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de toute autre plante , pour être transporté au-
delà des mers , Sc être en état d’être tranfplanté
dans d’autres climats. Les éléphans aiment beaucoup
cette plante, & lorfqu’on les en laide approcher,
ils lavent la déraciner avec leur trompe, & lorsqu’on
veut s’attacher ceux qu’on a récemment domptés
, il Suffit de leur présenter quelques-uns de leurs
fruits mûrs.
Maladies. Parmi les maladies auxquelles le tando
& Sans doute les autres bananiers font Sujets , on
peut compter une efpece de chenille épineufe qui
eft quelquefois très-commune en juillet, & qui en
ronge toutes les feuilles en très-peu de. tems. Rum-
phe en obferva une fi grande quantité en 1699 ,
qu’elles en couvroient toutes les feuilles ayant toutes
leurs têtes rangées en cercle. Ces chenilles font
longues comme le petit doigt, d’un blanc-pâle ,
à tête & queue jaunes & couvertes de poils longs
& blancs. Elles portent fur leur tête deux épines
en cornes noires, plus larges au fommet qui eft
Couronné d’épines. Elles ont dix-huit jambes, dont
fix antérieures écailleufes, & dix poflérietires mem-
braneufes, dont deux font vers l’anus.
Deuxieme efpece. OCKI.
L’ocki ou le piffang-ocki , ou piflang-carbou
des Malays , eft une fécondé efpece de bananier
qui fournit moins de fruits que les autres : il n’en
rapporte que cinq ou fix par régime, de forte qu’on
n’en voit qu’un ou deux ou trois à chaque paquet.
Ils font longs de douze pouces » verdâtres , à chair
blanche, muqueufe, d’une faveur auftere & ingrate,
& ils s’ouvrent pour l’ordinaire. Il n’a pas de coeur
au bout de fon régime non plus que le tando. C’eft
cette efpece que l’on nomme guingua à Cayenne.
Troifieme efpece. BANANE.
La banane ou le banana des hàbitans de la Guinée
s’appelle onfi & fonfi à Madagafcar ; maus , •
mau^ , meus, almau£, ammaus, chez les Arabes ;
abella, en Ethiopie ; . dudaïm, chez les Hébreux ;
les Perfans l’appellent darach-mous , le s Efpàgnols
plantano-baraganete. On voit bien que c’eft par tranf-
port & par corruption qu’on le nomme balatana
& balatanna, chez les Carabes de l’Amérique où
il a été apporté fous ce nom, qui eft dérivé du
nom Indien bala, comme on le verra ci-après.
Cette plante,-quoique des plus communes , n’a
guere été décrite que par Profper Alpin, & par
Rochefort, dans •fon Hfioire des Antilles , page. c; .
Elle croît dans toute l’Afrique , mais particuliérement
à Damiete en Egypte & à Gambie. Ses feuilles
ont dix à onze pieds de longueur, & près de trois
pieds de largeur.
Sa panicule de fleurs a cinq à fix pieds de longueur,
& trois étages chacun de huit à dix fleurs
hermaphrodites fertiles, difpoféès fur deux rangs,
à trois étamines fteriles. Les autres étages de fleurs
font ftériles quoiqu’hermaphrodites , & accompagnés
à leur extérieur d’une grande écaille épaiffe :
ils fprment par leur affemblage une efpece de gros
coeur rouge-brun.' Chacune de ces dernieres fleurs
différé des fertiles, en ce qu’elles ont fix étamines
d’égale grandeur & toutes fertiles. Le fruit qui leur
fuccede a douze ou treize pouces de longueur &
trois pouces de diamètre. Il eft tin peu courbé à
fon extrémité. Sa peau a dei'ix ou trois lignes d’é-
paiffeur : elle eft jaune. Sa chair eft amere & co-
tonneufe.
Qualités. Le bananier porte fruit tous les neuf
ou dix mois au Biffao. Ce fruit eft fort nourriffant ;
mais fon grand ufage charge l’eftomac, c’eft-à-dire,
l’affoiblit, parce qu’il .fie digéré difficilement, qu’il
engendre un chyle épais , & obftrue les inteftins
BAN
& le foie. Les Egyptiens prétendent que crud ou
cuit il excite à l’amour.
l/fages. Son fruit fe mange au Biffao , cuit fur les
charbons ou fur le g r il, enfuite affaifonné avec du
fucre & de l’eau de fleur d’orange. Sa déeoftion
fe boit contre la toux & „ l’afthme, provenus'd’une
caufe chaude ; contre la pleuréfie , la péripneumonie
o u .l’inflammation du poumon, .celle des reins,
& la dyfurie. L’écorce de fon fruit fec corrobore les
inteftins. Les Egyptiens en mêlent la décoélion dans
le .café, pour rechauffer le coeur dans les fievres
ardentes & peftilentielles. Ils ordonnent la poudre
de cette même écorce infufée avec le café, dans
les maux de coeur & d’eftomac.
Les Portugais n’ofent, dit-on, couper ces fruits
avec le couteau , par fuperftition , parce qu’en les
coupant en travers, ils croient, dans la figure qui
s’ÿ trouve marquée , reconnoître la croix de J. C .
mais.ce n’eft qu’un Y : ils les coupent avec les dents.
Au Biffao ils ne font pas fcrupuleux fur cet article*
On les mange cruds ou cuits au four, ou coupés
par rouelles en trois morceaux fur le gril, ou coupés
en deux en long, & féchés au foleil. On les
mange au vin, à l’eau, au fel; cuits enfin avec quelque
graiffe que c e . foit. On donne le nom d'em-
bagnan à une forte de bouillie qui fe fait avec des
bananes. Les habitans de la Grenade, en Amérique»
en font une efpece de pain qui eft d’un grand ufage
parmi eux. Les bananes cuites avec leur peau dans
de l’eau la rendent fuerée ; après avoir ôté leur
peau , on les braffe pour en faire une boiffon
agréable.
Du refte le bananier reffemble entièrement au
tando.
Sa graine eft noire : elle ne fe feme pas, parce
qu’elle eft trop long-rtems à croître.
Remarque, Les Egyptiens croient » au rapport de
Profper Alpin, que le bananier eft une produéfioiï
artificielle due à une greffe de la canne à fucre dans
le tubercule de la racine du côlocafia ; mais une
pareille opinion mérite moins une iréfutation qu’un
mépris. .di
Quatrième efpece. G a b b a . •
Les Malays appellent du nom de gabba ou pif-
fang gabba gabba une. quatrième efpece de, bananier
, dont Rumphe a donné une courte defcription
fans figure à la page 131 de fon Herbarium Amboi-
nicum, volume V.
Il différé du bananier, en ce qu’il eft un peu plus
petit dan? toutes fes parties. Son fruit a onze pouces
de longueur ; mais il eft plus.menu, ayant quatre
ou cinq fois moins de largeur que de longueur,
verdâtre ou verd-clair , à chair feçhe comme la
moelle fpongieufe des branchés du fegou, appellée
dabba-gabba. Il ne fe mange point crud; mais rôti
fous les cendres chaudes ou frit dans la poêle. On
en recommande l’ufage à ceux qui ont la diarrhée.
Le cinga-bala du Malabar paroît être de la même,
efpece.
Il y en a une variété appellée femelle , dont le
fruit n’a que dix pouces de longueur, & eft plus
large 6& jaune dans fa maturité.
• ' Cinquième efpece. NerA.'
Le nera ou nera-nendera des Malabares, cité par
Van- Rheede dans fon Hortus Malabaricus, .vol. I.
page 20 , fans figure , approche' beaucoup du
gabba & du bananier, dont il ne femble différer
que par la couleur de fon fruit, .qui a environ 12,
pouces de longueur, fur trois fois moins.de largeur;
mais dont l’écorce eft d’un rouge foncé, & la chair
d’un rouge pâle.
. Variétés. Cette efpece paroît avoir une féconde
BAN
Variété, appellée nendera bala., à fruit de même
couleur, mais un peu plus court, c’eft-à-dire dé
onze pouces'. :J ■
Le curvo-côdde du Malabar, eft une troifieme
variété, du nera , à fruit rouge , encore plus court,
Sc d’environ dix pouces de longueur;
.Sixième efp.ece. C rû; .
Le cro ou croho , ainfi nommé à Amboiné ,
& piffang-ubi à Banda, a le fruit long de neuf pouces,
prelque trois fois moins large , affez droit, à
trois ou quatre angles, Verd extérieurement, jau-
nîffant très-tard, à moelle plus blanche, plus dure
que dans les autres efpéceS, & acide. Ori l’appelle
auffi croho - parampuan , c'eft-à-dire , cro commun
ou femelle; c’eft la première variété.
La fécondé variété fe nomme croho lacki lacki,
c’eft-à-dire, cro mâle : fon fruit eft' plus long &
toujours verd.
La troifieme variété appellée croho balu par les
Malays d’AmbOine, à le fruit verd d’abord, mais
jaune en mûriffant. Ses feuilles dans leur jeuneffe
ont quelques taches ou ftriès brunes.
Qualités. Quoique le cro foit une efpece de bananier
à gros fruit, il porte fes fruits fix mois après
avoir été planté, enforte qu’il eft le plus hâtif de
ceux à gros fruit,'ce qui fait qu’on lui donne une
préférence pour la culture.
Ufages. Le cro eft la plante la plus utile de toutes
celles qui fe cultivent dans l’Inde, plus utile même
que le cocotier, parce qu’elle y eft répandue plus
généralement. C’eft elle qui fournit la première
nourriture à l’homme , au moins dans toute l’Inde
aqueufe, c’eft-à-dire, dans toutes les îles MolU-
ques & adjacentes, où le riz & les autres grains
ne font pas auffi abondans que dans l’Inde ancienne.
Pour en nourrir les enfans, on le fait rôtir fous les
cendres : il vaut mieux cuit ainfi, que bouilli dans
l ’eau , qui le rendroit plus pâteux, plus lourd ,
moins facile à'digérer. La mere le "mâche & le
tranfmet de fa bouche dans' celle de l’enfant comme
une bouillie. Lorfqu’il eft endormi ou qu’il ouvre
difficilement la bouche, fa mere le fait pleurer
afin de lui faire ouvrir la bouche ; alors elle lui
introduit cette pâte, & s’il refufe de l’avaler, elle
lui preffe les levres par les côtés , de maniéré qu’elle
le force ainfi à l’avaler. Telle eft la première nourriture
des enfans des Indiens pendant les fept à huit
premiers mois ; on ne leur en donne point d’autre
jufqu’à ce qu’ils foient en état de digérer le riz &
les autres nourritures plus folides.
Lorfque les fruits du cro font parvenus à leur
groffeur ou feulement à la moitié de leur grandeur,
on coupe le djantong, c’eft-à-dire le coeur
ou le bout du régime des fleurs, qui ne doit pas
donner de fruits , on le fait rôtir fur les charbons
on lé dépouille de fon écorce, en confervant^les
écailles qui enveloppent les paquets de fleurs ; on
coupe le tout en petits (morceaux, & on le fait cuire7
dans du jus gras de viandes, ou dans de l’eau de
cocos, ce qui fait un herbage affez agréable au
goût.
Septième efpece. A l p h ü RU.
Les Malays appellent
phuru, pijfàng- ceram , une
nier,' dont Rumphe à donne
mais incomplete, 1
fon Hirbmuïn Amboinicun
phuricà five ceramica. Les 1
lent kula lidtuàn. \
Cette plante eft comme
ble au tando OU ait banàm.
le régime de fies fleurs a .c,
« ou piff an g -, al-
; autre efpece de bana-
- une figure.affez bonne,
\ pl. L X I ,fg . I I I , de
ms le nom de mufa al-
l d’Hitoe l’appel*
Memi-fauvage, fembîa-
e/'; mais la panidule ou
inq pieds de longueur;
A N 7 8 *
il. porte à fpn origine trois feuilles-femblables à
celles de la tige, un coeur de fleurs fldriles, & trois
paquets très-diftans, chacun de onze fruits difpofés
lur deux .rangs. L’axe du régime eft ftrié entre les
paquets.
Ses mutsfont longs de neuf pouces, à peine deux
fois moins larges , couronnés par une tête obtufe ,
qui conferve quelques, vertiges des feuilles de leur
calice. Leur ecorcc eft épaiffe, jaune-pdie; elle ü
tend quelquefois droit ; mais plus fouvent obliquement,
& renferme une, chair blanchâtre ; acide &
vifquéufe , qui contient des graines noirâtres.
Qualités. L’alphurà croît en quantité dans la
grande île de Çeram , fur-tout, au quartier de Lifta-
Batam -, & fur là côte boréale.
l/fages. Les Alphores , qui font les habitans nà-
tureJs & fauvages de la grande île de Ceram, font
de ce fruit leur nourriture journalière , &Te mangent
tant crud que cuit fous les cendres. Les habitans
d’Hitoe à Amboine, le cultivent plutôt à caufé
de fa rarete, qu’à caufe. de fon goût qui eft fau4-
vageon.
Variétés. L’alphuru tranfplanté à Amboine dans
le quartier d’Hitoe , dégénéré , & donne des fruité
plus petits j longs de fept pouces, ’deux fois moins
larges & peu goûtés.
Huitième efpece. MedïIj
Le medji ou piflang-medji, .dont le fruit a été
figure par Rumphe, vol. V. de fon Herbarium Am-,
botmeum, pag. ,3 , , Pl. LX .fig .G , fous le nom de
muja. menfana , eft nommé byo cohihu à Baleya
C’eft fans doute le buembala du Malabar, le ca-
dôjmi des Portugais, Si le cadelafon de Scaliger.
C’eft de toutes les efpeçes qui croiffent à Am-
borne, celle qu’on préféré pour les tables, comme
on fert le radja à Batavia, à calife de la groffeut
& de la bonté de fes fruits. Ils font droits , ou fort
peu courbes, longs de-fept à neuf pouces, trois fois
moins larges, communément ronds ou marqués de
,cinq angles fi légers , qu’on n’en diftingue guere que
trois. Ils mûriüent facilement, jauniffent, deviennent
mous au-taft, & s’écorcent très-aifément. Leur
peau eft épaiffe ; mais fragile. Leur moelle ou chair
eft plus blanche que dans les autres efpeces, brillante
dans fa caffure comme du fucre rafiné, & d’un
goût auffi doux, auffi délicat que fi l’on y eût*mêlé de
l’eau de rofe : elle approche auffi de la figue ou de
la pomme cuite avec du beurre & du fucre. Ce
fruit pourrit auffi facilement qu’il mûrit. Il ne vaut
rien rôti ni frit, à moins qu’on ne Remploie à demi-
mûr ; autrement il faut le manger crud. On le fert
fur les tables au deffert, & c’eft delà qu’il tire fon
nom de medji ou pijfang-medji, qui veut dire bananier
des tables. Les Malays le mangent avec un
morceau de fagou, de baggea & de nanari. Les
Hollandois y mêlent un morceau dé pain & de fromage.
;
Sa tige croît un peu plus haut que dans lès autrés
efpeces, & fes,-feuilles font variées de nombre de
taches brunes; :
^ Qualités. Ses tiges & fes feuilles font ameres
c’eft pourquoi ôn ne mange point fon coeur, & on
ne fume point du tabac avec fes feuilles, comme
avec les efpeces précédentes.
Variètès. II y a une variété dé cette efpece qite
•l’on nomme mâle à Amboine. Son fruit eft plds
court & taché de noir; il paroît être le turenale-*
bala du Malabar;
Neuvième efpece. DJERNANG;
- Lé djernang ou piffang - djernang des Malays,
c’eft-à-dire , le bananier à pointe , appellé acuum-
pifjang par Rumphe » parce que fon fruit eônférve
H