
bourgeons font menus & prefque entièrement rouges
: les boutons font gros, pointus, la plupart fim-
ples, & leurs fupports font très-faillans. Les feuilles
font dentelées &i fur-dentelées ; une partie de la groffe
arrête , & même des petites nervures, font teintes
d’un rouge foncé: elles font petites, larges dircôté
de la queue ; elles fe terminent en une pointe fort
longue qui fe replie en dehors. Le fruit eft p e tit,
fa chair d’un jaune rougeâtre eft fondante. Son eau
eft d’un goût vineux relevé mêlé d’un peu d’amertume
qui n’eft pas défagréable. Son amande eft
amere. Le tems de fa maturité eft à la mi-Août :
c ’eft le meilleur pour les confitures.
L’abricotier n°. 4. fe diftingue de tous les autres
•au premier coup d’oeil: fon fruit eft d’un pourpre fi
obfcitr en dehors, qu’il paroît noir ; il eft alongé
& reffemble à une greffe prune : fa chair eft d’un
•orangé fonce. Quelques perfonnes le mangent avec
plaifir, il embellit les defferts par la variété qu’il
y apporte.
JL’abricotier précoce a- des feuilles larges, con-
•Èà'ves, dentelées & fur-dentelées peu profondément.
Le fruit eft petit, & l ’amande amere. Sa maturité eft
au commencement de Juillet.
La variété n°. z. différé de la précédente par des
feuilles moins grandes, & dont les dentelures font
moins profondes : elles ne fe creufent point en dedans
, elles fe ferment plutôt en gouttière. Le fruit
eft petit, fa peau eft couverte d’un duvet fin, plus
fenfible que dans les autres abricots; le côté-de
l’ombre eft d’un blanc de cire, le côté du foleil fe
colore légèrement d’un rouge brun, le fruit qui mûrit
fous les feuilles eft tout blanc : fon goût approche
de celui de la pêche. Sa maturité précédé quelquefois
celle de l’abricot précoce. L’arbre charge beaucoup
; il demande l’efpalier, une terre feche & une
expofition chaude.
La variété n°. 3. porte des feuilles dont la plupart
font plus longues que larges : la groflë nervure
les partage inégalement : leur dentelure fine &
aiguë imite les dents d’une fcie. Le fruit eft. petit,
d’un goût relevé & excellent: fon amande eft douce,
d’un goût d’aveline agréable :• fa maturité en efpalier
eft un peu après la mi-Juillet.
. La variété n°. 4. porte quelquefois des boutons
au nombre de huit fur un même fupport: fes feuilles
font petites, rondes, terminées par une pointe affez
large , toujours repliée en dehors. La dentelure &c
fiir-dentelure eft obtufe & peu profonde : fon fruit
eft petit & applati : fa chair eft d’un jaune très-foncé :
fon eau eft d’un goût fort vineux & relevé: fon-
amande eft douce : & fa maturité en efpalier eft à
la mi-Juillet.
La variété n°. 5. porte quelquefois des boutons
' au nombre de huit, fur un même fupport, comme la
précédente : les, fleurs fe teignent légèrement de
rouge ; plufieurs font compofées de fix pétales. Les
feuilles font petites, oblongues, dentelées très-finement
& peu profondément ; elles s’élargiffent beaucoup
moins à leur épanouiffement que celles des
autres' abricotiers, excepté celles de l’abricotier An-
goumois: leur extrémité fe termine prefque régulièrement
en pointe. Le fruit eft petit, fa peau eft
caffante, quelquefois un peu amere. L’eau en eft
abondante, & d’un goût relevé: c’eft un des meilleurs
abricots. L’amande eft amere. Sa maturité eft
vers la mi-Août.
L ’abricotier h fruit violet paroît être une fur-variété
de Y abricotier Angoumois ou de celui de Portugal ;
on ne le diftingue que par fon fruit : il eft petit, fa
peau eft d’un rouge tirant fur le violet du côté du
ibleiL Sa chair eft d’un jaune rouge : fon eau éft
iiicré e, peu abondante & peu relevée. Son amande
eft douce. Il mûrit dans le commencement d’Août.
Uabricotier de'Nanci, que quelques-uns appellent
abricotier-pêche, furp-affe en grandeur Y abricotier commun.
Les boutons font gros & courts, très-larges par
la b afe, &c fouvent ralfemblés par groupes de cinq
ou fix , peu diftans les uns des autres. Les feuilles
font grandes,larges, terminées par une pointe longue,
étroite & penchée. Le fruit eft beaucoup plus
gros que celui de Y abricotier commun: Peau en eft
abondante, & d’un goût relevé très-agréable, particulier
à cet abricot, qui mérite la première place.
Il forme un bel arbre en plein vent ; & fes fruits .
quoique moindres qu’en efpalier, font cependant
d’une groffeur fupérieure à celle de tous les autres
abricotiers élevés en plein vent.
U abricotier d’Alexandrie a fes bourgeons jaunâtres
, marqués de petites protubérances grifes : fa
feuille eft petite & finement dentelée. Les pétales
de la fleur font étroits : fon fruit, qui n’eft pas fort
gros, eft excellent. Comme il fleurit de très-bonne
heure, il arrive fouvent que l’embryon périt; il demande
donc une excellente expofition.
La taille de Y abricotier fuit les réglés générales j
comme il reperce aifément, un arbre mal taillé, négligé,
vieux ou malade peut fe rétablir fous une
main adroite.
La plupart des obfervations que l’on trouve ici
font de M. Duhamel du Monceau, elles font conformes
aux nôtres ; nous n ’avons fait que les abréger ,
y enajouter quelques unes, & mettre un ordre différent
dans les efpeces : on peut confulter fon Traité
des arbres fruitiers, & confidérer les planches fuper-
bes qui s’y trouvent. Nous recommandons aufli le
livre de l’abbé Royer Shabol, pour la taille. '
Les abricotiers à haut vent feront un très-bel effet
dans, les bofquets du premier primeras ; leurs fruits
enrichiront & embelliront les bofquets d’été. ( M. le
Baron D E T s c h o u d i ).
* ABRIER, v . a. vieuxmot qm fignifioit autrefois
protéger.
Abrier , ( Jardinage. ) mettre une plante, une
couche , .&c. à l’abfi du v en t , de la gelée , ou de
la trop grande ardeur du foleil. C ’eft peut-être malà
propos que quelques jardiniers ont retenu ce mot,
au lieu d’abriter, dont on fe fert plus communément
aujourd’hui, quoique l’étymologie foit pour eux :
car certainement il vient du fubftantif abri ( & non
pas abrit ) ; d’oii il paroît qu’on devroit plutôt dire
abrier & abrié, qu^abriter & abrité, quoique l’ufage-
aûuel y foit contraire. Notre langue a beaucoup
d’autres bifarreries femblables.
ABR ITE, f. & adj. des deux genres (Hijl. anc.)i
nation des Indes ainfi appellée du fleuve Abris, fur
les bords duquel elle habitoit. On rapporte que les.
Abrites étoient fi jaloux de leur liberté,' qu’ils aimèrent
mieux abandonner leur patrie que de fe fou-
mettre à Alexandre,
§ ABROBANIA ou Abrugbania , ( Géogr. }
contrée de la Tranfylvanie, avec titre de comté*
Elle avoifine le comté de Colofvar, &: elle eft .fé-
parée de la Hongrie par une chaîne de montagnes
dans lefquelles il y a des mines d’or/La ville Capitale
de ce comté porte le même nom ; elle eft fituée
fur la rivière d’Aranias qui a fon embouchure dans
Te Marofch; & non fur la riviere d’Ompay, comme
le dit Daviti, & ceux qui l’ont copié. Elle eft à
douze ou treize lieues d’Albe-Julie. Long. 40. 22..
lat. 4 6 56. Elle eft appellée Aprackbania , dans le
Dict. raif. dés Sciences, Arts & Métiers. C’eft une
faute.
ABROBI, ( Géogr. ) gros village d’Afrique en
Guinée, fur la Côte d’or , dans le pays de Jabs ou
Yabah. Il eft remarquable par fa fituation dans une-
baie : il eft divifé en deux parties, avec de grandes
plainçs par derrière, qui s’étendent jufqu’au pied de
plufieurs montagnes, & qui de la mer-, font paroître
la côte comme une double terre. Le pays eft abondant
en grains & en volaille , mais il fournit peu
d’or qui ne foit altéré. La baie finit au cap d'Aldea
das terras. Long. i5, lat. 5, ( C. A . )
§ ABRQLHQS ou B axqs de B a bu ch a , (Géogr.')
écueils très-dangereux , & fameux par u,n grand,
nombre de naufrages. Ils font dans l’oççan méri-.
dional , près de l’ifle de fainte-Marie d’Agofta, \
vingt lieues de la çôte du Bréfil, êz au fud-eft de-
Porto-Seguro. Il y en a encore plufieurs de ce nom
à trois degrés.,de l’équateur. Ce mot lignifie ouvre
Vceil, prends garde au danger. Long. 3 4S. lat« Z&.
( C .A . ) .
* ABROUSTURE, f, f. vieux mot qui fignifioit
autrefois fo droit de faire, brouter le bétail en certains
lieux,
* ABROUTI, ie , adj. terme de Foreßier, fe dit
des arbres dont des beftiaux ont brouté les bourgeons.
Un arbre abrouti par le§ chevres ; une vigne
abrouiit ; une forêt abroùtie.
§ ABRUS , f. m. ( Hiß. Nat, B&taniq. ) nom
Egyptien d’une plante qui croît dans les bois de
l’Afrique, fous la zone torride , d’où elle a été
îranfportée par les Negres en Amérique, & même
dans quelques endroits de l’Inde , fi l’on en croit
Rumphe qui en a donné une bonne figure quoiqu’in-
çomplette, à la planche 3 z du cinquième volume
de fön Herbarium amboinicum, fous le nom de
abrus frutex, page 57. Cette plante eft des plus communes
au pieddes gommiers, dans les terres fablon-:
neufes du Sénégal, où les Negres Oualofs l’appel-
îent bouti-giann , c’eft-à-dire , yeux de ferpent , à
caufe de la reffemblance qu’ont les graines avec les
yeux de leurs ferpens, dont l’iris eft rouge de feu
& la prunelle noire. Les François l’appellent m m
Jauvage , parce que fa racine a une faveur fuçrée ;
ou bois-bedeau , à caufe dè l’oppofition des deux
couleurs de fa graine, le noir ou bleuâtre fur le
rouge. Le nom que les Chinois lui donnent de
tsjontsjo ou tsjontsjci, & que les Allemands écrivent
& prononcent comme £o/zgy£, qui veut dire prunelle
d'oeil, exprime affez l’idée des Sénégalois. Les Chinois
l’appellent encore tfjendikithoe, qui veut dire
quelque çhofe qui s’étend OU qui fe renfle , à caufe
de fa propriété dont nous parlerons çi-après. Les
iiabitans deTernate l’appellent ideide malacca, c’eft-
à-dire ,yçux d étourneaux ; ceux d’Amboine, ayla-
lun ; ceux de Banda , laie ou caju-lale. Zaga eft
fon nom Arabe, qui défigne l’art de l’orfçvrerie,
parce que fes graines,fervent aux orfèvres, çommç
on le dira par la fuite. Ce nom eft métamorphofé
par les Malays en celui de %oga, & en celui defaga
par les habitans de l’ifle Java. Mangielin eft fon nom
Malabare. C’eft le phafeolus a lat us minor Americat
nus , glycyrrhiçoe fapore, fiUquis orobi , feminibus aigris
hilo cocinneo notatis c liquorice tree , id efi ,
glycyrrhiça arbqr jamaicenßs, cujus femina monkei
berryes Barbadenßbus nuncupantur. Plukenet, Alma-
geß.page OC)4. Phytographie, planche 2.14, figure 6".
Çet Auteur n’en a defliné que les légumes. C’eft le
ginge deCamerarius : on en connoît trois efpeces.
Premiere ejpece, Abrus,
La première efpeee eft celle que nous venons de
nommer, & qui s’appelle proprement abrus.. C’eft
une plante vivace , grimpante, haute de douze a
quinze, pieds à tige plate de cinq à fix lignes de
diamètre , comme compofée de deux tiges unies//
cendré roufle, à bois blanc, plein & dur, qui fe
partage en divers- rameaux qui fe fubdivifent de
meme , & s’entortillent autour des arbres qui leur
fervent d’appui. Ses feuilles font alternes, aîlées
Amplement, compofées de quinze à vin^t paires
de folioles fans, impaire, comparables à celles du.
1 tamarin , mais plus minces., plus liffes, d’un verd
| plus jaune & plus gai que dans aucune autre plante s
au moins, dans leur jeuueffe car en vieilliffant, elles
paffent à un verd plus mâle & plus foncé : leur figure,
eft elliptique ; leur longueur de cinq à fix lignes fur-
Une largeur de deux à trois lignes environ: elles,
font accompagnées à leur origine de deux fiinules
, foies qui tombent de bonne heure. On remarque,
dans ces -feuilles un mouvement journalier qui fuit
; Ie cours du foleil avec une régularité qui n’a pas
d’exemple dans, aucune autre des; plantes, où l’on a
remarqué cetteAngularité, pas même dans la çaffe,
le tamarin,, l’aca-cia ou la fenfitive , qui font des,
! plus fenfibles ; car,, dès que- le foleil fe le v:e , elles
! s’épano.tiiffent , & préfenten.t un feuillage d’un
verd gai & tendre : à midi elles fe ferment, les
unis plus les, autres moins , à proportion de ce
qu’elles font plus qu moins, exp.ofées à l’afrion du
foleil; après, le paffage du foleil au méridien, elles
fe relevent infenfiblernent jufqu,’à fon coucher, où
elles fe replient de nouveau, fe lgiffant pendre la'
pointe en bas, au contraire de la crête, de paon ,,
criÿa pavonis,,. efpeee de çaffe qui les releve en
haut la pointe tournée vers le ciel. Les vieilles
feuillés n ont pas ce mouvement aufli régulier, aufli,
- fenfible que les jeunes; cette régularité eft aufli
troublée par les pluies & par l’ombre.
D-e l’aiffelle des feuilles fort un p.éduncule aufli.
long qu’elles', qui porte dans fa moitié fupérieure:
environ deux cents fleurs incarnates, fans odeur
difpofées en é p i, & r^ffemblées au nombre de
douze à quinze fur chacun des quinze tuberçiiles qui
s’élèvent fur l’axe de çet épi. Chaque fleur porte:
fur un péduncule très-court, & eft compofée d’un
calice verd-ro. 11 geâtre , d’une feule piece en ento,n-\
n o ir, couronné de cinq dents, inégales; d’une co-\
rolle à cinq pétales en papillons, menus, afongés ;
de dix étamines réunies'toutes enfemhle par leurs
filets eq une colonne cylindrique; & d’un ovaire
Cylindrique comprimé, cinq fois plus long que large a
velouté , terminé par un ftile cylindrique une fois
plus court que lu i, & par un ftigmate hémifphé-
rique. Cet ovaire devient en mûriffant un légume
court, verd-jaune, comprimé ,, long d’un pouce
une fois moins large ? terminé à fon extrémité fupé*
rieure par le ftile qui eft courbé en bas en crochet,
de fubftanee coriace épaiffe, ridé & femé de poils
blancs & courts, partagé intérieurement en cinq à
fix loges par autant de doubles membranes blanches,
& qui s’ouvre du haut en bas d’un bout à l’autre
en deux battans qui fç roulent en fpirale pendant-
la féchereffe. Chacune de çes loges contient une
graine ovoïde très-raccourcie & prefque fphérique,
longue de près de trois lignés & prefque d’un tiers
plu? courte, d’une très-grande dureté, liffe, très-
luifante , de couleur écarlate , -avec une taçhe noire
orbiculaire autour de l’ombilic qui eft rond & petit,
& par lequel elle étoit attachée au bord fupérieur
des battans du légume. La peau qui recouvre chaque
graine eft çoriace , épaiffe, & eaçhe fous elle upe
féconde peau membrapeufe mince qui enveloppe
l’embjyon, lequel eft çompofé dé deqx cotylédons ,
hemjfphériques , jaunâtres , appliqués l’un contre
l’putre en forme de fphere , au haut de laquelle eft
’ implantée une radicule cylindrique fort courte , &
couchée horifontalement fur le côté,
Sa racine eft cylindrique, peu rameufe , longue
de deux à trois pieds, enfonçée perpendiculaire^
ment fous terre, du diamètre de fix lignes, ligneufe,
blanche , dure, pleine , couverte d’une écorce
épaifl’e , charnue, brune , qui fe leve par lames
membraneufes. ,
Qualités. Les feuilles, de Xabrus, ainfi que fa
ü ÿ ..................