par ceux de ia suppuration. La fièvre prend un caractère intermittent ; des frissons
se font sentir dans les extrémités ; Ja gêne et la pesanteur augmentent; ics douleurs
sont moins aiguës et plus pulsatives; la langue se couvre d’un enduit blanchâtre;
et lorsque le dépôt s’est formé dans un point du bord libre du foie, ou vers sa face
concave, il fait ordinairement saillie sous les fausses côtes, de manière que l’on
peut sentir la fluctuation à travers les parois musculeuses du bas-ventre.
Si le dépôt s’est formé à la face convexe du foie, il se développe vers la cavité
de la poitrine, il amincit et perfore le diaphragme, et distend la plèvre, qu’il
pousse vers l’intervalle des côtes où les deux feuillets correspondans contractent
des adhérences; le pus ensuite fuse à tra.vers les muscles intercostaux, sort de la
cavité et se prononce sous les tégumens.
Là le dépôt se manifeste par une tumeur plus ou moins sensible, profonde
ou superficielle; il y a fluctuation au centre, et la circonférence reste dure : le
changement de couleur à la peau ne survient que par la quantité du pus accumulé,
ou par sa mauvaise qualité qui altère les tégumens. En pressant cette
tumeur sur-tout si le sujet est irritable, on y sent des pulsations qui augmentent
suivant le degré de pression qu’on exerce. Ce fait, que j’ai observé plusieurs fois,
pourrait faire prendre cette tumeur pour un anévrisme : mais il sera facile dé
l’en distinguer, si l’on fait attention, d’abord, que les vaisseaux des parois du bas-
ventre et de la poitrine sont fort petits et disposés de manière à ne pouvoir
devenir anévrismatiques; ensuite, que les principales artères répandues dans les
cavi tés ne pourraient former des tumeurs assez considérables pour proéminer dans
tes régions où ces dépôts se prononcent. Lorsque ces pulsations sont légères et
permanentes, elles dépendent des artères qui sont en rapport avec les parois du
kyste ; mais celles qui sont excitées par une cause irritante quelconque ou par
la pression, dépendent d’un mouvement spasmodique qui s’établit dans le kyste
et dans les membranes voisines, où la sensibilité est très-forte, à cause de l’état
de maladie dans lequel se trouvent ces parties : cela est si vrai, que, lorsqu’on
cesse de comprimer la tumeur, les pulsations disparaissent, et se reproduisent
alternativement par les mêmes causes. Il suffit d’ailleurs d’étudier la marche des
abcès au foie, pour distinguer cette maladie de l’anévrisme , qui présente des
symptômes d un tout autre caractère.
Les dépôts qui communiquent dans la poitrine, conservent un kyste particulier
qui s oppose ordinairement à l’épanchement du pus dans cette cavité : quelquefois
le lobe inférieur du poumon contracte des adhérences avec le diaphragme
dans les points correspondans au dépôt; et lorsque la matière purulente a détruit
les cloisons qui séparent du foyer purulent Je tissu lobulaire de ce viscère la
matière passe dans le système bronchique, et peut être expulsée par l’expeéto-
ration. Ce cas est assez rare : il est moins rare d’observer que le pus, après avoir
franchi la cloison du diaphragme, s’épanche dans la cavité de la poitrine et
forme un cmpyème purulent. Ces accidens particuliers sont accompagnés des
signes communs a la phthisie et à l'cmpyème.
Les dépôts du bas-ventre, lorsqu’ils ont même dépassé la périphérie du foie,
conservent également un kyste qui augmente en étendue et en épaisseur, à raison
de l’accumulation des fluides qui les forment; cependant, lorsque cette accumulation
est portée à un très-haut degré, les parois du kyste se rompent, et le
pus s’épanche dans la cavité supérieure du bas-ventre. La mort suit de près cet
accident, que j’ai vu arriver plusieurs fois ; c’est pourquoi il faut se hâter de faire
l’ouverture du dépôt.
Mais il arrive aussi quelquefois que, les parois du dépôt contractant des adhérences
avec l’estomac, plus souvent avec l’intestin colon transverse, le pus passe
dans leur cavité, et s’évacue par les selles : on en a vu plusieurs exemples. L’obscrr
vation de la maladie de la femme d’un sergent de mineurs est sur-tout remarquable
par son heureuse terminaison : il en sera parlé plus bas.
Il étoit trop important dé connoître les différentes causes qui ont produit l’hé-
patitis en Egypte, pour qu’elles pussent être long-temps ignorées des gens de l’art;
La chaleur brûlante du jour, attaquant avec plus de force les personnes grasses,
transmet une grande quantité de calorique dans la graisse qui se liquéfie et s’hydro-
génifie, pour ainsi dire. Le mouvement spasmodique et de rétraction qui survient
dans le tissu adipeux et dans la peau , détermine une compression uniforme,
plus ou moins forte, sur cette humeur renfermée dans les cellules de son tissu:
Il s’y opère un mouvement spontané ; elle cherche à s’échapper par les voies qui
lui offrent moins de résistance. La graisse, principalement celle dont les épipioons
sont chargés, se dissipe, comme il le paraît, par l’amaigrissement subit du sujet.
Le foie est le premier à se ressentir de ce changement du système adipeux. Il semble
que les principes de cette graisse, reportés dans la circulation du sang, se déposent
dans lé foie, aux fonctions duquel celles des épipioons se rapportent. Ce viscère
s’embarrasse par l’abord extraordinaire de ces fluides où l’hydrogène et le carbone
sont én excès : il en résulte un foyer de chaleur et une irritation qui produisent
l’engorgement et l’inflammation du foie.
C'est ainsi que, pour se procurer de grands foies d’oies, destinés à la confection
des pâtés, on enferme dans des cages étroites ces volatiles engraissés; on
les expose ensuite à une chaleur graduée, les privant de toute espèce d’aliment
et même d’eau. II se déclare un mouvement fébrile; la graisse éprouve une espèce
de fusion ; le foie s’engorge et acquiert un volume énorme ; on estime qu’il est
au degré que l’on desire , lorsque l’animal est réduit à une extrême maigreur
et que la fièvre augmente.
Le vin pris en quantité, et les liqueurs spiritueuses, sont généralement le fléau
de la santé en Egypte : aussi est-ce à juste raison que la loi du Qorân en défend
l’usage. Ces liqueurs ont encore beaucoup coopéré, avec la chaleur, à déterminer
l’hépatitis ; elles agacent les organes digestifs, dont la sensibilité est extrême dans les
climats chauds. Le mouvement systaltique des vaisseaux est augmenté, et il se
forme un point d’irritation dans les divers organes, sur-tout dans le foie, qui est
le plus disposé à. recevoir l’effét des répulsions de l’huile graisseuse : très-souvent
encore l’abus de ces liqueurs produit la diarrhée, dont la suppression subite donne
l’hépatitis.
E. M.