
gardèrent plusieurs siècles, et en furent chassés environ trois cents ans avant le
règne de Sésostris (i).
Il est une tradition conservée chez les Arabes et consacrée par le Coran, qui
les fait descendre d’Ismaël, de ce fils d’Abraham dont le Seigneur a dit : « Ce
» sera un homme fier et sauvage ; il lèvera la main contre tous, et tous lèveront
» la main contre lui ; et il dressera ses pavillons vis-à-vis de tous ses frères : je le
» bénirai, et lui donnerai une postérité très-grande et très-nombreuse (2). »
Dans ce portrait d’Ismaël, on reconnoît les Bédouins; des fils ne peuvent pas
ressembler davantage à leur père, et l’on est porté à croire qu’ici la tradition n’est
point trompeuse : mais ce que l’on peut au moins penser avec plus de certitude ,
cest que les Arabes et les Hebreux ont une origine commune. Qu’on lise
attentivement la Bible, on sera etonne de la ressemblance des moeurs des anciens
patriarches avec celles des Arabes Bédouins ; et cette lecture sera sur-tout pleine
dinteret si, comme moi, on peut la faire dans la terre de Gessen, sur les bords
de la mer Rouge, aux fontaines de Moïse, ou au milieu des déserts que termine
à l’horizon ia chaîne des monts d’Horeb et de Sinaï (a).
t1) V oici, à ce sujet, un fragment Ma net ho n ; et Pon se rappellera que focrett inhtiésrteosrsieann,t dnée
en Egypte, dans la classe sacerdotale, a pu mieux que
pneartsioonnn.«e Scoonussu lltee rr èlgesn ea ndnea leTsi meta üless, 'lli’vurne s dsea cnréoss dreo issa,
» D ieu , irrite contre .nous, permit que, lorsqu’il nepa-
»roissoit point y avoir sujet d’appréhender, une grande
»» daurm céeô téd ’udne ple’ourpileen tq, usie - nr’aevnodiîtt nsuanllse préepinuet atmioanît,r ev îdnet
» notre pays, tuât une partie de nos princes, mît les
-» autres à la chaîne, brûlât nos villes, ruinât nos temples,
» et traitât si cruellement les haÈrtans, qu’il en fit mourir
»plusieurs, réduisit les femmes et les enfâns en servit
u d e , et établit pour roi un de sa nation nommé Ju-
»» ltaritbísu. t Caeu xn opurvoevaiun cpersi ntcaen tv isnutp àé rMieuermesp hqius,’ inimféprioesuar eusn,
» et y établit de fortes garnisons, principalement du côté
» d e l’orient; parce qu’il prévpyoit-qùe lorsque les Assy
rien s se trouveroient encore plus puissans qu’ils ne
» l’étoient, l’envie leur prendroit d e conquérir ce royaume. » Ayant -trouvé dans la contrée de Saïte, à Porient du
»fleuve Bubaste, une ville nomm ée-Avaris} dont la si-
»tuation lui parut très-avantageuse,il la fortifia extrême- » m ent, et y mit et aux environs tant de gens de guerre,
» que leur nombre étoit de deux cent quarante mille.
»11 y venoit au temps delà moisson, pour faire .faire la
» récolte etia revue de ses troupes, et les m aintenir dans
» u n tel exercice et une si grande discipline, que les
»»l éat rapnosgseersss ino’no sdaess esonnt eétnattr.e pIlr eréngdnrea ddeix -len eturofn abnlse. r dans Boeon » lui succéda et en régna quarante-quatre. Apachnas suc-
» ceda à Boeon et régna trente-six ans sept mois. Apo-
»phis, qui lui succéda, régna soixante-un ans. Janias,
» qui vint à la couronne après lui, régna cinquante ans
» un mois; et Assis, qui lui succéda, régna quarante-
»» nnee uffis asnens t dpeouuxr tmâcohise.r IdI’ enx’tye rmeuitn erri elna rqaucee cdeess sÉixg ryopi-s
» tiens; et on les nommoit tous Hycsos, c’est-à-dire, rois
»pasteurs: car.hyc, en langue sainte, signifie roi, et sos, »»deins elnatn gquue’ ilvs ulégtaoiireen,t siAgrnaifbiees . p»a s(tJeousrse.p hQe,u elques-uns Réponse à 4ppion (traduction d’Arnauld d’AndilJy ), liv.I, chap.j. Flavius Josephe, qui nous a conservé ce passage de
M anéthon, ajoute que cet historien rapportoit que les
rois de la Thébaïde, n’ayant point été domptés, firent
une guerre fort longue à ces pasteurs, les vainquirent et
les chassèrent enfin de l’Egypte, qu’ils occupoient depuis
cinq cent onze ans ; que ces pasteurs se retirèrent dans le
désert, se jetèrent sur la Syrie, et finirent par s’emparer
•dJé uruns aclaenmto. n nommé Judée, où ils fondèrent la ville de
(2) Gen. cap. x v i, v. 12, et cap. x v n , y. 20.
que(3lq) u^es4 pBerisbolnen,e st roqpu i mnéep lr’iosnéet cooun sitdTéorpé ev qénuéer céoem pmaer
■lade tboauste ldee mnoons dcer osyoauns celes rraeplipgoiertu sheiss,t omriéqruitee; lc’aattre, nstii olna
lpehsy sfiaqituse deonu tpeaurxo,î t onab csounrdveie, nlda rac hdroun omlooginies iqnuc’eilr taéitnoeit,
impossible de peindre avec plus de vérité le tableau de la
vie privée des familles errantes du désert: nous retrouvons
encore parmi elles les mêmes usages, la même manière
de vivre, les mêmes maximes de droit public, les mêmes
arts, les mêmes ustensiles, et presque la même langue. La loi du talion; le droit de vengeance dévolu aux
plus proches parens, le rachat du sang, l’autorité des
sviioenil,l alredss ,s alcar ipfiucnesit isounr ldeess hbaulatssp hliéemuxa,t eluerss p, rleau vceirsc doen clia
virginité des filles exigées au jour de leur mariage, la
stérilité regardée comme une malédiction du ciel, le
désir d’une nombreuse postérité, les droits de propriété
leat cdh’ahiérr idtea gpeo, rcla, plersé pbairjoatuioxn, ldees sv aêltiemmeennss,, ll’ah omrraenuièr rpeo duer
faire la guerre, le partage des dépouilles enlevées sur l’ennem
i; l’usage d’habiter sous des tentes, même dans les
pays fertiles couverts de villes et de villages; célui de jeter
de la poussière en l’air dans les grands dangers, dans les
D E S D E S E R T S D E l ’ É G Y P T E . 5 8 i
Tout concourt donc à accorder aux Arabes une origine des plus anciennes,
et il n’existe peut-être aucun peuple qui puisse se vanter d’avoir aussi-bien qu’eux
conservé son antique physionomie (i). Dès les temps les plus reculés, divisés en
tribus, soumis au chef de la famille, habitant sous des tentes, ils errent avec
leurs troupeaux des rives de l’Euphrate jusqu’à celles du Nil, et des bords de la
Méditerranée jusqu’au golfe Persique et à la mer des Indes : jamais irruption
d’étrangers n’envahit leur territoire, et ne changea leur langage et leurs moeurs,
et ce fut en vain que les nations les plus puissantes et les plus célèbres par leurs
conquêtes, les Perses, les Grecs, les Romains, voulurent les soumettre à leur
domination. Devènus conquérans sous les califes, ils couvrirent de. leurs armées
le nord de l’Afrique, les Espagnes, le midi de la France, la Syrie, la Perse,
l’Asie mineure : chassés depuis de leurs conquêtes, ils surent du moins toujours
conserver leur ancienne patrie. Fiers de la pureté de leur race, fiers d’avoir su
défendre leur liberté, les Bédouins regardent avec mépris les nations d’esclaves
dont ils sont entourés.
L’amour paternel et le respect filial ont déterminé la forme de leur gouvernement,
et sont les liens de leur société. Chaque famille obéit à celui de ses
membres qui, par sa sagesse, sa valeur, ses richesses, s’est attiré le plus de considération.
C ’est ordinairement un homme âgé : il prend le titre de cheykh, et
ce mot signifie vieillard (2).
Quand la famille n’est pas assez nombreuse pour se défendre seule, elle se
grands chagrins; tout cela est aussi commun aux deux
peuples, et il existoit encore, au temps de Mahomet, un
grand nombre de tribus indépendantes qui suïvoicnt la
Teligion de Moïse. (1) Voici ce que Diodore de Sicile, qui écrivoit il
«y aU sd hixa-bhiuteint ts ieènc lepsl,e irnaep pcoarmtep asugrn el,e ss aAnrsa baeusc udnu todiéts. eUrts:
».appellent eux-mêmes leur patrie une solitude ; et ils
»» dnee rcihvoièisriesss eent td peo fionnt tpaoinuer sl, eduer pseéujoru qru lee sc elti eaupxp âpto murêvmues
» n’attire les ennemis dans leur, voisinage. Leur loi ou
»» pleluanr tceor udtuems e ne leur permet ni de semer du blé, ni de arbres fru itie r s , ni d’user de vin , ni de
»vivre sous des toits; et celui qu’on surprendroit en
»quelqu’une de ces pratiques, seroit infailliblement puni
» de m ort, dans la persuasion où ils sont que ceux qui se
» sont assujettis à de pareilles commodités, s’assujettissent
» bientôt à des maîtres pour les conserver. Quelques-uns
» d’entre eux font paître des. chameaux et d’autres des
» brebis en pleine campagne. Entre tous les Arabes, il
» n ’y en a point de plus riches que ces derniers; car,
»bien qu’ils ne soient pas les seuls qui aient des trou-
» peaux en des campagnes désertes, ceux dont nous
» parlons, qui ne passent pas le nombre de dix m ille,
» portent encore vendre aux bords de la m er, de l’encens,
» d e la myrrhe et d’autres aromates précieux qu’ils ont
» reçus des habitans de. l’Arabie heureuse. Us sont,
»» idls’a iollnetu rnso, euxvterlêlem eqmuee nqtu jeallqouuex adrem léeeu rs ’laibpeprrtoéc;h eet dq’ueaunxd,
» ils se réfugient au fond du désert, dont les bords, par
»leur étendue, leur tiennent lieu de rem part: car les
»ennem is, n’y apercevant point d’eau, n’oseroient le
»traverser; au lieu que les Arabes, s’en étant fournis
» dans des vaisseaux cachés sous terre et dont eux seuls
»savent les indices, se sont mis à l’abri de ce besoin.
» T o u t le sol n’étant formé que -d’une terre argileuse
» et m olle, ils trouvent moyen d’y creuser de profondes
» et vastes cavernes, en forme carrée, dont chaque côté
»est de la longueur d’un arpent, et dont l’ouverture
»» edset epxlutriêem, eilms eennt bpoeuticteh.e Anty la’ennt trreéme,p lqi uce’isls c arveenrdneens td ’uenaiu-
» forme à tout le terrain qui l’environne, et sur laquelle
»ils laissent quelque indice imperceptible et qui n’est
»connu que d’eux seuls. Us accoutument les troupeaux
»»aqfuin’il sq ueen,l èdvaennst ,l eà c anse obùo iilr ef aquudero tiot ufus irl esu nt rpoeius jlooiunr sà,
»travers des plaines arides, ils fussent habitués à soutenir
»quelque temps la soif. Pour eux, ils vivent de chair,
» de lait, et de fruits communs et ordinaires; ils ont dans
»leurs champs l’arbre qui porte le poivre, et beaucoup
» de ce miel que l’on appelle sauvage, et qu’ils boivent
» avec de l’eau. Il y a d’autres espèces d’Arabes qui tra-
» vaillent à la terre ; ils sont tributaires comme les Sy-
» riens, et ont avec eux plusieurs autres conformités,
» excepté néanmoins qu’ils n’habitent pas dans des
» maisons. » (D iodore de Sicile, liv. x i x , traduction
de l'abbé Terrasson.) (2) Le mot ckeykh signifie littéralement vieillard; mais
on peut donner ce titre à un jeune homm é, comme le
senior des Latins dont nous avons fait seigneur.