
de leurs fautes, l’abus de leurs collyres âcres et les fâcheux résultats de leur traitement,
n eussent contraint ceux qui n’avoientpas encore été victimes, à rendre
aux officiers de santé de l’armée la confiance que leur avoient méritée leur zèle et
leur constante application.
L observation et les recherches nous conduisirent bientôt à la connoissance
exacte de cette maladie, des causes qui la produisoient, des phénomènes qu’elle
presentoit dans sa marche, et des succès que pouvoient faire obtenir les moyens
qu on mit en usage pour la combattre. Une suite d’observations et d’expériences
heureuses forma la base du Mémoire que j’ai communiqué à l’Institut d’Égypte
en l’an 7 [ 1798 ] sur l’ophtalmie, et qui sera le premier de ce recueil. Les préceptes
qu’il renferme ont été appliqués, peu de temps après notre arrivée dans ce
pays, avec un tel succès, que cette maladie étoit devenue, même dans les mains
des plus jeuneseleves, la plus simple et la plus facile à traiter.
Une maladie plus terrible encore vint attaquer plusieurs militaires qu’avoient
déjà maltraités les combats : souvent elle terminoit leur carrière au moment même
où leurs blessures ofFroient les plus belles espérances. Je veux parler du tétanos
traumatique, que déterminèrent des influences particulières du climat Égyptien, de
concert avec 1 irritation nerveuse donnée par les blessures.
Cette maladie, reconnue mortelle-par tous les auteurs, résista d’abord à tous
les moyens qu’ils conseillent de lui opposer; et nous fûmes quelqüe temps, maigre
les soins les plus assidus, malgré l’emploi varié de ces mêmes moyens, simples
spectateurs de ses terribles effets.
Cependant l’usage de quelques médicamens déjà connus, mais différemment
préparés, et employés avec des modifications particulières, sauva la vie à quelques-
uns. L’amputation du membre blessé, faite dès l’invasion des premiers accidens,
a eu sur-tout, dans quelques circonstances, un heureux résultat. Ce moyen fait
le principal objet du Mémoire que j’ai rédigé sur cette maladie, et qui tiendra le
second rang dans ce travail. Je n’y ai point tracé l’histoire du tétanos ; je me suis
contenté dy présenter, d’une manière succincte, le tableau de ses symptômes, ses
causes, sa terminaison, et plusieurs observations qui étayent ce que j’avance.
Les premières chaleurs que nous eûmes à essuyer en Egypte, déterminèrent,
chez plusieurs individus d’un embonpoint plus ou moins considérable, une altération
notable dans la substance adipeuse des omentum et du tissu cellulaire, altération
dont les effets portoient immédiatement sur l’organe hépatique. Bientôt,
dans cet état, son appareil vasculaire et glanduleux, dont l’extrême divisibilité
affoibht le ressort et s’éloigne du mouvement systaltique général, s’engorge et
s enflamme; et cette inflammation, à raison de son intensité et de sa marche rapide,
se terminoit constamment par la suppuration, lorsque le malade ne recevoit
pas à temps les secours nécessaires. L’incertitude, l’irrégularité des symptômes de
cette affection, et les préceptes non moins incertains que prescrivent les auteurs
pour la vaincre, rendirent infructueux les effets des moyens conseillés par ces mêmes
auteurs : il fallut faire des recherches pour en arrêter les progrès et en prévenir
les suites radieuses ; il fallut, en quelques circonstances, plonger profondément
l’instrument
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l’instrument tranchant, pour ouvrir les abcès qui survenoient. Ces dépôts et l’inflammation
qui les prépare, font le sujet d’un autre Mémoire; étayé de plusieurs
observations. Le mode d’opération que nécessite ce dépôt, et les pansemens qui
doivent le suivre, me paroissent offrir quelque intérêt.
11 me seroit plus difficile d’expliquer comment les influences de ce climat ont
pu coopérer, avec de très-légères causes locales, à la destruction graduée et presque
insensible des principaux organes de la génération; je me contenterai d’exposer les
effets de ces accidens dans une NotiGe intitulée Atrophie des testicules, en indiquant,
à la fin, les moyens et les précautions à mettre en usage pour s’en garantir :
un assez grand nombre d’individus en ont été victimes.
Il n’est pas moins remarquable de voir les enveloppes de ces organes, jusqu’aux
tégumens, se dénaturer, se distendre outre mesure, et prendre un accroissement
monstrueux , maladie que les auteurs désignent sous le nom de sarcoccle : j’en
rapporterai quelques exemples accompagnés de leur figure. Cette affection, très-
fréquente chez les naturels du pays, n’a point épargné nos soldats.
Ce n’étoit pas assez pour eux d’essuyer les fatigues et les vicissitudes de la campagne
mémorable de la Syrie, et d’avoir souvent à redouter les dangers des blessures
graves qu’ils avoient reçues dans différens combats; il fàlloit encore qu’ils
éprouvassent les effets de la peste, qui venoit fondre sur eux, quelquefois au moment
oii ils touchoient à leur guérison.
Sans prétendre décrire cette maladie, dont les médecins de l’armée feront sans
doute un tableau très-détaillé, j’exposerai succinctement ses symptômes, et je ferai
connoître les moyens que la chirurgie a employés pour en arrêter les effets.
Au retour de l’armée en Égypte, et dans le passage des déserts voisins de l’antique
Péluse, plusieurs de nos militaires, tourmentés par la soif, se jetoient dans
des espèces de puits ou cloaques remplis d’une eau douce, mais très-bourbeuse,
qu’on trouvoit de distance en distance. Ils y puisèrent, avec l’eau, de petites sangsues
qui échappoient à leur vue. Ces sangsues s’arrêtèrent dans divers sinus de l’arrière-
bouche et du pharynx, s’y développèrent, et causèrent des accidens assez fâcheux
pour menacer la vie de quelques soldats. Ce phénomène singulier fait le sujet
d’une autre Notice.
Les blessures que nous donna le siège du Kaire , se compliquèrent, pendant
leur traitement dans l’hôpital de la ferme d’Ibrâhym-bey, d’une maladie funeste qui
me parut présenter tous les symptômes de la fièvre jaune : ces causes sembloient
dépendre des influences de la saison (qui étoit celle du khamsyn), et de l’état particulier
où se trouvoit alors l’hôpital. J’esquisserai cette complication.
J’ajouterai à ces divers Mémoires des remarques sur des éruptions lépreuses
qu’excita l’usage de la viande de porc ou de salaison, sur la lèpre et l’éléphan-
tiasis, sur la morsure des chameaux, sur le scorbut, sur la manière de traiter les
maladies vénériennes dans le climat de l’Égypte, sur les phénomènes particuliers
qu’ont présentés les blessures faites par les armes à feu des Arabes et des Turks,
sur l’ambulance volante, sur l’établissement d’un hôpital civil où j’avois réuni
toutes les femmes publiques affectées de maladies vénériennes, toutes les femmes
* tu E . M .