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depuis plufieurs années eft fi prodigieux, qu’il ne
paroît prefque qu’une boule, lorfque la malade,
d’ailleurs allez petite , eft dans fon lit-.
Les obfervations anatomiques nous laiffent peu
à defirer fur la connoiffance des différens defor-
dres qui donnent lieu à Yafcite, ou qui en font
les fuites : elles font même fi nombreufes, qu’uii
volume pareil à celui-ci ne fauroit les contenir;
mais en raffemblant les faits ,d.e la même nature , 6 c
en en retranchant toutes les fuperfluités, on peut
les abréger beaucoup: en voici le réfultat,, toujours
conforme au plan que nous avons fuivi
jufqu’ici. Le foie eft le vifcere qui eft le plus communément
affefté ; on l’a vu tantôt d une groffeur
monftrueufe, tantôt petit & defleche , guere plus
gros que le poing, blanchâtre , livide , de la couleur
du fafran , plombé, noir, 6 c c . Sa furface a
paru grenelée , tubéreufe , véficulaire, couverte
de vaiffeaux lymphatiques très-apparens ; fa fubf-
tance fquirrheufe , calleufe, dure'comme du bois,
remplie de tubercules purulens pu plâtreux, renfermant
des abcès, des hydatides, des ftéatomes,
&c. Il eft fait mention d’une tumeur pierreufe de
dix à douze livres, tenant à fon ligament fufpen-
foire. On a trouvé la véficule du fiel diftendue
extraordinairement par fept ou huit livres de bile,
contenant une eau limpide , fans la moindre teinture
; renfermant des abcès , des ftéatomes, des hydatides
, des pierres, &c. On l’a vue enfin deffé-
chée , & fa cavité prefque oblitérée. La rgte a
paru d’une groffeur étonnante , fquirrheufe, calleufe
6c d’une dureté approchante de celle de la
pierre ; fa furface couverte de tubercules, plâtreux,
ou de grains reffembla.ns à la petite vérole. On a
découvert l’épiploon extraordinairement épais, du
poids de huit à dix livres, contenant un.e grande
quantité d’eau, 6c des hydatides , exténue, ftéa-
tomateux, fuppuré ou détruit. On a découvert les
mêmes défordres au péritoine , qui de plus a été
yu déchiré. . - - —
On a vu l’eftomac prodigieufement gonflé par
les vents , rempli d’eau , ou d’une liqueur fordide: ;
gangrené , déchiré, &c. les inteftins extraordinairement
enflés, fur-tout le colon qui acquiert quelquefois
la groffeur de la cuiffe, enflammés, ulcérés,
putrides & déchirés ; les grêles font très-fou vent collés
enfemble, & ne formant qu’un peloton; le pancréas
ulcéré, dans un état de pourriture, & détruit; le
mefentere fquirrheux, ulcéré, & d’une grandeur
■ étonnante, contenant des abcès, des tumeurs anomales,
des hydatides, &c. On a rencontré-le péritoine
d’une épaiffeur furprenante , & cartilagineux,
enflammé, grenelé & gangrené ; formant une cloi-
fon qui divifoit la cavité du ventre en deux parties,
dont une feule étoit inondée. La veine ombilicale a été trouvée ca ve, & ouverte au nombril qui
fervoit d’égout; 6c ce cas a été obfervé quelquefois.
Les reins fe font préfentés defféchés, dépouillés
de , leur graiffe, couverts d’hydatides , fquirrheux
ulcères , renfermant des pierres, ou prodigieufement
dilatés par l’urine ; percés, ainfi que
les ureteres & la veflie. La matrice a paru énormément
dilatée par l’eau, contenant des pierres
& des hydatides ; ulcérée, &c. Les ovaires prodigieufement
étendus, fquirreux, abcédés & putrides
, ainfi que les trompes : il eft bon de remarquer
que la fubftance des ovaires augmente à
proportion de leur étendue ; car on en a vu qui,
apres avoir été vuidés, pefoient encore vingt-iept
livres.
On a obfervé encore des kiftes ou des facs de
toutes les groffeurs: il y en a qui occupent tout
le bas-ventre, réduifent les vifceres à un fi petit volume
, que ceux qui n’en étoient pas prévenus
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ont cru , à la première ouverture , qu’ils étoient
tous détruits, tant ils étoient refferrés 6c cachés
par le fac , qui contra&e plus ou moins d’adhérence
avec toutes les partiés voifines ; cela eft fur-
tout affez commun à l’hydropifie du péritoine, fituée
entre cette membrane & l’enceinte mufeulaire. On
a vu de plus l’épiploon , les reins & les ô.vaires,
formant, par leur dilatation, des kiftes plus ou
moins confidérables ; on en a obfervé qui tenoient
Amplement au foie , à la matrice 6c aux autres vifceres
qui n?avoient pas perdu leur forme. Les uns
& les autres contiennent différentes.fortes'.de liquide
; des hydatides de toutes les groffeurs, dé-,
tachées, folitaires, ou réunies- en grappe : ôn les
rencontre quelquefois , ces kiftes, divifés en plufieurs
cavités, qui ne communiquent pas enfemble,
& renferment des liqueurs différentes; Tous les
vifceres, dans la vraie afcite, ont été trouvés
adhérens, couverts d’une croûte gélâtineufe , 6c dans
un état de pourriture. On a obfervé des tumeurs fon-
gueufes & carcinomateüfes , s’élevant .de la furface
du foie, de l’eftomac, des inteftins, & autres parties
; des hydatides tenant à tous les vifceres, ou
ballotant dans la cavité du ventre. On a découvert'
quelquefois, avec affez d’évidence, que le liquide
tiroit fa fource d’un vaiffeau lymphatiquè ouvert,
d’une veine laâée percée ; des reins, des ureteres
& de la veflie déchirés : nous avons déjà dit de
quelle nature étoient les différentes liqueurs, qui
croupiffent dans les cavités que nous avons dé-
fignées.
Nous ne devons pas laiffer ignorer qu’on voit
fouvent, dans ces maladies, les plus grands délabre-
mens à la poitrine, comme des épanchemens de
tontes les natures ; les poumons adhérens, tuberculeux,
ulcérés , putrides, &c. On a vu enfin 4o
coeur d’une groffeur demefurée , ou exténué ; fes
valvules cartilagineufes, offeufqs ou pierreufes ; fa
furface ulcérée, couverte de la même croûte ge-
latineufe , qu’on trouve dans le bas - ventre ; des
taches blanchâtres^, qu’on enlevoit en forme de
pellicules, dont nous avons déjà fait mention; fon
adhérence avec le péricarde; ce fac épais, contenant
une liqueur abondante , limpide , fanieufe , fétide
, &c. entièrement détruit , 6c le coeur par
conféquent, à nud. Nous fupprimons les obfervations
qui regardent la tê te , qui ont un rapport
plus éloigné avec la maladie dont nous parlons.
Le traitement, qui convient aux épanchemens
du bas-ventre, différé peu de celui que nous pro-
pofons pour Phÿdropifie ; cependant l’expérience a
appris à y faire quelques chaneemens que nous devons
indiquer. Les vomitifs reitérés dans les com-
mencemens,ont produit fouvent les meilleurs effets:
mais il n’en a pas été de même, lorfque la maladie
étoit avancée. On peut ufer dans tous les tems,
des purgatifs, tels que le jalap, la rhubarbe,
; l’iris, le féné, & les fels hydragogues. Mais on ne
doit pas faire beaucoup de fond lur ces remedes ;
i les draftiques fur-tout, qui réufliffent fouvent dans
la leucophlegmatie, font ici à craindre ; la gomme-
' gutte , qu’on donne fi familièrement, à l’exemple
de Willis, qui en faifoit prendre pendant fix jours,
depuis douze jufqu’à vingt grains, pourroit en
* fournir la preuve ; ce n’eft pas qu’on n’ait quelquefois,
réuflï par cette méthode ; mais l’hiftoire de
; les mauvais effets feroît très-ample ,fx l’on avoit
eu le même intérêt à nous la conferven Les apéritifs
, 6c fur-tout les diurétiques, méritent plus
de confiance ; tels font la chicorée, le cerfeuil »
la fcolopendre, la racine de fraifier, d’ache, de
brufcus , &c. le nitre, le fel de genet, de tama-
rifc 6c de Glauber ; les cloportes, le tartre vitriolé
, & enfin la Icille ,6c fes préparations. Mais
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les remedes .qui, dans ce cas, doivent.porter à
plus jufte, titre le. nom d’apéritifs & de diurétiques',
font les fortifians j les amefs •& les martiaux; tels
font l’année , des, haies de genievre, la rhubarbe,
la cane:lle , le caflia-lignea , la patience , la petite
centaurée 6c l’abfinthe, le fafran de mars, le tartre
martial, &c. Les eaux de Plombières , de Bourbon
Lancy & autres minérales , ont été quelquefois
d’une grande efficacité; on - a encore ufé, dans
quelques circonftances , . du creffon, de la berle ,
de la patience , & autres dépurans 6c anti-fcprbu-
tiques. Nous ne devons pas laiffer ignorer que quelques
perfonnes ont été guéries par l’abftinence de
toute boiffon; il y en a qui ont pouffé ce régime
jufqu’à trois mois, en trompant leur foif avec une
rôtie arrofée d’eau-de-vie. Cette pratique, que
Lifter avoit adoptée, n’eft point à méprifer. On
peut tirer enfin quelque avantage des topiques,
que l’on propofe ordinairement contre la leucophlegmatie,
auxquels il faut ajouter l’application
chaude du fel commun , que Boerhaave a employé
fouvent avec fuccès.
Tout le monde, fait que ^évacuation artificielle
des eaux eft un des points les plus effentiels du
traitement: cette opération, qu’on nomme para-
centefe , peut réuffir, lorfque le liquide n’a pas
croupi long-tems, & que les vifceres ne font pas
gâtés ; mais fans ces conditions, elle précipite
les malades qui auroient pu vivre long-tems dans
cet état. Lorfque le ventre vuidé fè remplit, au
bout de douze ou quinze jours, il y a peu à ef-
pérer, 6c l’on eft forcé de réitérer l’Opération pour
prolonger la vie du malade ; on nous apprend qu’elle
a été faite plus de cinquante fois fur le même fujet,
duquel on a cru avoir tiré quatre cens pintes d’eau.
Je dirai, à ce (ujet, qu’il eft important de comprimer
le ventre, à mefure que l’eau s’écoule , 6c d’y
employer après l’évacuation, plufieurs bandes garnies
de boucles 6c de courroies, dont quelques-
unes doivent paffer entre les cuiffes, pour que les
vifceres foient à peu près autant comprimés qu’ils
P étoient auparavant ; il faut même que les malades
qui étoient oppreffés par la plénitude du
•ventre , ne fe trouvent pas trop foulagés par fon
affaiffement. Le défaut de cette précaution, que
plufieurs mettent au nombre des minuties , rend
pourtant la paracentefe infruftueufe. Il eft encore
fouvent dangereux de mettre le ventre à fec, lorf-
qu’il a été prodigieufement rempli ; il eft plus sûr
de ne tirer alors que quinze ou vingt pintes d’eau
à la fois. S’il y a des hydatides, il faut que l’ouverture
foit proportionnée à leur volume.; on juge
bien que la {impie ponftion eft alors infuffifante.
Il eft même néceffaire, pour toutes les hydropifies
enkiftées, d’agrandir l’ouverture, & de l’entretenir,
non-feulement pour favorifer l’écoulement des
matières épaiffes & bourbeufes qui s’y rencontrent,&
qui lè régénèrent en très-peu de tems, mais encore
pour y porter des injections déterfives & defficati-
,ves, qui dans ce cas font indifpenfables ; cette ouverture
, à la vérité, peut, refter fiftuleufe ; mais les
malades font encore trop heureux de vivre avec
cette incommodité. On a enfin tenté, dans cette
occafion, le féton 6c le cautere ; 6c cette pratique a été quelquefois avantageufe. (T.)
ASCLEPIADES , ( HÎJI. de La Médecine anc. )
ce nom défigne les defeendans d’Efculape , dont
la famille forma différentes branches,qui fe répandirent
dans différentes contrées pour y exercer la
medecine; & qui ouvrirent des écoles célébrés à
C o s , à Rhode & à Cnide, d’où leurs difciples tranf-
porterent leur nom & leur gloire chez prefque tous
les peuples du monde. Efculape dont ils defeen-
d oient, fuit le premier qui vifita les malades retenus
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dans letir lit, & qui examina les fymptomes 6c la marche
des maladies; les AJclèpiades fui virent cette
méthode , ce qui fit donner le nom de Cliniques à
leurs éleves,.pour les diftinguer des empiriques,
qui n exerçoient la médecine que dans les marchés
& dans les places publiques. Ces Afclépiades n’é-
toxent que de fimples chirurgiens, dont la pratique
n’ftoit appuyée fur .aucun principe de raifonnement,
puifque la philofophie n’étoit point encore née. Leur
routine eut de fi heureux fuccès, qu’ils abolirent
toutes les anciennes méthodes ; avant eux, la médecine
employoit le fecours de la mufique, pour
dompter les maladies les plus rébelles ; on regar-
doit l’harmonie comme le remede le plus propre
à calmer Peffervefcence du fang & l’âcreté des humeurs
; quand cette reflburce étoit impuiflante ,
on avoit recours aux charmes 6c aux enchante*
mens; & c ’étoit le remede dans.qui la multitude avoit
leplns.de confiance: les charlatans prononçoient
des paroles myftérieixfes & des vers magiques;
ils gravoient fur la cire, fur la pierre & fur les
métaux des figures fymboliques , appellées aniu-
Lues^ qu’qn attachoit aux bras des malades , dont
1 imagination ébranlée, tempéroit .les mouvemens
déréglés du corps, & le remettoit dans fon affiette
naturelle. Les Afclépiades affranchirent l’art de
guérir de toutes ces puérilités fuperftitieufes, 6c
quoiqu’ils tou-rnaffent en ridicule la médecine méthodique
, ils s’etudioient à démêler la caufe des
fymptomes 6c des accidens des maladies. Pytha-
gore qui fe glorifioit d’être le dix-feptieme defeen-
dant d’Efculape, fut lè premier qui fit fervir la
philofophie à la confervation de l’humanité ; il ne
rejetta point le fecours des obfervations & des expériences
qui font les guides les plus fidèles pour nous
éclairer dans nos routes. Mais il alla plus loin, en
établiflant des principes certains, dont il tira des
conféquences lumineufes ; de forte qu’on peut le
regarder comme le créateur de la médecine qu’on
exerce aujourd’hui. (T—v .)
ASCOYTIA ou Azpeyta. , [ Géogr. ) petite ville
d’Efpagne, en Bifcaye, dans le Guipufcoa. Elle
eft fur la riviere d’Urola , à l’oueft de Tolofe;
oc au fud-eft, à deux lieues de Placentia. C ’eft la
patrie d’Ignace de Loyola , fondateur de la fociété
jéfuitique, anéantie aujourd’hui. Long. i 'S, 10. Lac.
43 , /5. Quelques lexicographes ont fait mal-à-
propos deux villes d’une feule, à caufe de fes deux
noms, Afcoytia 6cA\peyta, ( C. A. )
A S C R A , ( Géogr. ) village de Grece , en
Béotie, près l’Hélicon. Il eft remarquable pour
avoir été la patrie du -poëte Héfiode. Un grand
homme immort-alife un hameau, tandis que- le nom
de plufieurs grandes villes, qui n’ont ©renfermé
que des hommes ordinaires , refte enfeveli fous
leurs ruines. ( C. A . )
ASDRUBAL, fils de Magon, (Hijl. des Carthaginois^)
Plufieurs généraux Carthaginois ont annobli
le nom d'Afdrubal, Le premier qui paroît dans l’hif-
toire étoit fils de Magon , célébré capitaine, qui le
premier introduifit la difcipline militaire des Grecs
parmi les Carthaginois. Ce fut fous fa tente que fon
fils Afdrubal fit fon apprentiffage de guerre. Le fils
formé par des exemples & des leçons domeftiques,
fut l’héritier de la gloire & des talens de fon pere ,
lorfqu’après fa mort il fut élevé au commandement
des armées. Quoiqu’il eût les qualités -qui forment
le grand général , il ne* fut pas toujours fécondé
de la fortune : Une trop grande étendue de génie
s’oppofe quelquefois aux fuccès. A force de trop
voirr, on juge mal des vues des généraux qu’on a
en tête , & ce fut la fource des reyers qu’éprouva
le favant AfdrubaL Régulus, qui lui étoit bien inférieur
en talens, remporta fur lui une grande