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talent que vous pour imiter la nature ; vous i*aü>-
riez peinte comme lui, fi vous l’aviez etudiee avec
la même attention que lui ; mais tandis que ■ vos
yeux Te promènent fans réflexion comme fans def-
Tein fur ce qui fe paffe autour de vous , les liens
ne ceffent d’épier la nature, Sÿ.d’obferver Ce qui lui
échappe de fingulier 8c de piquant.
Lorfque Y attention Te porte fur ce qui le pafle
au-dedans de nous-mêmes, elle s’appelle refiexionÿ
& lorfque la réflexion eft profonde 8c long-tems
fixe, elle s’appelle méditation >• c’eft la fource des
grandes penfées. C’eft enereufant que le génie s ’enrichit
des tréfors cachés dans les entrailles de la
nature , femblable au chêne que, nous peint Virgile
, qui, plus il étend fes racines, plus il éleve fes
rameàux. ( M. Ma rm o n te l .')
§ A T T É N U A N S , adj. (M é d .) Il ne faut que lire cet
article du D ic t. raifion. d esScienc. 8cc. pour fentirtout
le vuide des propriétés attribuées aux atténuons. Une
aftion qui délaie & détrempe les molécules des fluides,
qui fond l’épaifliflement des humeurs en rompant la
cohéfion trop forte de leurs parties intégrantes, &c.
eft une invention .qui, .fi elle n’eft tout-à-fait précaire
, n’a tout au moins d’autre fondement que la
fubtilité fcholaftique , ou des notions phyfiques ,
vagues 8c incohérentes. Le langage théorique a fans
doute fes coudées franches dans un fujet qui échappé
aux fens» On ne Voit ni le vice qu’on doit attaquer ,
ni la maniéré d’agir du moyen qu’on emploie ; mais
l’arbitraire abfolu de ce jargon ne convient qu’à ceux
qui font jaloux d’acquérir ce vernis de fcience qui en
impofe à la multitude. V o y e \ M é d e c in e & M é d i c
a m e n t , Dictionnaire des S c ien c e s , &c. [M . D E
■ La f o s s e .')
A T T I -A L U , f. m. ( Hifi. Nat. Botan. )efpece
de figuier du Malabar., aflez bien repréfentée fous
ce nom par Van-Rheede, dans fon Hortus Malaba-
ricus , volume I , page, 43 > planche X X V . Les Brames
l’appellent roetnbadoe ; Jean Commelin, dans
Tes notes fur cet ouvrage, page 4 4 , le défigne ainfi:
ficus Malabarenjîs y foUo oblongo acuminato , fruclu
vulgari cemulo. G’eft le ficus racemofa , foliis ovatis
integerrimis, atutis , imprejfio punctatis ; coule arboreo,
de M. Linné dans fon Syfîema naturoe, édition i z ,
imprimé en 1768, page 6~yi, nQ. 6.
C’eft un arbre toujours v erd , qui s’élève à la
hauteur de cinquante àfoixante pieds, ayant une
cime fphérique compofée de branches épaiftes, ferrées,
grofles , écartées fous un angle de 45 dégrés,
& portée fur un tronc droit, de trois pieds de diamètre
, couvert d’une écorce épaiffe , coriace ,
blanche par-tout ; mais dont l’intérieur tire un peu
fur le rouge. Les jeunes branches font vertes, &
comme articulées ou noueul'es.
Sa racine eft groffe , garnie de fibres nom-
breufes qui s’étendent très-au-loin, tant au-deflùs
qu’au-deflous de la terre , & dont l ’écorce eft noire
au dehors, blanche dedans, & rougit peu après
qu’on l’a coupée. Lorfqu’on en a féparé une branche
, il en fort en abondance une eau rougeâtre,
mais limpide, d’une faveur froide, mais fade.
Les feuilles font alternes, difpofées circulaire-
ment, fort ferrées 8c ouvertes fous un angle de.
45 dégrés, le long des jeunes branches elliptiques ;
médiocrement pointues aux deux bouts, entières, longues
de quatre à fix pouces, une fois moins larges ,
molles, minces , liftes , luifantes , verd - brunes
deffus, plus clair deflbiis, relevées d’Une nervure
longitudinale, à cinq ou fix côtes alternes de chaque
côté dont les deux inférieures, partant immédiatement
du pédicule, font comme oppofées, & forment
, pour ainfi dire, trois nervures principales
avec celles du milieu. Le tiflu qui paroit entre les
côtes des feuilles eft croifé de veines qui imitent
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un réfeau aflez ferré. Le pédicule'qui les porte eft
cylindrique, menu, deux à trois fois plus court
qu’elle,.& fillonné en-deflùs. A l’oppofé de chaque
feuille eft une écaille verte .qui enveloppe d’abord ,
fous la forme d’un cône oblong , le bourgeon qui
termine les branches, & qui tombe dès que la feuille
extérieure qui l’enveloppe, vient à s’épanouir.
Lesfigues,c’ eft-à-dire,les enveloppes qui contiennent
les fleurs, naiflent difpofées en épi , & au nombre
de fix à huit, le long des branches'de la feve
précédente dont les feuilles font tombées ; de maniéré
qu’elles fortent réellement de l’ancienne aiflellë
de ces feuilles. Elles font fphéroïdes, un peu déprimées
ou applaties en-defiiis , avec un petite cavité ,
de la forme de la figue. Ordinaire blanche marfeil-
loife, m'ais feulement d’un bon pouce de diamètre,
couchées horizontalement fur un pédicule trois fois
plus court qu’elles, de forte qu’elles égalent la longueur
du pédicule des'feuilles. Leur couleur eft
d’abord verte, mais en mûriflant elles deviennent
rouges ; alors elles -font pleines de petites fleurs
jaunes , fphéroïdes, charnues-, de deux àcinq feuillês
& deux à trois étamines , portées fur un long pédicule
, 8c contenant chacune une graine fphérique,
menue, noirâtre, couronnée.d’un à deux ftigmates
cylindriques.:- ' • v r ' , ƒ ; '
Qualités. Toutes les parties de Yatti-alu font fans
odeur ; elles Ont une faveur aftringente, & coupées,
rendent une- liqueur blanc - rougeâtre. Cet
, arbre porte du fruit deux à trois fois l’an , comme
les autres efpeces de figuier il ne Te multiplie
guere que par fes femences;que les grives & les corbeaux
ont- avalées & enfuite rendu avec leurs excré-
mens. Il; croît dans les lieux Tablonneux au Malabar
» .
Ufiages. Ses figues fe mangent lorfqu’elles font
bien mûres ; alors elles Tout pleines de fourmis ;
leur goût n’eft pas auffi délicat que celui de la figue
commune. Elles reflerrent le ventre 8c corrigent la
mauvaife qualité des humeurs 8c de la pituite. La
décoâion de fa racine fe boit pour purifier le fang
& le foie, 8c pour adoucir l’acrimonie des humeurs
• colériques» Le fuc qui coule dés mêmes racines
tronquées Te reçoit dans un vafe, & fe boit dans
les maladies du foie; il s’applique auffi avec-fuccès
fur les gerçures des mains. Son écorce Te prend en
déco&ion pour appaifer les ardeurs du foie, & pour
guérir les crevafles & gerçures de la bouche & des
autres parties du corps; pilée , elle s’applique auffi
fur les ulcérés & fur le mal facré, appellé en Portugal
cobreUa. Dans les fievres ardentes , on frotte
avec fuccès la tête& le corps, avec la déco&ion de
fes feuilles dans l’huile.^
Remarques. Le nom de ficus racemofa, que M.
Linné donne à Yatti-alu, n’eft point exatt, car fes
fleurs ou fes figues ne font pas difpofées en grappes
ramifiées ni pendantes , comme les grappes proprement
dites de la vigne , mais en épi fimple, élevé,
comme Celui du châtaignier ou du chêne.
M. Linné devroit encore nous apprendre fous
1 quelle autorité il avance que les feuilles de cet
arbre font pointillées, foliis imprejfio punctatis ;c a r
Van-Rheede, qui eft le feul auteur qui en ait donne
la defcription, ne parle point de cette fingularite ;
8c nous pouvons aflùrer qu’elle n’exifte point dans
. les feuilles de cet arbre, que nous avons dans notre
herbier. ( M. A d a n son . )
ATTICUS ( Pomponiüs ) > Nifk Rom. Hifi. de
la Philofoph. fut le plus grand philôfophe des Romains
, puifqu’il fit fervir fes connoiftances, non à
contenter une curiofité ftérile & fuperbe, mais à
fe rendre meilleur. Savant fans orgueil /généreux
fans fafie, il chercha moins à briller qu’à plaire &C
à être utile. Son hiftoire, fans offrir aucun de ces
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traits qui frappent l’imagination, & que le préjugé
annoblit, doit fervir de modèle aux grands & aux
riches , qui nés avec des paflions tranquilles , s’éloignent
du tumulte des affaires dans les tems orageux,
pour jouir d’eux-mêmes & de leurs amis.
Atticus né chevalier Romain, fut fatisfait d’être ce
qu’étoiênt fes peres. La nature en le comblant de
tous les dons aimables, jetta encore dans fon coeur le
germe de toutes les vertus ; fon pere tendre & vigilant
, fe fit un devoir facré de diriger fes inclinations
fortunées ; heureux qui peur avoir un tel
; maître ; fes progrès furent fi rapides , que les premières
familles de Rome briguèrent l’avantage
d’aflocier leurs enfans à fes études. L’aménité de
fes moeurs tcmpéroit l’envie attachée à la fupério-
rité des talens, il n’infpira que de l’émulation à fes
égaux. Une mort prématurée lui enleva fon pere,
dans un âge oii les paflions. font le plus impérieufes,
parce qu’au moment de leur naiftance, on ignore
combien elles font dangereufes. Maître alors d’une
grande fortune , recherché par fes richefles & par
lui-même, il fe précautionna contre les amorces du
luxe 61 des voluptés ; & ne connut les tempêtes des
paflions, que par les fréquens naufrages des compagnons
de fa jeunëfle. Sulpicius fon proche parent fut
mafîacré pour avoir voulu faire revivre les loix
agraires. Atticus craignit d’être enveloppé dans la
ruine de ce zélé tribun , auquel il étoit attaché par
les liens de l’amitié & du fang ; Rome alors n’op-
pofoit plus de frein à la licence, & le plus faâieux
étôit le plus accrédité. Atticus crut devoir lui préférer
un afyle où il pût être impunément homme
de bien, & ce fut à Athènes qu’il fixa fon féjour ;
mais en s’éloignant de Rome , il conferva toujours
le même attachement pour Cicéron, Canius, Ma-
rius & Torquatus, qu’il aimoit depuis l’enfance :
des qu’il eut fixé, fon;féjour dans cette ville , qui
étoit le fanéhiaire des arts & du goût, l’amour des
lettres tint toutes fes autres paflions aflérvies ; il
apprit toutes les beautés de la langue grecque ,
qu’il parlpit avec tant de délicateffe, qu’on eût dit
qu’il étoit né dans Athènes. Il compofa plulieurs pièces
de poëfie , qu’il réciroit avec des grâces qui
donnaient un nouveau prix à fa compofition ; poëte
& orateur fans prétention, il joignit à ces deux
titres une grande connoiflance des antiquités Romaines.
II. fit la généalogie des plus illuftres mai-
fons de la république ; & il fauva du naufrage des
tems tous les Brutus, les Marcellus, les Fabius,
les Cornéliens & lesEmiliens. Cette riche colleftion
étoit un hommage rendu aux héros bienfaiâeurs de
fa patrié; fes liaifons avec Cicéron nous fourniflent
un volume de lettres, qui luffifent pour nous inf-
truire des principaux evénemens de ce fiecle de
brigandages. Jamais il ne prenoit fes repas fans qu’on
y fit quelque lefture inftruftive, parce qu’il étoit
perfuadé que l’efprit avoir autant befoin d’alimens
que le corps.
Atticus fupérieur aux autres par fes connoiftances
Si la délicateffe defon génie,n’ambitionnoit que de les
furpaffer en bienfaifance & en générofité;il fembla
n’être que le difpenfateur de fes biens, & il fut un
exemple, que la libéralité en fe répandant ne s’épuife
jamais ; fes tréfors étoient ouverts à quiconque étoit
dans le befoin. Les prêts ufuraires étoient alors
autorifés par l’ufage, & ce vice étoit un fonds iné-
puifable pour l’avare opulent. Atticus prêtoit fans
intérêt, mais il exigeoit qu’on fût exaâ à s’acquitter,
pour ne pas lui ôter la reflource d’obliger. Dans
une calamité dont Athènes fut affligée, il fit difiri-
buer du froment à tous les citoyens fouffrans ; l’éclat
du rang &de la naiftance ne lui en impofoit pas dans
la diftribution de fes dons, le plus malheureux deve--
noit l’objet de fa prédilection, quand il étoit le plus
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honnête. Les Athéniens reconnoiflans lui déférèrent
le droit de bourgeoifie, honneur qu’ils ne prodi-
guoient pas;il ne put l’accepter, pour ne point déroger
à la qualité de citoyen Romain, qu’on croyoit
incompatible avec tout autre. Ils voulurent encore lui
eriger des ftatu.es, il retufa conftamment cette diftinc-
tion glorieufe ; & ce ne fut qu’en fon abfence que
la recorinoiflance publique lui en éleva, ainfi qu’à
fa femme Pylia dans les lieux regardés dans l’Atti-
que comme les plus faints. Vertueux fans éclat, il
eut vécu obfcur, s’il n’eût été trahi par fes bien-*
faits.
. Quoiqu’ami de tous les hommes, il y en avoit
de privilégiés dans fon coeur. Le jeune Marius prof-
crit par Sylla, trouva d’abondantes reflources dans
fa générofité, & quand il fut privé de tou t, il ne
manqua de rien. Cicéron exilé par les intrigues de
Clodius, en reçut des fommes immenfes , qu’il n’a-
voit point follicitées. Si les hommes pofl’édoient le
fécret d’obliger, il n’y auroit que peu d’ingrats;
la dureté dont ils humilient leurs protégés , difpenfe
de la reconnoiflance. Atticus étoit perfuadé que la
libéralité eft le feul bien dont on jouit fans amertume
& fans fatiété ; & quandil donnoir, il croyoit
être le feul heureux. Sylla à Ton retour d’A fie, paffa
par Athènes, où il fut retenu par les charmes de fa
converfation favante & polie, il n’oublia rien pour
fe l’attacher , 8c lorfqu’il fut obligé d’en partir, il
voulut l’emmener avec lui. Atticus ne fut point
ébloui par l’éclat de fes promefles , & il lui répondit:
N’exigez pas que j’aille combattre des amis
qui m’ont déterminé à quitter l’Italie, parcç qu’ils,
exigeoient que je prifle les armes contre vous. Sylla
applaudit à fa déhcatefle, & avant de s’en féparer,
il l’autorifa à recevoir tous les honneurs .que les
Athéniens lui avoient déférés; ce fut alors qu’il
prit le nom à’Atticus: devenu citoyen d’Athenes.,
il confacra une partie de fon tems à l’adminiftration
publique , & les momens qu’il .put dérober aux
affairés, furent employés à l’étude & à fa police
domeftique ; également ennemi de l’avarice & dé
la prodigalité , il conferva toujours un efprit d’ordre
qui le mit en état de fe livrer à fes inclinations
bienfaifantes.
Quelques momens de calme dont Rome jouit,
le déterminèrent à revenir dans fa patrie. Sa fortune
déjà immenfe reçut de grands accroiftemens
par l’héritage de fon oncle., homme fâcheux & difficile,
qui haïffoit tous les hommes, & dont Atticus
avoit le privilège d’adoucir la férocité. Il y maria
fa foeur avec Quintus Cicéron, frere de l’orateur.
Cette union ne fut point heùreufe ; les deux époux
fûrent obligés de fe féparer, & ce divorce ne. mit
aucune altération dans l’amitié d'Atticus 8c de l’o-
rafeur, parce que cette amitié étoit formée fur la
conformité des inclinations , 8c non fur le droit
d’affinité.
Le chemin des honneurs lui étoit ouvert, il y
étoit appellé par les voeux des gens de bien , & fes
richeftes lui donnoient la facilité d’acheter les fuf-
frages des âmes vénales ; il refufa la préture, & ne
voulut être qu’homme privé ; mais il n’en avoit pas
moins d’influence dans les délibérations publiques ;
8c dans ce tems de troubles & de fa fiions, il refta
conftamment attaché au parti le plus jufte. Il prit les
fermes de ila république, félon I’ufage antique des
chevaliers romains; fa perception fut douce & humaine
, il n’intenta aucun procès-, il ne fit décerner
aucune peine contre ceux qui alléguoient l’impuif-
fance de payer. Les gouverneurs' des provinces
avoient coutume de fe faire acompagner par des
chevaliers -, dont ils faifoient les inftrumens & les
complices de leurs exactions. Atticus fut follicité de
fe prêter à cette baftefle, mais il n’aimoit qu’à ufer