
 
        
         
		beçaar,  parce  qu’ils la regardent comme  une  efpece  
 de  oendarujfa, à caufe de la conformité de fon odeur.  
 M.  Bnrmann la  défigne  fous  le  nom  de  rhus foliis  
 ternatis oblongo-acutis ,  ex  ramis  & petiolis fiorifera. 
 Le giba reffemble pour l’eflentiel à l'ampac,  mais  
 il  en  différé  par  les  cara&eres  fui vans  :  i?.  il  eft  
 plus  petit dans  toutes  fes parties,  à moins qu’on ne  
 le cultive,  car  alors  il produit deux à  trois troncs,  
 chacun  de  cinq à  fix pouces  de diamètre,  qui s’élèvent  
 à la hauteur  &   fous*la  forme  d’un  fapin,  de  
 moyenne  grandeur ;  2°.  fon bois ,  quoique récemment  
 coupé,  eft très-fec  &  plus dur ,  plus pefant,  
 fon  écorce  plus lifte  ,  plus mince,  d’un brun-noir ;  
 3°.  fes  feuilles  font  plus  étroites,  longues de cinq  
 à  fix  pouces  feulement,  une  fois  'un  quart moins  
 larges,  liffes deffous comme defliis,  fans  aucun velouté  
 &   d’un  verd  noir  ;  40.  les  fleurs  font  une  
 à deux fois plus nombreufes, à-peu-près  au nombre  
 de  150  à  200,  &   plus ferrées fur chaque panicule; 
 5 °.  fes  grains  font  d’un, noir  très - obfcur  ;  6°.  il  
 fleurit  en février,  c’eft-à-dire, quatre mois plutôt;  
 70.  il  fe  trouve particuliérement  fur  les montagnes  
 d’Ôma;  8°.  fes  qualités &  fes  ufages  font  pareillement  
 un  peu  différens.. 
 Qualités.  Ses feuilles broyées répandent une odeur  
 acide  &   aromatique  ,  ainfi  que  fon  écorce  ;  dans  
 quelques endroits, comme à Leytimore, cette odeur  
 eft  fi  forte,  qu’eUe  approche  de  celle  du  poiflbn  
 appellé  cutàna,  qui  a une  odeur de  bouc. 
 Son  écorce  rend  très-peu  ou  point  de  réfine;  
 on  en  trouve  feulement  dans  fes  fentes  quelques  
 grains  jaune-de-foufre &   très-fragiles. 
 Ufages. Son bois, beaucoup plus droit, plus beau,  
 plus  folidè  &  plus  durable  ,  s’emploie  pour  faire  
 des folives,  &  fur-tout dans les charpentes de toits,  
 où il dure plus  long-tems ;  car,  lorfqu’il  touche  la  
 terre, il pourrit facilement. Lès habitans de l’île Orna  
 recueillent avec foin l’écorce de  la partie  inférieure  
 de fon tronc, &  la confervent au fec pour l’employer  
 dans les  fumigations  qu’ils  appellent  tonuhuho ;  ils  
 en brûlent aufli le  bois couvert de fon écorce , pour  
 parfumer leurs appartemens. Cette écorce pilée dans  
 l’eau  avec  celle,  du pule ,  fe  répand  fur  les légumes  
 pour en chaffer les chenilles &  autres infectes qui les  
 dévorent.  Les cerfs fe frottent volontiers contre l’écorce  
 de  cet  arbre. 
 Troijieme  efpece. 
 Rhumphe  décrit  une  troifieme  efpece  d’ampac,  
 dont  il  donne  une  courte  defcription  fans.aucune  
 figure.  C’eft  un  arbriffeau  encore  plus  petit ;  fes  
 feuilles  font  pareillement  trois-à-trois  fur  chaque  
 pédicule,  mais feches &   fort minces :  les deux collatérales  
 n’ont que  cinq pouces de longueur, &  l’intermédiaire  
 a jufqu’à fix ou huit pouces. Les grappes  
 des fleurs font beaucoup plus grandes ;  fes fleurs ont  
 pareillement  quatre pétales  un  peu  récourbés  en-  
 deffous,  &  cinq étamines  blanches; elles répandent  
 une  odeur  acide  a fiez  agréable.  . 
 Ufages.  Les  femmes  d’Amboine  broient &   ré-  
 duifent  fon  écorce  en une  fine bouillie  ,  dont  elles  
 fe  frottent le vifage  pour  fe  procurer une  couleur  
 agréable.  (M. A d a n so n .') 
 AMPEIRA,  ( Mujiq.  des  anc.)  Ainfi  fe  nommoit  
 la fécondé partie  du nome Pythien, fuivant  Strabon.  
 Voye^  Pythien.  (  Mujiq.  des  anc.  )  Supplément.  
 {F .  D .C . ) 
 AMPELAAS ,  f.  m.  (^Hijl. nat. Botanlq. ^  efpece  
 de  figuier,  ainfi  nommée  par  les Malays,  &   aflez  
 bien  repréfentée,par. Rumphe  fous  le nom de folium  
 politorium  ,  dans  fon  Herbarium  Amboinicum,  vol.  
 îy ^  pag.  izS  ,pl. L X I I I ,  parce que fà feuille  eft  fi  
 rude  ,  qu’elle  fert  à  polir  nombre  d’ouvrages  de 
 menuiferie. Les Malays l’appellent  Suffi daun goffo',  
 Rumphe  en  diftingue  trois efpeces; favoir : 
 Première  efpece.  AMPELAAS. 
 La  première  efpece  appellée  proprement  ampe-  
 laas,zH  un  arbriffeau  de  douze  à  quinze  pieds  de  
 hauteur  dont le  trortc  eft  très-court,  d’un  pied  au  
 plus  de diamètre, &  jette  de tous côtés  nombre  de  
 branches  alternes,  aflez  ferrées,  diftantes  d’un  à  
 deux  pouces;  mais longues,  droites , menues,  cylindriques  
 , écartées  fous  un angle  de  trente  degrés  
 ou  à-peu-près,  d’une  ligne  environ  de  diamètre ,  
 fillohnées  en  travers ,  tuberculeufes,  couvertes  de  
 feuilles  alternes,  difpofées  circiilairement &  près  à  
 près à des diftances de trois ou quatre lignes.au plus,  
 dont  les fupérfèures  font  relevées  ou écartées  fous  
 un angle,  qui  a  à  peine  quarante-cinq  dégrés  d’ouverture, 
  pendant que les inférieures  font pendantes,  
 ce qui donne à leur feuillage ,  comme au port  total  
 de  l ’arbre, une,forme ovoïde ou arrondie, mais qui  
 a  moitié  plus  de  longueur  que  de  largeur.  Ces  
 feuilles  font elliptiques,  pointues  aux deux  bouts  ,   
 longues de trois à  fix pouces, une fois moins larges,  
 épaiffes,  fermes, d’un  verd  foncé ,  rudes  comme  
 une lime  par  le  nombre  &  la  dureté  des  denticules  
 dont  elles  font couvertes,  relevées en  deffus d’une  
 côte  qui  les partage inégalement en deux,  de  forte  
 que l’un des côtés  eft un peu plus étroit que  l’autre,  
 comme  dans  les  feuilles de  l’orme  &  de  la  plupart  
 des  plantes de la famille des châtaigniers, &  portées  
 fur un pédicule cylindrique, menu, aflez court ; peu  
 après qu’on les a cueillies, elles font feches, dures &   
 fonnantes comme  un cuir defféché : avant leur développement  
 elles  font roulées  en cornet,  de maniéré  
 que  la derniere pu  la  plus intérieure enveloppe toutes  
 les autres  ;  mais  elle  eft  elle-même  enveloppée  
 par une  ftipule  en forme  de  capuchon  qui  entoure  
 toute la branche  à l’oppofé  de  fon pédicule,  &   qui  
 tombe au moment de Ion développement. C’eft cette  
 ftipule qui, après fa chute, laifle fur les  branches ces  
 anneaux  circulaires  qui  indiquent  le  lieu  où  elles  
 étoient attachées :  les  tubercules  qu’on voit  fur les  
 mêmes  branches,  indiquent  les  places'  où  étoient  
 attachées  les  feuilles.- 
 De l’aiflelle de chaque feuille fort une petite figue  
 c’eft-à-dire, en ftyle  de  Botanique.,  une  enveloppe  
 de fleurs  fphérique,  qui,  dans  fa maturité égale ou  
 furpaffe  tr.ès-peu la groffeur de  la grofeille , de trois  
 lignes  environ  de  diamètre,  lifl'e  ,  verd  obfcur,   
 feche  , infipide,  portée fur un  pédicule  très-mince ,  
 à-peu-près de fa longueur  tte.  pendante. 
 Uampelaas  croît  dans  la  plupart  des  îles  Molu-  
 ques &   des autres îles de l’Inde^, fur-tout fur les collines  
 expofées  également  aux  grands  vents  &   au  
 foleil du midi, &  l’on remarque  que plus le terrein  
 où il croît eft dur,  plus aufli fes feuilles  ont d’épaif-  
 feur  &   de  fermeté,  ce qui  eft  un  grand  avantage  
 pour  l’ufage  qit’on  en  fait. 
 Qualités. Son écorce &   fes  feuilles  coupées  rendent  
 un  fuc laiteux comme  le figuier  ordinaire.  Son  
 bois  eft  aflez  dur. 
 Ufages.  Ses  feuilles  font les  feules  parties  dont  
 on faffe ufage. Les ébéniftes , les menuifiers &  autres  
 artifans  qui s’occupent à  polir le bois , font des provisions  
 de  ces  feuilles  qu’ils  emploient  toutes  les  
 fois  qu’ils  veulent  donner  le  dernier poli  à  des  ou vrages  
 délicats &  de prix,  tels  que  des boëte$,  des  
 tablettes  , des armoires, des fieges de bois précieux;  
 ils les emploient aufli pour polir le corail noir, c’eft-  
 à dire, l’antipathes,  &  ces  feuilles  confervent aflez  
 long-tems  leur  âpreté  pour être d’un long ufage. 
 Seconde  efpece.  I t i l a t . 
 L’itilat quife nomme encore ila-â-un à Leytimore, 
 eft, félon Rumphe, une fécondé  efpece  tfampelaas  
 qui  forme  de  même  un  arbriffeau  à  branches  encore  
 plus  longues  ,  plus  menues,  à  feuilles  plus  
 grandes,  plus  épaifles*  plus rudes,  plus  relevées,  
 d’un  verd noir.  11  s’élève quelquefois en  arbre  aflez  
 grand,  mais  dont  le  tronc  ne  paffe pas un  pied  en  
 diamètre. On en fait ufage comme du premier.  11 ne  
 fe  trouve que  dans  le  pays  de  Luhu. 
 Troijieme efpece.'W e l l a t . 
 .  On  donne  à  Amboine  le nom de wellat à la troi-  
 ïieme efpece  ftampelaas., dont Rumphe a négligé, de  
 donner une figure  comme  de  la  précédente.  :  
 Celui-ci  différé  des‘ deiix  premiers,  èn-  ce  qu’il  
 s’élève  communément  à  la  hauteur  d’un  arbre  de  
 vi'ngt-cinq  à trente  pieds,  dont  le  tronc  d’un  pied  
 &  demi à deux  pieds  de  diamètre  eft  marqué  d’anneaux. 
   Ses feuilles font  plus minces, moins fermes,  
 un peu finueufes , moins rudes,  moins propres à polir. 
   Son bois  eft  aufli  plus  tendre,  &   fon  écorce  
 moins  feche,  plus  fucculente,  moins  caffante. 
 On trouve rarement des fruits fur ces arbres, parce  
 qu’on les  empêche de  croître,  à  force  d’en  cueillir  
 les feuilles, fur-tout  fur la première  efpece  qui  eft  
 préférée  aux  deux  dernieres.  Celle-ci  croît  aflez  
 communément  dans  les  mêmes  lieux  que  la- première. 
 Remarques. M. Burmanndans  fes notes  fur  Rumphe  
 ,confond Vampelaas avec le  teregamdu Malabar,  
 où on en connoît trois efpeces figurées dans l'Hortus  
 Malabaricus; mais  celles que nous venons de décrire  
 different beaucoup de celles du Malabar,  dont -nous  
 donnerons une idée à leur place.  ( M .  A d  a n  s  o n . ) 
 __  AMPHITHÉÂTRE,  ( terme  de  Fleurijle.  )  Qu’on  
 ait un jardin grand, médiocre ,  ou petit, il y  faut un  
 oti'plufieurs amphithéâtres, foit pour l’agrément, foit  
 pour l’utilité, en  diverfes  exportions ,  pour mettre  
 les plantes à l’abri delà pluie de même  que du foleil,  
 au  moyen  des  toiles  cirées  qu’on  leve  ou  qu’on  
 àbàiffe, félon l’exigence  du cas.  Il n’y  a pas  de  com-  
 paraifon entre le coup d’oeil que forment des plantes  
 en fleur, qui  fe  trouvent difperfées dans un  jardin,  
 fuffent-elles fur une même file, &  celui que forment  
 ces mêmes plantes  placées &   rangées  fur  un amphithéâtre. 
  D es plantes fleuries en même tems, de forme  
 &  de  couleurs différentes fur quatre étages, préfen-  
 tent un afp eft charmant ; &  encore plus, lorfqu’ona  
 quelques centaines.d’efpeces d’oeillets; aufîi-tôt que  
 quelques-uns paffent, on les remplace par  d’autres,  
 qui viennent de  s’épanouir ; &  ce  plaifir  dure  environ  
 un mois  entier ,  chaque  jour offre  une  variété  
 infinie &  charmante. Quant aux  auricules  fur-tout,  
 le plaifir feroit très-léger., fans  un  amphithéâtre.  Ces  
 plantes.  &   ces  fleurs  étant  baffes  Sc  petites .,-ron  
 n’en Verroit  pas la beauté, encore  moins  la variéfé,  
 fi  elles  n’étoie’nt  pas  affemblées &   à  portée  d’être  
 admirées  &   comparées. 
 Quant à  l’utilité, elle eft inconteftable : il faut plus  
 ou moins de  foleil &  de  pluie ;  ce qu’on  ne  fauroit  
 ménager fans  un  amphithéâtre  couvert ,:  les oeillets,  
 les ‘auricules,  &  les autres fleurs dont on defire d’avoir  
 de  bonne  graine,,  .exigent cette précaution : en  
 automne il  y   a  des  plantes  qui veulent  être  à l’abri  
 de la gelée, mais  n’être  pas  encore  réduites  dans  la  
 ferre ; on  les  laiffe  fur  \amphithéâtre,  expofées  au  
 foleil autant qu’il eft poflible, jufqu’à  ce  qu’on  foit  
 Obligé de leur procurer un abri plus  afîùré.  (+ ) 
 §   AMPLIFICATION ,  (EloquenceJ  c’eft, félon  
 Longin l’accumulation de toutes les circonftances, &  »  
 qualités  particulières  à  la  chofe  dont  on  parle,  
 propre  à  donner  a,u  difeours  fa  jufte  étendue,  &   
 la force  néeeffaire.  On  peut  en  effet,  ou  nommer  
 Amplement  une  chofe ,  ou  indiquer  fuccinfrement  
 fes  attributs,  ou  enfin  s’étendre  amplement  fur la  
 Tome  I, 
 defcription  de  fes  propriétés ,  de  fes effets,  &   de  
 fes  divers  rapports. Ainfi ,  lorfque l’orateur,  après  
 avoir  dit  ce-qui  eft  effentiel  à  fon fujet ,  y   ajoute  
 encore quelque chofe, pour donner plus d’étendue,  
 de  force, ou  de  vivacité  à  l’idée  principale,  c’eft  
 une amplification. S i , par exemple,  le  but de l’orateur  
 étoit  d’exciter  dans  fes  auditeurs  l’idée  de  la  
 toute-fcience de  Dieu ,  la  propofition  principale  fe  
 réduiroit  à  dire : Dieu fait tout ;  s’il ajoute ,  le pré-  
 fent,  le  paffé,  le  futur,  les  événemens  réels,  
 ceux  qui  ne font que poflibles ,  tou t,  en  un  mot  
 fe  préfente  diftinfrement  à  fes  yeux  ;  il  ne  fait  
 qu’amplifier  la première idée. 
 Les  amplifications  appartiennent  principalement  
 au  ftyle poétique &   oratoire; &  c’eft  en cela  qu’il  
 différé  effentiellement du ftyle didaftiquê des  philo-  
 fophes.  Quelquefois  un  dilcours  entier,  une pièce  
 de  poéfie n’eft qu’une feule  penfée éclaircie, &  fortifiée  
 par  de nombreufes amplifications.  La feptieme  
 ode  du  premier livre  d’Horâce  n’eft  que  l’amplification  
 d’une  penfée  très-fimple. 
 L’art  d’amplifier  fait donc une  partie importante  
 de  l’açt  du poëte ,  &   c’eft prefque  la partie  la plus  
 effentielle  à l’orateur. A-t-il à parler de  chofes  connues, 
   après  avoir dit  clairement  ce  qu’il  a  à  pro-  
 pofer,  il  n’a que la reffource des amplifications pour  
 foutenir  fon  difeours  ,  pour exciter  l’attention  de  
 l'auditoire ,  &   pour donner  aux  vérités qu’il  veut  
 inculquer une énergie vraiment ejlhétiqpe, qui remue  
 le  fentiment. 
 Quand  on a expofé tout ce qui eft effentiel,  pouf  
 exciter  certaines idées,  pour  convaincre,  ou pour  
 toucher,  ii  peut  encore  reftèr  un  double doute  fur  
 l’effet  qu’on  aura produit.  Ou l'auditeur n’a pas encore  
 eu  tout le  tems de  fe  livrer  aflez  aux  idées  
 qu’on  lui  a préfentéës,  pour  en  fentir  toute  Fim-  
 prèflion ,  ce  qui  exige  toujours  un  tems  plus  ou  
 moins  long,  fuivant la portée  de l’auditeur ;  ou ces  
 repréfentations, malgré leur folidité &  leur jufteffe ,  
 manquent  encore  d’énergie  fentiment ale ,  parce  
 qu’ elles  font  trop  abftraites,  trop  Amples,  trop  
 fpécùlatives. Dans  ces  deux cas ,• l’orateur aura  recours  
 à  Vamplification  :  elle  remédie  au  premier  
 inconvénient, ■  en  arrêtant  l’auditeur  fur  l’idée  qui  
 doit-  le  frapper :  il a  le  tems de  s’en  bien  pénétrer.  
 I.’orateur n’eft pas  dans lè cas  du  géomètre ,  à qui  
 il  futfit  ,  pour démontrer une  vérité,  d?al!éguer  de  
 fuite  les  propôfitions  qui  conduifent  à  celle-là.  Ici  
 chaque  propofition ,  quelqu’évidente  qu’elle, puifle  
 être  en  f o i ,  doit-refter préfente  à  l’e-fprit  pendant-  
 un certain tems', pour en fentir toute la‘ vérité d’une  
 maniéré intuitive.  Mais  ce  n’eft  pas  par  des  paufes  
 fréquentés  que  l’orateur  obtiéndrâ  ce  but ;  il  faut  
 qu’il  pourfuive  fon  difeours  :  il  n’a  donc  d’autre  
 moyen de  fixer l’attention de l’auditeur,  fur ce qu’il  
 vient  de  -lui  dire  ,  que  de  Je  répéter  d’une  autre  
 manière  ,  en  y  ajoutant quelques idéès àcceffoires,  
 (jui  préfentènt  toujours  la  même  chofe  dans  un  
 nouveau jour. Or c’eft-là ce qit’on nomme  amplifier.  
 La  méthode  la  plus  facile  de  faire  cette amplification, 
  c’eft d’employer  la  preuve par indufrion;  l’on  
 accumule  un  grand  nombre-de  cas,  en  choififfant  
 ceitx qui répandent le plus de clarté  fur l’objet qu’on  
 a en vue. On trouve dans tous les orateurs  de beaux  
 exemples  de  cette  méthode.  L’art d’arrêter  l’audi*  
 teur fur  une  idée  principàle, jufqifà  ce  qu’elle  ait  
 produit  tout  l’effet  qu’on s’en promet , eft fans  cou1  
 tredit  un  des premiers talens  de  l’orateur ;  fans  lequel  
 toute fa pénétration, &  la  plus grande  folidité  
 font  en pure  perte. 
 L’amplification  n’eft  pas  moins  néeeffaire  dans le'  
 fécond cas dont nous avons parlé, lorfque  la notion  
 qu’on  veut inculquer,  eft  trop  fimple ou  trop  ab-  
 ftraite’; -car,  par cette  {implicite, elle  eft dénuée de  
 A a a ij