
6 9 0 A T T
» en public dans la plus grande fimplicitj. H
» paroifloit pauvre au milieu des dépouillés d une
♦ partie de la terré ; il n’avoit d’autre fymbolede
„ fa puiffance que fa lance & fon épée. Son trône
i) étoit une chaife de bois , quelquefois meme une
» pierre brute, placée fous un arbre , ou fous un
» drapeau qui lui fervoit de, tente. C’etoit à ce
»> tribunal qu’il çitoit le Perfe , le Grec & le Ro-
» main qui tous s’humilioxent devant lui. .' • , • •
» Comme tout intëreffe, continue le meme auteur,
» dans la vie de cet homme extraordinaire, je di-
» rai quelque chofe de fon extérieur : quoique
» d’une taille au-deffous de la médiocre , il avoit la
» tête d’une groffeur démefurée, le nez extremem ent
„ large & écràfé, le front applati, la barbe claire
» & entrecoupée par d’affreufes cicatrices ; les
» yeux petits , qu’il ne favoit fixer, étoient comme
fon corps , toujours en mouvement : cette figure
» hideufe___Tout en lui fembioit dire au monde
» qu’il étoit fait pour en troubler la paix ». M.
Montefquieu l’a peint avec cette touche vigoureule
& fublime, qui n’appartient qu’à ce profond écrivain.
« Ce prince , dans fa maifon de bois, ou nous
»> le préfentë Prifcus , dit-il, maître de toutes les
» nations barbares , & en quelque façon de toutes
’» celles qui étoient policées, étoit un des grands
» monarques dont l’hiftoire ait jamais parle. On
» voyoit à fa cour les ambaffadeurs des Romains
» d’orient & de ceux d’occident, qui venoient re-
» cevoir fes lo ix , où implorer fa clemence ; tantôt
>> il demandoit qu’on lui rendît les Huns transfuges,
„ ou les efclaves Romains qui s’étoient évades ;
» tantôt qu’on lui livrât quelque miniftre de 1 em-
» pereur : il avoit mis fur l’empire d’orient un
» tribut.de deux mille cent livres d’or. Ilrecevoit
5> les appôinteménsde général désarmées romaines.
» Il étoit craint de fes fujets ; & il ne parait pas
» qu’il en fût haï : prodigieufement fier , mais ce-
» pendant rufé, ardent dans fa col®re, mais lâchant
» pardonner ou différer la punition , {hivant qu’il
» convenoit à fes intérêts , ne faifant jamais la guer.
» re quandla paix luipouvoit donner affez d avan-
» taie fidèlement fervi des rois même qui etoient
» fous fa dépendance; il avoit gardé pour lui feul l’an-
» cienne fimplicité des moeurs des Huns. Du relie,
» on ne peut guere louer fur la bravoure le chef
» d’une nation où les enfans entroient en fureur
» au récit des hauts faits d’armes de leurs peres,
» & où les peres verfoient des larmes, parce qu’ils
» ne pouvoient pas imiter leurs enfans ». Ce feroit
une préfomption téméraire de vouloir rien ajouter
aux réflexions de ce grand peintre. ;
La vafte monarchie dont Attila avoit ete le fondateur
, fut divifée apres fa mort. j Perfuade que
tout partage conduit un état à fa ruiné inévitable ,
il avoit nommé , pour luifucceder , Ellac lame de
fes fils; mais fes vues qui atteftoient fa politique,
fùrent furmontées par le cri de la nature, qui mettant
une parfaite égalité Rentré les enfans dun pere
commun, femble leur donner les mêmes droits à
fon héritage. Ellac avoit toutes les qualités qui ca-
raûérifent un général ; & ce iTétoit que par celles- là que l’on devoit prétendre à régner fur un peuple
qui ne vivoit que dans le camp, & qui ne goûtoit
de plaifir que fur le champ de bataille. Mais il avoit
un grand nombre de freres qui tous s’étoiént figna-
lés par des aftïons de la plus étonnante valeur ; ne
pouvant fe réfoudre à obéir, ils fe firent des parti-
fahs, & fe réunirent pour demander une égalité de
partagé'5: leûrs prétentions réciproques plongèrent
toutes les nations feptentrionales dans la plus horrible
çonfufion. Les rois tributaires ou fujets en
profitèrent pour récoùvrer leur indépendance.. Ar-
jdari'c, roi des Gépides, fit entendre à • Ellac & a
A T T
fes freres qu’il né prétendoit recevoir les loix d’aucun
d’èux. Sa fierté étoit indignée qu’on fe difputât
fa conquête comme celle d’un vil bétail ; lésautres
rois des differentes nations , Scythes , Sarinates &
Germains firent voirie même efprit d’indépendance;
ils réunirent leurs forces à celles d’Ardaric, & tous
enfemble afferent combattre Ellac qui fut affez généreux
pour renoncer à la fupériorité qu’il prétendoit
fur fes freres, & pour marcher lëiir égal contre
l’ennemi commun. Les rois rébelles eurent l’avantage
dans une grande bataille. Leur vi&oire fut fcellée
du fang de trente mille Huns & de celui d’Ellac,
qui fit des prodiges dé valeur, & périt en digne
fils d'Attila. Les Huns vaincus abandonnèrent la
Pannonie aux Gépides, & firent une retraite vers
l’embouchuré du Danube. ( T—N. )
ATTILCEPONS , ( Géogr. ) c’ëtbit autrefois un
bourg delà Gaule Belgique ; ç’ëft préfentement un
village du duché de Luxembourg, nommé Ettels-
bruck, à quatre lieues de la capitale & à cinq de
Trevë's. ( C A . )
ATTILUS, (Hifl.de Suède.) roi de Suede; il
n’eft célébré que par fon avarice.' 11 furchargea fon
peuple d’impôts, non pour entretenir le luxe de
fa cour, mais pour, enfevelir dans dés caveaux la
fubftance du pauvre. Il eut le fort des avares ; il
vécut dans des allarmes' continuelles-, époufa une
femme prodigue, qui de concert avec fon fils
R o lvo , roi de Danemarck, enleva les tréfors &
alla les diffiper dans les états de ce prince. (M .
DE SACY. )
ATTI-MEER-ALU , f. m. ( Hifl: nat. Botaniq:, )
figuier,du Malabar, dont Van-Rheede a donné
une affez bonne figure dans fon Hortus Malabaricus,
volume I I I , page y5 , planche LV1I1 ,les Brames l’appellent
rauka-paray ; les Portugais arvore da raijs
ladrao, lès Hollandois wortel vijgh'.
C’eft l’arbre le plus gros qui ait encore été obfer-
vé dans les Indes & dont l’accroiffement eft le
plus fmgulier. Sa graine leve foit fur le tronc de
certains arbres, foit entre les fentes des roche us ou
des vieilles mazures des bâtimens, d’où il pend en-bas
comme unlizeron Ou comme une liane; ou.toute
autre plante grimpante en général. Sa'racine ou
fa tige jette énfuite des filets minces d’abord,
| qui fe fichent en terre , qui grofliffent & forment
un tronc confidérable, pen/dant que. la racine &
la tige ancienne meurent : _ce tronc jette de tous
côtés de nouveaux filets qui fe joignent à lui pour
; legroflir encore ,, deTorte qu’il paroît comme cannelé
bu formé de côtes longitudinales & inégales,
& il prend ainfi jufqu’à doqze à dix-huit pieds de
diamètre fur une pareille hauteur. Ges filets fe
prolongent jufqu’à terre où ils forment des, racines
blanches à écorce noirâtrë , peu vépaiffes , qui
s’étendent fort au loin fousterre à une petite profondeur.
Les branches qui couronnent cet arbre font
très-nombreufes ,, fort minces , & s’étendent en
rayonnant de tous , côtés de maniéré à lui former
une cime hémifphérique. Lés jeunes branches font
moins écartées , ellès s’écartent fous un angle qui
a ,à peine 30 à 40 degrés d’ouverture ; leur bois
ainfi que celui du tronc, eft blanc , mou , flexible,
Ôc recouvert d’une -écorce verd-cendréë.
Les feuilles reffembîent affez à celles de l’atti-
alu , mais elles font moins ferrées , un peu moins
grandes, moins larges à -proportion, ayànt à peine
cinq pouces de longueur ; elles font plus rudes en-
deffous, pottées fur un pédicule très-çburt ; leur
nervure inférieure lés ebupe en deux parties inégales,
& les côtes qu?èlle jette au"nombre de cinq
à fix de chaque côté-, font alternes & difpofées
de manière qu’il n’y en a aucune à leur origine
A T T
-qui forme les trois côtes que Ton remarque dans
/ ’ celles de l’atti-alu.
Les figues ou enveloppes qui contiennent les
fleurs, fortent folitairement dé Taiffelle de chaque
feuille dont elles furpaffent de beaucoup le pédicule
en longueur. Elles ont la forme de la figue
ordinaire ou de 'celle de l’atti-alu, mais elles font
beaucoup plus petites, ayant environ fix lignes
de-diamètre ; le péduncule qui les porte eft une à
deux fois plus court qu’elles, & fort mince , de forte
qu’elles pendent horizontalement. En mûriffant elles
deviennent rouges & pleines d’une chair blanche.
Qualités. • Xdatti-meer-alu eft fans odeur ; toutes
les parties ont une faveur acerbe & amere ; coupées
elles rendent un fuc laiteux, épais , on&ueux,
âcre, qui en féchant devient purpurin. Cet arbre
eft toujours ve.rd & couvert de'feuilles & de fruits
toute l’année. Il croît par tout le Malabar ; dans
le Kandenate, province du royaume de Cochin ,près
du temple de Bayca, on en voit un dont le tronc a
50 pieds géométriques de circonférence, & que les
habitans affurent avoir déjà vécu deux mille ans;
Ufages, Ses' figues fe mangent comme celles de
Tatti-alu ; elles font fouyeraines pour arrêter les
flux de ventre de toute efpece. Le fuc de fes
feuilles fe boit dans les fievres ardentes; La déco&ion
cte fa racine ouvre puiffamment les obftru&ions du
fo ie , & guérit tous lés ulcères de la bouche.
( M. A d an so n . )
§ ATTIQUE , ( Géogr. ) Nous ne devons pas
omettre de faire mention des ports de TAttique,
qui étoient en grand nombre. Outre celui du Pyrée "
dont on a parlé à l'article A th è n e s , on trouvoit
les ports de Phalere , Munychium , Panorme , qui
étoient pour la plupart l’ouvrage de la nature, fans
que l’art s’en fût mêlé. Cet avantage procuroit ■
aux peuples de Y Attique, le moyen d’entretenir
des flottes nombreufes qui les mirent en état non-
feulement de. réfifter à leurs ennemis, mais auffi
d’entreprendre des conquêtes au dehors.
; On nous reprocheroit d’être peu exafts, fi nous
ne faifions pas mention dans cet article des fontaines
de Y Attique dont Pline ne nous a laiffé que
les noms , Cephifjîa, Larinc, Callirhoé, Enne acrunos.'
Cette derniere étoit renfermée dans les murs d’A-
thenes, & a été célébrée par Stace.
E t quos Callirhoé novies errantibus undis
Implicat.
On nous -parle auffi du fleuve Cephife, qui fe jet-
toit dans le golfe Saronique, entre le Pyrée& Eleufis.
N’oublions pas les monts de Y Attique, & les
mines d’argent qu’ils renfermoient dans leur fein :
le mont Hymette, wpMjo.ç, que la qualité de fon
miek& fes carrières de marbre ont rendu célébré,
le mont P enfeliqut, n s m A / w ? , qui fourniffoit le i
marbre le plus eftimé: le mont Pâmes, ndpm, fi tué
auprès d’EIeufine & d’Acharne ; celui de Lycabejfe
ÀuKctfiiKHroç qui étoit dans la ville d’Athènes , le mont
de Brileffe, BpiMa-Aç & celui d'Icare dont on ignore
remplacement..
Tout ce pays eft aujourd’hui compris fous l e
nom du Duché d’Athenes , où, à la réferve dé cette
derniere ville , il n’y a guere d’endroits qui méritent
d’attention. (T . D. G. )
§ ATTRACTION des m o n t a g n e s , ( Phyf. )
L ’effet de Y attraction des montagnes fe remarque
fur-tout dans les opérations par lefquelles' on détermine
la grandeur des dégrés de la terre, parce
qu’on y fait ufage du fil-à-plomb., pour mefurer ' .
la diftance des étoilés au zénith.
. jf-'6 ^‘ Bofc°wich ayant trouvé le degré du méridien
en Italie de 56979 toifes, tandis qu’il auroit
dû être de 5 7110, en le réglant fur ceux du nord
Tome I,
A T T 691
& du Pérou,' a penfé que les termes de la mefure
étant placés l’un au nord & l’autre au midi de
la grande chaîne 1 des montagnes de l’Appennin ,
les obfervatiorjs faites par le moyen du fil-à-plomb
avotent pu être troublées par l'attraction de cette
maffe de montagne , & donner un moindre nombre
de toiles pour chaque degré.
M. de la Caille penfoit ainfi qu>j Perpignan le
Totfinage des, Pyrénées avoir pu faire dévier le
fa -a-plomb vers le fud; faire paroitre le zénith
plus au nord qu’il ne l’eff réellement, &c rendre
plus petits les arcs compris entre Perpignan 6c les
■ •Vautres villes de la France; auffi voyons-nous que
M. de la Caille abandonne, pour ainfi dire les
obiervations faites, à Perpignan , pour conclure la
longueur du degré, dont le.milieu paffe à 45° de
latitude J7oaS toifes. Mém. Acad. ,7 i S , page z 44
Le P. Beccaria atrouvéen Piémont une différence
encore plus grande; entre Turin & Andra, l’arc
mefuré s’eft trouvé de 16 " plus petit qu’en France
fur une égalé longueur, & le degré qu’on en aura
voulu conclure auroit été trop grand de oôo toifes •
mais Andra eft fitué fur le penchant de Monte-
Barone, qui va toujours en s’élevant fur une longueur
de plus dé fept lieues jufqli’au fommet de
Monte-Rofa, que le P. ’ Beccaria regarde comme
une des plus hautes montagnes de l’Europe.
M. Cavendish croit que le degré qui a été mefuré
dans 1 Amérique feptentrionaie, pourrait bien avoir
été diminué de 6o ou ioo toifes par le défaut
& attraction dii.côté de la mer; & il penfé que les
dégfés mefurés en Italie & au. cap de Bonné-Ef-
pérance pourraient bien être fenfiblement affeBés
de la même calife. Philof. Tranf. ,7 S S , p. aa8. Le
P. Bofcovîch eftïme qu’on pourrait s’en affiirer en
faifant des operations à S. Malo, lorfque la mer
eft très-baffe ; & lorfqu’enfuite s’élevant de 100
pieds par l’effet d,es grandes marées , fon attraction
I devient confidérablement plus forte! ( G .M )
, , ,AT ? U A a t t u > ( & V O petite ville de
1 Arabie Heureufe entre la Mecque & Hali. Le Blanc
1 appelle Outof. (D . G .)
. A TTUARIORUM PAGUS ,-( Géogr. du moyen
âge.) canton des Attuariens ( a ) , ou pays de Bezo
dans le Langrois. Ce pagus, dans les'chartes eft
auffi défigné fous les noms d’Attodriorum, Hatoua-
riorum, Athoarienjzs. Il tire fa dénomination des Attuariens
, colonie des Francs originaires des Çattes
en Germanie, établis dans le Langrois, fous Çon-
ftance-Chlore, comme nous l’apprend Eumene dans
le panégyrique de ce prince.
Tacite les appelle Chàfùarii, Strabon Chattuàriï,
& Ptolomée Cafuores : Vellèius Paterculus, L U
eftlefëù l qui les nomme Attuarii. Il les place au-
delà du Rhin près des Bru&eres , peuples de là
W eftphalie fur la Lippe. Il y a encore une ville près
de la Lippe, appellée Hatterech ou Hatièren.
Amien Marcellin rapporte que le Céfar Julien,
dans la guerre contre, fes Germains, s’empara tout-
d’un-coup du pays des Francsappellés Attuariens ,
& qu’après en avoir défait une partie, il fut.obligé
de leur donner la paix.
Ceux qui s’étoient établis dans les Gaules, donnèrent
leur nom au canton de B e z e à cinq lieuès
de Dijon. Ce chef-lieu, félon quelques-uns, a eu le
nom à’Atornum. J’ai moi-même remarqué , il y a
cinq ans, dans la forêt de Volors ou Velours, appellée
Volors dans la Chronique de Beze, page CGx,
an. i i 1 9 , l’enceinte & les ruines d’une ancienne '
ville dite Antua ; & je préfume, avec des gens
inftruits, que ce lieu pourroit bien avoir été d’abord
(a) Le Difl. raif. des Sciences, &c. qui dit trois lignes fur ce
peuple, le place mal-à-propos dans le Laonois.
S S s s ij