
voie du commerce de l’Inde, le dépôt des richesses du monde.
Maître à peine de cette place, le général en chef B o n a p a r t e ordonna, au
milieu de ses dispositions militaires, d’en lever le plan, et de reconnoître les passes
qui donnent accès dans la rade : ces passes furent immédiatement relevées et balisées;
des amers établis sur la côte, au sud, ajoutèrent aux moyens d’y arriver plus sûrement
de la rade et du large. Cependant, ces passes n’ayant pas présenté, au moins
dans les premiers momens, toute la sécurité désirable, nos vaisseaux de guerre
furent obligés de mouiller à quatre lieues, à l’est, dans la rade d’Abouqyr. Mais,
pour coordonner toutes les dispositions défensives, sous les rapports civils et maritimes,
il fàlloit le plan général de la rade, des deux ports, de l’enceinte fortifiée,
et des dehors, dont il convenoit d’occuper les hauteurs qui commandent la ville.
Le levé du plan d’Alexandrie et de ses environs devint donc l’objet des
premiers travaux des ingénieurs de l’armée, dont le concours étoit nécessaire pour
en accélérer la confection. En conséquence, les opérations de sondes, de topographie
et de nivellement, furent effectuées simultanément. Les positions respectives
des principaux points, liés entre eux par une suite de triangles, ont été
rattachées à celle du Phare, déterminée par des observations astronomiques (1).
( l ) Le plan d’Alexandrie (v. la planche 84) offre dans II restoit aux ingénieurs des ponts et chaussées les
tous ses détails une très-grande précision. J’en présentai la deux ports, l’île du Phare, et tout le front de la mer*
première réduction à l’échelle de le ^ du plan-minute] travail auquel ils ont ajouté le plan des aqueducs et
au général en chef et à l’Institut d’Egyjste, avec une no- canaux souterrains des deux villes, avec l’indication du
tice qui futimprimé'e au Kaire (Décade Egyptienne, t. I I , nombre et de la capacité des citernes et réservoirs de
p. i fy -p j.) , le 21 vendémiaire an 7 [ 1 2 octobre 1798]. l’ancienne Alexandrie.
Le zèle des ingénieurs civils et militaires a triomphé, Le plan-minute, remis au dépôt de la guerre, répond à
dans ce travail, des difficultés des lieux, des circonstances l’échelle métrique de 0,100 pour 100 mètres, ou de —:__
et du climat. Dans le partage des opérations, essentiel- Le plan déposé en double aux ministères de la marine
Iement basé sur les rapports respectifs de service de ces et de l’intérieur, à celle de 0,02j pour io om, ou
divers corps d’ingénieurs, MM. les officiers du génie se sont de ^ 7 .
chargés de l’enceinte des Arabes et des dehors de la place; Le plan qui fait partie de l’Atlas, sous le n.° 84, est
ils ont prolongé postérieurement leurs opérations jusques réduit à l’échelle d e . . .0,010 pour ioom, ou d e .
à Abouqyr, à l’est, et jusqu’au Marabout, à l’ouest. E nfin, un dernier, faisant partie de l’A tlas, est le
MM. les ingénieurs géographes ont fait la trigono- plan général des rades, côtes, ports, villes et environs
métrie et la topographie de l’intérieur des deux villes, d’Alexandrie,réduit à . . .0,004pour ioom, ou d e -5-’— .
et d’une partie des dehors, en constatant le relief des Voyr^ la note suivante.
hauteurs par des nivellemens. Les officiers civils et militaires qui ont pris part à ce
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| Alexandre construisit sa ville sur une partie basse, de la ligne de rochers qui
séparé, au sud de l’île du Phare, le lac Maréotis d’avec la mer : les principaux monumens
d Alexandrie ont été élevés sur divers points de cette ligne, dont la largeur
paroît à-peu-près uniforme; ce qui la rend fàcile à distinguer. On sent combien
il est intéressant pour la géologie d’en reconnoître le gisement et l’étendue, puis-
qu elle forme, en quelque sorte, le sol primitif et les anciennes limites de la mer.
Ces rochers proéminens et les terrains environnans sont couverts de ruines ; on
y retrouve encore les traces de différentes voies, d’un cirque, et d’autres grandes
constructions.
^ Les changemens que la ville et les environs d’Alexandrie ont éprouvés, sont dus
a des causes^ physiques encore agissantes. Les vents régnans portent constamment
du cote de 1 est 1 effort des vagues, qui rongent et détruisent les bancs calcaires sur
les bords de la mer; les sables provenant de cette destruction sont déposés vers
lest et le sud-est, sur les différens points de la côte qui leur présentent un abri.
La meme cause a détruit la pointe orientale de l’île de Pharos et l’ancien promontoire
de Lochias (le Pharillon) : elle a réduit le port neuf à l’état où il est
aujourd’hui; il est difficile d’y reconnoître tous les avantages que les anciens ont
vantés et dont ils nous ont laissé la description. L’île d’Antirrhode est rasée, et
maintenant cachée sous les eaux, ainsi qu’une partie de l’ancienne ville. Ces éta-
bhssemens ont disparu à mesure que la mer a détruit le promontoire de Lochias,
à l’abri duquel ils existoient ; et c’est de leurs débris que s’est formé le grand
atterissement sur lequel la ville moderne est bâtie.
On ne doit pas considérer le plan d Alexandrie et de son territoire comme
ayant servi seulement à l’étude des projets; il doit faciliter encore des recherches
que nont pas ete a portée de faire les voyageurs et les écrivains qui nous ont
précédés (i). Nous allons donner, sur le rétablissement de la ville et des ports
d Alexandrie, des vues générales, basées sur leur état ancien. Ces vues consiste-
roient dans ces principales dispositions.
On reporteroit les etablissemens de la ville moderne dans l’enceinte dite d e s
Arabes, en reprenant tout le terrain qu’occupoit, à l’est, le quartier Bruchion de
l’ancienne ville ; on enleveroit, à cet effet, les monticules de décombres, pour en
déblayer entièrement l’enceinte : ces décombres seroient transportés dans le lac
Maréotis, et utilement employés à former des digues , pour resserrer les limites
de la navigation qu’il est important de lui conserver, et pour rendre à l’agriculture
1 étendue considérable des terrains récemment envahis par les eaux.
Ayant le plan souterrain de la ville, au moyen duquel on connoît l’emplacement
des citernes, leur nombre, leur état et leur capacité, celui des aqueducs,
prem ier travail, sont M M . N ouet et Q uesnot, astro- (i) D ans un M ém oire particulier, qui devoit faire
nom es; V inache, Legentii et T asquin, officiers du génie; partie de celui-ci, et qui paroîtra dans les livraisons sui-
Jom ard, C orabeuf, B ertre, Bourgeois, Le C esne et D u - vantes de l’ouvrage de la C om m ission, M . G ratien Le
lio n , ingénieurs géographes ; Faye, Saint-G enis, C habrol, Père a traité de l’état ancien et m oderne d’A lexandrie,
hevenot, ingénieurs des pom s et chaussées, que m on L’auteur y a joint le pian général des ports, de la rade,
e®ue ' ’rart^ et nKH avons dirigés ; et M M . B arré, des villes et des environs d’A lexandrie,V idal etG uien,officiers de m arine; B odartetD uval, ingé- à l’échelle de nieurs des ponts, pour les sondes de la rade et des ports. 0,004 P°ur 100 m ètres,