
 
        
         
		i j 68 ).  Mais  fi  cela, étoit  .vrai >, il  faudrait,  que  la  
 'nature  eut  fuivi  en  Amérique  .un  plan  très-'opp.ofé  
 'à  celui  qu’elle â fuivi  dans notre continent, où  tous  
 'les  quadrupèdes  terreftres de  la  première  grandeur  
 "font  frugivores,  &  non  carnaciefs : c’eft une.  erreur  
 de  là  part  de  Profper-Alpin  &   de  M.  Maillet d’a-  
 vdir'cru  que'l’hippopotame  foit fàyçophage. ou carnivore. 
   On  conçoit  que  tout  cela  a  dû  être,  de  la  
 ‘fo r te ,  à  caiîfe  de  la  difficulté  qu’euffent eue^des  
 quadrupèdes‘ carnaciers  de  la  première  grandeur  .à  
 trouver.leur  fubfiftance,  &   à  la  trouver  toujours  
 tandis  que'les  végétaux  renaiffent.  d’abord ,  &   en  
 une  telle  abondance  qu’ils  fopt  plus  que  fuffifans  
 pour nourrir  les.. bêtes frugivores .de la taille  la plus  
 énorme  r ainfi  l’opinion  de  ceux  qui  attribuent ces  
 débris-à :des  efpeces  zppphag.es,  rieft  guere  probable. 
   Inutilement  a - 1 -  on  interrogé  les  fauvagés  
 qui  'habitent  lès  bords  de  l’Ohio ,  pour  favoir  ce  
 qu’ils  penfent  de.  la  découverte  des  grands; ^oliemens  
 qu’on  fit  fur  le  bord  d.e‘  cette.  riviere  en  
 1738  :  ils  n’ont  pas, donné Tà-d.efius .plus  d’éclaircif-  
 fement  que  n’en donnent  les  habitans  de  la Sibérie  
 fur  la  découverte  de  l’ivoire .foffile  de  leur  pays,  
 que  les  uns'  regardent  comme,  des  dépouilles  de  
 géants,  &   les  autres  comme  les  refies d’un  animal  
 qui  vit fous  terre,  &   qu’ils  appelloient  mammout,  
 individu" plus  digne  de  paraître. dans  la mythologie  
 du Nord  que  dans  les  nomenclatures  de  l’Hifioire  
 naturelle. Cependant M.  Bertrand,  qui  a  parcouru  
 en  obfervatêur  curieux la- Penfy.lvanie  &   une  partie  
 de  YAmérique  feptenfrionalé ,  affure  que.  quelques  
 fauvagés' ayant vu des coquilles d’huître  trouvées  
 dans l ï  chaîne"dés monts Bléus., qui fe prolonge  
 du  Canada à  la  Caroline",  dirent  qu’il  n’étoit  pas  
 furprenant  dé  trouver  des  coquilles  autour  des  
 monts Bleus; puifqu’ils favoiènt que  la.mer les avoit  
 jadis  enveloppés de fe séaux .  , 
 Çe rapport  eft  fondé fur  la tradition  uniyerfellé-  
 ment répandue parmi tous les peuples de Y Arné};ique.,  
 depuis, le .détroit de  Magellan ' jufqu’au  Canada : ils  
 veulent  qü’anciënnemerif  les  'tèrr.ës  baffes'de  leur  
 continent  aient été fubmergees ;. çé qui obligea.leurs  
 ancêtres  à  fe. retirer fur .les. hauteurs.; C?e a’.e;fi point  
 fans quelque  ët'ôhnéméiVf'qu’dh'lft dans: Acpfta,-que  
 de  fo.n  tèms  ôn  vpyoit encore  en  différens endroits  
 des  tracés, très - marquées.  de._çette, inondation :  
 certe  in  novo .  orbe  ingentis  cujitfdani  . exundatiqnis  
 non'  obfcura ■ monumenta  a peritis  nçtqntur.  ( de  Na-  
 turâ N. O. y \  ' 
 Quoi qu’il en  fóit, on në; faijroit ■ expliquer pourquoi. 
 toutes  les peuplades de  Y Amérique  avofent  eü  
 fi  peu de commercé  &  de.liaifçn  entr-elles,  comme  
 cela  eft  démontré  par  la  multiplicité  des. Tangues,  
 qu’en  admettant  que  leur  maniéré,  de’  vivre  de  la  
 chaffe  ou  de  la  pêché ,  les  empêchoit, non  feule.-?  
 ment de ■‘fe  réunir.,  niais .les obligeoit  encore  à.s’é-r  
 loigner  les  unes  des  autres.  Auffi  a-t-on  v u ,  que  
 quand  des  tribifs  fe  -rapprochent, au pbint. de  s’intercepter  
 le’ gibier,  cela  allume  des  guerres nationales  
 qui  ne  finiffent  que  par  la  deftruction  ou  la  
 retraite de la tribu la  plus foible  o.u la moins brav.e  :  
 des  poignées  d’hommes  s’y   difputent  des  deferts  
 immenfes  ;  &.  les  ennemis.’ s’y   troùvént  quelquefois?*^ 
   plus  de1  cent  lieues .de  diftance  les .uns  des  
 autres  :  mais  cent  lieues  de  diftance,ne,font  rien  
 pour  dés  chaffeurs,  qui en  cherchant le  gibier ,  ou  
 en  le  poùrfuivant très-loin , fe  rencontrent toujours  
 quelque parti  La  difficulté q£, fixer les  limites,  qui  
 èft  déjà très-grande  parmi, le£ notions  fédent-aires j  
 l’eft  bierf  davantage  parmi  dès  hordes  qui  errent  
 de  forêts  en  forêts ,  &   qui prétendent  .cependant  
 être  poffëffeurs àbfolus  des lieux’ qu’ils  ne  font.que  
 parcourir. 
 Les  peuples véritablement  pêcheurs ou iclithyophages  
 J  n’exiftoient  que  dans  les  parties  les  plus'  
 leptentrionales du nouveau monde : car quoique l’on  
 trouve entre  tes tropiques des fauvagés  qui pêchent  
 b e a u c o u p i ls   plantent  cependant malgré cela quel-  
 que.s::P,ie.ds de  manioc  autour  de  leurs  cafés.  Mais  
 par toute  Y Amérique, cette  culture  ,  ainfi que  celle  
 du  maïs,  étoit l’ouvrage des  femmes,  &  il eft très-,  
 aifé  d’en  découvrir  la  raifon :  on  n’y  cùltivoit que  
 très-peu  ;  de  forte  que  ce travail-là  n’étoit  point  
 regardé  comme le premier des travaux.  On a même  
 découvert,  tant dans  le fud que dans le nord, beau-,  
 coup  de  chaffeurs  qui ne  cultivoient point du tout  
 &   vivoient  uniquement  de  gibier  :  comme, il  leur  
 arrivoit  d’être  plus  heureux  en de  certaines  faifona  
 qu’en  d’autres,  ils ne pouvoient  conferver la  chair  
 qu’en  là  boucanant  :  car  les  nations  difperfées  au  
 centre  du  continent,  n’avoient pas la moindre con-  
 noiffance  du  fel  ;  mais  prefque  toutes  celles  qui  
 habitoient  dans  la  zone  torride,  &   même  fur  les  
 extrémités  des  zones  tempérées  vers  l’équateur,  
 faifoient un  grand ufage du poivre-piment ( capjîcurn  
 annuum) , ou d’autres herbes auffi brûlantes ;  &  c’eft  
 la  nature  qui  leur  avoit  enfeigné  tout  cela.  Il  faut  
 dire  ici  que  les  médecins  de  l’Europe  ont  été  Sc  
 font  encore  pour  la  plupart  dans  l’erreur  au  fujet  
 des  épiceries  :  fous  les  climats  ardens,  leur  grand  
 &  continuel ufage  eft néceffaire pour aider  la digefi  
 tion,  &   rendre  aux  vifeeres  la  chaleur  qu’ils  perdent  
 par une  tranfpiration trop abondante. Auffi les  
 voyageurs  nous apprennent-ils que  ces  fauvagés de  
 la Guiane ,  qui répandent-tant de  poivre  dans leurs  
 mets ,  qu’ils .emportent; la peau de  la langue  à ceux  
 qui n’y  font pas accoutumés ,  jouiffent  conftatnment  
 d’une  fanté  plus  fermeque..d’autres.peuples;de  ce  
 pays  ,.  comme  les, Acoqüas  &   les  Moroux  ,  qui  
 ne  peuvent  fe  procurer  toujours  une  quantité  fuf-  
 fifante  dé  piment.  En  Europe’ même  on-voit'déjà  
 de  .quelle .néçeffité  çettei-é-pice  eft  aux  Efpagnols ,  
 qui  en  fempht  des  , champs  entiers  ,  comme', nous  
 femons  le fieigle.  :  enfin  ,  on. fait  qu’à mefùre- ’que  
 la  çhaleur  du  climat  augmente.  ,  'pn  a  trouvé  par  
 tpvrtç  TÂfiè  &   f  Afrique':que  la  çonfommation  des  
 épiceries; .augmentait  en.raifon dire&e  de  cette  chaleur.. 
   .  ,  «vj  0  . 
 Parmi  les  peuples  chaffeurs du  nouveau, monde ','  
 on a découvert  différentes  compofitions  que  nous  
 femmes  dans  l’ufage  d’appeller  des  poudres  nutritives  
 ou  des  alimens .çon.dénfés ,  qu’on ‘réduit  tout  
 exprès, en  un  petit volume  pour  pouvoir les  tranf-  
 port.e.r  aifément,  lorfqu’iL s’agit  de - faiVe  quelque  
 eoui'fé  dans des  folitudes^ où .la terre ,vfouvent couverte  
 deneige  à-la hauteur de deux  ou  trois  pieds ,  
 n’offre  aucune  reffource ,  hormis  celle,  du  gibier  
 qui  ëft  incertaine  ;  parce ;que- beaucoup  d’animaux  
 fe. tiennent  alors  dans  leurs-gîtes  ,  qui. font  quel-  
 quéfois  en  des  lieux, très-élûignés : de  ceux'oîi  on  
 les  .cherche.  Au  refte; on  voit  par les relations,  &   
 mérite  par.quelques,paffages  de  l’hiftoire^  que  la  
 plupart.;des  nations  errantes de notre  continent ont  
 eu ou ont  encore  des, pratiques femblables : les fau-  
 vag.es  de  la  grande  Bretagne  compofoient  une  de  
 ces, pâtes  aÿec le  karemyle^  qu’on  fôupçonne  être  
 les  tubercules  du, magjon,  que  les  gens  de la  campagne  
 appellent  vefce'.fauvage  ,  quoique  ce  foit  un  
 Lathyrus :  en avalant une  boulette  de  cette drogue,  
 les.Bretons pouvoient fie paffer de tout autre aliment  
 pendant  un  jour ( Dion, inSevtr. ) .  Il  en  eft  à  peu  
 près  de même  de  la poudre  verte, dont fe fervent  
 lesYfau,vages répandus le long du fleuve Jufquehanna,  
 qui  le   jette  dans  la  baie  de  Chefapeac  :  il  fuffira  
 de; dire  ici que  cette matière  eft  compofée de maïs  
 torréfié  qui  en  fait  le  fondement,  de  racines  d’an-  
 gelique &  de fel. Mais on peut foupçonner qu’avant  
 que, ces  barbares n’euffent  quelque  communication 
 âvec les Golonîes d’Europe, ils n’emploÿ'oierit point  
 de  fel  qui  rie  fauroit  contribuer  beaucoup  à  augmenter  
 les  particules  alimentaires. 
 Quant à  la méthode  de  fe  procurer  du feu ,  elle  
 étoit  la  même  dans  toute  l’étendue  du  nouveau-  
 monde ,  depuis  la  Patagonie  jufqu’au  Groenland:,  
 on  frottoit  des  morceaux  de  bois  très-dur  contre  
 d’autres morceaux très-fecs  avec  tant  de force &  fi  
 long-tems  qu’ils  étinceloient-  ou  s’enflammoient.  Il  
 eft  vrai  que  chez  de  certaines  peuplades  au  nord  
 de  la Californie,  on  inféroit  une  efpece  de  pivot  
 dans  le  trou  d’une  planche  fort  épaiffe ,  &   par; le  
 frottement circulaire on obtenoit le même effet que  
 celui  dont  on  vient  de  parler  ( Muller,  Reife und  
 entdeck: von d&n Rujfen, lom.  ƒ.).  Il  paroît bien que  
 c’eft  le  feul  inftind,  ou  s?il  eft permis  de  le dire,  
 l’induftrie  innée  de  l’homme  qui lui  a montré.cette  
 pratique ;  de  forte que, fuivant nous , il faut ranger  
 parmi  les  fables  ce  que quelques  relations  rapportent  
 des  habitans  des Marianes,  des Philippines.,. de  
 Los-Jordenas &  des  Amicouanes ,  qui  ignoroient,  
 à ce  qu’on  prétend,  le  fecret de  faire  du  feu.  Et  
 fi l’on  trouve  de  tels faits  dans  des  géographes  de  
 l’antiquité ,  comme  Mêla ,  au fujet de certains.peu-  
 ples.de l’Afrique,  il eft néceffaire d’avertir qiie Melà  
 avoit puifé dans  les mémoires  cl’Eudoxe, que Stra-  
 bon  nous  dépeint’  comme-un  impofteur  q ui, pour  
 faire  accroire  qu’il: avoit  doublé  le  cap  de.Bonnes  
 Efpérance  ,  fe  permettoit  de  irientir  fans ■ fin.  Qn  
 v o it ,  par  l’hiftoiré  de  la  Chine, .&   fur-tout par  
 l ’ufage  encore  aujourd’hui fubfiftant 'chez les.Kamk  
 chatkadales, les Sibériens &  même chez  les payfans  
 de  la  Ruflie ,  que la méthode dé  faire  prendre  feu  
 au  bois  par  le:frottement,  a dû être  générale dans  
 notre  c'ontinent  avant  la  connôiffance  de  l’acier.&:  
 des pyrites : la chaleur, que l’homme  fauvage_a fentie  
 dans fies maitis,  lorfqu’il les frottoit, lui a  enfeigné  
 tout  cela.  . 
 .'  Comme il y  avoit en Amérique un très-grand nom-i  
 bre  de petites  nations ,' dpnt "les  unes-étoient  pion-1  
 gééS 'plus avant  que  les  autres  dans'  la  barbarie-  
 &  dans  l’oubli  de tout ce; qui-conftitue 'l’animal  rai-I  
 fonnable  ,  il  eft  très-difficile ’ de  bièn  diftinguer  les  
 coutumes'  adoptées  feulement, par quelques-,  tribus  
 particulières;,  d’avec  les  ufages généralement fuivis;  
 Il y  a des’ voyageurs  qui  onr 'cfirique  tous »lés  fau?  
 vages  du nouveau monde  n’avoient pas. la moindre  
 idée de l’incefte j .au moins dans-la ligne  collatérale £  
 &;que  les.fretesry.époufoi&nt  fans: CeiTe  les  foeurs ;  
 ou  les  connoiffoient  fans  les  épôùfer  :  ce  qui a fait  
 penfer  à  plufieurs  perfonnesy  que les  facultés phy-  
 fiqueS  &   morales-  ont  dû  s’altérer .dans  ces. fau va-  
 ges'-l'à  ; ^parce  .que  l’on  fuppofe-  qu’il; en  eft /des  
 hommes  comme  dès  animaux  donieftiques,  dont  
 quelques-uns fie  rabougriffent .par  les accouplemens-  
 inceftueux :  ce  qui  a  indiqué  ,  ainfi  qu’on  fa it ,  la  
 néçeffité  de  mêler  ou  de  croifer  les  races poür en  
 maintenir  là  viguéur  &   en  perpétuer  la  beaiité.  Il  
 eonfte  par  des  expériences  faites • depuis  peu  fur  
 une feule efpece,-que la dégénération eft plus grande.  
 &  plus prompte par une  fuite d’accouplemens dans-  
 la  ligne  collatérale  que  dans  la  ligné  defeendante ;  
 &  c’eft-là  un  réfultat  auquel  on  rie  fe  feroit  affu-  
 rément  point  attendu. Mais  en fuivant les lettres edi-,  
 fiâmes■ §£  les  relations des  P. P. Lafiteau  &   Gumillâ.  
 (Moeurs  des fauvagés & hifioirè de l’Orénoque.'), il  eft-  
 certain  qu’il  exiftoit  en  Amérique  pllifieurs  tribus;  
 oîi  l’on  né  contraâoit  pas même  de  mariage  dans  
 le  trqifieïne  dégré  de  parenté  ;  de  forte  qu’on  nel  
 fauroit dire que des conjonftions que nous appelions  
 illicites,  ou ce  qui  eft  la  même  chofe  incejlueufes,  
 y   ont  ete  généralement  en  vogue  ,  comme  elles-.  
 1 etoient  fans  doute chez les Caraïbes  &  chez beau-  
 eoup d’autres.- Garcilaffo rapporte  au(fi (hjfioin des 
 ïnlas. )  que  les grands  caciques  ou  les  êmpéreüfs  
 du Pérou  époufoient par  une  polygamie finguliere*  
 leurs fceiïrs  &  leurs eoufines-germaines  à la  fois ; il  
 ajoute  à lavérité, pag. '68',■  tom. I l ,  que cet ufage en  
 s’étendoit  point  jufqu’au  peuple  ;  mais  c’eft-là ■ uri  
 fait  qui nous  femble  prefque impoffible  à  éclaircir y  
 car  enfin,  il ne  faut;point prêter  une  foi aveuglé à-  
 tout  ce  qu’on  lit  dans Garcilaffo,  touchant la législation  
 des Péruviens : il convient  d’ailleurs que  chez  
 les  peuplades  de? ce  pays  où  l’autorité  du  grand  
 cacique Où dè l’empereur étoit mal affermie, Commé  
 chez lès  Antis,  /e  màfiage  étoit  inconnu  :  quand là  
 nature 'leur  infpiroit  des defirs ,  le hasard'leur donnait  
 Une femme  ,  ils  prenoient  celles  qu'ils  rencontraient ;  
 leurs filles,  leurs foeurs,  leurs meréslcur  étoieht  indijf  
 fèrentes ;  cependant ces dernier es  étoient plus exceptées  
 Dans un autre cantonajoute-t-il,  les meres gardoienl  
 leurs filles-  avec  un foin  extrême ;  &  quand  elles  les  
 marioient,  elles les déjlofoient en public de leurs propres'  
 mains,  pour montrer  qui elles  les av oient  bien gardées*  
 tom: 1 ,   p.ag-.  74.  Ce  dernier-ufage  ,  s’il étoit  bien  
 vrai,'pourroit  paroître  encore  plus  étonnant  que  
 l’incéfte,  qui  a du-être effeâivement plus en vogue  
 chez  les  petites  hordes ",  compofées  feulement  de  
 cent-trente perfonnes, &  telle s qu’on en-voit eticore  
 aujourd’hui dans les-forêts  de Y Amérique, que parmi  
 les tribus plus- nombreufes ;  &  fur-tout -fi  î-dn réfléchit  
 à la multiplicité des langues relativement inintel-  
 ligiblesî qiii-empêchoit ces petites hordes de prendre  
 des  femmes chez leurs voifins; 
 -  Il .faut bien ob fer ver ici que'ce n’eft qufune pure  
 âippofition  ,•  dont  nous’- /avons : rendu  compte  au  
 fujet  dé  là-dégéneratiori quelles  accouplemens  in-  
 ceftueux pOuïroient  occanonner  dans '1-èfpece  humaine  
 ,  -comme  dans  quelques  ëfpeces  animales.  
 La vérité  eft que nous ne-'fofflmes pas, ,& que nous-  
 ne ferons point de fi-'tdra'ffez inftriiits  fur uri1 obj'et fi ’  
 important ,■ pour pouvoir eix parler  avec-àffurance;  
 car  il  në  convient, guere- de  citer  ici  l’exemple  de  
 quelques peuples de l’antiquitéj ni fur-tout l’exemple  
 des Egyptiens y  dont les lo ix ,  qu’on croit le mieux-  
 coiinoîtré j-iontfioûventles pltis inconnue's ;:des Grecs  
 qui Ont  écrit  fur l’hiftoiré de l’Egypte après,  la mort  
 d’Alexandre,"  ont  pu  aifément  confondre  les  fanc-  
 tions dfun-'Code 'étranger j adopté fous la dynaftie des  
 Lagidep,2iayec  les.  faïïftions  du  code  national,  où  
 nous f qui en àéo'ns  faitam'e étude  particulière,’ n’a - 1  
 vons  (mottvé  aucune  preuve  convaincante-de  la  
 loi; qu’oii- fioupGonne y   avoir,  exifté, - avant le  teins ■  
 de - la  conquête-  des  Macédoniens  ;  mais  une  plus  
 ample idîfcuffion  -à  cet'  'égard  feroit  ici.  très -  dé -  '  
 placéev  Ce  qui  démontre  au  refte  qu!il  ne  faut  
 pas  raifOrine'r fiur  la  néçeffité  de- croifer les  races,  
 Ibrfqu’il S’agit des hommes,  comme  lorfqu’il s’agit  
 des  animaux' domeftiquës ;  c’ eft que-les Circaffiens  
 &   les-Mingréliens  conftituent  un peuple  qui  ne  fe  
 mêle-  jamais  avec  aucun  autre,  &   où.  les  degrés  
 qui  empêchent le  mariage,  font très-peu  étendus ;  
 cependant  le  fang  y  e ft ,. comme  l’on  fçait., le plus  
 b'eau  du  monde  ,  au moins  dans  les.femmes;  &  il  
 s’en faut  beaucoup  que-les  hommes  y   fôient  auffi  
 laids que le dit,  dans fes Voyages au levant ,  le che- •  
 valier d’Arvieu,  dont le témoignage  eft très-oppofé  
 à'celui  de  M.  Chardin qui  avoit  été  fur les  lieu x,  
 &  le chevalier  d’Arvieu n’y  a point été.  D ’un autre  ■  
 côté,  les  Samojedes  qui  ne  fe mêlent,  ni avec  les  
 Lapons,  ni  avec les Ruffes,  conftituent  un  peuple  
 très-chétif  &   abfolument imberbe,  quoique  nous  
 fçaehions  à  rien point douter,  par les obfervàtions  
 de  M.  Klingftaedt  ,  que  jamais  les  Samojedes  ne  
 contrarient des mariages inceftueux, comme On l’af*  
 fure dans quelques relations, dont les auteurs étoient  
 très-maL informés.,  _  -■ # :  _  -■ '?■ 
 Il  peut  exifter  dans  le  climat  de  Y Amérique  des.