
Quoi qu’il en foit, on doit avoir attention de ne
point le Servir d’une bouffole dont l’aiguille eft affolée:
on fent combien cela pourroit influer für l’efti-
ination de la route du vaiffeau. Si l’on vouloit fe
contenter de faire aimanter de nouveau l’aiguille
pour lui rendre fa première qualité, je confeil-
lerois, avant de s’en fervir, de la comparer foi-
gneufement avec une autre de la bonté de laquelle
on feroit fur : nous connoiffons en effet
trop peu la raufe de la propriété de l’aimant, pour
n’être pas fort défiant fur tout ce qui paroît s’écarter
de la coutume. D ’ailleurs une aiguille peut etre
affolée, parce qu’elle ne tourne pas librement fur fon
pivot. Voye^ ci-après AIGUILLE. ( M. le Chevalier
DE LA COU DLL AŸE. ) „ , ^
* AFFOLER , v. a. {Gramm.') rendre pamonne a
l’excès 6c jufqu’à la folie. On dit en ftyle familier ;
cet officier affole cette jeune perfonne.
* Affoler une aiguille. V oyez ci-deffus Affole.
* AFFORER, v . a. terme de Coutume, qui fignifie
la même chofe qdaffeurer. Voyez ce dernier mot
dans le Dicl. des Sciences, &c.
* AFFOURAGÉ, ee , part, paffif. Voye^cuapfès,
Affourager.
* AFFOUR AGEMENT, f. m. ( Econ. ruß. ) c’eft
l’aftion de donner du fourage, de la paille , du foin
au bétail.
♦ AFFOURAGER, V. n. ( Econ. ruß. ) Affourager
les boeufs, les vaches, les brebis, c’eft leur donner
du fourrage, de la paille, du foin.
§ AFFOURCHE , ( Marine ) , ancre d'affourché ,
c’eft celle qui fert à affourcher le vaiffeau ( Foye^
ci-après Affourcher). Il y en a une particuliérement
deftinée à cet ufage, qui porte le nom d'ancre
d’affourché. L’ancre à'affourché eff la plus petite des
groffes ancres du vaiffeau : elle pefe, ainfi que les
autres ancres, environ la moitié du poids du cable
auquel elle tient. L’ancre d’affourché eff une des
deux ancres des boffoirs : elle eff placée à bâbord,
lorfque la première ancre eff placée à tribord ; 6c
elle eff placée à tribord, lorfque la première ancre
eff placée à bâbord. Si les vaiffeaux ne placent pas
tous l’ancre d’affourché du même coté, cela vient de
la différence des rades qu’ils font le plus en-ufage de
fréquenter. A Breff, par exemple, oh l ’on affourché
E. S. E. ou O. N .O ., où il eff avantageux d’avoir la
première ancre mouillée dans l’O . N. O. {ffoye^ Af-
FOUR.Cher), & où les vents font le plus communément
de la partie du S. O ., on place toujours l’ancre
& affourché à bâbord. Un vaiffeau en effet, dans cette
rade, afouvent le cap au S. O .;fi fon ancre daffour-
:cke mouillée àTE.S. E ., c’eft-à-dire à bâbord de lui,
paffoit dansl’écubier de tribord, ilfaudroit-que le
cable d’affourché fut croifé fur le taille-mer. Il en
feroit de même -alors de la première ancre , dont le
cable fe croiferôit également fur l’éperon, 6c avec
le cable à'affourché, frottement qui feroit nuifible,
& qu’il eff très - bon d’évitèr.
A ffourch-e , cable d’affourché, c’eft le cable qui
tient l’ancre d!affourché. Il y en a un particuliérement
deftiné à cela dans les vaiffeaux, qui porte le nom
de cable d’affourché. Le cable d affourchez toujours un
pouce de moins de circonférencequeles autres cables.
On diminue ainfi fa circonférence pour le rendre plus
facile à manier, lorfqu’on a befoin dedépaffer les ea-
lbles. Le cable d'affourché a cent vingt braffes de long:
il eff étalingué à l’organeau de l’ancre d'affourché,
paffe dans Tqcubier le plus près de l’étrave, 6c va
s’amarrer auxbites. On le fourre à l’endroit de l’écu-
bier, jufqu’à quelques braffes en dehors du vaiffeau,
pour le garantir du frottement qu’il peut éprouver
fur le couffin d’écitbier, fur le taille-mer & avec les
autres cables. On le fourre également à fon étalingure.
(M . lé Chevalier d e l a C o u d r a y e .')
* AFFOURCHER, ( Çharp. 6* Menuif. ) Affourcher
deux pièces de b o is , c’eft les joindre par un
double affembl'age avec languette 6c rainure de l’une
dans l’autre.
§ Affourcher, v * a. ( Marine. ) c’eft mouiller
une fécondé ancre, de forte que les deux ancres
mouillées 6c le vaiffeau lui-même forment une ligne
droite dont les ancres foient les extrémités, afin que
le vaiffeau, tenu par deux cables qui ont des directions
oppofées, ne change prefque point de place
aux changemens du vent 6c de la marée. La direction
de cette-ligne donne le nom à la maniéré dont on eff
affourché ; ainfi, fi la direftion de cette ligne eft eil 6c
Oueff, on dit que l’on eft affourché E . & O. I l y a
une ancre particuliérement deftinée à affourcher, qui
•porte le nom dancre d'affourché : cependant lorfque
l’on eft dans un endroit pour peu de tems, 6c que
l’on n’a rien à craindre de la force du vent ni de la
marée, on fe contente quelquefois d a ff ou rcker avec
une ancre à je t , à caufe de la facilité beaucoup plus
grande que l’on a à la mouiller & à la lever.
Affourcher eft une opération prefque néceffaire ,
pour peu .que l’on féjourne dans une rade , & fur-
tout lorfque cette fade eft fujette aux marées , qui
feroient fréquemment changer de place à un va iffeau.
C a r des vaiffeaux q ui, aux changemens de
marée , n’éviteroient pas du même cô té, ou ne le
feroient pas. en même tems , coùrroient rifque de
s’aborder, à moins qu’ils ne gardaffent une diftance
confidérable entr’eux ; de plus , le vaiffeau que la
marée fait ainfi changer de place , traîne fon cable
après lui fur le fond, 6c peut l’endommager: ce cable
peut faire une demi-clef fur la patte lupérieure
de l’angle , 6c peut s’y couper ou faire-déraperTan-
,cre. Si le vaiffeau, dans fon mouvement, parcourt
une ligne droite en paffant perpendiculairement au-
•defiiis de fon an c re , alors il viendra à faire force
fur l’ancre dans .un fens diamétralement oppofé à la
première force, 6c il tendra conféquemment à fou*-
lev er .la verge dans une fituation perpendiculaire ;
inconvénient dont il .doit-:réfu lie r , ou de faire caba.-
-ner l’ancre, ou d’en cafîer la patte. Enfin un des
avantages d’affourcher, eft de le faire de façon que
l’on fe trouve retenu par les deux ancres, lorfque
les vents viennent de la partie où ils font le plus à
craindre. -C’eft ce que nous verrons en parlant de la
manie.re d affourcher.
Mal gré dés avantagés ,, il y a des cas où l’on doit
ne pas affourcher. Il eft bon de ne le pas faire , par
exemple, .en tems de guerre, dans .une rade foraine ,
d’où un ennemi fu.périeur peut vous,contraindre à
fuir précipitamment à,couper.les.cables ; ou dans
une rade dont le mouillage çft mauvais, 6c de laquelle
il faut être prêt à partir dès,l’inftant qu’il vient
à y venter un peu frais. Toutes les fois que Ton n’eft
point affourché, il faut avoir grande attention à fe
tenir éloignés les uns des autres, pour pouvoir
éviter fans crainte de s’aborder ; 6c l’on doit ? toutes
les fois que l’on évite, empêcher le vaiffeau de courir
au-deffus de fon ancre, en /tenant toujours le
cable tendu à l’aide .de l’artimon 6c du perroquet
de fougue, ou à l’aide des canots & chaloup*e, s’il
fait calme. . . T . ,
La maniéré d affourcher n’ eft point, indifferente ; &
la regle générale eft daffour.cher de façon , qu’une
ligne droite tirée d’une ancre à l’autre Toit perpendiculaire
à l’air de vent qui eft le plus à .craindre dans
la rade où l’on eft, afin qü’alors les deux cables
travaillent en même tems à retenir le vaiffeau. C’eft
de cette pofition que font venus les mots affourché
6c affourcher; car quoique j’aie dit, en définiffant le
mot affourcher, qu’un vaiffeau affourché formoit avec
fes deux ançres une ligne droite dont elles étoient
les extrémités , cependant cela n’eft point exactement
vrai, à caufe du mou qu’ont les cables, & qui
permet au vaiffeau de s’écarter. Alors, en appellant
fur ces deux cables, il forme avec eux un angle dont
ils font les côtés : e’eft cet angle qu’il a plu de comparer
à une fourche, 6c qui a fait dire qu’un vaiffeau
étoit affourché. Cette méthode générale d affourcher
ne peut cependant pas être fuivie par-tout ; 6c dans
le pays où il y a marée, c’eft la marée qui détermine
la façon dont on doit affourcher. Qn affourché alors
d’une maniéré dire dire à la marée, e’eft-à^dire que fi.
la marée court E. 6c O . , on mouille les deux ancres
l ’une par rapport à l’autre, dans une ligne E. 6c O .
Ce qui oblige a fuivre ainfi la direction de la marée,
eft la vibration qu’éprouveroie.nt les cables par la
percuffipn continuelle du courant, s’ils étoient en
travers à la marée ; vibration qui , en les faifant
frotter fur le fond, ne tarderOit pas à les ronger 6c
à les couper. Lorfque les vents les plus à craindre
s’approchent de la direction de la marée, on affourché
cependant un peu de biais; c’eft-à-dire que fi la
marée court E. & Q ., 6c que les vents de O. S. O.
foient les plus violens, on affourché alors E. S. E.
6c O. N. O.
Prefque toujours la marée fuit la direction de
l’entrée de là rade; ainfi .on affourché prefque.toujours
fuivantla direction de l’entrée dê la rade. L’ancre
qui tient le vaiffeau contre le flot s’appelle ancre
de flot; 6c celle qui le retient contre le jufant s’appelle
ancre de jufant. Ordinairement c’eft la première ancre
ou ancre de pofte qui fert d’ancre de flot, parce
qu’elle eft alors mouillée du côté du large, d’où ordinairement
les vents font les plus forts. Ce feroit
au contraire l’ancre d’affourche qu’on mouilleroit
pour ancre de flot, fi les vents du large étoient les
moins à craindre. La raifon pour laquelle on mouille
toujours l’ancre de pofte du-côté d’où les vents ont
le plus de force, même lorfqu’on affourché avec une
groffe ancre , vient de ce que l’ancre d’affourche
n’eft jamais auffi forte.que l’ancre de pofte ; 6c que,
fi l’on craignoit de chaffer , on pourroit d’ailleurs
filer une plus grande quantité de cable de celui qui
tient l’ancre de pofte.
On peut donc affourcher, foit avec une petite ancre
, foit avec une groffe ancre. Quelquefois on fe
fert de fa chaloupe pour porter l’ancre daffourcke
où elle doit être mouillée , quelquefois on la porte
avec le vaiffeau. Lorfqu’on veut affourcher avec une
petite ancre à l’aide de la chaloupe , on embarque
cette ancre dans la chaloupe ; 6c pour cet effet on
frappe une herfe fur la verge à toucher le jas contre
lequel on la faifit avec un raban ; 6c on met une
autre herfe fur la croifée de l’ancre. On croche la
caliorne du mât de mizaine fur l’herfe du ja s , 6c le
palan d’étai fur celle de la croifée. Gela fa it, on
largue les ferre-boffes qui tiennent l’ancre fur le bord
du vaiffeau., 6c on l’amene doucement fur l’arriere j
de la chaloupe dont on a démonté le gouvernail.
L’ancre doit être pofée de façon que le jas foit en
dehors de l ’arriere de la chaloupe dans une pofition
verticale ; que la verge, porte fur le rouet qui eft
fur l’arriere de la chaloupe , 6c que les pattes foient
pofées horizontalement fur les caiffons de la chambre
de la chaloupe , fur lefquels on met un banc de la
chaloupe ou une forte planche pour empêcher l’an*
cre de les enfoncer. Lorfque l’ancre eft appuyée fur
la chaloupe , on ôte les herfes , & on étalingué à
1 organeau un grelin que l’on écuille dans la chaloupe.
Au bout de ce grêlin, on en ajufte un fécond par le
moyen de deux ou trois amarrages que Ton fait fur
les deux bouts desgrêlins qui fe replient fur eux-
m*î?es •’ maj s °n garde à bord du vaiffeau ce fécond
l , ne Pas troP charger la chaloupe ; 6c
ç eft du bord qu’on le file, en obfervant de le filer
le premier; Oil a foin dé frapper l’orin fur l’aiicre ;
ôc tout étant ainfi préparé * la chaloupe nage vers
1 endroit où elle doit mouiller l’ancre. On dirige la
marche de la chaloupe avec .un compas de route ,
& lorfqu’elle eft rendue dans l’air de yent & à la
diftance convenable , elle laiffe tomber fon ancre
qu eUe jette .à la mer à force de bras. Dès qu’elle
elt mouillée, la chaloupe revient au vaiffeau, 6c on
vire le. grelin au cabeftan du gaillard d’avant pour le
roidir. On-l’amarre enfuite avec plufieurs génopes
en le laiffant tout garni au cabeftan* . r
Lorfque c eft avec une groffe ancre qiie l’on veut
affourcher, il faut mouiller une petite ancre comme
fi c’étoit avec elle que l’on dut affourcher , 6c ou
•s’y prend de la même maniéré, obfervant feulement
de la porter un peu plus loin que l’endroit où l’on
veut mouiller l’ancre d’affourehe. La néceffité de
mouiller une petite ancre vient de l’impoffibilité où
feroit la chaloupe de fe rendre avec fes avirons
a 1 endroit où elle doit laiffer tomber l’ancre d’affourche
, furchargée comme elle l’eft parle poids de
cette ancre, 6c traînant après elle un cable q u i,
quoiqii’on le file du vaiffeau, .offre une réfiftance
confiderable à vaincre. Il faut donc un point d’appui,
& un moyen de s’y rendre, 6c c’eft-là l’office de la
petite ancre fur laquelle la chaloupe fe halle le long
du grelin, foit à force de bras , foit en s’aidant de
palans que l’on frappe fur ce grêlin. Lorfque la petite
ancre eft mouillée,la chaloupe revient au vaiffeau,
6c va fe prefenter fur le boffoir pour recevoir l’ancre
d’affourche , à laqitelle le cable eft déjà étalingué;
L’ancre d’affourche fe pofe non pas en dedans de la
chaloupe , mais d.e l’arriere 6c en dehors, de la maniéré
fuivante : l’ancre doit être fufpendue au boffoir
par la boffe- debout & le çapon ; 6c la chaloupe
doit prefenter l’arriere pour la recevoir, de forte
que lorfqu’on a filé du capon 6c de la boffe-debout
.elle touche pr.efque la verge de l’ancre. Lorfque le
jas de l’ancre eft encore un peu au-deffus de l’arriere
de la chaloupe, on paffe autpur de la verge un fort
cordage que l’on appelle cravate , on prend auffi.
l’orin 6c on laiffe de {'cendre l’ancre en douceur juf-
qlfà ce que le jas foit au ras de la partie fupérieure
de l’arriere delà chaloupe, fa longueur étant parallèle
à la largeur de la chaloupe : alors on roidit 6c on
amarre folidement la cravate 6c l’orin aux bancs de
la chaloupe , 6c on largue entièrement le capon &
la boffe-debout. Par ce moyen l’ancre fe trouve
fufpendue à l’arriere de la chaloupe par la cravate 6ç
l’orin qui doivent porter fur le rouet qui eft fur
l’arriere de la chaloupe 6c que l’on doit avoir attention
de faire travailler également. On met le refte
de l’orin dans la chaloupe, 6c on laiffe la bouée à la
mer en la faififfant par fon éguillette à un toulet.
Tout étant ainfi difpofé , on file le cable d’affourche
du vaiffeau, 6c la chaloupe fe halle tout le long du
grêlin jufqu’à l’endroit où elle doit laiffer tomber
l’ancre. Pour faciliter le chemin à la chaloupe, on
envoie un canot q ui, lorfqu’on a filé une partie du
cable, le faifit- avec une garcette, 6c le tient ainfi
foulagé jufqu’à ce que la chaloupe foit rendue. Alors
elle avertit le canot de fe tenir prêt à laiffer aller le
cable ; 6c larguant d’abord la cravate 6c enfuite l’orin ,
l’ancre tombe 6c le vaiffeau eft affourché. On a fes
raifons pour larguer la cravate avant l’orin , 6c fi
l’on a bien fuivi la méthode , on verra que moyennant
cette précaution , il eft prefque impoffible que
l’ancre en coulant engage fon jas ou fes pattes avec
le cable. La chaloupe va tout de fuite lever la petite
ancre, 6c on vire dans le vaiffeau fur le cable d’af-
fourche pour le roidir. Lorfque la petite ancre eft
le v é e , on vire au petit cabeftan fur le grêlin, 6c
On amene ainfi à bord 6c la petite ancre 6c la chaloupe
qui la tient.: plus ordinairement, cependant