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défenfes de rien exécuter. Les Romains tenoient
encore à leurs anciennes maximes : dans les tems de
la république , lorfque les généraux fe trouvoient
dans des conjonctures embarraflantes, ils fàifoient
la paix ; & lorfque les conditions en étoient humiliantes
i le fénat en étoit quitte pour caffer le traité,
& en dégrader les auteurs. Ce droit de ratification
■ avoit pafle aux empereurs ; mais pour en ufer impunément,
il falloit être le plus fort, & Honoriùs
ne Pétoit pas. Alaric, qui fe gouvernoit par d’autres
principes, revint une fécondé fois devant Rome,
& la bloqua de toutes parts. La ville aflîégee fut
réduite à une extrémité fi trille, que le,s habitansne
vivoient que de la chair des cadavres infefts. Ne
pouvant réfifter à tant d’horreurs, ils viennent dans
la douleur & l’abattement implorer une pitié dont
leur infidélité les rendoit indignés, Alaric , tou jours
modéré dans la vi&oiré, leur fit grâce; mais
aux premières conditions, il en ajouta d’autres: il
exigea un tribut annuel, & demanda de plus qu’on
lui abandonnât la Norique, le Vénétie & la Dalma-
tie ; enfuite, pour montrer aux Romains fonmépris,
il leur donna pour maître le préfet Attale , qu’il fit
empereur, de fa feule autorité. Oh s’étonne de ce
qu’Alaric, maître du fceptre des Romains , ne l’ait
pas réfervé pour lui-même. Mais tel étoit l’orgueil
des rois du Nord ; fatisfaits d’ébranler bu d’affermir
à leur gré le trône des empereurs, ils dédaignoient
de s’y afleoir. Le roi des Vifigoths, après avoir ainfi
humilié l’orgueil romain , fit fes préparatifs pour '
afliéger Ravenne , où Honoriùs fe tenoit honteufe-
ment caché. L’empereur Attale , qu’ilrie diftinguoit
pas de fes füjets , eut ordre de le fuivre à cette conquête.
Les affaires d’Honorius ne pouvoient être
dans un état plus trifte : les Barbares de Germanie
fondoient à l’envî fur fes malheureux états: fa domination
étoit prefque éteinte dans les Gaules &
en Efpagne. Convaincu de l’impoflibilité de continuer
la guerre, il envoya des ambafîadeurs à A ttale,
lui propofer la moitié de fes états pour gage de la
paix qu’il folUcitoit. Cette proportion ne devoit
pas être dédaignée par Attale : mais il fe 'comporta
avec tant d’imprudence, que le roi des Goths ,
pour l’en punir, lui fit rendre le fceptre, & le chafla
en préfence de l’armée. Alaric délibéra enfuite s’il
devoit accorder la paix à Honoriùs. Son confeil y
paroifloit difpofé ; mais les Huns, alliés des Romains,
ayant charge un détachement de Vifigoths, il prit
cet a â e d’hoftilité pour une nouvelle perfidie d’Honorius,
& rejetta tout accommodement: il marcha
â'uffi-tôt vers Rome qui, pour cette fois,fut obligée
de le recevoir dans fes murs. On le loue beaucoup
de fa modération. Il eft vrai que fes foldats n’y commirent
que les défordres qu’il ne put empêcher.
Quoique les Ariens, dont il fuivoit les erreurs,
fuflent depuis long-temps expofés à la perfécution
des orthodoxes, il ne crut pas devoir ufer de repré-? 1
failles: il ordonna de refpeéier les églifes, & défendit
, fous les peines les plus rigoureufes, de faire
aucun outrage à ceux qui s’étoient réfugiés dans ces
àfyles facrés. Il y fit reporter des vafes d’or que la
cupidité du foldat avoit enlevés. Il ne refta que trois
jours dans Rome : il enfortit pour aller faire la conquête
de la Sicile & de l’Afrique ; mais une tempête
ayant brifé une partie de fes vaifleaux, il mourut à
Cofenfe. Ses officiers craignant que le fouvenir des
maux qu’il avoit faits,en Italie, ne portât les peuples
à s’en venger fur fon corps, lui creuferent un tombeau
au milieu du fleuve Bazento, dont ils détournèrent
les eaux pendant la pompe funebre. Sa mort
fe rapporte à l’an 410 de notre ere. Son portrait
nous eft parvenu fort défiguré. On nous l’a repréfenté
comme un prince avide dé fang & fouillé de tous
les meurtres ; maïs fa conduite envers les Romains
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e ft a lle z ju ft ifié e p a r le s p e r f id e s p ro c é d é s d’H o n o r
iu s . A t a u l f e , fo n b e a u - f r e r e , lu i fu c c é d a , du/ co n -
fe n tem en t d e s fe ig n e u r s de fa n a tio n . V . A t a u l f e ,
dans ce Suppl. ( T— N.)
Alaric II, roi des Vifigoths. Dans tout autre fie-
cle Alaric eut été vraifemblablement le fouverain le
plus illuftre & le plus heureux de fon temps ; mais
il eut pour contemporain &t pour rival Clovis , qui
n’eut ni concurrent qui éclipfât fa gloire , ni ennemi
qui pût balancer fes fuccès. Fils d’Euric ou Evaric ,
roi des .Vifigoths, Alaric fuccéda, de l’aveu de fa
nation, au trône de fôn pere, à la mort de ce dernier
en 484, & il ne prit les rênes du gouvernement
que pour, rendre fes peuples heureux. Plein de Valeur,
& dévoré du defir de la gloire, il eut la gé-
nérofité de faerffier fes penchans à fon amour pour
la juftice, & aux projets utiles qu’il forma pour la
tranquillité publiqde. Des circonftances imprévues
l’obligerent de prendre les armes. Clovis qui rem-
pliffoit l’Europe du bruit de fes conquêtes, & de la
terreur de fon nom, venoit de difperfer les légions
Romaines, & leur général Syagrius, échappé au
carnage, :avoit été chercher un afyle à la cour d’A-
laric, ou il eut l’imprudente crédulité de fe croire à
l’abri de la cplere du vainqueur : il fè trompa , Clovis
plus inhumain dans Te’ fèiri de la viftoire, qu’il ne
l’étoit dans le feu des combats , envoya demander
en maître , au roi des Vifigoths , la tête du-général
vaincu. La puiflance deClovis & la crainte d’éprouver
fa vengeance jntimiderent^^ric; il avoit accueilli
Syagrius, ôt.il eût la lâche complaifançe de le livrer
au roi des Francs, qui eut la barbarie de faire mourir
le général Romain par la main du bourreau. Vainement
pour exeufer fa perfidie, Alaric allégua l’intérêt
dé fes peuples , & la néceflité d’écarter de fon
royaume l’orage qui le menaçoit ; il n’eft point de
raifon d’état qui autorife une action auffi d.éteftable.
C’eft à la vérité le feul crime que l’hiftoire reproche
au roi des Vifigoths ; mais il étoit inexcufable ,
& bientôt Clovis lui-même , qui en avoit profité ,
prit foin de le punir &> de venger Syagrius. Cependant
Alaric oublia Syagrius dans les bras de Theu-
dicode, fille naturelle de Théodoric, roi des Hernies
, qui confentit d’autant plus volontiers à l’alliance
du roi des Vifigoths, qu’il gouvernoit lui-
même fes fujets avec la plus rare fagefle. Quelque
'temps après ce mariage, Alaric eut l’imprudence de
prendre part à une querelle, qui lui étoit étrangère,
& qui eut pour lui les plus funeftes fuites. Gonde-
baud & Godefile unis par les liens de la fraternité ,
mais dé different cara&ere ,_ & animés l’un contre
l’autre d’une haine irréconciliable, commandoient
aux Bourguignons : le premier à Lyon, où il tenoit
fa cour, & le fécond à Geneve, où ildonnoitfes
ordres; il furvint entr’eux un fujét de difpute, que
leur animofité mutuelle ne tarda point à irriter : animés
du defir de fe venger, ils implorèrent l’un &
l’autre le fecours dé Clo vis , qui fe déclara pour
Godefile: Gondebaud réclama la protection du roi
de Vifigoths, qui eut la foiblelfe d’embraflèr fa què-
relle, fans réfléchir à la puiflance de l’ennemi que
cette démarche ne pouvoit manquer de lui fufçiter :
mais Gondebaud ne voulant point commettre au fort
des armés la décifion de la difpute , fit poignarder
fon frere, envahit fes états qu’il réunit aux fiens, &c
rechercha l’amitié de Clovis qui, n’ayant pris qu’un
foible intérêt à Godefile, fe reconcilia avec fon af-
faflïn ; enforte que le roi des Vifigoths fe yit abandonné
par le chef des Bourguignons, pour lequel il
s’étoit expofé à l’inimitié du fouverain des Francs.
Cet événement irrita la jaloufie qui exiftoit déjà entre
Clovis & Alaric, & ils né cherchèrent l’un &
l’autre que l’occafion de la faire éclater. Cependant
l’Efpagne jbuiflbit depuis plufieurs années d’un calme
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heureux; & les Vifigoths euflent été le peuple Te
plus fortuné de l’Europe, fi l’inquiétude naturelle
de leur caraCtere leur eût permis de goûter les douceurs
que leur proeuroit la fagefle de leur fquve-
rain; mais n’ayant point d’ennemis à combattre,, ils
fe déchiroient eitx-mêmes par des contefiations &
des procès fur la propriété, des biens. Alaric qui ne
cherchoit que les moyens de rendre fa nation heu-
reufe , engagea le célébré Aman, le plus favant ju-
rifeonfuite de fon fiecle, .à raîfembler les.loix du
code Théodoîien, & à en faire un abrégé à,l’ufage
des Vifigoths. Anian répondit aux foins du fouverain,
& cè code fut publie dans la vite d’infpirer à fes
fujets l’amour "de la concorde. Alaric voulut juger
lui - même leurs c'ônte.ftations, & moins, juge
qu’arbitré, il termina par les plus équitables accommode
mens une foule de procès. Pendant qu’il fe li-
Vroit à ces fondrions vraiement royales, un fcélérat
Couvert de Crimes , un nommé Pierre, homme fé-
ditieux, & d’autant plus à craindré, qu’il avoit l’art
d’irriter ou dé calmer à fon gré la populace, excita
une-révolte, fèm ità la tête des rebelles.s’empara
de Saràgoffe, & eut même d’abord quelqu’avantage
fur les troiipes envoyées contre lui ; mais il fut pris
& conduit aux pieds Alaric, qui le fit brûler v if
dans un taureau d’airâin, fupplice jadis inventé par
Phaiaris , invention atroce digne d’être adoptée par
des tyrârts, qui Alaric n’eût pas dû recevoir, quelques
tourmens que méritent de fubir les féditieux.
Cependant Pierre n’étoit point le feul ennemi que
le roi des -Vifigoths èut à craindre dans fes états. Il
étoit Arrien zélé ; mais attaché à fa croyance , ii rte
perfédutoit perfonrte , & toléroit tous les dogmes,
toutes les opinions. LeS evêqües Catholiques qu’il
y avoit en. Efpagne étoient fâchés d’être gouvernés
par un prince Arrien. Clovis étoit récemment bap-
îifé ; mais les eâux du baptême n’avoient pas éteint
en lui ni l’ardeiir descoriquêtes, ni la foif du carnage*
Théodoric , toi d’Italie, offrit en vain fa média-
lion aux deux rois ; d’aillêiirs, Clovis n’avoit pu
pardonner à fort rival d’avoir jadis favorifé la caufe
de, Gpndebaud, & la religion fi.it le prétexte qu’il
faifit pôuf'faire line irruption fur ies terres des Vifigoths
; quelques traîtres gagnés par lé clèrgé lui
ouvrirent les portes de Tours. Alaric, qui rie con-
üoiflbit qu’une partie , des malheurs qui le mena-
çoient, s’avança, à lâ tête d’une nombreufe armée,
réfolu de rie livrer bataille que quand les circonf-
ïances lui en âfliirerôient le fuccès; mais malheu-
feufement il ne put contenir l’ardeiir de fes foldats
qui demandèrent à grands cris de combattre. Les
deux armées fe rapprochèrent dans la plaine de Vou-
glé à trois lieues de Poitiers : on ert vint bientôt aux
mains ; la viétoife ne reftâ que quelques momens
incertaine ; les Vifigoths furent défaits, & Alaric reçut
la mort fur le champ de bataille, de la main de
Clovis. Ainfi périt en 507, après un regne glorieux
d ’environ vingt-trois années, le Tage Alaric , digne
d’un plus heureux deftirf. Il eft vrai qu’en livrant
fon hôte Syagrius, il s’étoit rendu coupable d’un
crime atroce ; mais ce fut la feule faute de fa vie ,
& dans ce terrips de barbarie, à quel roi l’humanité
n’avoit-elle qu’un crime à reprocher? Il rie laifla que
deux enfans, uri fils, Amalaric, de Theudicode, fille
de Théodoric, roi d’Italie ; & un fils, Gëzalaïc, qu’il
avoit eu d’une concubine,depuis fort màriage. (L.C),
Alaric ou Alric , {Hiß. de Suède) roi de Suede.
I l régnoit dans ces fiecles de barbarie, où les rois
du Nord n’étoient que des brigands occupés à fè dépouiller
les uns les autres. Alaric rie fut pàS plutôt
monté fur le trône, qu’il fongéa â s’eirtpàrer de celui
de Geftillus-i, roi des Goths. Ce prince trouva un
appui dans Frotton, roi de Danemarck , qui fit
marcher à fon fecours Godeffac & Eric, Gauto, fils
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d Alaric, périt dans.le prémier choc. Alaric voulut
venger fon fils de fa propre main. Il appella Gef-
tillus en duel. Ce prince courbé fous le poids de l’âge;
pouvoit à peine fouie'ver fes armes. Malgré fa fpj-
blefle le magnanime vieillard vouloir combattre ;
Eric, jeune, brave; & généreux, s’oppofa à fon
deflein, fe préfenta au rendez-vous, & porta au roi
de Suede un coup mortel. (Af. d e Sa c y .')
Alaric II, ( Hifi. de Suede.) fils d’Agnius , roi de
Suede, étoit né en i y z ; fon frere Eric partagea avec
lui le'trône Vàcant par la mort de leur pere en 19 z.
Us ne régnèrent pas long-temps en paix-; une jaloufie
réciproque les dévoroit ; elle éclata bientôt ; des
mauvais procédés ils paflerent aux injures & des
injures aux'coups. On rapporte que. s’étant trouvés
tous deiix fans armes au rendez - vous ,, ils débridèrent
leurs chevaux, & .s’aflommerent avec les courroies.
( M. d e S a c y . )
* A LA RO , ( Géogr,. ') riviere du royaume de
Naples , dans la Calabre ultérieure, qui fort de
l’Apennin, & fe jette dans la mer Ionienne.
* ALASCHEHIR , (Géogr.) ville de la Natolie
dans.la province Germian ; quelques géographes la
prennent pour l’ancien Hypfus, & d’autres pour
Philadelphie.
§ ALATERNE Nerprun , f Botaniq. ) en latin,
alatemus rharnnus.
Defcriptiom
Cet arbuftë porte de petites fleurs peu apparente
s , raflemblées en forme de petites grappes, garnies
feulement par leur extrémité. M. Duhamel
femble ne pas admettre la réunion des-trois diffé-
f entes fortes de fleurs fur le même individu ; cependant
après une exaéte obfervâtion, nous nous fom-
mes parfaitement afliirés que le même àlaterne porte
des fleurs mâles, femelles & hermaphrodites.
Les fleurs , mâles font compofées d’un calice mo-
nopétal en forme d’entonnoir, découpé par les
bords ert cinq parties. Du bas dés échancrures s’élèvent
entre les fegmens du calice cinq petits pétales
qu’on ne difringue aifément qu’avec une loupe ( c’eft
vraifemblablement leur extrême ténuité qui a fait
croire à M. Tournefort que ces fleurs en étôierit
entièrement dépourvues ) : à l’origine de ces pétales
naiflent dans l’intérieur du calice cinq étamines
terminées par des fommets arrondis.
Les fleurs femelles, au lieu d’étaminès, ont uri
piftil compofé d’un embryon & de trois ftyles, fur-
mOntés par des ftigmates arrondis.
On fait que les .fleurs hermaphrodites réunifient
les parties féxuelles des mâles & des femelles.
Les feuilles font pofées alternativement fur les
branches, ce qui fuffit pour diftinguer l’alaterne du
philariâ qui les a oppôfées. Mais cette obfervâtion
ne devient néceflaire que lorfqu’ori në peut voir ni
le fruit ni la fleur de ces deux àrbrës, dont la différence
empêche de le confondre.
M. Linnæus a rangé les dlatetnes fous lè genre
des nerpruns. Le rapport qui fe trouve entre les
parties de la fruâificàtion dans les uns & dans lei
autres, a pu l’y déterminer*
EJpeces & variétés de Valaterne.
ï . Alaterne à feuilles ovales, crénelées par les
bords.
Alaterne commun. Arbre.3.
Alaternus fioliis ovatis, marginibus crtnatis.
The common alaternus.
& Variété de cette efpece à feuilles marbrées de
jaune. .
z. Alaterne à feuilles, lancéolées profondément
dentelées. Arbre 4. . v-
Alaternus foliis lanceolatis prof un dé ferra tifi
Cttt leaved alaternusi