Marcgrave qui en donne une courte defcription dans
fon Hijloire du B refil, page 207. M . Briffon la défigne
fous le nom de petite perruche brune du B refil: pfitta-
cus m'tnor brevicaudus ,fuperne viridis, infer ne fufco-
rufefcens ; vertice faturath cajïaneo ; otulorum ambitu
fiifco ; gutture cinereo ; marginibus alarum fanguinis ;
macula in dorfo,& reclricibus dilutèfufcis... PJittacula
Brajilienfis fufca. Ornithologie, volume IV , pag. 403.
Ùanaca ne paffe guere la grandeur de l’alouette
commune huppée ; il eft extrêmement élégant par
la variété de fes couleurs. Son bec eft brun; les pieds
font cendrés & fes ongles noirâtres. Il a le fommet
de la tête marron foncé, les joues & le tour des
yeux bruns; la gorge cendrée; le haut du cou, le
dos, les côtés & les cuiffes verds ; la partie inférieure
du cou , la poitrine , le ventre, les couvertures
du deffous de la queue brun-roux ; la queue
qui eft de douze plumes , & une tache au milieu du
dos brun-clair ; les épaules rouge de fang ; les ailes
vertes, mais de maniéré que leur extrémité tire fur
le bleu ou fur le verd de mer.
Ce joli oifeau fe trouve non feulement au Brefil,
mais encore à la Guiane o ù , félon Barrere , les
François lui donnent le nom de perruche commune.
( M. A d a n s o n . )
ANACAMPTOS, (Mujîq. des anciens.') terme de
la mufique Grecque qui fignifie une fuite de notes
rétrogrades, ou procédant de l’aigu au grave : c’eft
le contraire de l’euthia. Une des parties de l’ancienne
mélopée portoit aufli le nom à’anacamptofa. Voyez
M e lo pÉE (Mujiq.), dans le Dicl. des Sciences, &c. (S.)
ANACARA, ( Luth. ) forte de tambour en forme
de tymbale, dont on fe fervoit dans le bas-Empire.
( F .D .C . )
ANACHUNDA, f. m. (Hifi. nat. Botaniq.) ef-
pece de folanum épineux du Malabar, dont Van-
Rheede a publié ime aflez bonne figure fous ce
nom , dans fon Hortus Malabaricus, vol. II. pag. 65..
pl. X X X V . Les Brames l’appellent fada vaingani. Jean
Commelin écrit anofchunda au lieu 6 anachunda.
C ’eft un arbriffeau qui croît dans les fables à la
hauteur de quatre pieds. Sa racine eft fibreufe &
capillaire, d’abord blanche, enfuite jaune & roufla-
tre. Sa tige a jufqu’à trois pouces & demi de diamètre
, & eft garnie par-tout de branches alternes
nombreufes, cylindriques, à bois blanc , avecbeau-
coup de moelle , charnue, verte , & recouverte
d’une écorce épaifle, velue, verd-clair, purpurine intérieurement
& hériffée par-tout d’épines nombreufes
, ferrées, diftantes d’un demi-pouce les unes des
autres , coniques , blanches , peu courbes, longues,
d’une ligne & demie.
Les feuilles font difpofées alternativement le long
des branches , de forme elliptique, longues de cinq
à huit pouces , à peine d’un quart moins larges ;
finueufes où crénelées de chaque côté, de trois àfix
angles d’un à deux pouces de profondeur, accompagnées
quelquefois d’un angle plus petit ; épaiffes,
velues, a’un velouté très-court, très-denfe, verd
obfcur en-deflus, plus clair en-deffous, relevées en-
deffous d’une côte épaifle à 4 ou 6 nervures de chaque
côté, purpurines, garnies en-deflus & en deflous d’epi-
nes femblables à celles des tiges ; & portées fur un
pédicule cylindrique une fois plus court qu’elles,
purpurin pareillement épineux.
Les fleurs fortent raffemblées au nombre de deux
à trois en corymbe, non pas aux aiffelles des feuilles
, mais à leur oppofé ou un peu au-deffous, le
long des branches. Avant leur épanouiffement, elles
repréfentent d’abord un bouton pyramidal velu à
cinq angles , qui en s’ouvrant prend la forme d’une
étoile blanche d’un pouce & demi de diamètre, portée
fur un pédicule une fois plus court. Chaque
fleur eft çompofée d’un calice v elu , épais, verd, à
cinq divifions triangulaires perfiftentes, & d’une corolle
monopétale, une fois plus longue divifée juf-
qu aux deux tiers en cinq portions triangulaires égales
, deux fois plus longues que larges, qui portent
cinq étamines égales, une fois plus courtes, à anthères
jaunes , longues, prefqùe fefliles, quadrangulai-
res , relevées & rapprochées en pyramide, & ouvertes
en-deflus de deux trous correfpondant à deux
loges qui contiennent la poufliere génitale & fécondante.
Au centre du calice, s’élève un difque jaune
qui fait corps avec un ovaire fphériqüe furmônté
^d’un ftyle cylindrique, couronné par un ftigmate hé-
mifphérique marqué en-deflus d’un lillon. Cet ovaire
en mûriffant devient une baie fphériqüe d’un bon
pouce de 'diamètre , d’abord verte, enfuite jaune ,
tout hériffée de poils longs relevés, blanc jaunâtres,
accompagnée du calice qui y eft étroitement appliqué
, pleine d’une chair verte d’abord, enfuite jaune,
partagée intérieurement en deux loges qui contiennent
beaucoup de femences orbiculaires jaune-rougeâtres
, enfoncées dans un placenta charnu, central
& replié de maniéré qu’il femble former quatre à
cinq loges quoiqu’il n’y en ait réellement que deux
bien formées par une cloifon charnue, verticale qui,
en s’attachant à fes parois, la divife en deux portions
égales.
Ufage. La décoftion de Yanachunda fe boit comme
un excellent ftomachique dans les fievres qui naiffent
de l’abondance des humeurs, & mêlée avec le miel
dans les toux & opprefiions de poitrine.. Sa racine
pilée fe donne dans le vin pour arrêter les vomifle-
mens, & feule au poids de deux onces pour purger
l’abondance des humeurs. #
Remarques. Jean Commelin, dans fes notes fur
Y Hortus Malabaricus, penfe que cette plante pourroit
bien être la même que celle que Pilon décrit fous
le nom de jurïpeba dans fon Hifloiee naturelle du B ré*
f i l , liv. IV chap. 32. Mais il fe trompe 'Aejuripeba a
les fleurs plus petites, le fruit M e , les feuilles Sc
fes autres parties aflez différentes pour la regarder
comme une autre efpece, ( M. A d a n son . )
ANACLÉTIQUE, adj. (Mufique des anciens.) le
mode ou plutôt le nome anaclétique étoit propre à
ceux qui. fuyoient devant l’ennemi, fuivant Maxime
de Tyr. (F . D. C.)
ANACROUSIS, (Mujîq. des anc.) c’étoit le nom
du prélude, ou de la première partie du nome Pi-
thien fuivant Strabon. Voyez P y t h i e n . ( Mufiq.-des
anc.) Suppl, (J\ D . C.)
A N AD ARA , f. m. ( Hijl. nat. Conchyliologie) coquillage
bivalve du genre de ceux qu’on appelle arche
de Noé, à caufe de leur forme, & qui ont la
charnière de leurs coquilles çompofée d’un grand
nombre de denticules, leur animal femblable à celui
du peôoncle , mais qui s’attache par des fils for-
tans de fon pied comme dans les jambonneaux.
Uanadara fe trouve, quoiqu’affez rarement, dans
les fables de l’embouchure du Niger, & il paroît qu’il
eft communaux îles Moluques où les Malays l’appellent
anadara,félon Rumphe qui en donne une bonne
figure avec la dénomination fuivant e,peclen virgineus,
Malaicenjîbus bia - anadara dans fon Mufeum , pag.
142, art, 8 ,p l. X L lV ,fig .j. nous l’avons repréfenté
fous ce nom à la planche X V I I I de notre Hifloire naturelle
des coquillages du Sénégal, pag. 248.
Sa coquille a près de deux pouces de largeur ,&
moitié moins de longueur. Ses extrémités font quelquefois
arrondies, quelquefois coupées ou tronquées
obliquement avec une petite crénelure. Elle
porte fur fon extérieur environ 3 5 cannelures longitudinales
, tantôt rondes,tantôt applaties, qui pa-
rpiffent quelquefois divifées en deux par la moitié ,
•& traversées par un grand nombre de petits filets
extrêmement fins.
Ses battans font marqués intérieurement fur leurs
bords d’un pareil nombre de filions & de cannelu-.
res , au-delà defquelles on voit comme les veftiges
d’un grand nombre de filions très-fins qui s’étendent
■ jufqu’à leur fommet.Ils portent chacun 56 à 60 dents
qui forment leur charnière.
Cette coquille eft blanche tant au-dedans qu’au-
dehors , & recouverte d’un périofte aflez épais &
très-velu. Elle tient communément aux rochers par
un nerf qui, partant du pied de l’animal., paffe au
travers de l’ouverture que les battans de la coquille
laiffententr’eux : ce nerf la déborde à peine de deux
lignes de longueur; il ne s’épanouit pas en nombre
de fils, comme celui du jambonneau, mais il eft
fort applati, d’une dureté femblable à celle de la
corne dans l’endroit où il eft attaché aux rochers ,
& s’amollit enfuite à proportion qu’il s’approche davantage
du çor-ps de l’animal. ( M. A d a n son. )
* ANADYOMENE , ( Hijloire de Ûart ,,Antiq.
Teinture, Sculpture?) La Vénus Anadyomene eft*très-
célebre dans l’antiquité. Augufte , dit Pline, con-
facra dans le temple de Céfar, fon pere, un tableau
d’Apelles, repréfentant Vénus Portant de la mer, à
laquelle on donna le -nom d’Anadyomene. Venerem
exeuntem è mari divus Auguflus dicavit in delubro
patris Ccefaris , quce Anadyomene vocatur. Plin.* lib.
X X X V . càp. 10. L’attitude , fous laquelle ce grand
artifte offrit cette déeffe aux yeux-des Grecs , étoit
fi convenable & fi frappante , quoique de la plus
grande fimplicité , que toute la Grece s’accorda à
lui donner le nom d’Anadyomene, c’eft-àrdire, ef-
fuyant fes cheveux en fartant de Vécume de la mer qui
I?avait formée. Perfonne n’ignore l ’origine & la naif-
fance de Vénus. Jupiter, après l’horrible attentat
qu’il ofa commettre fur la perfonne de Saturrfe,
ayant jetté dans la mer les parties qu’il avôit retranchées,
à; fon pere, alors , dit le poèteHéfiode dans
fa Théogonie, on vit flotter fur la furface des eaux
un amas d’écume blanche, qui produifoit, & for-
moitdans fonfein une jeune fille. Cette écume s’approcha
d’abord de l’île de Çythere ; de-là, pouffée
par les flots , elle fut portée fur la côte de l’île de
Chypre, où cette maffe flottante's’étant tout-à-coup
entr’ouvèrte ; on en vit fortir une jeune déeffe, dont
l ’éclat, la beauté & la majefté étonnoient les regards.
Dès le premier moment de fa naiffance ,
l’aimable déeffe fe préfente à l’affemblée des dieux,
qui la reçoivent parmi eux : le dieu d’amour l’ac-
compagnoit, & les plaifirs fuivoient fes pas.
A pelles voulant peindre la naiffance de Vénus,
faifit l’inftant o ù , du fein de l’écume entr’ouverte ,
la déeffe s’élève fur la furface des eaux. Les vers
grecs, que l’on a faits à la louange de ce tableau,
ne l’ont pas furpaffé, dit Pline à l’endroit cité ; mais
ils l’ont rendu célébré. On trouve cinq épigrammes
dans Y Anthologie , dont cet ouvrage eft le fujet.
Nous allons en donner la tradu&ion, avant que de
paffer aux réflexions relatives à la peinture, que
dut naturellement produire la contemplation de ce
chef - d’oeuvre , dont il ne nous eft refté que des
copies fculptées.
Première épigramme. « Voyez Vénus fortant du
» fein des eaux qui viennent de lui donner le jour ;
» c’eft l’ouvrage du pinceau d’Apelles. Contem-
»> plez la déeffe qui, de fes belles mains, a faifi fa
» chevelure toute mouillée : elle exprime de fes che-
» veux ‘humides , l’écume blanche dont elle vient
» de naître. Minerve & Junon, avouant déformais
»> leur défaite , diront elles-mêmes : charmante
» Vénus, nous ne vous difputerons plus le prix de
» la beauté ».
Seconde épigramme. « Apelles vit Cypris au
» moment de fa naiffance ,.lorfqu’elle fortit toute
nue du fein de la mer qui. l’avoit enfantée. Le
» peintre offre à nos regards la déeffe ; telle qu’il
la vit en ce moment, couverte d’écume, & l’ex-
» primant de fes cheveux avec fes belles mains ».
Troifieme épigramme. « Lorfque Vénus toute
» mouillée de l’écume qui découle de fes cheveux ,
» fortit nue du fein des flots, elle porta d’abord fes
» mains fur la- chevelure qui couvroit fes belles
» joues, pour exprimer de fes cheveux humides
» l’eau écumante de la mer. La déeffe montroit fon
» fein à découvert , & tout ce qu’il eft permis d’ex-
» pofer à la vue. Mais fi Vénus eft aufli belle en
» effet, qu’elle le paroît dans ce tableau , qu’à la
» vue de la déeffe, toute, la fierté du courage d®
» Mars s’étonne & fe confonde ».
Quatrième épigramme. « La mer venoit d’accou-
» cher, & la reine de Paphos , qui fortoit de fon
»• fein, par le pinceau d’Apelles, ouvroit en ce
» moment, pour la première fois , fes beaux yeux
» à la lumière. Vous , dont les regards font attirés
» par ce tableau, hâtez-vous de vous en éloigner,
» de peur que l’écume que la déeffe exprime de
» fes cheveux humides , ne réjailMe fur vous. Si
» Vénus, difputant la pomme, dévoila jamais aux
» yeux de Paris tous les charmes qu’elle montre
» ic i , c’eft bien injuftement que Pallas a ruiné de
» fond en comble la ville de Troie».
La cinquième épigramme eft moins naturelle que
celles-là ; & nous nous difpenferons de la rapporter
, parce que la fatiété des chofes agréables
conduit aifément à la fadeur. Les quatre premières
fuffifent pour faire voir combien la poéfie
s’eft exercée fur ce fujet. On diroit que le tableau
d’Apelles fût propofé pour fujet d’un prix de poéfie ,
& que les plus célébrés poètes Grecs , enflammés
du beau feu qui aoimoit le pinceau de l’artifte $ fe
firent une gloire de chanter la Vénus Anadyomenet
Les aéfions, & les diîpofitions véritablement
agréables en peinture , doivent être fimples & né-
ceffaires, alors elles plaifent fans frapper ; & la
fatisfaftion qu’ elles procurent, n’eft précédée , ni
même accompagnée d’aucun étonnement ; le charme
féduâteur fe fait d’autant plus fentir, que l’attitude
, qui produit cètte impreflion favorable, ne
permet pas de concevoir une pofition différente ;
elle perfuade au contraire qu’elle n’a point été. recherchée
, & qu’elle eft un effet du hafard. La né-
ceflité de recourir à la réflexion, pour fe rendre
compte de la fatisfaéfion qu’on éprouve, eft un
témoignage de la vérité de ces impreflîons, de
leur genre, de leur cara&ere.
La pofition , dont Apelles a fait choix pour
exprimer fa Vénus fortant de la mer, e f t , à mon
gré, le plus grand exemple des grâces produites
par la jufteffe & la fimplicité ; & fi, comme nous
l’apprend la fécondé épigramme de l’Anthologie,
il l’a repréfentée à mi-corps, il a néceffairement
donné une fi jufte idée d’un caraftere fimple, noble
& naïf, il a exécuté fon trait avec une fi grande pré-
cifion ; il l’avoit fi bien penfé, que le fculpteur ,
qui travailla la figure de bronze antique , dont on
troxive ici la repréfentation ( Planche I des Antiquités),
a faifi toutes ces expreflions, & nous fait
voir encore .aujourd’hui cette jeune perfonne debout
, fans aucun contrafte apparent : fes beautés
n’ont aucun fecourS étranger, & ne font couvertes
d’aucun voile ; pratique quelquefois neceffaire, mais
qui fert ordinairement à cacher bien des foibleffes,
& que* l’on peut fouvent regarder comme un prétexte
, dont les Grecs ne le font presque jamais
fervi : ils étoient trop favans, & l’expénence leur
avoit appris que la nature préfente elle-même fes
beautés, félon la grandeur & le reffort de la tête
qui l’étudie. La Vénus d’Apelles eft repréfentée
dans le moment qu’elle paroît au jour; elle eft