
 
        
         
		vallée, &  tout autre lieu refferré oh l’on eft à portée  
 d’avoir des arbres.  ' 
 Ce fut à  l’aide des abattis, que Mercy le rendit  li  
 formidable  dans les combats de Fribourg en  1644,  
 à  Ensheim  en  1674.  Un  petit bois  qui  couvroit  la  
 gauche des alliés,  8c dans lequel ils avoient pratiqué  
 quelques  abattis,  exigea  differentes  attaques  de  la  
 part des François commandes par Turenne ; 8c  ce ne  
 fut qu’après des  efforts répétés 8c un combat des plus  
 furieux, qu’ils parvinrent à la fin à  s’en  rendre maîtres. 
  Le maréchal de Villars  à Malplaquet fortifia la  
 droite 8c la gauche  de ion champ de bataille, par des  
 abattis : il fut battu ; mais ce ne fut pas par la foibleffe  
 de ces retranchemens. Il n’y  a point de guerre qui ne  
 fourniffe  quelques  exemples  de  l’ufage  admirable  
 qu’on peut faire des abattis  pour fortifierun camp, 
 &  toutes efpeces  de  lignes.  _ 
 Outre les différentes occafions qu’on vient dedire,  
 oh les abattis font un effet merveilleux, il  en eft  encore  
 d’autres oh  ils peuvent être  de  la  plus grande  
 reffource  :  telles  font  particulièrement  celles-ci.  
 Qu’il s’agiffe de paffer une riviere : la meilleure façon  
 de  fe couvrir 8c de  fe mettre en état de foutenir une  
 attaque lorfqu’on auroit paffé, même de le faire avec  
 peu de monde, feroit inconteftablement de  fe fervir  
 d'abattis;  s’il ne  fe  trouvoit  pas d’arbres  à  couper  
 au delà de  la riviere, on commenceroit par en  faire  
 une  provifion fuffifante  pour  les y   traîner,  &   Ion  
 s’en couvriroit, à mefiire qu’on a r r iv e ro itfu r  une  
 ligne  courbe que  l’on garnirait d’un  feu d’infanterie  
 &   dé  canon.  Qu’on  fe  trouve  enfermé entre deux  
 armées, comme il eft arrivé plus d’une fois, 8c qu’on  
 foit  dans  l’attente  de  quelque  fecours : un  général  
 qui  fe  trouveroit  en  pareil cas,   Sc  qui  n’aurait  pu  
 tomber fur une  des  deux  armées  avant  l’arrivée  de  
 l’autre ,  pourroit-il prendre un meilleur 8c plus prudent  
 parti pour fe tirer d’embarras, que  de fe camper  
 dans le pofté le plus avantageux qu’il trouveroit  
 fur fa marche, de choifir un terrein oh il y  eût, ainfi  
 qu’aux environs, des arbres en quantité, de les faire  
 couper  avec autant de  foin que de diligence, &  d’en  
 former un abattis autour de fon camp, en les faifant  
 traîner à force de  bras  &   avec des  cordes  par  des  
 foldats, 8c par les chevaux de l’artillerie,, des vivres,  
 &   des  chariots  d’équipages ?  Il  eft  certain que  ces  
 deux moyens  de  defenfe  indiqués  par  le  commentateur  
 de  Polybe  (  Tome  V . page  14S  8c  Tome  III.  
 p .  1^3.) font infiniment fupérieurs à tous les autres;  
 d’autant qu’il  n’en eft  pas des abattis comme des ré-  
 tranchemens  ordinaires,  qui  font  peu  capables de  
 réfifter à un grand  effort,  8c fur-tout  dans les occafions  
 où l’on n’a guère  le teins de  les perfeôionner,  
 &  quand on a affaire  à un ennemi vigoureux qui fait  
 prendre fon  parti.  On a vu  affez fouvent des  corps  
 poftés dans  des  bois  en avant de  l’armée obligés de  
 fe  retirer inopinément, quelquefois être enveloppés  
 &  mis en  déroute, ou obligés  de  mettre  bas les armes  
 , qui  fe feroient  épargné  de  fi  fâcheux  événe-  
 mens,  s’ils s’étoient retranchés  par des abattis ,   qui  
 euffent donné le tems d’aller à  leur fecours &  de les  
 foutenir, ou de  les  dégager 8c  de  les  fauver.  Il ne  
 faut  donc  jamais  négliger  de  fi  fages  précautions 1  
 quand on eftàmême d’enufer, 8c qu’on eh aleJ:ems. 
 Les abattis ne différant des retranchemens que par  
 leur forme  &   leur  conftruftion,  on trouvera à l’article  
 de ces derniers (v&ye^ Retranchement dans  
 ce  Suppl.  )   les  différentes  difpofitions  qu’on  peut  
 faire  tant pour l’attaque que pour la défenfe  de  ces  
 fortes de  fortifications.  On fe  contentera d’obferver  
 ici que lorfqu’on  doit attaquer des abattis, le plutôt  
 c’eft le mieux, parce que très-fouvent de tels ouvrages  
 peuvent  bien  plus  qu’aucuns  autres,.être  mis  
 promptement, par leur fituation 8c leur peu  d’étendue  
 ,   en  état  de  faire  une  vigoureufe réfiftançe.  Il 
 faudroit  en  pareil  cas  donner  aux  grenadiers  des  
 haches bien  acérées,  des cordes avec  des  griffes de  
 fer attachées  au  bout pour les jetter  fur. les arbres,  
 8c  tâcher  de  les  tirer à foi pour s’ouvrir un paffage.  
 Outre le canon chargé à cartouche  qui  doit  accompagner  
 l’infanterie,  des boulets  ramés  tirés  contre  
 Xabattis  feroient à coup  fûr  un très-grand effet.  Les  
 grenadiers  8ç  les  premiers  rangs  des  colonnes de-  
 vroient  être pourvus de  grenades pour  en  accabler  
 l’ennemi.  Mais dans l’attaque comme dans la défenfe  
 des abattis,  ainfi  que  dans beaucoup d’autres occafions  
 ,  il  n’y  auroit point  d’arme  plus néceffaire, ni  
 plus  avantageufe  que  la  pique  ( voye^  Pique  dans  
 ce  Suppl. ).  Malheureufement nous  en  avons quitté  
 l’ufage;  mais  en  attendant  que  nous  y   revenions  
 ( cette prédiction eft déjà commune à bien des gens),  
 on pourroit  la  fuppléer, comme le confeille le chevalier  
 de Folard, par la baïonnette mife au bout d’un  
 long bâton, qui eft une arme non moins redoutable. 
 ( M. D . L. R . ) 
 A BA TTR E ,  v . a. ( terme  de  Marine.)   Faire  une  
 abattée (yoyt{ ci-devant  Abattée) en appareillant.  
 (J^oye^ Appareiller  dans  ce  Supplément.) 
 Abattre un  vaijfeau,  c’eft. le  coucher  fur un  côté  
 afin de mettre  hors  dé Peau  8c de découvrir l’autre  
 côté.  Différens  befoins  font  recourir  à  cette  manoeuvre  
 ,  mais  on  l’emploie  le  plus communément  
 pour carener les vaiffeaux.  C’eft  une des  plus  délicates  
 de  celles  qui  fe  pratiquent,  tant  à  caufe  des  
 forces qu’il faut y  employer,  que  de  la  précifion 8c  
 de l’exaCtitude que  l’on doit y  apporter pour prévenir  
 lesinconvéniens qui réfulteroient dumanquement  
 ou de  l’oubli  de  quelque  partie.  Lorfqu’on abat le  
 vaiffeau jufqu’au  point  de  découvrir  fa  quille,  o n ,  
 appelle  cela  aufli  le virer en  quille  :  voici  la  façon  
 d’exécuter  cette manoeuvre. 
 On décharge entièrement le vaiffeau, à une certaine  
 quantité de left près ,  que  l’on  y   laiffe  &   que  l’on  
 place  de  l’avant.  Cette  précaution  eft  néceffaire ,   
 pafee  que  le  vaiffeau  tirant plus  d’eau  de  l ’arriere  
 que  de  l’avant,  fi on ne  chargeoit  pas  la partie  de  
 l’avant pour la faire plonger, il arriveroit quelorfque  
 le vaiffeau feroit couché,   la quille ne paroîtroit  pas  
 fur l’eau dans toute  fa longueur  en même tems,  ce  
 qui  obligeroit  de  le  coucher beaucoup  davantage.  
 On doit  fe  régler pour la quantité de  left  qü’il  faut  
 mettre de  l’avant,  fur la différence  des  capacités de  
 l’avant avec celles de l’arriere : différence prife, non  
 pas lorfque  le  vaiffeau  eft  droit, mais  lorfqu’il  eft  
 couché.  On a vu des vaiffeaux dans lefquels il a fallu  
 pour  cet effet jufqu’à cinquante tonneaux de left. On  
 place  ce left  fous la  foffe  aux cables 8c fous'la foffe  
 aux lions ;  8c pour qu’il ne puiffe tomber du  côté fur  
 lequel  le  vaiffeau  eft  couché,. on.l’aflujettit en  plar  
 çant deffus un premier rang de planches qui le couvre  
 entièrement  8c exaélément ;  puis un fécond  rang de  
 planches placé fur le premier en fens contraire ,.c’eft-  
 à-dire de  telle  forte que la longueur des  planches du  
 fécond rang ,  foit perpendiculaire  à la longueur  des  
 planches  du  premier,  &   enfin  en  appuyant le  tout  
 avec des  étançons qui  portent fur ce fécond rang de  
 planches 8c  fur les. baux du vaiffeau. 
 Si  les mâts  d’hune font guindés ,  on  les  amene à  
 mi-mât,  &   on faifit bien leurs vergues,  fi elles font  
 en place,  fur le  ehouquet 8c dans la hune.  Le  vaiffeau  
 ne doit  point  avoir  fes  baffes  vergues, parce  
 qu’elles iraient dans  l’eau 8c gêneroient  les pontons  
 &   radeaux  qui  l’entourent.  On a  attention  de  bien  
 faifir tout ce qui  peut refter dans le vaiffeau,  fours,  
 cuifines, &c.  Il eft très-important que tout foit bien  
 tenu, car fi malheureufement quelque chofe de poids  
 venoit à. tomber 8c à enfoncer un mantelet de fabord,  
 le vaiffeau courrait rifque  de  couler  bas avant qu’u  
 pût  être  redreffé  ;  &   le  rifque  feroit  tout-à-fait 
 évident,  fï l’on avoit  déjà délivré quelque  bordage  
 du coté découvert. 
 On  appelle  côté du  vent  le  côté  du  vaiffeau  que  
 l’on met hors  de  l’eau; 8c côté de fous le vent le côté  
 fur  lequel le vaiffeau eft couché.  r  ^ 
 Pendant que l’on travaille à décharger le bâtiment,  
 on doit travailler aufli à  préparer fes hauts, Sc à foutenir  
 fa mâture.  C’eft pour ce  dernier objet que l’on  
 fait ufage des  aiguilles (Z'. Aiguilles de Caréné,  
 la  façon de les placer, de  les affujettir, 8cc. Süppl.').  
 On place ordinairement deux aiguilles au grand mât,  
 &  deux au mât de mifaine : dans les vaiffeaux de 80  
 canons, on en place quelquefois une aufli au mât d’artimon  
 ;  8c dans les  vaiffeaux  à  trois  ponts, on en a  
 quelquefois  placé  jufqu’à  trois  à  chacun  des  deux  
 grands mâts,  8ç une aufli au mât d’artimon. 
 C ’eft  autour  du  grand  mât  fur  la  rofture  de  la  
 première  aiguille  que  l’on  aiguillete  la  première  
 poulie de franc-funin, 8c on en aiguillete une fécondé  
 à  la  tête  de  la  fécondé  aiguille  par-deffus  la  Heure  
 d’haubans :  lorfque  le vaiflèau eft  extrêmement dur  
 à  abattre,  on met  quelquefois  une  troifieme  poulie  
 par-deffus la  fécondé.  On place également deux  
 ou  bien  trois  poulies  au mât de  mifaine. 
 On paffe  des  faifines du  côté du vent qui  doivent  
 répondre au grand, mât  8c au mât  de  milaine,pour  
 tenir  lieu  de  chaînes  d’haubans.  Ces  faifines /ont  
 de  forts  cordages  auxquels  on  fait  faire  plufieurs  
 tours  de  dehors  en . dedans  d’un  fabord  à  l’autre  
 fabord voifin.  Les  faifines du grand mât  paffent par  
 les' deux  fabôrds  de  la  première batterie , en avant  
 du  grand mât ;  8c celles  du  mât  de  mifaine  paffent  
 par  le  fabord  de  la.première  batterie,  le  plus  en  
 avant, 8c par les  écubiers.  C ’eft  fur ces  faifines que  
 l’on  frappe  les .caliornes  dont  on  s’eft  fervi  pour  
 embraquer les aiguilles : on y  croche aufli les caUor-  
 nes  8c  les  palans  du  grand  mât  8c  du  mât  de  mifaine  
 ,  tant  ceux  du vent que  ceux de fous le vent ;  
 8c on les raidit fortement, afin de  bien tenir les mâts  
 &   leur  ôter  tout  moyen  de-plier.  L’inftant  de  roi-  
 dir  ainfi  ces  caliornes  8c  palans  ,  ainfi que les haubans  
 8c pataras,  eft marqué ; 8c on  trouvera  au mot  
 A iguille  de caréné,  quand &   comment on doit  
 le  faire. 
 Lorfque.tout eft bien vuidé 8c bien tenu, on paffe  
 les  françs-funins.  Il  y   a  deux  pontons  du  côté  de  
 fous le vent du vaiffeau , l’un vis-à-vis le  grand mât,  
 8c  l’autre  vis-à-vis  le  mât  de  mifaine.  Sur  chacun  
 de  ces  pontons  il  y   a  deux  chomars  à  trois rouets  
 qui  répondent  aux poulies  aiguilletées  fur  les  rof-  
 tures  de  chaque  aiguille.  Chaque  franc-funin paffe  
 dans  le  rouet  du milieu  du  chomar,  8c  d e - là   il  
 monte  dans  la  poulie  de  la  tête  des  aiguilles,  8c  
 paffant  alternativement  dans  les  rouets de  ces poulies  
 8c  ceux  du  chomar y il  vient  faire dormant  au  
 pied  du  chomar.:  le  garant de ce  franc-funin eft mis  
 au  çabeftan,  8c  il y   a  autant  de  cabeftans  fur  le  
 ponton que: de francs-funins. 
 On  aiguillette  la  poulie  de  caliorne  du  mât  de  
 chaque  ponton ,  l’ùne  aux  chaînes  d’haubans  du  
 grand  mât,  &  l’autre  à  celles  du mât  de  mifaine,  
 par  le  moyen  d’un  cordage  qui  paffe  quinze  ou  
 vingt  fois  dans  l’oeillet  de  l’eftrop  de  la  poulie  de  
 .caliorne qui  eft  fort  grand,  8c qui  embraffe  autant  
 de  fois, les  chaînes d’haubans.  On appelle les caliornes  
 des  mâts des  pontons  ainfi  difpofées,  des retenues, 
   parce qu’elles ferviroient  à retenir le vaiffeau  
 s’il  étojjt  trop  facile  à  fe  coucher :  C’eft  par  leur  
 moyen  aufli qu’on  peut aider  à  le relever. 
 Avant  de .vire r ,  on  doit  avoir  eu  foin  de  faire  
 «n  bardis  (voyeç  Bardis.  dans  ce  Supplément) ,  8c  
 de  bien  .calfater  le  côté  du  vaiffeau qui doit  entrer  
 dans? l’eau ,  ainfi  que  les  bords  des  deux batteries.  
 £pmme  la fécondé batterie  n’a point  de mantelets, 
 on  les  remplace par  des planches  de  fapin placées  
 dans le  fens de la longueur du  vaiffeau, &  attachées  
 fur  deux  lifteaux  que l’on  cloue  de  chaque  côté du  
 fabord,  ôc  un  peu  en-dedans  pour  que  ces  planches  
 ne débordent  pas.  Pour fortifier le  tout,  8c  le  
 rendre capable  de  foutenir  l’effort  de  l’eau fur  ces  
 planches,  on  ajoute,deux  traverfins  un  peu forts,  
 pofes, ainfi que les  lifteaux, dans un fens .vertical  8c  
 tenus  eux-mêmes  en  place  par  des  taquets  cloués  
 en haut 8c  en bas  fur  les  foeuillets  des  fabords.  On  
 bouche bien enfin  tous  les  dalots,  8c  généralement  
 toutes les  ouvertures  qu’il  peut y   avoir.  Quelquefois  
 on  fait  un  batardeau  fur le  gaillard d’arriere,  
 pour  empecher  l’eau  d’aller  dans  les  chambres  des  
 officiers.  Comme , malgré  toutes  les  précautions  
 qu’on  prend, il  peut  encore entrer de  l’eau  dans le  
 vaiffeau,  on  garnit  trois  pompes  dont  l’une  paffe  
 par  le  grand  panneau,  a  fon  bout inférieur  fur  le  
 bout des varangues, 8c  vient fur le fécond pont d’où,  
 l’on, pompe  ;  les  deux  autres  ont  leur  bout  fur  le  
 côté  du  vaiffeau,  aufli  haut  que  l’ouverture  de  la  
 grande  écoutille  peut  le. permettre,  8c  on  pompe  
 de  l’entre-pont.  On  fait  auprès  de  toutes  ces pompes  
 des  échaffauds,  tels  que  lorfque  le  vaiffeau  eft  
 couché  ils  foient  horifontaux,  8c  que  les matelots  
 puiffent  fe  placer  deffus,  8c  y   pomper  avec  facilite. 
   Les  bouts -inférieurs  des  pompes  doivent  être  
 dans  des mannes, pour  que  les  ordures  ne  puiffent  
 entrer dans ces pompes 8c les  engager. 
 On  doit  encore avoir  eu  foin de  mettre  des feil-  
 leaux  pleins  d’eau  au  côté  du  vent,  8c  dans  les  
 porte-haubans,  pour éteindre  le  feu  en  cas  d’accident. 
   Tout  autour  du  vaiffeau  en  dehors,  8c  un  
 peu  au-deffous  de  la  première batterie ,  on  fait un  
 cordon  de  planches de  chêne  de  fept  ou  huit  pouces  
 de  large.  Ces  planches-font  mifes  horifontale-  
 ment,  8c  clouées  fur  des  taquets  attachés  contre  
 le  bord.  L’ufage  de  ces planches  eft  de  détourner  
 la direction  de la flamme ,  8c l’empêcher, en fuivant  
 les  contours  du  côté  du  vaiffeau,  d’aller  endommager  
 les  faifines,  pataras  8c  autres  manoeuvres."  
 Les planches font de chêne, parce qu’elles font moins  
 fufceptibles  de  prendre  fe u ,  8c  on  a  foin  de  les  
 garnir de vafe  par-deffus  pour  entretenir une humidité  
 très-propre  à  les garantir  de  cet  inconvénient.  
 Par  la même  raifon,  e’eft  avec  des chaînes que l’on  
 amarre les radeaux qui doivent être de l’avant à l’arriere  
 du  vaiffeau,  du  côté  du  vent.  C ’eft  fur  ces  
 radeaux  que  l’on  met le  bois pour  chauffer le  v a iffeau  
 ,  que  fe  tiennent  les  calfats  pour  travailler ,  
 8c  les  officiers  pour infpe&er  le  travail.  On  y  met  
 encore  des  pompes  afpirantes  8c  refoulantes,  connues  
 fous le nom de pompes à incendie , pour ralentir, 
   le  feu  s’il  étoit  trop  v i f ,  8c  l’éteindre  en  cas  
 d’accident. 
 Tout  étant  ainfi  difpofé,  on  vire  aux  cabeftans  
 des  pontons  fur les  francs-funins  ,  8c  on  file  à  me-  
 fore  .les  retenues.  Si c’eft  un  gros  vaiffeau,  on  le  
 fait coucher  jufqu’à  ce que le tiers de  fa partie fub-  
 mergée  paroiffe  hors  de  l’eau.  Alors  on  met  les  
 Hnquels  aux  cabeftans,  8c  on  amarre  à  des  palins  
 des  pontons  les  frànc-funins  qui  reftent  garnis  aux  
 cabeftans : pour plus grande sûreté on amarre  encore  
 quelques  barres  des  cabeftans  à d’autres  palins,  8c  
 on  met  des boffes fur les franc-funins.  On embraque  
 aufli les retenues, 8c on les amarre folidemeht. L o r fque  
 tout eft  bien faifi,  ôn met  le  feu.  Dès  que  ce  
 premier feu  eft  fini, on vire  de nouveau  aux cabeftans, 
  en filant les retenues tout doucement, 8con fait  
 coucher encore le vaiffeau d’un autre  tiers  de  fa  caréné. 
   Alors  on amarre tout avec les mêmes précautions  
 que devant, 8c on met le fécond feu ,  après  lequel  
 on vire  pour  la troifieme 8c derniere fo is ,  jufqu’à  
 ce  que  la  quille paroiffe  fur l’eau.  Lorfque  le