
 
        
         
		La perfeétion de  l’allégorie dépend  en grande partie  
 de  l’heureufe invention des  images particulières.  
 Une collection  des  meilleures  images  allégoriques  
 actuellement  inventées,  feroit  d’un  grand  fecours  
 aux  artiftes,  li elle  étoit accompagnée  d’une  critique  
 faine &  judicieufe. "Winckelman a commencé ce  
 recueil, mais on n’a  point d’ouvrage encore qui développe  
 des,principes  lumineux fur  l’invention  de  
 ces  images. Nous  allons  donner  quelques obferva-  
 tions qui  pourront aider à   cette recherche. 
 D e   fimples  hiéroglyphes  ,   auxquels  le  befoin  
 oblige de  recourir,  font  d’une  invention  affez  facile  
 ; un  écu blafonné, ou quelqu’autre  ligne vifible  
 y   peut fuffire.  Il  en  faudroit néanmoins  exclure les  
 allufions qui ne  roulent que fur le nom ; quoiqu’elles  
 foient  autorifées par l’ufage,  &   qu’on  trouve  fou-  
 vent fur des antiques , un homme  à cheval  pour défigner  
 le  nom de  Philippe.  Cela  pouvoit  être  bon  
 dans le temps oîi l’on  ignoroit  encore l’art  de  l’écriture  
 , &   ne fauroit être  excufé aujourd’hui que dans  
 les cas qui  n’admettent  aucune  autre  reflource.  Eh-  
 tre les hiéroglyphes qu’on  peut utilement employer  
 dans  Yallégorie,  il faut  encore  ranger certains fignes  
 qui fans  avoir de  fignification  naturelle  en  ont  une  
 de  convention,  qui  eft  fondée  fur  l’ufage  ;  de  ce  
 genre  font  les feeptres  &  les  couronnes,  pour déligner  
 les  rois  &   les fouverains ;  les  têtes  de  bélier  
 , &   les  pateres  fur  la  frife  de  l’ordre  dorique ,  
 pour défigner un temple; les  trophées  fur des arfe-  
 naux , &c. Pour inventer de tels  emblèmes,  il  fuffit  
 -de connoître  les  moeurs  &   les  ufages  des  nations.  
 Il y a plus d’art  à trouver des images allégoriques  
 ui  expriment bien les propriétés  de  la  chofe figni-  
 ée.  Il  faut  pour cet effet favoir développer diftinc-  
 tement  les notions que  cet  objet  renferme  ;  avoir  
 le  don de les fimplifier, &   fur-tout de faifir au jufte  
 ce qui eft  exclufivement propre à cette chofe.  Chaque  
 vertu, par exemple, outre ce qu’elle a de commun  
 avec les autres,  a  ou  dans fon  origine , ou du  
 moins dans  fes  effets, quelque  chofe  de  caraCtérif-  
 tique  qui  lui eft propre  ,  &   qui  fert à la  diftinguer.  
 C ’eft-là  ce qui doit être  repréfenté par  l’image  que  
 l ’artifte  inventera. 
 Il  y   a des  images allégoriques qui tiennent  de  la  
 nature de l’exemple, c’eft ainfi  qu’Orefte  &   Pylade  
 font une  image  de l’amitié.  D ’autres  font  des  com-  
 paraifons, comme lorsqu’on  emploie un vaiffeau qui  
 a le vent en poupe pour défigner un heureux fucces.  
 D ’autres enfin  font  de  véritables  allégories ;  tel  eft  
 le crible  employé à  puifer l’eau pour  exprimer une  
 entreprife vaine. C’eft aux circonftances particulières  
 à déterminer le  choix  de l’une de  ces trois efpeces;  
 les images proprement allégoriques doivent être liées  
 à quelque objet bien choifi qui en fixe la fignification.  
 Ainfi l’image  d’un  papillon que  Socrate  contemple  
 avec attention  ,  exprime  affez clairement les  méditations  
 de ce philofophe  fur l’immortalité de  l’ame.  
 Ainfi dès  têtes de  pavots  entrelacées  en  guirlande  
 autour  des  tempes d’une  perfonne qui  repofe,  re-  
 préfenteront très-bien le fommeil ; mais dans une autre  
 compofition, ces mêmes pavots pourroient aifément  
 être l’image de  la fécondité. 
 C’eft donc le but  précis qu’on fe propofe qui doit  
 guider dans le choix &  l’invention des images; celles  
 qui peuvent fe  lier à des figures humaines, en forme  
 d’attributs  , ou de marques caraCtériftiques, font les  
 plus convenables ,  parce que l’a&ion qui  les accompagne  
 donne  plus  de  clarté &  même plus d’énergie  
 à  leur  fignification.  La  vanité  d’attirer  fur  foi  les  
 regards  du peuple,  eft ,  par  exemple, bien  exprimée  
 par l’image  d’un  Paon  ; mais Y allégorie acquiert  
 une application, plus étendue,  fi l’on  cnoifit  une  figure  
 de femme qui tienne ou qui porte des plumes de  
 . cet oife.au. On peut, au moyen de cette figure? rendre 
 Y"allégorie beaucoup plus  précife  &  plus  expreffive,  
 par  le  caraCtere  de  la  perfonne ,  par  fon  attitude  
 &  par fonaCtion;  c’eft cette confidération fans doute  
 qui  a fait  inventer  aux artiftes de  l’ancienne Grece,  
 tant de perfonnages  allégoriques ;  celui de  la nécef-  
 fité que nous avons rapporté d’après Horace ,  en  eft  
 très-bel exemple. 
 C’eft  de  l’heureufe invention des images  ifolées ,   
 que  dépend l’invention du tableau  entier,  morale ,  
 phyfique,  ou  hiftorique.  Ces tableaux  exigent  né-  
 celfairement  des  perfonnages ;  car  une  repréfenta-  
 tion qui ne feroit compofée  que de  fimples  fignes à  
 l’imitation des hiéroglyphes  qu’on  voit fur les mo-  
 numens de  l’ancienne  Egypte, ne  mériteroit  pas le  
 nom de tableau allégorique. 
 Il feroit inutile de preferire des  réglés particulières  
 fur l’invention de  ces tableaux ; l’artifte fera bien  
 néanmoins de méditer avec foin les trois  routes que  
 nous  avons  indiquées,  &  de  s’y   exercer  fouvent.  
 Nous allons  encore  les parcourir  rapidement  pour  
 lui en montrer l’ufage. 
 La  voie  de  l’exemple eft la  première  &   la  plus  
 aifée.  Pour  repréfenter  une  chofe  en  general,   on  
 choifit  un  cas  particulier q u i,  à  l’aide  du  lieu ,  ou  
 de  quelque  acceffoire, peut  aifément  recevoir  une  
 -fignification générale. Un peintre ou un fculpteur de  
 l’antiquité  n avoit  qu’à  repréfenter dans  un  temple  
 de  la  Fortune,  ou  Denis  à Corinthe,  ou Tyrtée à  
 la  tête  d’une  armée ,  ou Marius  enfoncé dans un  
 marais, ou Bélifaire tendant la main,ou quelqu’autre  
 exemple mémorable des révolutions  de  la  fortune ;  
 le  tableau allégorique  étoit achevé.  Le lieu  feul fuf-  
 fifoit pour  changer  le  fait  particulier  en une  repr'é-  
 fentation  générale du  pouvoir  de  la Fortune.  Mais  
 le même trait hiftorique  ,  placé en  tableau dans une  
 chambre,  ne  feroit  point  encore  une  allégorie ;  il  
 faudroit  y   ajouter  quelque  part à  propos  un  temple  
 de  la Fortune , ou  défigner  cette Déefle  par les  
 ornemens  allégoriques du  cadre ,& c . 
 La voie des  comparaifons a  plus de difficultés.  Il  
 faut  d’abord  que l’artifte  imagine  une  comparaifon  
 qui  exprime  fortement  fa  penfée ;  il  faut  enfuite  
 qu’il  invente un moyen d’en faire connoître  l’application. 
  Un tableau fur  lequel on verroit un ouragan  
 déraciner les plus  gros chênes ,  &  faire plier des ar-  
 briffeaux, pourroit-être pris pour un fimpîe payfage ;  
 mais le peintre en  fera une  allégorie s’il fait y   introduire  
 quelques  perfonnages  dont  l’aCtion  indique  
 clairement  qu’ils  appliquent  cette  repréfentation  
 comme  un  emblème  de  la  maxime  générale  qu’il  
 vaut mieux fe foumettre avec réfignation aux adver-  
 fités, que  de fe roidir hors de  faifon  par un orgueil  
 opiniâtre. 
 La  troifieme  voie  eft  celle  des allégories  pures ,  
 c’eft  la  plus  difficile  ,  mais  aufii  la  plus  parfaite  
 lorfqu’on y  réuflit. S i, par exemple, on fe propofoit  
 de repréfenter  par  cette  voie  les  bizarreries  de  la  
 fortune,  il  faudroit  exclure  tout  ce  qu’il  y   a^ de  
 vrai  ou  de  propre  dans  les  deux  exemples  précé-  
 dens,  &  n’admettre  que des images d’invention.  La  
 Fortune  feroit  une  deeffe  aflife  fur un  trône.  Elle  
 auroit  divers  attributs,  les  uns  exprimeroient  des  
 caraCteres  de fa puiffance ,  les autres marqueroient  
 des  traits  de  fes  caprices.  Une  baguette  magique  
 dans  fa  main  indiqueroit  les  effets  rapides  &  merveilleux  
 de  fon  pouvoir.  Son  trône  fufp.endu,  &   
 .foutenu  par  les  vents  dont  chacun  feroit  défigné  
 fous une  figure  allégorique,  repréfenteroit  l’inconf-  
 tance  du  bonheur,  &  la  promptitude  de  fes variations. 
   L’air de  tête,  les traits  du  vifage  ,  l’attitude  
 annonceroit  la légéreté,  le  caprice ,  l’effronterie &   
 l’étourderie. Pôur donner plus d’étendue au tableau,  
 on pourroity ajouter bien des idées au moyen de quelques  
 images accefîbires. La  richeffe  &   la pauvreté, 
 la  grandeur  &   l’efclavage  ,   ou  d’autres  images  de  
 cette  nature  formeroient  la fuite  de  la  déefle  ;  la  
 fécurité marcheroit devant elle ,  &c.  &c. 
 Mais  qu’aucun  artifte n’entreprenne  de  pareilles  
 allégories,  s’il  ne  fe  fent  la  force  de  pénétrer  dans  
 le  fanCtuaire,  oit  Raphaël  &   Appelles  ont  été  initiés  
 à  tous  les  myfteres  de  l ’art.  C ’eft ici qu’il faut  
 appliquer  ce  que Horace a dit aux poètes : 
 .............. ...  Mediocribusiffe  poeds 
 Non homines,  non d ïi,  non concejfêre columnce. 
 Plus  Y allégorie  pure  eft  admirable  quand  elle  eft  
 bonne,  parce  qu’elle  eft  le  dernier  effort  de  l’art,  
 plus elle  eft ridicule  quand elle eft mauvaife. 
 Refte à parler de l’Cifage de Y allégorie. Cet ufage eft  
 d’une  grande  étendue.  L ’architeCture  emploie Y allégorie  
 pour donner à fes ouvrages l’empreinte de  leur  
 deftination.  Des  ornemens  allégoriques,  qui  enri-  
 cfiiflènt  diverfes  parties  d’un  édifice,  en annoncent  
 l ’ufage précis, &  fervent à caraCtérifer un temple, un  
 arfenal,  le  palais d’un monarque.  Des ftatues &  des  
 tableaux  placés  dans  les  églifes ,  dans les  cours de  
 juftice,  dans  d’autres  bâtimens  publics ,  peuvent y   
 être  d’un  grand  ufage  pour  concourir  au  premier  
 but que  les  beaux-arts  doivent  fe  propofer. 
 Les anciens ont  très-fouvent employé Y allégorie à  
 caraCterifer leurs meubles.  Les chandeliers, les lamp 
 e s ,  les tables*, les chaifes, les vafes de toute efpece,  
 etoient  ornes  de figures  allégoriques.  Cet ufage  n’é-  
 toit pas,  à la v érité, d’une  grande importance, mais  
 il  donnôit  neanmoins  un  certain  intérêt aux  chofes  
 les plus communes  ; l’imagination  étoit  réveillée au  
 milieu  des  occupations  les  plus  indifférentes  ,   &   
 c’eft-là  encore  un  des  buts  des  beaux-arts. 
 D ’ailleurs  ces  ornemens  hiéroglyphiques &   allégoriques  
 des uftenfiles ordinaires,  ont le  grand avantage  
 d’aider  le  peintre  à  caraCtérifer  aifément  les  
 perfonnages,  &   les  objets  qui  entrent  dans  lesta-  .  
 bleaux d’une compofition étendue.  Une  fimple houlette  
 couchée fur un tombeau, fuffit pour défigner la  
 perfonne que ce  tombeau renferme ; &  fouvent une  
 minutie  dans  ce  genre  ,  peut-donner  l’intelligence  
 d’un  tableau  qui,  fans ce  fecours,  auroit  été énigmatique. 
 C ’eft  dans  les médailles  qu’on fait  l’ufage le plus  
 fréquentée  Y allégorie ;  c’eft-là  néamoins  oii  l’on a  
 pu s’en difpenfer plus aifément , d.ès que l’art d’écrire  
 a  été  inventé.  Car  pour  l’ordinaire  une  courte  
 légende  exprime mieux  ce  qu’on  a  à  dire,  que  les  
 .figures  tracées  ne  peuvent  le  faire.  Les  médaillés  
 allégoriques ne font intéreffantes que  lorfque  l’artifte  
 a  ete allez heureux  pour trouver une  allégorie  énergique  
 qui  exprime  avec  plus  de  vivacité,  &   dans  
 une fignification plus  étendue  ce que  Pinfcription ne  
 pourroit  qu’indiquer  ;  mais  ces  images  font  bien 
 Il  en  faut dire autant  fur l’ufage de Vallégorie dans  
 les monumenSjfi elle ne  fert qu’à indiquer quelques  
 faits  hiftoriques,  Pinfcription  eft  préférable à  l’em-  
 bleme.  Le  nom  de  Diogene,  gravé  fur  fa  tombe,  
 s y fût aufii bien Conferve que la figure,d’un chien, &   
 eut  mieux  défigné  le philofophe.  Il n’y  a qu’un ref-  
 peft  fuperftitieux  pour  l’antiquité  qui  puiffe  faire  
 admirer de telles allégories fur les monumens anciens.  
 On en trouve  un  grand nombre  dans  ce goût  rapportées  
 par Paufanias.- 
 L’allégorie  fervoit  encore  chez  les  païens  ,  à  
 exprimer  leurs  idées  fur  les  divers  attributs  de  la  
 divinité, par les ftatues  de  leurs dieux. Ce n’étoient  
 que  des  images  fymboliques  ,  placées  ou  dans  des  
 temples,  ou dans  des  lieux  publics,  pour  fervir à  
 quelque  but  déterminé. 
 Nous  avons déjà  parlé  de l’ufage étendu  de Y allé-  
 S°Ue « P P  9 N S  f?s divers genres, Nous 
 ajouterons  Simplement  qu’il  vaut  beaucoup  mieux  
 que par le peintre fupplée au défaut des fignes fymboliques  
 bien  expreflifs,  par  une  bonne  mfeription,   
 que  par  des  hiéroglyphes  forcés.  C ’eft  ainfi  que  
 Raphaël &   le Pouffin en ont ufé. Un tableau du premier  
 ,  dans la  galerie  Farnefe  ,  repréfente  Vénus  
 avec Anchife ; il falloit defigner clairement ce perfoil-  
 nage  principal  pour  qu’on  ne  fe  trompât  pas  au  
 fujet du tableau; l’expédient que Raphaël a imaginé, 
 • e’ eft  de  tracer  en  trois mots :  Genus  unde  latinum.   
 Le peintre françois a fu exprimer auffi heureufement  
 l’efprit  d’un  de  fes  tableaux,  par  cette courte  inf-  
 cription  fépulcrale ,  & in  Arcadia  ego.  (  Foyer  du  
 Bos  ,  Réflexions  fur la poèfie  &  la peinture  *  T   I   
 J e ü .m ) 
 Quant  au  mélange  des  perfonnages  allégoriques  
 avec.des perfonnages réels &  hiftoriques, M.  du Bos  
 le  rejette  abfolument  comme  une  chofe  qui  efl  
 abfur.de ,  &   qui  révolte  le bon  fens.  On peut  voir  
 les  raifons  que  cet  habile  critique  en  allégué  dans  
 l’ouvrage  cité  ;  elles  font  fi  judicieufes  qu’on  ne  
 peut  guere  s’y   refufer.  C ’eft cependant  une  affaire  
 de fentiment,  comme  le mélange  de la Mythologie  
 dans nos odes modernes.  On ne doit  empêcher per*  
 fonne  d’y   trouver  du  plaifir. 
 D ’un  autre côté,  il  femble qu’il  y  auroit  trop de  
 rigidité  à  refufer  aux perfonnages allégoriques ,   la  
 liberté  de  prendre  part à une  a&ion  hiftorique.  Ce  
 que nous  avons  dit  de  l’ufage  des  êtres allégoriques  
 en poéfîe  ,  doit  encore  fervir  de  réglé  au peintre.  
 S’il,  eft  donc permis  à un  poète  ,  après  avoir décrit  
 un  ftratagême  amoureux ,  d’ajouter  que Vénus &   
 les,amours  s’en  font  réjouis,  pourquoi  le  peintre  
 n’oferoit- il  ,  après  avoir  peint  un  fait  hiftorique  
 dans  ce genre ,  imiter  l’heure^tetidée_de  l’Albane *  
 dans  fon  tableau  de  l’enlévemènf  de sProferpine ?  
 Ce  tableau  repréfente  Pluton  qui  fe  hâte  d’emmener  
 cette  déefle ;;>on  voit  dans les  airs  de petits  
 amours,  qui,  par  desrdanfes  &   des  efpiégleries>  
 expriment  la  grande  joie  que  cet  enlèvement  leur  
 infpire ; d’un autre côté, Cupidon vole en riant dans  
 les bras dé  fa mere  ,  pour la  féliciter  du  fuccès  de  
 cette entreprife.  Defcription de la galerie  de Drefde. 
 Il  n’y   a  point  de  connoifleur  à  qui un  mélange  
 auffi  .agréable  <de  Y allégorie  avec  l’hiftoire ,  puiffe  
 déplaire  ;  il  peut  fervir  de  modèle  fur  la  maniéré  
 de  traiter  un  alliage fi  délicat.  Si Rubens  s’en  étoit  
 acquitté avec autant d’éfprit dans la galerie du Luxembourg, 
   il eft à préfumer que M.  du Bos n’auroit pas  
 marqué  une  fi  forte  répugnance  pour  les  tableaux  
 de ce genre.  ( Cet article efl  tiré de la  Théorie générale  
 des beaux-Arts  de M.  SuLZER. ): 
 ALLÉGORIQUE ,  adj.  ( Belles*lettres,. Poéfle.  )  
 Un  perfonnage  allégorique  eft  une  paffion  ,  une  
 qualité de l’ame, un accident de la nature, une  idée  
 abftraite  perfonnifîée.  Prefque  toutes  les  divinités  
 de;  la  fable  font  allégoriques  dans  leur  origine;  la  
 Beauté, l’Amour, la Sageffe,  le Tems,  lesSaifons,  
 les. Elémens, la Paix,  la G uerre, &c. :  mais  lorfque  
 ces idées abftraites perfonnifiées  ont  été réellement  
 l’objet du culte d’une nation, &  que dans fa croyance  
 elles ont eu une  exiftence idéale ,  elles  font  mifes ,  
 dans l’ordre du merveilleux, au nombre des réalités,  
 &  ce n’eft plus, ce qu’on appelle des perfonnages allé-  
 goriques. Ainfi, dans Homere,on diftinguel’allégorie  
 d’avec la fable  : Vénus &   Jupiter .font  de  la  fable J  
 l’injure &  les prières font  de l’allégorie.  Il  eft vrai-  
 femblable que dans le langage des  premiers poètes,  
 l’allégorie  fut la  pépinière  des  dieux ;  l’opinion  en  
 prit  ce  qu’elle voulut pour  former la mythologie ,  
 &  laiflale refte au nombre  des fi étions. 
 Le  même  perfonnage  eft  employé  comme  réel  
 dans un poème,  &  comme allégorique  dans  un  autre, 
   félon  que  le  fyftême  religieux  dans  lequel  ce 
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