
 
        
         
		2 . 0   4 Â G E 
 Artàxerxe menaçoitla G tece, &  c’étoitfur Sparte  
 qu’il de voit  frapper les .premiers coups.  Agéjîlas re-  
 çréfenta qu’il  feroit  plus  avantageux  de  .porter  la  
 guerre  en  Afie que  de-la  foutenir en Europe.  Il fut  
 ■ chargé  de  cette  expéditon,  ôc  il  arriva  dans des  
 .provinces  -de  la  Perfe  avant  qu’on  foupçonnât  ’  
 qu’il  eût  quitté  la -Grece.  Quoiqu’il  n’eût  qu’une  
 ■ très-foible armée  ,  il dicta des  loix  à Tifapherne qui  
 confentit  à  laiffer  la liberté, à  toutes  les villes grecques  
 de 4’Ailé ,  à  condition  qu’il n’exerceroit  aucune 
  hoftilité  dans -fe province. Ce  n’étoit que pour  
 Te  préparer  à la  guerre  que  Tifapherne  faifôit  un  
 £  grand  facrifice.  Dès  qu’il  eut  raffemblé  fés  forces  
 il  prit  le  ton  de  vainqueur,  &   fit  dire à Agé-  
 Jilas  qu’il  eut  à  s’éloigner  de  l’Afie , s’il ne vouloit  
 .pas  éprouver fes  vengeances.  Le Spartiate  indigné  
 4e cette .pe-rfîdig,  fit  femblant de  tourner fes  armes  
 ■ contre  ia  Cane  où  le  fatrape  avoit  d e -, grandes  
 .poffeffions.  Thifapherne  pour  les  conferver  ,  ' y   
 -porta  toutes  fes forces ;  alors  Agéjîlas fe jetta dans  
 laPhrygie,  qu’il  trouva  fans  défenfeurs.  Il y  fit  un  
 Lutin immenfe  qu’il abandonna à fon armée.  S’étant  
 -retiré  à  Ephefe  ,  il  inftitua  des  j e u x &  propofa  
 des prix  pour  animer l’émulation du foldat  &  pour  
 entretenir  la  difeipline  militaire. 
 Agéjîlas  qui -avoit  trompé  le-fatrape  par un  faux  
 bruit,  le   trompa  par  une  vérité  la  campagne  fui-  
 vante.  Il  fit  publier  qu’il  marchoit  en  Lidie,  &   
 comme  il déclaroit  hautement  fon  deffein  ,  on crut  
 qu’il  en  vouloit  réellement  à  la  Carie.  Tifapherne  
 y   envoya  l’élite  de  fes troupes ,  &  Agéjîlas profita  
 de  fon  erreur pour marçher à  Sardes  dont.il  forma  
 le  fiege.  Tifapherne  tente  de  délivrer cette place,  
 al  engage  un  combat  où  il  eft  vaincu.  Ce  latrape  
 malheureux  fut  traité  en  coupable.  Il  fut  arrêté  
 dans le bain,  on lui coupa  la  tête  qui  fut  envoyée  
 à  la  cour de  Perfe.  Son  fucceffeur  fit  des  propos 
 io n s  de paix ,  mais  Agéjîlas  répondit qu’il ne pourvoit  
 rien conclure fans y   être autorifé  par un  ordre  
 de Sparte.  Il fortit  de  l’Afie  mineure  pour fe jetter  
 dans  la  Phrygie  , où il  fe  rendit maître  de plufieurs  
 villes.  Mais  tandis  qu’il  étendôit  fes  conquêtes,  
 Sparte fut attaquée par Thebes,  Argos  &   Corinthe.  
 Agéjîlas  rappellé  au  fecours  de  fa  patrie,  fe plaignit  
 d’être arraché  de  l’Afie par  trente mille archers,  
 faifant  allufion  aux  dariques,  pièces  d’or  où  la figure  
 d’un  archer  étoit  repréfentée , &   qu’on avoit  
 employées  à corrompre les Grecs : mais il crut que  
 l ’obéilfance  aux  ordres  de  la  patrie  lui  feroit  plus  
 glorieufe  que  la -conquête  de  toute  l’Afie.  Il  ufa  
 de tant de célérité qu’il traverfa en trente jours l’étendue  
 de  pays que Xerxès avoit été  un an à parcourir.  
 Les Athéniens joints aux Béotiens  oferent  l’attaquer  
 dans  fa marche,  ils  en vinrent  aux mains  dans  les  
 plaines  de Coronée.  Il  en  fit un  horrible  carnage.  
 Ceux qui furvécurent à cette défaite ,  fe réfugièrent  
 dans un temple de Minerve ; &  quoiqu’une  bleffure  
 reçue  dans  le  combat  dût  lui  infpirer  du  reffenti-  
 mens,  il défendit  de Touiller  le  fanriuaire de  la divinité  
 ,  &   cet  afyle  fauva  la  vie à une  multitude  
 d’infortunés.  Il  fut  chargé  de  marcher  contre  les  
 Corinthiens, &   les ayant  vaincus , il  lui étoit facile  
 de  fe  rendre  maître  de  leur  ville ;  mais  attendri  
 fur  le  fort  de  la Grece  déchirée  par fes propres en-  
 fans ,  il  dit  à  ceux  qui  lui  propofoient  de  détruire  
 cette v ille , qu’il  vouloit  lailfer aux habitans  le  tems  
 du  repentir,  &  qu’il  lui  feroit  honteux  de  priver  
 la  Grece  de  fes  remparts,  en  détruifant  les  villes  
 qui  fervoient  de  barrières  aux  barbares.  Il  ne  fe  
 trouva point à la bataille de Leurires qui éclipfa pour  
 jamais  la  fplendeur  de  fa patrie.  Il  lembla  qu’il  en  
 préfageoit le funefte événement. L ’armée viriorieufe  
 le  prefenta  devant Sparte fans murailles ,  mais  Agéjîla 
 s  fut  fon rempart.  Le$ riçheffes  qu’il  avoit enle- 
 A  G  E 
 vëe's de  la  Perfe , avoientété verfées dans  le  tréfor  
 public,  &  il  s’étoit  fait  un  fcrupule  d’en réferver  
 rien pour lui. Ce fut  la reffource  de Sparte  dans fes  
 revers.  Quoiqu’il eût fait une  guerre  heureufe dans  
 un pays où le faite  6c la molleffe  en impofoient à la  
 multitude,  il  ne renonça  jamais.à  l’auftérité  de  la  
 difeipline  de  Lycurgue.  Sobre  &   frugal ,  les mets  
 qu’on  lui  fervoit  étoient  fans  apprêt  ,  &   l’appétit  
 excité par  les  exercices du  corps ,  leur  tenoit  lieu,  
 d’affaifonnement. Il cônferva l’antique fimplicité dans  
 fes  habits,  &   ce  fut  par  l’innocence.de fes moeurs  
 qu’il  ambitionna la fupériorité fur  le  refte  des hommes; 
   Quelqu’un  donnant  en fa préfence  le  nom de:  
 grand  roi au monarque-Perfan,  il  n’efl pas,  dit-il,  
 plus  grand  que moi,  s’il  n’efl  pas  plus  vertueux.  
 Quoiqu’il  eût pu choiiir  un  fuperbe  palais,  il préféra  
 une  antique  chaumière  qui  avoit été  habitée  
 par Euriftene ,  l’un  de fes ancêtres.  On n’y   remar-  
 quoît  aucun  dé  ces  ornemens  inventés  par le luxe  
 &   la  molleflé.  Tout  y   retraçoit  la  pauvreté  &   le  
 dédain  des  commodités.  On l’eût plutôt prife  pour  
 la  cabane  d’un  Ilote,  que  pour  la  demeure  d’un  
 grand  roi. 
 La  nature en  l’enrichiffant  de  toutes  les  vertus  ,  
 avoit  été pour  lui une mere bienfaifante  ;  mais  aufli  
 elle  fembloit n’être qu’une  marâtre  impitoyable en  
 renfermant  fon ame  dans  une  corps aufli  difforme-'  
 Son  extérieur  rébutant  lui  attirpit  le  mépris  des  
 étrangers.  Il en fit  l’expérience en Egypte: où il commanda  
 une armée  de  Grecs mercénaires  pour  fou-  
 tenir  Tachos  attaqué  par  les  Perfes.  Il  parut à  la  
 cour  d’Alexandrie  paré  de Tes  feules  vertus.  La  
 pauvreté  de  fes  habits,  fa  fuite  &   fon  équipage  
 ne laifferent appercevoir  dans  le héros de  la Grece,  
 qu’un  vieillard  pauvre  &   décrépit.  Les  courtifans  
 énervés par  le  luxe  ,  ne  virent  qu’un  çenfeur  importun  
 de  leur molleffe; &  le roi lui-même choqué  
 d’un  extérieur  qui  n’annonçpit  qu’un  homme  vulgaire  
 ,  lui  ôta  le  commandement  pour  le déférer,  
 à  l’Athénien  Chabrias,  qui  avoit toute  la foûpleffe,  
 d’un courtifan délicat.  Les yeux  fafeinés par  le luxe  
 ne  pouvoient  appercevoir  l’homme  fupérieur  dans'  
 celui  qui n’avoit  d’autre  lit que  la paille ou  un  peu  
 de  gazon,  qui  fe  nourriffoit  de  mets  dédaignés ,   
 qui  rejettoit les  couronnes  &   les parfums.  Le monarque  
 Perfan  lui  envoya  des  provifions  abondantes  
 &: chôifies, il lui  fit  préfènt d’étoffes  précieufes  
 pour  le  diftinguer  de  fes  foldats ;  le  Spartiate  dédaigneux  
 fit diflribuer le  tout à fes efclaves. Tachos  
 porta  la  guerre  dans  la Phénicie ; ' en  vain  Agéjîlas  
 réduit  à  commander  un  corps de  mercénaires,  lui  
 repréfenta  le  danger  de  quitter  fes  états ;  un con-  
 feil  aufli  fage  ne fut point écouté.  Dès  que Tachos  
 fut éloigné, fes fujets remuans  &  féditieuxlevèrent  
 l’étendard  de  la  rébellion,  &  fon parent  Nerianebe  
 fut  proclamé roi.  Agéfilas  pour  fe  venger  des  dédains  
 qu’il avoit  effuyés,  fut  le  premier à le  recon-  
 noître.  L’ufurpateur eut  bientôt un coricurrent dans  
 Mutus,  citoyen de  Mendès ,  .qui  lui  difputa  l’empire. 
   Agéjîlas  lui  eonfeilla  de marcher  contre  ce  
 rébelle  pour  ne  pas  lui  laiffer  le  tems  de  raffem-  
 bler  fes  forces.  Nerianebe  eut  lieu  de  fe  repentir  
 d’avoir dédaigné ce confeil. Mutus, ariif &  vigilant  
 le  contraignit de  fe  retirer  dans  une  ville  dont  il  
 forma  le  fiege.  Agéjîlas  fut  follicite  de fondre  fur  
 lesafliégeans, mais il attendit que leurs forces fuffent  
 divifées  pour  faire  une  Tortie  qui eut un  plein fuc-  
 ces.  Agéjîlas,  couvert  de  gloire ,  fut  élevé au.com-  
 mandement  général  de  l’armee.  Mutus  battu  dans  
 plufieurs  rencontres,  tomba  au  pouvoir  du  vainqueur. 
   L’Egypte  paifible  reconnut  Agéjîlas  pour  
 fon libérateur.  Il  mourut chargé  de  gloire  &   d’années  
 dans  la  ville  de  Ménelas,  fituée  entre  la  
 Cyrcanique  &   l’Egypte.  Son  corps  embaumé  fut 
 A.G  E 
 tranfporté  a Sparte,  glorieufe  de pofféder fes  cendres. 
  ( T - n .) 
 Agésilas ,  éphore  de  Sparte  ,  fut  un  des principaux  
 inftrumens  dont  le  troifieme  Agis  fe.fervit  
 pour  faire  revivre  la  difeipline  de  Lycurgue.  Sa  
 vie jufqu’à ce moment,  n’avoit été qu’un tiflu de débauche  
 ,  &C  il  ne  favorifa  le  projet  de  la  réformation  
 que  pour  s’affranchir du fardeau accablant des  
 dettes , contrariées pour  affouvir fes;paflions.  L’hif-  
 toire  le  peint  comme  un homme artificieux,  doué  
 de  cette  éloquence  naturelle  qui  domine  fur  les  
 efprits ;  fans  frein  dans  fes  penchans  ,  audacieux  
 dans  fes projets, téméraire  dans  l’exécution;  parti-  
 fan  hypocrite  d’une  réforme  qui  faifoit  la  cenfure  
 du  fcàridale  de fa  vie.  Ce  fut  ce  citoyen corrompu  
 qui  propofa  ait  peuple de rendre  aux  loix leur  
 vigueur  ,  &   aux  moeurs  leur  première  innocence.  
 11  fe  rend  à  l ’affemblée  où il conjure. les Spartiates  
 de  né plus  fouffrir  que  la majefté  de  la  patrie  fût  
 violée par les  avares  exactions de quelques citoyens  
 avides,  tandis  que  fes  vrais  enfans,  rampant dans  
 la mifere,  éprouvoient une  exiftence  douloureufe.  
 Il  fait  enfuite  parler la  religion  qui  commande  l’é-,  
 galité ;  il  cite  d’anciens  oracles  &   fait valoir la ré-  
 ponfe  récente  du  prêtre  de Païiphaé |  qui  leur  af-  
 lurôit que, s’ils faifoient revivre leurs anciennes infti-  
 tutions ,  ils feroient triomphans  &  refpeétés comme  
 autrefois.  Son  éloquence  fut  appuyee  par le facri-  
 fice  qu’Agis  &  fa  famille  firent  de  tous  leurs biens.  
 Le  peuple  ,  faifi  d’admiration  ,   applaudit  à  un  fi  
 généreux  défintéreffement ;  on procéda  à l’abolition  
 des dettes,  toutes  les obligations pécuniaires furent  
 apportées  dans  le  forum,  où  elles  furent  brûlées  
 aux  yeux  du, créancier  dépouillé  de  fon titre. Agéfilas  
 ,  témoin  de  cet  incendie,  s’écria  qu’il  n’avoit  
 jamais  vu  de  flamme  plus  pure  &   plus  agréable.  
 Après  cette opération  il  travailla fourdement  à  détruire  
 l’édifice  qu’il  venoit d’élever.  II étoit le  plus  
 confidérable de l’état par l’étendue de fes poffeffions;  
 mais  épuifé  par  fes  débauches  &  fes  profùfions il  
 avoit  contrarié plus  de  dettes qu’il n’avoit de fond.  
 L ’abolition  des  dettes  le  débarraffa  de  l’importunité  
 de fes créanciers,  &  le remit  dans  la  jouifl’ance  
 de  fes  domaines.  Il  étoit  trop  intéreffé  au  partage  
 des  terres,  pourconfentir à  une  égalité qui le met-  
 toit  au-deffous  de  fes  befoins.  Il  en  retarda l’exécution  
 fous prétexte de  ne  point entreprendre  deux  
 chofes  à  la  fois ,  de  peur d’ébranler  l’état  par des  
 fecouffes  trop  violentes.  La  guerre  occupa  Agis  
 d’autres  foins  ,  &   pendant  fon  abfenee  Agéfilas  
 devint  le  tyran  d’un  peuple  dont il fe  difoitlepro-  
 terieur.  Ses vexations  devinrent les  crimes de  deux  
 rois.  Agis  fut  arraché du temple qui lui fervoit d’a-  
 f y le ,  pour  être  conduit  à  la  mort.  Agéjîlas,  feul  
 coupable,  fe  fauva par  la  fuite;  il  revint quelque  
 tems  après dans fa patrie,  o ù ,  revêtu  de  la  charge  
 d’éphore  ,  il  exerça  une  domination  tyrannique.  
 Voye.^  AGIS  III.  dans  ce Supplément.  ( T— jv. ) 
 AGESIPOLIS,  ( hïijl. de Lacédémoneî) fils de Pau-  
 fanias  ,  roi  de  Lacédémone,  perdit  fon père  dans  
 un âge trop  foible encore  pour gouverner lui-même  
 les renes  de l’état.  Les Corinthiens  fe  flattèrent  que  
 le  tems  de  fa  minorité  leur  feroit  favorable  pour  
 abaiffer  l’orgueil  altier  de  Sparte  qui, depuis long-  
 tems ,  infultoit à  la  foibleffe du  refte  de  la  Grece ;  
 ils  en furent punis  par  une fanglante défaite, &  leur  
 humiliation  contint  tous  les  peuples  jaloux  de  la  
 piuffance  des  Lacédémoniens.  Agejipolis parvenu à  
 l’âge  où  la  loi  le  mettoit  dans  l’exercice  de  fa  dignité, 
  voulut Te montrer  digne de  commander à une  
 nation belliqueufe.  Il  tourna  fes  armes  contre l’Ar-  
 golide qui  étoit  la  contrée  de  tout le Péloponefe,  
 dont  Sparte  avoit  le  plus  fujet  de  fe  plaindre.  Les  
 Argiens abandonnés de  leurs alliés, fç fçntirent trop 
 A G E   *°ï 
 îoibles  pour  lui  réfifter.  Leur  fierté  s’abaiffa  à  demander  
 la paix ;  leurs députés n’effuyerent que  des  
 mépris ,  &  par  toute  réponfe Agefipolis porta la déf 
 la t io n   dans  tout  leur  territoire.  Tout lui en préfageoit  
 la  conquête  ;  lorfque  des  tremblemens  de  
 terre  ,  qui  fembloient  annoncer  la  diffolution  du  
 globe,  répandirent la confternation dans  fon armée.  
 Les Spartiates étoient trop ignorans &  trop groffiers  
 pour  n’être point fuperftitieux ,  &  lorfque quelque  
 phénomène  extraordinaire  frappoit leurs fens, ils  le  
 regardoient comme un avertiffement du ciel qui con-  
 damnoit  leur  entreprife.  Alors  le  peuple  le  plus  
 intrépide devenoit le plus pufillanime,  il méconnoif-  
 foit  la  voix  de  fes  chefs  pour  aller  interroger  fes  
 prêtres  &c fes  devins.  Plufieurs  foldats  devinrent  
 lourds  par le bruit des  tonnerres , &  d’autres furent  
 aveuglés  par  le  feu  des  éclairs.  Si  quelque miniftre  
 de  l’autel  un  peu  ambitieux  favoit  profiter  de  ces  
 momens  de  terreur,   il  lui  feroit  facile  de  caufer  
 une  révolution.  Ageßpolis  s’élévant  au-deffus  des  
 terreurs  populaires,  n’en  fut  pas  moins  ardent  à  
 preffer  le  liege  ;  mais  il  fut mal  fécondé  par  des  
 foldats  dont  la  fuperftition  avoit  glacé le  courage.  
 Il  fallut  céder  à  rimportunité  de  leurs murmures  ,  
 pour éviter  l’éclat  d’une  révolte.  La  prife de- Man-  
 tinée  le  eonfola  de  cette  difgrace.  Il  s’en  rendit  le  
 maître en détournant le cours du fleuve Ophis, dont  
 les  eaux baignoient les murs  de  cette ville ; &  cette  
 opération fimple &  facile ,  lui mérita  la  réputation  
 d’un  grand  capitaine.  Les  Olinthiens  éprouvèrent  
 enfuite  l’effort de  fes armes.  Plufieurs  de leurs villes  
 furent  prifes  d’affaut,  èc  la  févérité dont il ufâ  détermina  
 les  autres  à-  prévenir  leur  ruine  par  une  
 prompte foumiffion.  Olinthe  fut la  feule qui  ofa lui  
 oppofer  de  la  réfiftance.  Les  fatigues  qu’il  effuya  
 devant  cette place,  l’enleverent au milieu de  fa  carrier  
 e, &  comme.il ne laiffa pointde poftérité, Cléom-  
 brote ,  fon frere ,  fut  fon  fucceffeur. (T— n .J 
 A G E Ÿ , Ageium, ( Géogr. ) village de Bourgogne l   
 bailliage  d’Arnai-le-Duc,  diocefë  de D ijon ,  à une  
 lieue-de  Sombernon  ,  à trois quarts de  lieue  de  la  
 grande  route de  Dijon à Paris  ;  la comteffe -de  Ro-  
 .chechouart, qui en eft dame, diftinguée par fon goût  
 pour la phyfique &  fon amour pour les beaux arts, y   
 a formé un cabinet d’hiftoire naturelle, le plus riche 6c  
 le  plus  complet de  la province :  le beau cabinet des  
 coraux &  pétrifications ,  eft tout pavé de  marbre de  
 Bourgogne; il y  en a trente-cinq fortes ; elle a auffi un  
 cabinet  curieux d’inftrumens de phyfique &  de mufi-  
 que. Mém. pris fiur les lieux par îauteur. (C.) 
 AG G É E ,  ( Hiß-  Sainte.1) le  dixième  des  douze  
 petits  prophètes,  naquit  pendant  la  captivité  des  
 Juifs  à  Babylone  ;  &   après  leur  retour  il  exhorta  
 vivement  Zorobabel,  prince  de  Juda  ,  le  Grand-  
 Prêtre  Jefus ,  fils  de  Jofédech  &   tout  le  peuple  au  
 rétabliffement du temple ,  leur  reprochant leur négligence  
 à cet égard,  &   leur promettant que  Dieu  
 rendroit  ce  fécond temple  plus  illuftre &  plus  glorieux  
 que  le  premier ,  non  par  l’abondance  de  l’or  
 &   de  l’argent,  mais par  la  préfence  du Meffie. 
 *AGGLEST ONJHifi. Antiq. Cérém.fiuperfiitieufies.)  
 c’eft-à-dire  pierre  l'acrée,  ou  idole de  pierre, monument  
 fingulier  de  la  fuperftition  des  anciens Bretons  
 ,  eft une pierre monftrueufe telle  qu’on la voit  
 repréfentée  fur une de  nos planches dé antiquités dans  
 ce Suppl.  Elle  fe  voit  dans  -l’ifle  ou  plutôt  dans  la  
 prefqu’ifle de Purbeck,  en  la  province  Dorcefter,  
 en Angleterre. Elle.eft fur  une élévation,  ou efpece  
 de  dune  d’un  fable  rouge.  Sa  forme  eft  celle d’un  
 cône  renverfé,  tel que la figure  le  fait voir.  Sa circonférence  
 eft de  foixante  pieds  en bas,  de  quatre-  
 vingts au  milieu , &  de quatre-vingt-dix à la furface  
 fupérieure.  Sa  plus  grande  largeur  en  haut  eft  de  
 trente-fix pieds fur dix-huit,  &  en bas de dix-huit fvuî