A bderAME , ( Hiß. mod. ) fouverainde Safie dans
le royaume de Maroc, parvint à cette fouveraineté
en fanant poignarder fon neveu Amedux qui la pol-
fédoit. il jouit long-tems en paix du fruit de fon
crime. Il fut enfin affaffiné à fon tour par un jeune
feigneur de fa cou r , nommé Ali-Ben-Guecimm,
amant de fa fille, qu’il connut par l’entremife d’un
efclave & même de fa mere. Abderame inflruit de
l’intrigue de ce jeune homme, réfolut de s’en venger.
La fille & la mere l’en avertirent, afin qu’il fe tînt fur
fes gardes. Il fit plus, ayant fait entrer dans fes vues
Johaja, un de fes amis, ils poignardèrent le roi dans
la mofquée, lorfqu’il faifoit fa p riere, vers l’an 1 5o 5.
ABDERE, ( Mythol. ) favori d’Hefcule, fut mis
en pièces par les jumens de Diomede. Pour en cou-
fer ver la mémoire, le héros jetta les fondemens d’une
ville près de fon tombeau, & lui donna fon nom. Cette
ville fut la patrie de Démocrite : ce qui fuffit pour
réfiiter ce que l’on raconte communément de l’air
contagieux d'Abdere, q u i, dit-on , menoit à la folie
& à la flupidité. Le rire du philofophe ri’etoit rien
moins que celui d’un fou.
Abdere, Abderites, Abderit ains, {Hiß. anc.)
Abdere, ville de Thrace, étoit fi avilie chez le refie
des nations, par la flupidité de fes habitans, que Juve-
nal l’appelle vervecumpatria : il n’efl point de fol allez
ingrat qui ne donne quelquefois d’excellens fruits.
C e fut dans cette v ille fi flérile en génies, que Démo-
crite, Protagoras, Anaxarque , Hecatée, Nicenete
& plufieurs autres philofophes célébrés prirent naif-
fance. Les Abderites, quoique, grofliers & fhipides,
furent affligés d’u-ae maladie qui femble avoir fa
fource dans une imagination vive & bondiffante,
qui décele plus de légéreté que de pefanteur, & qui
femble incompatible avec la flupidité. Lucien &
plufieurs autres écrivains affurent que dans un certain
tems de l’année, ils étoient attaqués d’ime fievre
brûlante accompagnée de tranfports au cerveau.
Quoique leurs vifages fuffent pâles & décharnés ,
leur folie n’étoit qu’une fureur poétique qui les ren-
doit plus vifs & plus aimables. Ils couroient les rues
fans tenir de route certaine ; ils récitoient avec en-
thoufiafme les vers des plus fameux poètes tragiques
, & ils répétoient fans ceffe ce refrain : o amour,
tyran des dieux & des hommes ! Cette exclamation fait
préfumer que cette extravagance qu’on attribue aux
ardeurs brûlantes du foleil, n’étoit qu’une ivreffe ou
line fievre d’amour. Cette folie n’avoit rien de déshonorant
à leurs y e u x , ils la regardoient comme un
tranfport divin , comme une ivreffe fainte qui éle-
voit leur efprit vers le ciel. Les Abderites appelle-
rent Hyppocrate pour guérir Démocrite leur concitoyen
, qu’ils traitoient d’infenfé , parce qu’il rioit
de leur folie. Ils prirent ces ris immodérés pour un
accès de cette fievre dont ils étoient brûlés ,mais le
favant médecin les crut plus malades que lui. Le
tableau qu’on nous a laiffé-des Abderites, peut bien
avoir été deffiné par les Grecs, ingénieux à tout exagérer
; on doit fe précautionner, en les lifant, contre
la fédu&ion. Il ne faut qu’un imbécile dans une contrée
, pour lui attirer le mépris & le farcafme de tous
fes voifins. (X—n .~)
ABDYRMACHIDES, (Hiß- anc.') Les Abdyrma-
ehides, peuples de l’ancienne Lybie, ne nous font
connus que par Silius, qui nous apprend qu’ils ti-
rôient leur nom d’un vêtement qui leur étoit particulier,
qu’ils appelloient abdermnïh. Ils habitoient
près des embouchures du N il ; & quoiqu’ils fuffent
tousfoldats, ils n’avoient d’autre arme qu’un cimeterre
dont ils fe fervoient avec beaucoup de dextérité
: ils vivoient pauvres, fi l’on peut qualifier ainfi
un peuple fans befoins. Ils ne connoiffoient ni les
riches ameublemens , ni les étoffes précieufes, ni la
dclicateffe de la table ; & différens des Egyptiens
leurs voifins, ils fe contentaient des produôions de
leur fol. Leurs femmes portaient à chaque bras une
chaîne de cuivre, qui faifoit leur parure. Les filles,
avant d’entrer dans la couche nuptiale , étoient pré-
fentées au roi, qui avoit le privilège dè cueillir la
fleur de leur virginité. Si la nation étoit nombreufe,
on en doit conclure que l’exercice de la royauté étoit
fort pénible. ( T—n . )
ABDIAS de Babylone, ( Hiß. Eccléf. ) efl auteur
d’une Hißoire du combat des Apôtres. Il nous dit dans
fa p réface, qu’il avoit vu Jéfus-Chrift, qu’il étoit du
nombre desfoixante & douze difciples, qu’il fuivit
en Perfe S. Simon & S. Jude, qui l’ordonnerentpremier
évêque de Babylone. Mais en même tems il cite
Hégéfippe, qui n’a vécu que cent trente ans après
l’afcenfionde Jéfus-Chrift, & veut nous faire accroire
qu’ayant écrit lui-même en Hébreu, fon ouvrage a
été traduit en G rec par un nommé Eutrope, fon disciple
; & du Grec en Latin, par Jules, Africain, qui
vivoit en 2 i 1. Ces contradiftions font moins propres
à conftater l’authenticité de fon hifloire, qu’à le faire
regarder comme un impofleur auffi mal-adroit qu’impudent.
Cependant ‘Wolfang Lazius, qui déterra le
manufcrit de cet ouvrage dans le monaftere d’Olfiak
en Carinthie, le fit imprimer à Bafle en 15 51, comme
un monument précieux. Il y en a eu plufieurs autres
éditions, fans que cette hifloire en ait acquis plus
d’autorité auprès des critiques fenfés.
Abdias, (Hiß. Sainte. ) le quatrième des douze
petits prophètes, vivoit fous le regne d’Ezéchias,
vers l’an 726 avant Jéfus-Ghrifl. Il prédit la riiine des
Iduméens & le retour de la captivité de Juda, la
venue du Meffie & la vocation des Gentils ; mais ces
dernieres prédirions ne paroiffent pas aufîi claires
que les premières. Il ne faut pas le confondre avec
plufieurs autres Abdias, dont il efl parlé dans l’Ecriture,
favoir; 1. un certain Abdias, intendant de la
maifon d’Achab , qui cacha dans une caverne d’une
montagne à laquelle il donna fon nom, cent prophètes
pour les fouftraire à la fureur de Jézabel.; 2. un
intendant des finances de David; 3. un des généraux
d’armée du même roi ; 4. & un lévite qui rétablit le:
temple fous le regne de Jofias.
ABDISSI, Ab dis u ou Abdiesu, (Hiß. Ecclif. )
patriarche de Muzal, vint du fond de la Syrie orientale
rendre fes hommages au pape Pie IV, qui lui
donna le pallium, le 7 Mars 1562. Ce prélat lavant
dans les langues orientales & dans la théologie, envo
ya fa profeffion de foi au concile de Trente , qui
l’approuva ; & par un jufle retour, il tâcha de faire
obferver, dans les pays de fa jurifd&lion, les dédiions
de ce concile.
ABDOLONIME, ( Hifl. de Sidon. ) ce phénicien
nous fournit un exemple des caprices de la fortune
qui fuit ceux qui la cherchent & qui cherche celui qui
la fuit. Alexandre, conquérant de T y r , avoit arraché
le fceptre des mains de Straton, roi des Sidoniens ,
pour le punir d’avoir embraffé le parti de Darius. Il
fallut lui donner un fucceffeur, & ce fut Epheflion
qui fut fchargé de choifir celui qui lui paroîtroit le
plus digne. L e trône fut offert à deux freres qui par
leur naiffance & leurs richeffes étoient les plus con-
fidérables du pays ; ils parurent en être dignes par
le refus qu’ils firent d’y monter : ils alléguèrent que'
n’étant point du fang des rois , ils n’avoient aucun
titre pour afpirer au rang fuprême. Epheflion, étonné
de cette modération, s’écria: 6 âmes héroïques! qui
comprenez qu'il y a plus de gloire à refufer le trône qu'à,
y monter, je ne puis vous donner un plus grand témoignage
de mon eßime & de ma confiante, que de vous déférer
l'honneur de nommer vous-mêmes un roi. Ces deux
I illuflres citoyens ne jetterent point les yeux fur ces
hommes rampans, qui à force de baffeffes s’infinuent
dans la faveur du maître & de fes premiers efcfeves,
& ne confultant que l’intérêt & l’honneur de leur
patrie, ils défignent un defcendant fort éloigné des
anciens rois de Sidon. C ’etoit Abdolonime, q ui,
obligé de cultiver fon champ pour fubfifter, vivoit
ignoré & fans ambition ; fa probité ennemie de l’intrigue
& des baffeffes, l’avoit laiffé languir dans l’indigence
, & occupé de détails champêtres., il avoit
prefque oublié la nobieffe de fon origine. Les deux
freres qui avoient préparé fon élévation, furent
chargés de lui en porter la nouvelle ; ils le trouvèrent
puifant de l’eau pour arrofer fon jardin , l’un
d’eux lui adreffa ces paroles : vertueux Abdolonime
dépouillez-vous de ces vêtemensvils & grojjiers, pour vous
revêtir de la pourpre ;c'e(l vous qu'on a choifi pour roi
de Sidon, prenez un extérieur & des fentimens conformes
à votre nouvelle dignité : fongez que pour vous en
rendre digne, il faut vous fouvenir du néant dont vous
venez d'être tl™ l c'*fi à l'indigence vertueufe que le
Vainqueur des Sidoniens déféré auj ourdi hui l'honneur de
les gouverner.
Abdolonime étonné, croit être féduit par Pillufîon
d’un fonge ; il fe perfuade qu’abufant de fa mifere,
on veut le faire fervir à la dérifion publique; mais
raffuré par les fermens des deux freres, il s’abandonne
à leurs promeffes. On le dépouille de fes
haillons, on le purifie & on le revêtit de la pourpre
des rois. Alexandre l’appelle à fa cour pour jouir de
fa fùrprife : il y paroît avec une robe parfemée d’or;
les courtifans (candalifés de fa pauvreté, murmu-
roient en fecret de fe voir réduits à fe proflerner
devant un maître vieilli dans les travaux rufliques.
L e héros Macédonien en conçut une plus haute idée ;
frappé de l’affurance de fon maintien & de la nobieffe
de fes traits, il lui dit : je voudrais bien favoir
avec quelle patience vous avez fupporté la pauvreté >
Plut aux Dieux, lui répondit Abdolonime, que je
puiffe porter la couronne avec autant de force que j'a i
fupporté la mifere ; mon indufirie laborieufe a fourni à
tous mes befoins, & tant qiie je n aï rien pojfêdèj'ai
trouve Vabondance dans la modération de mes dejirs. Le
monarque difpenfateur des trônes, fut charmé de fa
réponfe : il lui fit donner tous les tréfors de Straton
auxquels il ajouta une portion des dépouilles des
Perfes. L’hiftoire garde un profond filence fur la
maniéré dont il gouverna fon peuple. ( T—n . )
ABDON, ( Hifl. Sainte. ) fils d’Illel, de la tribu
d ’Ephraïm, le dixième juge d’Ifraël, fuccédà à Ahia-
lo n , l’an du monde 2840, & jugea Ifraël pendant
huit ans. Il eut une belle & nombreufe poftérité
compofée de quarante fils & de trente petits-fils, qu’il
eut la fatisfaôion de' voir prefque tous établis. Il
mourut l’an du monde 2856, & fut enterré à Pha-
raton, dans le lot d’Ephraim, qui étoit le lieu de fa
naiffance.
L’Ecriture fait mention de plufieurs autres Ab don :
1. Abdon, de la tribu de Benjamin, & fils de Jehiel;
a. Abdon, fils d’Abigabaon & de Maacha ; 3. Abdon \
fils de Micha , qui fut envoyé par le roi Jofias à fe
propheteffe Holda, pour lui demander fon avis fur
le livre de 1a loi qui avoit été trouvé dans le temple.
* Ab don , ( Géogr. Sacr. ) en Hébreu f ô y ; c’étoit
line ville .de fe tribu d’Affer, affignée aux lévites.
Eufebe a mal écrit ce mot, lorfqu’il a mis dans fon
diâionnaire APAfiM ; c’eft ce qui paroît par 1a maniéré
dont les lettres font placées, & pgr 1a verfion
de S. Jérôme. Il paroît pourtant que Eufebe a écrit
ABAHM ou ABAHN ; mais le trait de deffous,ayant été
ôté de 1a lettre b , il rt’en efl refté qtie le p, & delà
on écrit apaom pour abaûm. Il efl fuprenant qu’on
ne trouve pas cette ville parmi celles qui furent.af-
fignées à 1a tribu d’Affer. Açco étoit auffi une ville
de la tribu d’Affer, comme cela paroît par Juges, v. 2 / . j
Achlab & Chalba Pétoient auffi ; cependant elles ne j
le trouvent point parmi les villes d’Affer, dont il efl
• j t a 7 p p 06 Nattât-, au chapitre
xxj.de Jofuê9 v. JO ; & par celui de 'p*/3«S, / chron. vj9
7 4 , dans quelques manufcrits. Les interprètes Grecs
memes ne paroiffent. point avoir parlé d’une ville de
^Anmm,iiParmil ce,1?s ^ui furent a%né es à 1a tribu
d Affer. Ils parlent bien d’une ville appellée p ^ f ,
qui eft nommée en Hébreu Harabbith\ n W f ; mais
?rihn HuJr danS b p? rtion <ïlli fut affignée à 1a
tribu d Iffachar. Il paroît que Cette ville de tnsy
pourroit être la même que celle de ÎHby qui efl
marquée parmi les villes d’Affer. On ne fauroit dire
beaucoup de chofes fur cette v ille, puifqu’on ne peut
tirer m des livres facrés, ni des autres monumens de
1 antiquité, rien qui puiffe fournir de quoi faire une
deicnption etendue de cet endroit. On a donc lieu
d etre furpns de ce qu’on a placé cette ville dans les
cartes géographiques, près d’un fleuve, à peu de
diftance de T y r & à l’orient de Sarepta. D’oîi cela
paroit-il ? quel auteur en a parlé ? quel témoignage
produit-on pour affirmer que cette ville étoit dans -
cet endroit ? On ne fait rien là-deffus, fi ce n’efl que
cette ville étoit dans 1a tribu-d’Affer , & qu’elle fut
donnée aux lévites. Il feroit àfouhaiter, dit M. Refend
, que nous n’euffions lieu de nous plaindre qu’au
fujet de cet endroit. Nous voyons que 1a même
chofe s’efl pratiquée à l’égard d’autres lieux dont 1a
fituation n’efl pas^ plus certaine. Nous préférerons
toujours peu de témoignages, pourvu qu’ils foient
certains, à un nombre innombrable qui feroient incertains.
ABÉCÉDAIRE, f.m. ( Hifl.Nat. Botaniq. ) Nous
traduifons ainfi le nom latin Abcdaria, que Rumphe
a donné à une plante de l’ifle Ternate, & dont il a
publié une bonne figure , quoique incomplette, à la
planche 6 5 du Jixiemt volume defon Herbier ,pag. iqf.
Les habitans de Ternate l’appel lent fuba - goratsji,
c’eff-à-dire, tête-jaune, à caufe de 1a couleur de fes
fleurs. Les Malays lui donnent le nom de daun-lada9
e’eft-à-dire , herbe poivrée ou piquante.
Cette plante, qui n’a point'encore été déterminée
par les botaniftes modernes, nous paroît être du
même genre que Yeupatoriophalacron, & différente de
l ’acmella dont elle efl une efpèce. Elle éfl annuelle
à racines fibreiifes, ne durant gtières plus de quatre
mois, hautede trois pieds environ, foible, couchée,
finueufe , & croiffant le long des chemins, dans les
lieux incultes, arides, entre les rochers qui bordént
les rivières des ifles Moluques ; on 1a cultive auffi
quelquefois, alors elle prend un peu plus de force
& de grandeur : fes branches font menues, foibles
cylindriques , oppofées ainfi que fes feuilles qu’on
peut comparer en quelque forte à celles de l’ortie-
blanche ou de l’archangélique, mais elles ont jufqu’à
cinq pouces dè longueur fur deux de largeur ; elles
font portées fur un long pédicule, & toutes pointil-
lées, c’efl-à dire, percées de petits trous, bu plutôt
femées de petites véficuleshuileufes, qui, regardées
à l’oppoféde la lumière, 1a laiffent paffer, comme
font les feuilles de 1’'eupatoriophalacron, de l’oeillet-
d’inde , tagetes, de l’oranger, du millepertuis & de
beaucoup d’autres plantes.
De 1 aiffelle des branches & des feuilles, & du bout
même de chaque branche, il fort un long pédicule
furmonté d’une tête conique, formée de l’affemblage
d environ vingt-cinq fleurs jaunes, enveloppées dans
un calice commun affez petit & compofé de cinq à
fix feuilles. Chaque fleur ou fleuron furmonté un
ovaire qui efl féparé de fes voifins par une écaille
menue, & qui devient en mûriffant une graine menue
, grife, qui, tombant à terre, germe auffi-tôt &
reproduit une nouvelle plante qui remplace la pre- *
miere.
Qualités. Toute cette plante aune faveur âcre &