presque tous les peuples de l’ancien et du nouveau monde, ne nous semble pas
avoir paru dans nos contrées avant les premières invasions des Tatars du Turqùes-
tan en A sie, en Afrique et en Europe : nous sommes même très-disposés à croire
qu elle a été apportée par ces peuples dans les pays qu’ils ont conquis, et que ce
n’est que depuis cette époque que l’usage s’en est répandu, de proche en proche,
dans les autres pays. Enfin nous sommes persuadés que ces sortes de tambours
ont une origine commune avec les divers kou ou tambours actuellement en
usage a la Chine, et dont plusieurs ressemblent beaucoup à la grosse caisse, qu’on
nomme en Egypte, aussi-bien qu en Europe, tambour Turc : nous essaierions même
de le prouver, si nous ne craignions pas de trop nous étendre.
La plupart des gros tambours dont se servent aussi les Égyptiens, sont à peu
près de même forme que les nôtres ; mais, en général, le diamètre de leur grosseur
est plus grand que celui de ces mêmes instrumens chez nous.
Celui de tous les tambours des Égyptiens modernes qui a le plus de volume, s’appelle
tabil Tourky Ce tambour est semblable à notre grosse caisse militaire,
que nous nommons aussi tambour Turc : il se bat cle même, d’un côté, avec
une baguette dont la tête est terminée par un tampon recouvert en peau, et, de
1 autre, avec un faisceau de lanières de cuir de buffle qu’on nomme derykah
Cette grosse caisse, ainsi que celui qui la bat, sont portés sur un âne.
La seconde espèce de' tambour s’appelle J u L tabil belady, c’est-à-dire,
tambour du pays. Ce tambour est plus gros que nos caisses militaires ordinaires,
mais il est moins grand que le tambour Turc : il est cependant suspendu, de même
que celui-ci 1 est chez nous, devant celui qui le bat, c’est-à-dire que le cylindre est
dans une direction horizontale, et qu’il se frappe de même. Ces instrumens-là font
partie de Ja musique civile et militaire.
Il y a encore une autre espèce de tambour qu’on nomme darâboukkeh ¿ Ï U ,
Pour celui-ci, à cause de sa singularité, il a été dessiné et gravé dans cet ouvrage ’
p l. C C ,fig . yr.
On voit des darâboukkeh construits en bois, et d’autres qui sont en terre cuite :
celui que nous avons fait dessiner et qui est gravé, est de cette dernière espèce;
nous lavons^préféré au darâboukkeh en bois, parce qu’il nous a paru avoir un
son plus clair et plus agréable. Cet instrument ressemble à un long et large entonnoir.
Nous appelons la partie large et évasée de l’entonnoir, le vase, V ; celle qui
est cylindrique, nous la nommons la queue de l ’entonnoir, Q : ces deux parties
sont d une seule pièce. Le vase V a extérieurement la forme d’un cône tronqué
renverse, de la base duquel les bords * seroient arrondis. Ce cône est haut de
i ° J milhmètres ; son plus grand diamètre, qui est à ¡4 millimètres au-dessus de
sa base, a cause de 1 arrondissement des angles, est de z 17 millimètres. La table T
est faite d’une peau de bayâd tendue et collée sur le vase V : le diamètre de sa
surface est de 192 millimètres. La queue Q est un cylindre creux, haut de
194 millimétrés; le diamètre du canal de ce cylindre est de ¡4 millimètres.'Enfin
la hauteur totale de ce tambour est de 302 millimètres.
L e darâboukkeh ne se voit guère qu’entre les mains des saltimbanques, des
jongleurs ou farceurs de carrefour, et de ceux qui accompagnent les danseuses
publiques appelées ghaouâzy. Quelquefois aussi-les femmes esclaves s’amusent à en
jouer pour se récréer.
Quand on veut se servir de cet instrument, on le tient sous l’avant-bras gauche,
de manière que le coude porte sur la queue Q , que la main gauche soit appuyée sur
le haut du Vase T , et que les doigts puissent frapper sur les bords de la table. On
frappe alternativement de la main droite sur le centre c de la table, et des doigts de
la main gauche près de la circonférence.
Nous avons déjà parlé des divers rhythmes que marquent sur le darâboukkeh
ceux qui en jouent, et nous les avons notés en musique dans notre Mémoire sur
l’état actuel de l’art musical en Égypte, partie, chap. I I , art. V, pag. 700. Ainsi
nous y renvoyons, pour ne pas répéter ce que nous avons déjà expliqué.