
 
        
         
		Voîfihe  de  l’arcade qui  eft le plus  fujétte  atix  àneù-  
 •rifmes& aux oflifications. 
 La  courbure  de  l’arcade  de Vaorte  n’eft  pas  une  
 fedion conique : cette artere fe  tourne légèrement  à  
 droite ,  elle  revient  bientôt  vers  la  gauche ;  elle  
 s’élève  &  redefcend en fe plongeant  en même  teins  
 vers  les  vertebres ;  fa  partie  defcendante  eft  plus  
 droite &  plus perpendiculaire. 
 L’homme  différé  effentiellement des animaux par  
 cette arcade ; il n’a point d'aorte afcendante :  les quadrupèdes  
 en  ont une, &   leur aorte fe  partage  pour  
 former un tronc qui fournit la fous-claviere  droite &   
 -les deux carotides ; l’autre branche de  Vaorte paffe  à  
 l’abdomen, elle donne dans nos obfervations prefque  
 toujours la fous-claviere gauche. 
 Gàlien  qui  ne  difféquoit  que  des  animaux,  eft  
 l’auteur de ces noms d'aorte afcendante &  defcendante.  
 Ils  fe  font  confervés  dans  les  livres, même  après  
 que la^  vérité a été -reconnue :  il  faudrait  cependant  
 bannir ce.nom  d'aorte afcendante  qui a influé même  
 fur la pratiqué. 
 L’homme  donne  de  fon  arcade  trais -branches :  
 l ’Origine commune  de la carotide  &  de  la fous-claviere  
 droite;  la carotide gauche &  la  fous-claviere  
 gauche ; fouvént même la vertébrale gauche naît par  
 un tronc particulier  de  cette  arcade.  11  y   a  des  variétés  
 plus rares danslefquelles lafous-claviere droite  
 ne  fort de Vaorte  que vers la fécondé  & même vers  
 la quatrième vertebre ; elle remonte derrière la tra-  
 th é e , &  reprend fa place. 
 Les grandes branches de Y aorte en fortent fous des  
 angles obliques, la  moitié droite dé  leur orifice  eft  
 ap'planie  &  même  excavée, au lieu que leur moitié  
 gauche  eft  élevée  comme  une  efpece  d’éperon.  
 {H .D .  G .) 
 §  AOSTE  ou H o s t e   (Géogr.) Augufla ^autrefois  
 petite  v ille ,  maintenant  village  du  Viennois,  aux  
 confins  de  la  Savoie,  fur la Bievre , à une lieue  de  
 fon embouchure dans le Rhône , &   autant du bourg  
 dé  Saint-Genis.  On  y   voit beaucoup  de  fragmens  
 de monumens  antiques.  Outre  ceux' que  Chorier a  
 rapportés,  on y  trouva, en 1669, en travaillant dans  
 l’églife,  une  colonne  de  pierre  dure  d’un  pied  &   
 demi de diamètre, plantée perpendiculairement fous  
 l’arc  du  choeur  :  elle  étoit  rompue  vers  la  partie  
 fupérieure,  &   ce qui en reftoit  avoit  cinq  pieds &   
 demi.de hauteur. On trouva aufli quatre urnes oblon-  
 gues ,  deux  contre  deux, maçonnées &  bouchées,  
 dans  lefquelles  il  y   avoit  des  cendres ,  &   dans  la  
 première une liqueur qui fembloif être de la leflive.  
 Le curé.peu curieux fit fortir ces urnes, verfer cette  
 liqueur,  &  porter  les  urnes  dans  fon  jardin.  M.  
 Lancelot  dans  le  tome  IV.  Hifi.  de  1'académie  des  
 infer. pag. 3 70 , in-12, rapporte deux  épithaphes du  
 fixieme  fiecle.  ( C) 
 AP 
 APACARO, f. m. (Hifi. nat. Botaniq.) nom Brame  
 d’un  arbriffeau  toujours  v e rd ,  allez  bien  gravé,  
 mais fans détails, fous fon nom Malabare tsjerou-panel  
 par  Van-Rheede,  dans  fon  Hortus  Malabaricus,  
 volume V 1  page  3 1 ,  planche  XVI.  Les  Malabares  
 l ’appellent  encore  baala-paleti,  &   les  Hollandois  
 clyn heyl wortel. 
 Il  croît  dans  plufieurs  endroits  du  royaume  de  
 Malabar  ,  fur-tout  à  Arigiccaimal  ,  fous  la  forme  
 d’un buiffon ovoïde,  de cinq à lix pieds de hauteur,  
 toujours  chargé  de  feuilles,  de  fleurs  &   de  fruits.  
 Son  tronc eft  garni  du bas  en haut  de  branches alternes  
 ,  cylindriques, allez longues,  allez écartées,  
 ouvertes à peine fous un angle de trente dégrés,  &   
 couvertes  d’une  écorce  brun-noir. 
 Ses  feuilles font difpofées  alternativement &   cir-  
 çulairement,  allez  écartées,  elliptiques,  pointues 
 aux  deux bouts,  longues  de  trois à quatre pouces ^  
 une fois  à une  fois &  demi moins  larges,  entières,  
 épaiffes ,•  verd-noires  ,  luifantes  deffus,  verd-clair  
 &  terne deffous, avec une côte longitudinale /garnie  
 de chaque  côté  de huit  à dix nervures  peu élevées,  
 alternes  *  &   portées  fur  un  pédicule  cylindrique  
 -allez  Court. 
 Entre  les intervalles  que  les  feuilles  laiffent en-  
 tr’elles  le  long des branches mêmes  , vers leurs  extrémités, 
   fortent  des  fleurs  folitaires ,  rougeâtres ,  
 longues  d’un  pouce  énviron,  portées  horizontalement,. 
   ou  pendantes  fur  un péduncule cylindrique  
 verd-velu  ,  à-peu-près  de  même  longueur.  Elles  
 confiftent en un calice caduc, verdâtre, petit, épais ,  
 d’une  feule  piece  ,  divifé  en  trois  parties ,  &   en  
 une  corolle  à  lix  pétales  -égaux  ,  longs,  prefque  
 cylindriques épais, ouverts  en étoile &   caducs.  Le  
 centre  de  la  fleur  eft  rempli  par  une  centaine  d’étamines  
 courtes ,  à  anthères  blanches,  parallelipi-  
 pedes felïiles ,  fort ferrées &  rapprochées en boule  
 autour de huit à quinze  ovaires,  portées chacun  fur  
 un  difque  en  forme  de  colonne  cylindrique  ,  8c  
 terminés  par  un ftyle  qui  a  à  fon  coté un  ftigmate  
 velouté._Ces ovaires en murilïant deviennent chacun  
 une baie ou une  écorce charnue,  acide, douceâtre,  
 fphéroïde,  de trois à quatre lignes de diamètre , -noirâtre  
 , liffe ,  portée, fur un pédicule mince de même  
 longueur ,  à une loge  qui  ne  s’ouvre  point,  &  qui  
 contient un  pépin  en offelet fphérique noirâtre,  du  
 diamètre de deux lignes, dont l’amande eft blanchâtre. 
 Qualités. Toutes les parties de Yapacaro,  fur-tout  
 fes  feuilles,  ont  une  odeur  &   une  faveur  âcre  &   
 aromatique.  Il  fleurit  en juillet &  août. 
 Ufiges. Le fuc exprimé de fes feuilles &  donné en  
 boiffon  avec un  peu d’opium  ou  de  fuc  de  pavot,  
 au  commencement  des  fievres  intermittentes  ,  en  
 calme  les  paroxyfmes.  Leur  déçodion  fe  boit à  la  
 dofe  d’une  demi-taffe,  pour  appaifer  les  douleurs  
 de  la  goutte,  qui  fe déclarent aux  articulations.. 
 Remarques.  apacaro  doit  donc  faire  un  genre  
 nouveau, voifin  du cananga dans 4a famille des ano-  
 nes ;  &  qui ne  diffère  de  celui du  cananga  qu’en  ce  
 que fes  baies, au lieu  d’avoir plufieurs loges &  plufieurs  
 graines, n’en ont qu’une feule. (M. 4  d a n  s o n .} 
 APALACHES ou Ap a l a ch itEs , (Géogr. & Hifi.)  
 peuples de  l’Amérique  feptentrionale,  qui habitent  
 une  contrée  bornée  au  nord-  &   au  couchant  par  
 . les  monts  Aligàniens ou Apalataches,  au  fud par la  
 Floride  &  à  l’eft par  la  Géorgie.  On les  divife en  
 plufieurs  nations,  qui  ont'chacune  leur  chef  particulier  
 nommé paracoujfe.  Les  plus  confidérables  
 de ces  nations,  font celles de Bemarin,  d’Amana ôc  
 de  Matique,  que, les  François,  les  Anglois &  les  
 Efpagnols  ont fous-divifées en une infinité d’autres ,   
 fous  des noms différens &  particuliers1 à leur langue.  
 Leur ville  capitale  eft Melilot,  au  fond de  la vallée  
 de Bemarin  ; c’eft  le  féjour  du  roi  d'ApaLache,  qui  
 eft  reconnu  pour  fouverain  par.  tous  les „autres  
 chefs  ;  les  autres villes  principales  fon . Schama  &   
 Mefacô, dans  les montagnes, Aqualaque  ,  Coca ôc  
 Capaha,  le  long de la  riviere du Mifluïipi.  Le pays  
 eft  fertile &  affez bien cultivé : ces peuples font bien  
 faits ,  &   ont  le  teint  naturellement  blanc,  mais  il  
 devient olivâtre par l’ufage fréquent qu’ils font d’un  
 onguent,  compofé  de  racines  &  de  graiffe  d’ours,  
 auquel  ils  attribuent  la  propriété  de  rendre  plus  
 fupportables  le  froid &   les  chaleurs.  Ils  font  courageux  
 fans  être  barbares: ils fe contentent  de  couper  
 les  cheveux  aux  prifonniers  qu’ils  font,  &  aux  
 ennemis  qu’ils  tuent  à la  guerre.  La  polygamie  eft  
 en ufage  chez eux : ils peuvent même  époufer leurs  
 parentés,  autres  cependant que leurs  foeurs.  Leurs  
 moeurs font Amples &   douces  : ils adorent  lefoleil,  
 qu’ils  faluent  tous  les jours  à fon lever par des cris 
 d’allégréffë, Sî en l’honneur duquel ils célèbrent tous  
 les  ans  quatre  fêtes  folemnelles  fur  là  montagne  
 Olayrhi, où accburent les habitans des diverfes contrées  
 du  royatime.  Il  n’eft pas  rare d’en  voir'-parmi  
 eux  qui  vivéht jufqu’à  Cent  cinquante  ans  ;  ils dor-  
 vent cet avantage à  leur  grande fobriété ,  &  à l’état  
 paifible  de  leur  ame.  (C. A.) 
 APAMÉ ,  (  FUß.  d'Egypte. )  veuve  de  Magus,  
 ufurpateur de la Cyréanique, dont le roi d’Egypte lui  
 avoit confié  le gouvernement-, avoit tout le courage  
 &  tous les  tâléns  néceffaires pour affermir  un trône  
 nfurpé. Après la mort de fon mari,  elle offrit fa fille  
 en mariage à Démétrius ,  oncle d’Antigone,  roi de  
 Macédoine.  Ce prince,  féduit par l’appât d’uné couronné  
 y  fe  rendit  dans  la Cyréanique ,  &  la  veuve  
 touchée  deS  grâces  de  fa  figure  ,  garda  pour  elle  
 l’époux  qu’ellé deftinoit  à  fa  fille.  Là.jeune  prin-  
 çëfle  outragée  intéreffa  en  fa  faveur  le  peuple  &   
 les grands. Tous embrafferent la caufe de la jeuneffe  
 &  de la beauté : les  conjurés rangés fous fes ordres,  
 entrent  dé  nuit dans l’appartement-de  fa mère  qu’ils  
 trouvent  couchée  avec  fon nouvel époux  ; la  fille  
 furieufe  énforiçe  le  poignard  dans  lé  fein  de  fon  
 amant  infidèle  ,  &  brigue  le  cruel honneur de  lui  
 porter  les  premiers  coups.  Ap am é  fut  épargnée ,  
 &  les conjurés la renvoyèrent à fon  frere Antiochus.  
 Elle  vieillit dans fa  cour chargée  du mépris  public,  
 quoiqu’elle  poffédât  tous  les  talens  qui  fönt naître  
 l’eftime ;  mais il  ne  faut qu’un moment  de  foibleffe  
 pour  tfernir  l’éclat  de  mille  vertus.  (T—N.} 
 A PAN,  f. m. (Hifi. nat. Conchyliologie?) efpece  de  
 coquillage du genre du jambonneau,  dans la famille  
 des  conquèS ,  ou de ceux  qui ont deux battans  à la  
 coquille. Il n’eft cité dans aucun auteur; j’en ai donné  
 la  figure  dans  mon  Hfioire  naturelle  du  Sénégal,  
 page 2 12, pi.  V.figure S. 
 Il èft commun dans  la mer du Sénégal,  oîi il eft  
 attaché aux rochers,  à trois braffes  de profondeur,  
 autour  des  caps  Bernard  &   Dakar,  près  de  l’ifle  
 Corée  &  du  Cap-verd. 
 C’eft  la  plus  grande  de  toutes  les  efpeces de ce  
 genre  qui  s’obfervent  fur cette  côte.  S'a  coquille  a  
 la  forme  d’un  jambon,  ayant  le dos prefque droit,  
 l’extrémité fupérieure  fort  large  &  arrondie  ,  &  le  
 ventre un peu concave  vers le  fommet qui diminue  
 infenfiblement  en  pointe  pour  former  une  efpece  
 de  manche.  Elle  a  fept  pouces  de  long,  &   deux  
 tiers moins  de  largeur  ;  &  elle  eft  fi  applatie  que  
 fa  largeur  furpàffe  plus  d’une  fois  fon  épaiffeur.  
 Sa  fubftance  eft  fort  mince  ,  aufli  fragile  que  du  
 verre,  &  affez femblable à  celle  de  la corne,  dont  
 elle  emprunte  la Couleur  &   la  tranfparencë. 
 Intérieurèmënt elle  eft polie &  luifante ,  mais au-  
 dehors  fa  furface  eft  hériflee  vers  l’extrémité  d’un  
 grand  nombre  de  pointes,  pliéeS en cornets  ou  en  
 tuyaux  cylindriques  fort minces  ,  de  même nature  
 que  la  coquille,  longs  de  quatre  à  cinq  lignes  &   
 relevées  en  angle  de  quarante -  cinq  dégrés.  Ces  
 pointes  en  tuyaux  doivent leur  origine  aux crene-  
 lures du manteau de l’animal, &  quoiqu’elles paroif-  
 fent fans ordre  ,  au premier abord,  à caufe  du petit  
 nombre  des  grandes  qui  fe montrent  à leur extrémité  
 ,  néanmoins  en examinant de  près  les  veftiges  
 des  premières qui ont été  ufées  ou brifées ,  on voit  
 qu’elles  étoient  difpofées  fur quinze  ou vingt rangs  
 paralleles  à  là  longueur  de  la  coquille. 
 Le ligament qui attache  les  deux battans,  s’étend  
 depitis le  fommet jufqu’aux trois quarts de leur longueur  
 , v ers  l’extrémité fupérieure. On ne  diftingue  
 ■ aucune dent à  la charnière. 
 L animal  q'ui  remplit  cette  coquille,  a fon  manteau  
 bordé  d’énviron trente  crenelures  fort  larges,  .  
 au  lieu  des  filets  qu’ont  les autres  efpeces. 
 Ufages.  Les  Negrés  font  la  pêche  de  \'apany  en  
 Tome  /. 
 plongeant  dans  le  fond  de  la  mer ; ils  le détachent  
 avec un  couteau  des  rochers  où, il eft collé  par  un  
 grand  nombre  de  fils  affez  femblables  à  ceux  auxquels  
 les  anciens  donnoient  le  nom de  byffus, mais  
 plus  court.  Sa  chair eft  très-bonne,  fur-tout  lorf*  
 qu’elle  eft  cuite  &   apprêtée  ;  elle  eft  fort  goûtée  
 des Européens &  des naturels du pays, f  M. A d  a n -  
 s o n . .)  ’ 
 APaNORMIA, (Géogr.) ville de l’ifle de Santorin,'  
 dans les plages de la Méditerranée,, que l’on nomme  
 en  cet  endroit mer  de  Candie.  Elle  a  un  port  tres-  
 fpacieux,  en forme  de  demi-lune ,  mais  fi profond  
 qtî’il  eft impoflible  aux  vaiffeaux  de  s’y   mettre  à  
 l’ancre.  (C. A.) 
 A PARNI y (Géogr.)  ancien  peuple  d’Afie,  voifin  
 des Hyrcaniens,  vers les bords de la mer Cafpienne,.  
 On  croit  que  ce  font  lés Dai  d’aujourd’hui, mieux  
 connus  fous  le  nom  de  Petits Nogais. (C. A.) 
 AP ATI,  (Géogr.). petite ville de Hongrie,  dans le.  
 comte de Jarmat.  Elle  eft  fur la riviere  de.Carafna ,,  
 au  lud  du Tibiler .,  à l ’eft du  petit Varadiri ,  &  au  
 nord-oueft  de  Samos'.  Long.  4 4 .  J 0 -,  Ut.  48 .   5:  
 (C-  a .)   .  V’   4  ' 
 APATÜROS ,  (Géogr.)  nom  d’un  ancien  bourg  
 de-  la  prefqu’ifle de  Qoroçondama,  entre  le  Pont-  
 Euxin '& le Palus Méotide. Vénus y  avoit un temple  
 ou el-le etoit adorée fous le nom de frompeufe, parce  
 qu’elle avoit  ufé d’artifice  dans  la  guerre  ejes dieux  
 contre  les  géans..(C. A . ) 
 AP AV O RT EN, (Géogr?) nom d’une Contrée d’Afie  
 très-fertile &  très-agréable, dans le Mawaralnahra,  
 à  l’orient de  la mer  Cafpienne.  C’eft là  qu’Arface,  
 reftaurateur  de  l’empire des Parthes ,   fit bâtir Dura  
 ou D,aranm.  ( C. A .) 
 À  PARTÉ,  f.  m.  ( Belles-Lettres»)  c’eft une  des  
 licences  accordées  à  Part  dramatique.  La vraifem-  
 blance  en  eft  fondée  fur  cette  fuppofition  fans  laquelle  
 il n’y   auroit  nulle  vraifemblance  dans la  re-  
 prefentation  théâtrale, qliele  fpeftateur n’y  eft prêtent  
 qu’en  efprit.  Cela  pofé,  .tout  ce  qu’on  a  dit  
 contre l’d porté tombe de lui-même. Il eft, fans doute ,   
 réellement impoflible que l’a&eur qui fe fait entendre  
 des ipedateurs ne fôit pas entendu  des adeurs  avec  
 lefquels il eft en feene ; mais dans  l’hypothefe  tacitement  
 convenue,  les fpeàatéurs  ne  font  point-là , ils  
 né  font  point  à. telle dillanee  , ils  font physiquement  
 ablèns,  leur  préfence  n’eft  qu’idéale ;  car fi  on  les  
 luppofoit-là,  ils  feraient  vus,  on  n’agiroit  point,  
 on  ne  parlerait  point  en  leur  préfence ;  on  parlerait  
 d’eux-,  avec eux.  Il y  a donc  dans cette hypo-  
 thefe  abfence  réelle  des  témoins de.l’a&ion.  Or le  
 fpeclateur  préfent  en  efprit,  eft  cenfé  entendre  là  
 voix  de  lad eu r ,  quelque  foible  &  bas  qu’en.foit  
 le fort,  &   lors mêmé  qu’il  n’eft  pas  entendu  des  
 perlonnages  qui  font  en  fçene-, 
 Gleft  cette  hypothefe  qu’on  a  perdue  de  vue ,   
 lorfqu’en  mefurant  les  diftances  ,  on  a  regardé  
 comme  une  invraifemblance  théâtrale,  qu’un  acteur  
 Tût  entendu  de loin  &   ne  le  fût pas  de  plus  
 près. Voy. U n it é  , Supplément. (M. Ma rmontel.) 
 Au fujetdes à pané, nous rapporterons une anecdote  
 connue ;  elle  pourra  fournir  une  réflexion  
 utile. Racine,  Moliere &  la Fontaine  étoient amis ,  
 comme on  fait ; raffemblés un jour,  la  converfation  
 tomba fur les aparté; la Fontaine en foutenoit l’ufage  
 abfurde &   contraire à toute  vraifemblance;  Racine  
 le défendoit; ladifpute  devint vive,  un  enfant,  un  
 homme  naturel s’échauffe  aifément;  Moliere  profitant  
 de ce moment  d’agitation  de  la  Fontaine  ,  cria  
 à plufieurs reprifes : la Fontaine efl un coquin, fans que  
 celui-ci  l’entendit  :  la Fontaine  ayant  fu Y à parti de  
 Moliere,  fe  confeffa vaincu. 
 Cette  anecdote  prouve ,  fans  doute  ,  que  les  â  
 parte  font quelquefois dans  la vrailemblance,  même  
 p p'p