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les gens de là chaloupe , apres avoir détalingifé le
•grelin de la petite ancre, reviennent à bord avec
le s avirons, Ôc le grêlin fe halle du vaiffeau à force
de bras, '
Il refte encore à parler de la façon d’affourcker
a v ec le vàifleau, lorfqu’on n’a point de chaloupe ,
ou lorfqu’un gros teins empêche de s’en fervir. Il
faut que le vaiffeau ait fort peu d’air lorfqu’on lame
tomber la première ancre ; puis en filant du cable
i l faut continuer à gouverner à très-petites voiles
fur l’endroit oii on veut mouiller l’ancre d’affourche.
Lorfqu’on y eft rendu , il faut amortir entièrement
l ’air du vaiffeau avant de la laiffer tomber ôc border
enfuite l’artimon pour venir vent debout. L ancre
d’affourche mouillée, on doit faire tete deffus ÔC filer
-du cable pour cela s’il eft néceffaire, enfuite on vire
fu r la première ancre ; ôc filant à mefure du cable
d’affourche , on met le vaiffeau dans le pofte qu’il
-doit occuper. Cette maniéré d'affourcker, eft très-
bonne , & elle abrégé le travail ; cependant elle a
ffes inconvéniens : il eft à craindre, par exemple, que
•l’épiffure qui joint les cables, ne s’arrête a l’ecubier,
& ne faffe traverfer le vaiffeau. C’eft pour cette
•raifon que l’on garde fort peu de voile en allant
mouiller l’ancre d’affourche , dans la crainte que le
■ table né puiffe fê filer affez promptement. On n’auroit
point cela à craindre fi le vent ou la maree portoit à
ï ’endroit où l’on veut mouiller l’ancre d’affourche ;
car alors après avoir mouillé comme à l’ordinaire
la première ancre ôc fait tête deffus, on fileroit du
cable , & on fe laifferoit culer fur cet endroit pour
y laiffer tomber l’ancre d’affourche. On pourroit
même dans ce dernier cas attendre que la maree eut
changé de direftion avant de virer fur le premier
cable, parce qu’alors il n’y auroit plus qu’à filer le
cable à'affourché, ôcâ v irer fans peine fur le premier
cable. { M. le Chevalier d e l a Coud r a y e -.)
AFFRAICHIR ou Af f r à ich e r , v. n. ( Marine)
ce terme eft écrit Afraischer dans le Dict. des
Sciences , &c. il ne s’emploie qu’en parlant du vent,
& il lignifie devenir plus frais ou plus fort. On ne fe
ïert plus güere dé ce mot, ôc il eft remplacé par
celui de fraifehir. On l’emploie encore cependant à
l’impératif, & on dit: affraiche, pour témoigner le
defir que l’on a que le vent augmente. {M. le Chevalier
d e l a Coü DR AY E.)
* AFFRANCHIR, v. a. ( Gramm. ) au propre
donner la liberté : affranchir un efclave : s'affranchir
du pouvoir d’un tyran ; par extenfion, exempter;
On l’a affranchi de la taille au figuré, délivrer : la
mort nous affranchit de bien des miferes.
* A F FRAN CHIR un tonneau, {terme de Marchand de
■ vin) c’eft lui ôter un mauvais goût qu’il a.
* AFFRÉTÉ, Ée , adj. ôc part, paffif, {termede Marine.
) Une tartane affrétée, eft un tartane laiffée à
louage.
AFFRETEMENT, f. m., ( terme de Manne) c’eft
faction d'affréter, ou le prix que paie au propriétaire
celui qui fe fert d’un navire qui ne lui appartient pas.
Sur la Méditerranée on dit hoüffement pour affrètement.
Nolis eft fynonyme de fret. {M.le Chevalier DE
LA CoUD RAYE.)
AFFRETER, v. a. {terme de Marine.) c’eft convenir
d’un prix avec le propriétaire d’un navire pour
fe fervir de ce bâtiment, ôc l’employer à fon ufage.
On affrété ordinairement à tant par tonneau, par
mois ou par voyage.
- 11 ne faut pas confondre affréter avecfréter ; ÔC c’eft
à tort qu’on emploie affez fouvent ces deux mots
l’un pour l’autre. Affréter, c’eft fe fervir d’un navire
appartenant à un autre. Fréter au contraire , c’eft
être payé pour prêter le vaiffeau à celui qui veut
lien fervir. (M. le Chevalier DE LA CoUDRAYE.)
AFFRETEUR, fi en. {term$ de Marine) c’ejft le
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nom que fon donne à celui qui paye pour fe fervïf
d’un navire qui ne lui appartient pas .{M. .le Chevalier
DE LA CoUDRAYE.)
* AFFRICHER, v. n-. {terme d'Agriculture.) Laiffer
une terre affricher, c’eft négliger de lui donner des
labours convenables. '
* AFFRONT, f. m. {Gramm.) injure, outrage
par paroles ou voies de fait. Faire ou recevoir uni
affront. Boire un affront, le fouffrir, le fupporter patiemment.
On a de la peine à digérer un affront, ou
à ne pas s’en venger.
\2 affront, dit l’abbé Girard, eft un trait de reproche
ou de mépris lancé en face de témoins ; il piqué
ôc mortifie ceux qui font fenfibles à l’honneur. L’in-
fulte eft une attaque faite avec infolence-; on la repouffe
ordinairement avec vivacité. L’outrage ajouté
à l’infulte un excès de violence qui irrite. L’avanie
eft un traitement humiliant qui expofe au mépris ÔC
à la moquerie du public.
Ce n’eft pas réparer fon honneur que de plaider
pour un affront reçu. Les honnêtes gens ne font d’in-
fulte à perfopne. 11 eft difficile de décider en quelle
occafion l’outrage eft plus grand, ou de ravir aux
dames par violence ce qu’elles refufent, ou de re-
jetter avec dédain ce qu’elles offrent. Quand on eft
en butte au peuple , il faut s’attendre aux avanies ,
ou ne fe point montrer.
* AFFRONTER, v. a. ( Gramm.) attaquer âvec
hardieffe ôc intrépidité : affronter l’ennemi, affronter
une armée entière avec peu de monde ; au figuré ,
s’expofer hardiment : affronter la mort, les dangers.
Affronter , tromper, duper, fe dit fur-tout des
marchands qui vendent une marchandife fardée.
* AFFRONTEUR, Affronteuse, adj. & fubft.
( Gramm. ) fe dit du marchand ou d ’une marchande
qui trompe les gens-en leur vendant,une marchan-
dife qui, avec de l’apparence, ne vaut rien.
* AFFÜBLÉ, ÉE , part, paffif. Voyc%_ ci -• après
Affubler.
* AFFUBLEMENT, f. m. ( Gramm.) terme familier
qui lignifie toute efpece de voile ou d’habillement
fingulier qui couvre ôc enveloppe la tête, le
vifage ôc le corps.
* AFFUBLER, v. a. ( Gramm. ) Envelopper la
tête, le vifage ôc le corps de quelque vêtement ou
habillement. Qui vous a affublé de la forte ? S'affu-
bler d’un manteau.
AFFUT des nouvelles pièces de campagne OU de
bataille , ( Art Militaire , nouvelle Artillerie, planche
I I . ) U affût des nouvelles-pièces de campagne
ou de bataille, différé autant des anciens , que
les pièces même different de celles auxquelles elles
ont fuccédé ( Voye^ Artillerie & Canon de bataille
, dans ce Suppl, ). L’objet principal a été- de
rendre les nouveaux affûts beaucoup plus légers que
les anciens, & on en a diminué en confequence
toutes les dimenfions. Cette diminution ne pouvant
pas fe concilier avec lafolidité qui leur eft néceffaire,
on les a couverts Ôc prefqu’enveloppés de ferrures ,
enforte qu’ils pefent plus que les anciens, à l’exception
de celui de la piece de quatre, ôc n’en ont ni la
folidité, ni la fimplicité : car plus les flafques font
minces, plus les alternatives de féchereffe ôc d’humidité
doivent les altérer ; la précifion ôc la propreté
des ferrures qui les couvrent ôc les chargent, exigent
de l’intelligence ôc des foins de la part des ouvriers,
dont tous ne font pas capables ; d’où naît la difficulté
des radoubs dans les occafions où , n’ayant pas d’ex-
cellens ouvriers à portée de foi, on eft obligé d’em-
ployer ceux qu’on trouve fous fa main. Ils font donc
moins fimples, plus fragiles que les anciens, ôc
coûtent davantage.
Les effieux de fer ne font pas d’un fervice auffi
commode que ççù* de bois , auxquels on les a
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fùbftitués: les effieux de bois fe fuppléent aifément, au
lieuqueceux.de fer,caffant dans des marches, dans
des affaires, ne peuvent pas fe réparer fur le champ,
& la piece eft hors de combat. Si l ’on fe propofe d’en
porter une grande-quantité de rechange,. on perd de
vue la première intention, qui- étoit d’alléger beaucoup
les équipages d’artillerie.
L’encaftrement de route ƒ , où fe logent les tourillons
de la p ièce, lorfqu’on eft en marche, eft pris
des étrangers, & fert à repartir le poids de la piece
fur Y affût ôc l’avant-traîn, ôfi à rendre par-là la voiture
plus roulante ; mais il eft inutile dans les mo-
mens où le charroi eft le plus vif, le plus embarrafl’ant
ôc le plus difficile, c’eft-à-dire, à portée de l’ennemi.
Én effet, lorfque la piece. tire ôc qu’il eft queftion
de la porter avec célérité, dans une autre pofition,
auroit-on le tems de faire nager la piece,, entre les
flafques, pour faire occuper ce fécond encadrement
par les.tourillons, ôc de la ramener, étant arrivée
fur fon terrein, dans les encaftremenS e , où les tourillons
doivent être placés lorfque la piece eft en
àftion |
Les flafques arrondis à leur extrémité inférieure,
en forme dé traîneau, ont moins de frottement fur
la terre , ôc donnent plus de facilité aux canonniers
pour tenir lacroffe élevée, par le moyen des leviers
qu’ils paffent dans les anneaux de manoeuvre m, lorf-
qu’il faut aller en avant ou en arriéré ; mais cette
coupe de la croffe contribue à augmenter le recul,
auffi-bjen que les boîtes de fonte, placées dans les
moyeux des roues.
Le coffret s contient cinquante coups tout faits,
à boulets ou à cartouches : il fe place dans les
marches, entre le flafque w, Ôc fur l’avant-train,
lorfque la piece eft en action.
La charge de poudre de ces. coups tout faits , eft
renfermée dans un fac ou gargouffe de ferge ou de
camelot, lequel eft attaché ôc fixé à un culot de bois,
fur lequel pofe le boulet ou la boîte de fer-blanc qui
contient la mitraille. Ces coups tout préparés ont,
comme toutes leschofésde ce monde, leur avantage
& leur inconvénient. Ils-font avantageux en ce qu’ils
rendent le fervice très-prompt ôc très-fur ; très-
prompt, puifque la poudre ôc le boulet ou la cartouche
, fe mettent en un feul tems dans la piece ;
îrès-fûr , parce que la poudre étant enfermée dans
un fac, il ne s’en répand point, ôc on évite par-là
les inconvéniens des traînées de poudre, qui peuvent
s’allumer, porter le feu aux barils & occafion-
ner de grands accidens : mais d’un autre côté, les gar-
gôuffes fojtrniffent toujours une charge égale pour
toutes les oirconftances, ôc il en eft où il feroit avantageux
de la diminuer, lorfqu’il feroit utile, par
exemple, de tirer à ricochet.
Les roues plus baffes des anciens avant-trains
étoient préférables aux roues hautes des nouveaux,
pour tourner fort court dans certains chemins qui ne
permettent pas de faire autrement. Le long timon
fiubftitué aux limonnieres, eft également nuifible dans
ce cas, & il fe préfente fouvent dans le cours d’une
campagne ; il eft d’ailleurs difficile de remettre Yaffût
fui: l’avant-train, tiraillé à. droite ôc à -gauche , par
deux chevaux attelés de front : ce qui s’exécute aifé-
mènt avec un avant-trâin à limonniere ôc un feul
cheval, que le charretier fait avancer ôc reculer aifément
ôc qu’il conduit avec facilité dans tous les cas.
Cette maniéré d’atteler avec des timons ôc des chevaux
de front, eft très-bonne pour les grandes routes,
mais elle eft impraticable dans les chemins de
traverfe-, ferrés & difficiles. Tout officier d’artillerie
conviendra, écrivoit M. de Mouy, lieutenant génér
a l des arnrées duroi, officier d'artillerie, d’une expérience
confommée, dans le compte qu’il rendoit de
ces nouveautés, « que l’avant-train à timon feroit
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» très-embarra fiant pour conduire du canon en bat-
».terie dans un fiege, où le charretier fe couvre de
>> fon limonnier contre le feu de Paffiégé, ce qu’il ne
» peut faire avec un avant-train à timon, puifqu’il
» faut quil monte à cheval. Qu’on ne dife pas que
» 1 équipage de campagne eft indépendant de celui
>> de^ fiege ; nous pouvons citer les campagnes ter-
>> minées par la. paix d’Aix-la-Chapelle , ou les fieges
» ont été extrêmement fréquens, & ne furent exé-
» cutés qu’avec les chevaux attachés à,l’équipage de
» campagne. "On n’en feroit pas venu à bout, fi on
» n’avoit eu dès limonnieres harnachées, convenable-
» ment,pour conduire les pièces de canons en bat-
» refie , avec des avant-trains à limonniere & des
» charretes, pour y tranfporter la poudre & ,le s
>>• balles, lefqyelles on ne peut efpérer de faire dé-
» charger à la main, fous le feu , fouvent très-vif,
» qui part de la place. Le feul bien cLu fervice &
» notre longue expérience, ajoutoit ce. refpefrable
» militaire, nous forcent, à infifter fur ce point ».
Nous n’entrerons pas. dans un plus grand détail fur
les affûts du nouveau fyftême d’artillerie. La planche
I I repréfente celui de la piece de douze avec la plus
exafte précifion; ceux de huit ôc de' quatre n’en
different que dans leurs proportions. La légende qui
fuit, rapporte le nom de toutes, les pièces qui les
compofent, ôc les dimenfions des principales font indiquées
dans la table que nous y ajoutons.
A . Flafques de Y affût..
B. Entretoife de volée.
C. Entretoife de fupport.
D . Entretoife de lunette.
E. Semellé de pointage.
F. Moyeux des roues.
G. Rais des roues.
H. Jantes couvertes de leur bandage."
I. Armons.
K . Saffoire.
L. Petite faffoire, couverte d’une bande de fer.
M. Volée.
N. Paloniers.
O. Timon.
P. Volée du devant, placée au bout du timon, pour
atteler quatre chevaux.
Q. Coffret portant les munitions de la piece.
R. Le même coffret, vu intérieurement.
S. Le même coffret fermé , il eft couvert de tôle.
T. Bras du coffret, fervant à le placer fur Y affût dans
les marches; ôc fur l’avant-train, lorfque la piece
eft en action.
V. Délardement des flafques ou encaftrement pour
loger le coffret.
Ferrures.
X . Boulons rivés pour empêcher les flafques de fe
fendre.
T. Boulons d’affemblage qui refferrent les flafques
ôc concourent avec les entretoifes à empêcher
leur écartement.
Z . Crochets où les canonniers attachent leurs traits ,
pour aller en avant. Foye^ planche I II. des rna-
\ noeuvres.
&. Double crochets où les canonniers attachent alternativement
leurs traits, pour aller en avant Ôc e.n
arriéré. Voye^ planche III.
a. Rofette fervant de contre-rivure aux boulons,
lefquels font à écrou.
b. Tête de Y affût.
c. Bouts à!affûts.
d. Recouvrement du talut des flafques.
e. Sous-bandes pour l’encaftremènt des tourillons,
lorfque la piece tire.
f . Sous-bandes po.ut l’encaftrement des tourillons,
dans les routes.