
d’attacher les coeurs à la patrie que de les en
éloigner , plus capable d’entretenir le patriotifme
que de l’éteindre , en unifiant intimement l’intérêt
particulier à la caufe publique, & en obligeant les
poffefl'eurs d’afrions à foutenir & fàvoril'er le crédit
national, dont leur fortune dépend.. Pour ce qui
eft des actionifles , il eft aifé dé faire voir qu’ils
produifent plus de bien que de mal. Ce font les
léviers qui font mouvoir la machine. Sans eux il
n’y aurôit point de circulation. C’eft leur jeu d’actions
qui a mis l’Angleterre en état de faire des
emprunts énormes lans s’écrafer. Les aclionijies
feuls ont l’art de faire fortir tout l’argent des coffres
, & de le mettre en circulation pour le fér-
vice du gouvernement. La facilité de vendre fon
fonds à terme, & de donner & prendre des primes
fur ce même fonds , engage beaucoup de gens
à placer ainfi leur argent, ce qu’ils ne feroient pas
fans ces avantages. Il y a un grand nombre de gens
pécunieux , tant en Angleterre qu’en Hollande ,
qui ne veulent pas placer définitivement leur argent
dans les nouveau# fonds, pour ne point en coiirir
les rifques pendant la guerre. Que font-ils? ils
placent pour dix , quinze , ou vingt mille livres
fterling en annuités, qu’ils vendent à terme aux
agioteurs , au moyen de quoi ils tirent un gros
intérêt de leur argent, fans être fujets aux variantes
qui font pour le compte de l’agioteur. Ce manege
fe continue pendant plufieurs années , & pour plu-
fieurs millions : c’ eft ce qui a mis le gouvernement
d’Angleterre en étant de faire des emprunts q u i,
fans le jeu d’afrions & les moyens ingériieux que
les agioteurs ont mis en ufage , auroient été abfo-
lument impoflibles. De forte que le gouvernement
d’Angleterre a , par ce jeu-là, balayé non-feulement
l’argent de ceux qui vouloient de cès fonds,
mais encore tout l’argent de ceux qui n’en vouloient
pas. L’avantage qu’il a tiré des actionifles eft
donc confidérable. Voye^ /e Traité de la Circulation
& du Crédit cloii cet article ejl extrait.
ACTISANËS, ( Hifloire d'Egypte. ) Les Egyptiens
gémiflant fous la tyrannie d’Amenophis, fou-
pirôient après un libérateur. Actif ânes, roi d'Ethiopie,
fut touché du malheur de fes voifins, & voulant
venger la caufe des rois fur un monftre qui avi-
lifloit le trône , il entra dans l’Egypte, moins par
l’ambition de la conquérir que par la gloire d’ef-
fuyer les larmes d’un nation infortunée. Ses fuccès
furent aufîi brillans que fes motifs avoient été
purs. Aménophis fut vaincu & puni, & la recon-
noiflance publique plaça fur le trône Actif ânes, qui
avoit été le libérateur des peuples. Il juftifia le
choix de la nation par la maniéré dont il la gouverna
: modefte dans la fortune, il foula aux pieds
la pompe du trône & le luxe de fes prédécef-
feu r s , & ne mit fa gloire qu’à jouir du bonheur
de fes fujets. L’Egypte & l’Ethiopie-, gouvernées
'par un roi pere & citoyen , furent purgées d’un ef-
fain de brigands qui troubloient la tranquillité publique
; & voulant rendre les châtimens utiles,
il ne décerna point des peines de mort contre les
coupables, il leur imprima une flétrifliire qui les
diftinguoit des autres citoyens , & après leur avoir
fait mutiler le nez , il les rélegua dans une ville qu’il
fit bâtir au milieu des déferts arides. La ftérilité
du fol qui refufoit tout à leurs befoins, les rendit
induftrieux. La néceflité, fécondé en découvertes,
y fit germer l’abondance , & leurs marécages devinrent
des plaines couronnées de moiflbns. Acti-
fanès, après avoir fait le bonheur de fon peuple
pendant l’on régné, eut la noble ambition d’être après
la mort le bienfaiteur de la génération fuivante :
il pouvoit choifir dans fa famille un héritier ; mais
perfuadé qu’une nation eft toujours la plus éclairée
fur fes intérêts , il laiffa aux Egyptiens la liberté
de lui donner un fuccefleur. ( T— n .)
§ ACUTANGULAIRE,/er1io/z acutdngulaire d’un-
cône. (Géom.) Les premiers géomètres- qui confidé-
rerent les feûions cohiques , ne firent attention
qu’au cône droit, tel que le cône défini, par Euclide
{D c f 18. livre XI.'); & ils s’attachèrent uniquement
aux fefrions formées par un plan perpendiculaire à
un des côtés du cône. U eft manifefte qu’une pareille
feftion eft une ellipfe, li le cône eft acutangle; une
parabole, s’il eft refrangle ; & une hyperbole, s’il eft
obtufangle, parce que--, dans le premier cas, le plan
coupant rencontre le' côté oppofé du cône ; dans le
fecortd cas , le plan eft parallèle au côté oppofé ; &C
dans le troifieme cas, le plan rencontre le cône oppofé
par le fommet au cône coupé. Aufîi Archimede
ne parle que de la fefrion du cône acutangle, de celle
du cône refrangle , & de celle du cône obtufangle.
Les noms d'ellipfe, de parabole & d’hyperbole fe trouvent
pour la première fois dans Apollonius, qui fut
probablement le premier à confidérer le cône fca-
lene & les fefrions obtufangles. Voyv^ Wallis O per,
tome I , page 29 j . ( J. D'. C. )
A D
ADACA , f. m. ( Hift. nat. Botaniq.) Plante annuelle
des Indes, appellée adaca-manjen dans l’/for-
tus Malabaricus, qui en donne une très-bonne figure
quoiqu’incomplette , vol. X , page 8 5 , pl. 43. Les
Brames la nomment mundi. Elle eft du genre de celles
que M. Vaillant crut pouvoir appeller fphceranthus,
c’eft-à-dire fleur en tête Si boulette, dont il donne
le carafrere & la figure des fleurs dans les Mém. de
l 'Acad.pour Cannée iyic), page 382 >pl. 20. M. Linné
la défigne fous le nom de fphceranthus indicus foliis
decurrentibus lanceolatis ferratis , pedunculis crifpatiè.
Syjlema nat. édition 12 , page 581, n°. 1. Mais ce
nom de fphceranthus , fleur en tête , fleur en boule
ou boulette, pouvant convenir à deux cens autres
plantes fort différentes, qui portent ainfi leurs fleurs
raffemblées en tête, nous croyons devoir conferver
à cette plante fon nom de p a y s , adaca , plutôt que
de le changer en un autre beaucoup moins propre
ou trop général.
Cette plante croît en abondance dans les fables
humides & maritimes de la côte du Malabar, oîi elle
s’élève à la hauteur de deux pieds ou environ , fous
la forme d’un buiffon ovoïde, qui a à-peu-près le
port de l’échinope. Ses racines forment un fâifc'eau
de fibres blanches longues de cinq à fix pouces,
dont les plus groffes ne paffent guere le diamètre
de deux lignes. Sa tige, qui eft nue & cylindrique
à fon origine , a quatre lignes de diamètre,.& fe
divife du bas en haut en plufieurs branches alternes
médiocrement ferrées, qui s’écartent fous un anglè
de quarante-cinq degrés, & qui font ailées, c’ eft-à-
dire garnies dans toute leur longueur, de membranes
velues, dentelées, crepues, de deux lignes de largeur
, qui font le prolongement des feuilles. Celles-
ci font alternes, fort ferrées, & rapprochées à un
demi-pouce de diftance les unes des autres, elliptiques,
pointues aux deux bouts, longues de deux
pouces, une fois moins larges, ondees, crenelées
irrégulièrement & crepues, molles cependant, velues
, vifqueufes au point qu’elles fe collent enfem-
ble lorfqu’elles fe touchent, relevées d’une groffe
nervure fur les deux faces, & attachées fans aucun
pédicule fur les tiges, le long defquelles leurs côtés
membraneux fe prolongent pour y former des ailerons
, comme il a été dit.
Les extrémités des branches font terminées par
un bouton fphéroïde de neuf lignes environ de
diamètre, porté fur un pédicule, à peine de cette
lonoueur, ailé de trois à cinq membfaneà côiiifne les
branches. C e bouton n’eft autre chofe qu’un calice
commun, qu’une enveloppe compofée d’environ
cent écailles ou feuilles molles elliptiques , obtiïfes,
fort courtes, imbriquées ou tuilées fur cinq à fix
rangs, qui contiennent autant de paquets de fleurs
purpurines foncées. Chaque paquet eft compofé de
fix à huit fleurs, portées fur un petit pédicule entouré
de douze à quinze écailles; & de Ces fix à1
huit fleurs de chaque tubercule, les trois ou quatre
du centre font hermaphrodites ftériles, pendant que
les trois ou quatre autres du contour font femelles
& fertiles. Ces fleurs font toutes en fleuron, c’eft-
à-dire en tube fort menu & long, d’une feule piece,
marqué feulement de cinq dents à fon extrémité,
qui porte, dans les fleurons ftériles feulement, autant
d’antheres alternes avec elles, & cachées dans
fon intérieur. Chaque fleuron furmonte un ovaire
cylindrique fort petit, qui porte un ftyle à un feul
ftigmate dans les fleurons ftériles , & à. deux ftigma-
tes dans les fleurons femelles ; il n’y a que ceux-ci
qui foient fertiles, c’eft-à-dire qui parviennent à matu*
rité, & qui deviennent autant de femences ovoïdes,
oblongues, rouffes. c
Qualités. Toute cette plante a une faveur âcre
Si une odeur pénétrante , mais agréable dans toutes
fes parties, racines, feuilles & fleurs.
Ufages. Ses feuilles fe mangent dans les maux
d’eftomac & les coliques ; mais, pour les guérir, on
fe fert plus volontiers dé la poudre de fes racines
féchéeSi au foleil. On boit aufli la décofrion de fes
tiges, feuilles & fleurs dans les coliques venteufes,
en faifant en même tems des frifrions fur Te bas-
ventre/avec la poudre de cumin. La même décofrion
avec le miel fe boif dans lés toux violentes; Oh remploie/
aufir intérieurement.èn topique , en formant
avec'fa poudre & l’huile, un onguent contre la galle
& les autres maladies de' la peau. L’ccôrce dé fa
racine, broyée avec le petit-lait , s’applique avec
fuccès fur les hémorrhoïdes.
/ Remarques. L’adaca méritoit, comme l’on v o it , de
faire un genre nouveau voifin de l’akoub & de l’échinope
dans la famille dès plantes compofées,- c’ eft-
à-dire à fleurs raffemblées en têtes. Jean Commelin
avoit affez bien défigné cette efpece , fous le nom
de planta indïca, alato caule, folio crenato &vifc'ofo,
flore glomerato purpureo. J. Commel, Hortus Malabaricus,
volume X , page 8 6 , dans Us notes ; & il remarque
fort à propos que le belutta adeca manjen, que
Van Rheéde, auteur de YHortus Malabaricus, dilbit
être une fécondé efpece de Y adaca , eft fort différente,
& appartient à la famille des amarantes,
Deuxieme efpece.
Il croît encore dans les Indes une fécondé efpece
d’adaca, que M. Linné & M. Burmann ont cru pouvoir
confondre avec la précédente ; c’eft celle que
Plukenet appelle fcabiofa indica major, caule & pedi-
culis foliofis, exoris Coromandel (Almagefl.p. 3 $ 5 •)>
& dont il donne une figure tres-médiocre, planche
3 12 , n°. 6. M. Burmann en a fait graver une figure
un peu plus exafre , quoiqu’incomplette , fous la
dénomination de fphæranthos purpurea, alata, fer-
rata. Thefaurus Zeylanicus, page 220, planche $ 4 ,
n°-3 -
Celle-ci fe voit aufli, félon M. Burmann, dans
l’île de Ceylan, où elle s’élève rarement au delà
d’un pied de hauteur. Sa tige, ordinairement fimple,
fans ramifications, a une ligne ou une ligne & demie
au plus de diamètre. Ses feuilles, aufli rapprochées
que dans Y adaca, font beaucoup plus petites, plus
alongées, plus étroites, longues d’un pouce & demi,
trois fois moins larges , dentelées plus finement,
plus également, velues légèrement, fans vifeofité ,
Tome 1.
fans aucune cnipatibn, Elles fe prolongent pareille»
ment le. long des tiges , fur lefquelles elles forment
des ailerons, mais peu .élevés, à peine, d’une, ligné
dé hauteur & fans.icrifpations» Les têtes-de fleurs
ont à peine fix lignes de diamètre , & font portées
fur un pédicule ailé, mais une à deux fois.plus long
qu’elles.:-;
Remarques. On jugera facilement par Ces diffe-*
rences notables & confiantes, que cette.efpece n’eft
pas une variété de la première, & que M. Burmann
s’eft lqiffé trop légèrement entraîner par. le jugement
de Petiver, quiregardoit non-feulement .ces deux
efpeces, mais encore la fuivante, comme trois variétés
de la même plante figurée dans fes çlifférèns
âges , la première dans fa jeuneflè , la fécondé dans
le moyen âge , & la troifieme dans fa maturité*
Voye£ Petiver, Tranfactionsphilofophiqius, n i. 2 4 4 ,
page 3 3 2 ; & Ray, Hifloria univerfalis plantât km ,
vol. I I I , page 235. En penfant ainfi, Ces trois;auteurs
& M. Linné n’étoient pas entrés dans les détails que
nous a permis l’examen de ces plantes vivantes, qui
les eût fait changer de fentiment,
Troifieme efpece.
Voici la troifieme efpece que Petiver croyoit
n’être que Y adaca parvenu à fa maturité. Mais MM.
Linné & Burmann ont reconnu depuis, que ce bota-
nifte s’étoit trompé. Vaillant la nommoitfphceranthus
folio oblongo minor (Mêm. de ÇAcad, pour l'année /y/p,
page 347.). Plukenet en a donné une figure aflèz
médiocre & incomplette, fous le nom de fcabiofa
minor, alato caule, maderafpatana ( Almagefle, page
335 , planche 1 0 8 figure y. ). M. Linné l’appelle
Jphoeranthus africanus foliis decurrentibus ovatis, ferra-
•tis, pedunculis teretibus. Syflema nattirez , édition 12 ,
page 581 , 7z°, 2 ; Si M. Burmann l’a figurée fous la
même dénomination. Indic. plant, page 68, n°, /.
La différence la plus grande qui fe remarque entre
cette efpece & les deux précédentes, confifte en ce
que le pédicule qui porte les têtes de fes fleurs eft
nu , fans aucun aileron, à-peu-près d’égale longueur
avec elles, & que fes feuilles font comme celles de
la fécondé efpece , mais plus courtes & plus larges
à proportion, ayant à peine deux fois moins de largeur
que de longueur.
Remarques. Nous avons obfervé encore quelques
autres efpeces de ce genre au Sénégal; nous
en donnerons l’hiftoire & la figure en fon tems,
(M. A d a n s o n . )
ADAB ou Adad, (Hifl.fac.) c’eft le nom de.plu-
fieurs rois de Syrie & de Damas, qui fe fuccéderent
les uns aux autres de pere en fils, & firent long-tems
la guerre aux Juifs. David en tua un. Son petit-fils
vintafliégerSamarie fous le régné d’Achab, fut obligé
de lever le fiege, & fut fait prifonnier l’année fuivante
par le même ro i, qui lui rendit la liberté, &
fit une alliance avec lui. Adad libre recommença la
guerre , & périt dans une bataille. Son fils, appellé
Benadad, affiégea Joram dans fa capitale , & le ré-
duifit à la plus grande famine, & l’auroit obligé à fe
rendre ou à mourir de faim , fi Dieu n’eût envoyé
une terreur panique dans le camp des Syriens , qui
leur fit lever le fiege. Benadad en tomba malade de
défefpoir, & fut étouffé par Hazaël fon fils qui lui
fiVccédâ.
* § ADAD ou Adod , (Mythol.) divinité des Affy-
riens ; & À dod , nom que les Phéniciens dônnoienr
au maître des dieux, font le même, favoir le. fôleil,
comme Bochart l’a prouvé dans fon Chanaan, lïv. II,
chap. 8. ( Lettres fur l ’Ency clopédie.)
* ADAKODIEN, f. m. (Hift. nat. Botaniq.) Nouvelle
efpece d’afclepias ou dompte-venin , qui»n’eft
indiquée nulle part que dans YHortus Malabaricus
où elle eft affez bien repréfentée fous ce nom, vol.
X . ÿ .