
enceintes de la même classe, dans la vue de prévenir l’avortement quelles proj
voquent à volonté, et d’assurer l’existence de leurs enfans; établissement philantropique,
où j’étois parvenu encore à attirer les habitans mutilés par des infirmités
graves, en m’efforçant de leur inspirer le degré de confiance qu’ils devoient avoir
dans les secours de l’art de guérir, et de leur faire surmonter le fatal préjugé qui
les portoit à s’abandonner aux seules ressources de la nature, et à préférer à des
moyens probables de guérison l’habitude où ils étoient de traîner dans les rues ou
sur les chemins les débris de leurs corps couverts d’ulcères, et d’étaler, en un
m o t, aux yeux de tout le monde, le spectacle hideux d’un cadavre vivant, bien
moins capable d’exciter la compassion que l’horreur. Mon travail sera terminé
par quelques détails sur la médecine des Égyptiens, et sur l’exer-cice de la chirurgie
parmi ces peuples.
S U R P L U S I E U R S M A L A D I E S . 4 3 *
M E M O I R E
L’OPHTALMIE ENDÉMIQUE EN ÉGYPTE.
L e s yeux; ayant été frappés tout-à-coup de l’ardente lumière du soleil, soit
directe, soit réfléchie par le sol blanchâtre de l’Égypte, ont les premiers ressenti,
dans cette contrée, les effets de la répercussion de la transpiration cutanée : il
en est résulté une ophtalmie opiniâtre, qui a jeté plusieurs de nos soldats dans un
désespoir absolu, et a causé la perte de la vue à un assez grand nombre. %
Je vais tracer les symptômes qu’elle nous a présentés : engorgement des paupières,
de la conjonctive, et quelquefois des tuniques de l’oeil; douleur locale
extrêmement forte, attribuée par le malade à la présence de grains de sable ( cé
sont des vaisseaux variqueux) ; obscurcissement de la vue, et impossibilité de
supporter la lumière vive. A ces premiers symptômes succèdent bientôt de. violentes
douleurs de tête, des vertiges et l’insomnie. Le peu de larmes qui. se sécrètent
sont âcres, irritent les paupières et les points lacrymaux. Tous ces accidens s’aggravent
et sont fréquemment suivis de la fièvre, quelquefois même du délire. La
maladie parvient à son plus haut degré le troisième ou quatrième jour, plutôt chez
quelques individus, plus tard chez d’autres; elle parcourt, comme toutes les inflamT
mations, ses stades ou périodes.
Quelquefois elle est moins grave, et porte un caractère séreux : elle se développe
alors plus lentement, et cause moins de douleur; la rougeur est légère; les vaisseaux
de la conjonctive sont jaunâtres. Il y a, dans ce cas, cedématie aux paupières, surabondance
de larmes; le teint du sujet est basané, la langue est sale : ce qui peut
faire regarder cette ophtalmie comme symptomatique ou séreuse.
La terminaison de l’ophtalmie varie. Lorsqu’elle est inflammatoire et abandonnée
aux seules ressources de la nature, il se forme ordinairement, vers le
sixième oü septième jour, plusieurs points de suppuration sur le bord des paupières,
à leur face interne et dans leurs commissures. Ces ulcérations s’étendent
par degrés sur la conjonctive, attaquent la cornée transparente, et souvent la perforent.
Quelquefois la cornée éclate tout-à-coup et sans ulcération: j’en ai vu
plusieurs exemples. La rupture se fàisoit dans les premières vingt-quatre heures de
la marche de la maladie, et lorsque la conjonctive étoit à peine rouge. Il seroit
difficile d’ expliquer les causes de cette rupture prompte et spontanée. Nous nous :
contenterons de faire observer les phénomènes qu’elle a offerts en Égypte. et les
effets qu’elle a produits. L’ouverture qui en résulte est de forme, arrondie, et d’un
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