
on trouve plufieurs chefs qui font autant'de fouve-
rains fous le titre de Nakib. L’iman fe fait gloire
de les avoir pour alliés ; & c’ eft parmi les Arabes de
ce pays qu’on regarde comme les plus belliqueux,
qu’il forme fes meilleures troupes. Le métier- de
partifan eft fort à la mode dans leNedsjeran, un
fcheich de ce diftriâ:, appellé Mekkrami, traverfa
Y Arabie avec un camp volant, depuis la mer Rouge
jufqu’au golfe Perfique.
Les habitans de Sahan ne connoiffent d’autres loix
religieufes ou civiles, que celles de l’inftinâ. Ils fe
contentent d’une feule femme , & ne marient leurs
filles qu’à quinze ans , tandis que dans le diftriâ: de
l’iman , elles font communément meres à l’âge de
neuf ou dix ans.
Les moeurs, les ufages, tout chez ce peuple annonce
une fimplicité & une innocence qui valent
bien, fans doute, les vices aimables des villes polies.
Dans la province d’Oman, les débauches du pontife
Seif- Ben, fultan, ont opéré depuis peu une
révolution remarquable. Achmet-Ben-Said qui l’a
c h a f fé , par la douceur de fon régne , fit oublier aux
habitans les maux qu’ils avoient foufferts fous de
perfides ufurpateurs.
. Mafcat, fitué au z 3 d. 3 7' de latitude, a un port auffi
sur que commode. Cette ville, la plus riche & la
plus commerçante de Y Arabie, qui s’étend le long
du golfe Perfique , eft défendue par deux châteaux.
Les Portugais s’emparèrent de cette place en 1508,
& ils la perdirent 150 années après, parce que le
gouverneur avoit enlevé la fille d’un banian.
Parmi les différentes colonies Arabes, établies fur
la plage maritime du golfe Perfique, la plus confi-
dérable eft la ville d’Abufchahr, éloignée de l’équateur
de z8d. 59'. Celle de Gambron , fondée par
Schab-Abbas , a perdu depuis les troubles qui fui-i
virent la mort violente de Schach - Nadir, cette
opulence, cette fplendeur qu’elle de voit à l’étendue
de fon commerce.
L’île de Baharein, qui renferme cinquante petits;
villages, appartient maintenant, ainfi que la pêche
des perles qui fe fait dans les parages, au fcheich
d’Abufchahr, Arabe de nation : elle lui produit environ
67 mille écus.
A cinq-lieues de cette î l e , on trouve la ville de
K a tif qu’enrichit la pêche des perles, entreprife aux
frais des habitans.
Les Arabes de la province de Hedfias , ne dépendent
en rien des Ottomans. Il eft vrai que le grand
fèigneur a un bacha à Ofiadda, ville maritime de
cette contrée ; mais fa jurifdiâion ne s’étend pas au-
là des murs de la cité.
Le fultan envoie chaque année à la Mecque & à
Médine quatre ou cinq vaiffeaux chargés de denrées,
qui font diftribuées aux habitans de ces villes. Il fait
paffer auffi annuellement au fiege de la foi Muful-
mane, des fommes immenfes que partagent eiftre
eux les defeendans de Mahomet. Rien de plus fim pie
que l’architeâure de la Câba ou maifon de Dieu :
à deux tiers de fa hauteur, pend une large bande
de foie noire , qui préfente les principaux paffages
de l’alcoran, brodés en or. Les revenus de la plupart
des bains, bazars & caravanferas qui font en Turquie,
appartiennent à cette célébré mofquée.
Dans toute la prefqu’île de Y Arabie, on ne con-
npîtque deux faifons, la feché & la pluvieufe :
celle-ci commence pour la province d’Iemen, vers
le milieu de juin, & finit en fçptembre à Mafcat ;
elle dure depuis-le z i novembre au 18 février , &
dans l’Oman, depuis le 19 février jufqu’au zo avril.
La chaleur'n’eft pas moins fujette à des variations
quele froid; à Sara le thermomètre n’a jamais été au-
delà de 85 dégrés, depuis le 18 au Z9 de juillet, tandis
qpe dans le Théama, qui eft plus bas que l’Iemen,
on l’a vu au 98 dégré , depuis le fi au z i août,
Les Arabes donnent le nom de famum à leur cani-,
eule , ainfi qu?à un vent mortel qui fouille pendant
les grandes chaleurs dans le défert, entre Baffora,
Bagdad, Alep & la Mecque. Pour fe garantir du
danger qui les menace, les habitans fe j ettent à terre.
Les peuples de l’île de Charedfi & de Maredin, n’ont
rien à redouter du famum : ils couchent en plein air
depuis le 15 mai jufqu’en oâob re, fans en être aucunement
incommodés. f'oyefSAMUN dans ce Suppl.
Lés Arabes ne reconnoiffent pour nobles que les
defeendans de Mahomet & des fcheichs (feigneurs
indépendans). Prefque tous les fehérifs ou émirs,
font remonter leur origine au faint prophète. Les
Arabes obferventàla rigueur la tolérance religieufe,
& font prêts à recevoir dans leur communion tous
ceux qui le défirent. Le gouverneur de Moka paie
à chaque nouveau converti un écu & un quart par
mois , jufqu’à ce qu’il ait appris un métier. Quant
à la fuperftition, elle régné parmi les Arabes comme
chez la plupart des autres nations.
On trouve fur les montagnes de Hedfias des tribus
entières de Juifs, qui rie reconnoiffent d’autre domination
que celle de leurs fcheichs ; les Chrétiens
y font en petit nombre ; & de tant de temples fuper-
bes qui avoient été élevés au vrai Dieu dans cette
vafte contrée, il ne leur refte plus qu’une églife à
Baffora.
L’éducation des Arabes eft très-févere : à peine
font-ils fortis du harem, d’oti on les retire à l’âge
de quatre à cinq ans , que les peres les tiennent
continuellement auprès d’eu x, fans leur permettre
les amufemens les plus innocens. Le beau fexe ne
paroît jamais dans les compagnies : on peut juger
p a r- là du plaifir qu’on y goûte. On n’eft guere
moins délicat en Arabie fur le point d’honneur, que
dans les autres pays.
Les loix pénales ont beaucoup de rapport avec
les loix judiciaires. A Sane. on décerne la peine de
mort contre l’homicide ; mais dans quelques autres
diftriâs de l’Iemen , les parens de l’affaffiné ont le
choix de faire quelque accommodement avec le
meurtrier, ou de fe battre en duel.
Les habitans de Y Arabie déferte préfèrent l’étât
de vierge à la plus riche dot. Le moindre foupçoi*
fur la conduite d’une fille , eft une raifon fuffiiante
de la renvoyer. Chofe finguliere ! fi un pere fur-
prend fa fille en flagrant délit avec un féduâeur,
il a le droit de lui ôter la vie ; il n’eft point obligé
d’examiner fi le crime a été volontaire ou non. Les
gens aifés fe contentent ordinairement d’une femme,
parce que les polygames y font fujets à quelques
loix peu commodes.
C’eft à tort que la plupart des voyageurs ont
avancé qu’en Arabie les peres vendent leurs filles
au plus offrant : il en eft peu qui ne foient dotées. La
femme peut difpofer de fa dot comme d’un bien
qui lui appartient exclufivement, & le mari s’engage
devant le cadi à payer à fon époufe , en cas
de divorce, une certaine fomme fpéçifiée dans le
contrat de mariage : ils ont l’un & l’autre le même
droit de demander la féparation de biens & de
corps.
La vertu d’hofpitalité caraâérife particuliérement
la nation Arabe : les feigneurs des villages vinrent
plufieurs fois eux-mêmes inviter M. N .. . . à leur
table, & comme le 'v o y a g e u r n’aceeptoit point leurs
offres, ils lui faifoient paffer les mets les plus délicieux.
Les écoles font fituées fur les grandes places
des villes ; c’eft-là qu’on voit chaque étudiant affis
devant fon pupitre, fans être diftrait par le bruit
des paffans. La province de l’Iemen a deux académies,
l’une à Zebid , l’autre à Damar. La première
eft réfervée aux Sunnites, la fécondé auxZexcütes.
Quand il's’agît dé décider dés points de contfOverle,
on a recours à l’académie du grand Caire.
Les Arabes en général, & particuliérement ceux
du défert, ont un talent fupérieur pour la. verfifi-
Cation. L’auteur raconte qu’un fcheich ayant vu un
oifeau s’envoler du toit d’une maifon qui étoit vis-à-
vis de la prifon où on l’avoit confiné , il çompofa
fur le champ un poëme, dans lequef il faifoit voir
combien il y auroit de mérite à lui rendre la’liberté.
La niufé dü prifonnier fléchit l’iman, qui le remit
en poffeffiôn de fes droits primitifs.
Les fcienees exa&eS font encore au berceau en
Arabie : les connoiffances aftrohomiques de Ces peuples
fe bornent à la notice hiftorique- des affres.
Dans ce pays chaque particulier eft fon propre
médecin.
De tous les animaux le cheval eft le plus eftimé,
fur-toitt l’efpece de ceux que l’on appelle kochlani,
dont la nobleffe eft juridiquement prouvée, & que
les Bédouins élevent entre Baffora, Merdin & la
frontière de la Syrie: ils ne font remarquables ni
par leur grandeur , ni par leur beauté ; une agilité
extraordinaire , une douceur extrême, urt attachement
fingulier pour leurs maîtres •, voilà ce qui
en fait le prix. Hoyeç Journal Encyclop..ftptembre
' 773- ( c 0 1
AR ABIHISS A R , (Géogr!)petite ville de laTurquie
dans l’Anatolie. Elle eft fituée fur le bord méridional
de la rïvieré Schina : on croît que c’eft l’ancienne
Alinda.-Les maifons qui y .reftent font chétives, &
les habitans pauvres & miférables. (C. A . )
§ ARABIQUE ( g o m m e ) , Mae. méd. Cette
fubftance, de nature végétale , entièrement foluble
par l’eau, eft abfolument femblable à celle qui s’échappe
par les fentes ou crevaffes de la plupart de
nos arbres fruitiers. C’eft le corps muqueux, fade
ou gommeux des chymiftes , appellé vulgairement
mucilage. Il y a néanmoins quelques différences entre
ce corps ou cette gomme & le mucilage proprement
dit ; on obferve même quelques, variétés entre cette
gomme prife dans différens végétaux. La gomme
arabique eft alimenteufe , à confidérer fes principes
; & l’obfervation vient à l’appui de cette con-
je âu re , déduite de.Panalyfe chymique. M. Adanfon
rapporte que les negres qui portent cette gomme
dans. nos comptoirs du Sénégal,, n’ont pas d’autre
nourriture durant la traverfée des déferts par oit ils
paffent .{Article de M. l a F o s s e . )
ARABISSE, ( Géogr. ) ville d’Arménie, jadis munie
d’une fortereffe. Il y a eu un évêque,. & faint
Jean Chryfoftôme s’y réfugia dans le tems que les
Ifaures défoloient le pays d’alentour. ( C. A . )
ARABISTAN, ( Géogr. ) nom que les Turcs & les
Perfans donnent à l’Arabie moderne.
ARACA-PUDA, f. m. (Hijl. nat. Botaniq.)
plante très-approchante du roffolis, affezbien deffi-
hée fous ce nom par Van-Rheédé, dans fon Hortus
Malabaricus, vol. X , pag. 3 c>, pl. X X . Les Brames
l’appellent mejî. Jean Commelin lui donné le nom
d’aviné myriophylli folio, flore carneo , & M. Linné
celui de roffolis Indien , caule ramofo foliofo, foliis
linearibus, dans fon Syjlènia natures, imprimé en
1767 y pag. 225, nQ. fiV •
C’eft une herbe vivace, qui fe propage par fes
racines traçantes dans les fables du Malabar , oh: ell;e
s’élève à la hauteur de trois pouces. Sa racine eft
courte, menue, articulée & fibreufe. Ses tiges , au
nombre de cinq à fix à chaque pied, font cylindriques’,
menues, prefque fimples, ou divifées en deux
rameaux vers leur extrémité, vertes , charnues ",
tendres, couvertes de poils.blanchâtres. Chaque tige
eft garnie du bas en haut de fix à huit feuillesalternes,
fort écartées, difpofées cirçulairement, femblables
à un filet cylindrique, verdâtre, rouie en partie
en fpirale en-deffus, comme les feuilles des fougères
avant leur développement, & couvert un peu au-
delà du milieu de la longueur de quantité de poils
âffez longs, ferrés, cylindriques, terminés par un
petit globule jaunâtre.
Le bout de chaque branche eft terminé paf un épi
de deux à quatre fleurs rouge-bleuâtres, de deux
bonnes lignes de diamètre, portées fur un pédicule
prefqu’une fois plus long. Chaque fleur confifte en un
'Caliced’une feule piece , à cinq divifions profondes
pe.rfiftentes, en une corolle à cinq pétales égaux &
ronds, & en cinq étamines à anthères jaunes, entre
lèfquelles on voit cinq autres filets fans anthères. Du
centre de la fleur s’élève un ovaire fphérique, contigu'aux
étamines , couronné par deux ftyles fimples*
Cet ovaire, enmûriffant, devient une capfule iphé-
roïde à une loge , s’ouvrant en deux valves ou bat-
tans., qui portent chacun fur un placenta élevé
comme une ligne longitudinale à leur milieu nombre
de (graines fphéroïdes très-petites, d’un fixieme de
lignes de diamètre, d’abord blanches, enfuite verdâtres,
enfin noirâtres.
Qualités. Toute cette plante eft fans goût*
Ufages. Son fei paffe pour le fpécifîque des ob-
ftruâions du foie, de la rate & du méfentere.
Remarques. \Jaraca-puda a , comme l’on v o it,
beaucoup de rapport avec le roffolis, mais il en
différé affez par les cinq filets d’étamines qu’il a de
plus, & par le nombre des ftyles & des battans de
fon früit , pour en faire un genre différent dans la
famille des pourpiers. Confultez à cet égard nos
Familles des plantes, vol. I l , pag. 24J.
Quoique M. Linné ait confondu cette plante avec
celle de Ceylan, que les habitans de cette île appellent
kandulaffa, nous la croyons trop differente pour
ne la pas diftinguer comme une efpece particulière ,
que nous allons décrire.
Deuxieme efpece. K andulæssa.
Le kandulæffa, ainfi nommé à l’île de Ceylart, du
mot kandula, qui, dans le langage du pays, veut
dire une larme, parce que fes feuilles font toujours
couvertes de gouttelettesd’eàuquireffemblent à des
larmes, a été figuré affez bien, quoique fans détails,
par M. Burmann, dans fon Thefaurus Zeylanicus,
pag. 209 ,, pl. X C IV , fig . 1 , oh il le défigne fous lë
nom de roffolis ramofus caule foliofo. Hartog l’appel-
loit faxifraga Zeylanica mufeofa, minutifimo folio\
fore albo:
II différé principalement de Yaraca-puda, en ce
que fes tiges ont communément cinq à fix pouc.es de
hauteur, & qu’elles fe ramifient en deux, non pas
à leur extrémité fupérieure, mais dans le bas, un
peu au-deffus des racines. Ses feuilles font plus
menues, plus courtes, couvertes de poils à peine
jmqu’au milieu de leur longueur.
Ses fleurs font blanches , à pétales moins ronds,
elliptiques, une: fois plus longs que larges; elles
fortent rarement du bout des branches, mais pour
l’ordinaire folitairement, ou difpofées en épi de
deux à trois de l’aiffelle des feuilles, portées chacune
fur up péduncule un à trois fois plus long qu’elles.
Remarques. Ces caraâeres font, à mon avis, bien
fuffifans pour ne pas confondre le kandulæffa avec
Yamca-puda, comme a fait M. Linné d’après M. Bur-'
mann. (M. A d a n s o n .)
: ARACARI, f. m. ( Hiß. nat. Ornitholog. ) efpece
de toucan, ainfi nomme au Bréfil, au rapport de
MarcgraaVe, qui, dans fon Hißoire naturelle du Bréfil,
pag. 2 i j , en a donné une figure paffable, laquelle a
été copiée par Jonfton & Ruyfeh, page 148, planche
L X de fon Hißoire naturelle des oifeaux, & par
'Willughby, pl. X X I I de fon Ornithologie. Beloii